1-Main Title 3.37
2-The Grave 2.17
3-Retrospect 0.25
4-Nova and Taylor 2.46
5-Exploring 1.16
6-Narrow Escape 1.10
7-No Place to Turn 0.28
8-Captured 2.16
9-Target Practice 1.32
10-Second Escape 3.07
11-Underground City 3.45
12-Off To War 2.48
13-Mind Boggler 2.12
14-The Priest 0.49
15-Ape Soldiers Advancing 3.45
16-Ape Soldiers Continue 0.49
17-Hail the Bomb 3.34
18-A Mutant Dies 0.58
19-The Ugly Bomb 2.08

Bonus Tracks

20-Mind-Control Sound Effects 4.09
21-Nova Dies (damaged) 0.55

LP Program:

22-Opening Statement/
Cornelius (dialogue) 0.29
23-Main Title 2.04
24-General Ursus' Address (dialogue) 0.35
25-Ape Fury/Students/
Peace & Freedom/Underground City
(dialogue & music) 4.16
26-Turkish Bath (Ursus
& Zaius) (dialogue) 1.15
27-March of the Apes 2.59
28-The Chase 3.31
29-Brent's Interrogation (dialogue) 1.38
30-Captured 2.31
31-Mass of the Holy Bomb
(dialogue & music) 5.40
32-Doomsday (dialogue) 1.05

Musique  composée par:

Leonard Rosenman

Editeur:

Film Score Monthly FSMCD Vol. 3 No. 3

Album produit par:
Lukas Kendall
Producteur exécutif:
Nick Redman
Producteurs associés:
Jeff Bond, Douglass Fake
Orchestrations:
Ralph Ferraro
Remix score:
Michael McDonald, Private Island
Mastering digital:
Dan Hersch, DigiPrep
Coordination projet pour
20th Century Fox:
Tom Cavanaugh

Artwork and pictures (c) 1970 Twentieth Century Fox Film Corporation. All rights reserved.

Note: ****
BENEATH THE
PLANET OF THE APES
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Leonard Rosenman
Réalisé deux ans après le succès colossal de « Planet of the Apes » de Franklin J. Schaffner, « Beneath the Planet of the Apes » (Le Secret de la Planète des Singes) est confié au réalisateur Ted Post, connu davantage pour son travail à la télévision et ses quelques long-métrages pour le cinéma (il réalisera trois ans plus tard « Magnum Force » avec Clint Eastwood), et sort au cinéma en 1970. Le scénario est confié à Paul Dehn, qui deviendra le scénariste attitré des autres films de la franchise, s’inspirant à nouveau du roman de Pierre Boule. L’histoire débute sur un rappel des événements racontés à la fin du premier film. Alors que l’astronaute américain George Taylor (Charlton Heston) découvre que la civilisation humaine a été dévastée par une attaque nucléaire ayant conduit à la domination des singes, ce dernier disparaît mystérieusement en plein milieu du désert. La NASA lance alors une mission de secours composée de deux astronautes chargés de retrouver l’équipage du vaisseau Icare et du capitaine Taylor. Mais le vaisseau du capitaine Donovan Maddox (Tod Andrews) et du lieutenant John Brent (James Franciscus) s’échoue à son tour sur la planète. Brent est le seul survivant de l’expédition et découvre un monde désertique et étrange avant de croiser la route de la belle Nova (Linda Harrison), jeune femme muette qui chevauche les plaines arides à la recherche de Taylor. Brent décide alors de traverser les grandes étendues désertiques de ce monde étrange en compagnie de Nova et réalise que l’endroit est gouverné par un peuple de singes et abrite une communauté souterraine de mutants humains télépathes. Ces derniers vivent dans les sous-sols de la zone interdite – bâtie sur les ruines de New York - et vouent un culte à la bombe atomique, qu’ils vénèrent comme un dieu et autour de laquelle ils ont crée une nouvelle religion. C’est dans les cachots de la zone interdite que Brent et Nova retrouvent finalement Taylor. Mais alors que les mutants tentent de contrôler leur esprit par la télépathie, la zone interdite est brusquement attaquée par une armée de singes dirigée par le belliqueux général gorille Ursus (James Gregory), qui cherche à conquérir le reste du monde et à éliminer la communauté des mutants.

« Beneath the Planet of the Apes » prolonge ainsi l’univers du film culte de 1968, bien que la production a connu bon nombre de déboires en tout genre, à commencer par le scénario, écrit à l’origine par Pierre Boule et Rod Serling puis finalement rejeté par la production, qui souhaitait opter pour quelque chose de plus ambitieux, de plus visuel. C’est alors que le scénariste/poète anglais Paul Dehn fut ensuite engagé et écrivit un script évoquant l’arme nucléaire, inspiré des bombardements atomiques d’Hiroshima et Nagasaki en 1945. Mais là aussi, le script fut en partie rejeté et sévèrement remanié, marqué dans sa version finale par le retour du personnage de Taylor, et ce malgré les réticences de Charlton Heston, qui ne souhaitait pas reprendre du service sur un second film – c’est l’acteur lui-même qui demanda à la production que son personnage meure à la fin de l’histoire, afin de ne plus tourner dans les suites – Enfin, Franklin J. Schaffner n’étant pas présent en 1970 (il tournait « Patton » avec George C. Scott), le studio se tourna vers Ted Post, qui n’accepta le poste qu’à la condition que le script soit à nouveau modifié et remanié. Autre problème de taille : le budget fut diminué de moitié suite aux échecs financiers des dernières productions de la 20th Century Fox, un problème qui aura un certain impact sur la partie visuelle de cette seconde mouture. L’idée d’une communauté de mutants humains vénérant la bombe atomique est plutôt judicieuse et propose une vision métaphorique d’une Amérique des années 70 alors en pleine guerre froide, avec la menace d’un conflit nucléaire entre l’URSS et les Etats-Unis. L’idée suit la logique du final de « Planet of the Apes », lorsque Taylor découvre sur la plage les restes de la Statue de la Liberté et comprend que la Terre a été dévastée par une attaque nucléaire. Le film montre aussi une secte de fanatique et dénonce par la même occasion les dérives de la religion, un sujet plutôt rare dans le cinéma américain de cette époque. (Attention : spoilers !) On se souvient aussi d’une séquence finale particulièrement sanglante et extrêmement sombre, très décriée par le réalisateur lui-même (la fin fut imposée par le producteur Richard D. Zanuck, peu de temps avant son renvoi de la Fox par son père Darryl), dans laquelle on observe un Charlton Heston agonisant en train d’activer la bombe atomique qui détruira la Terre entière et balaiera toute forme de vie sur la planète – ce qui n’empêchera pas la Fox de proposer d’autres suites, avec comme prétexte fallacieux le voyage dans le temps des deux singes survivants Cornélius et Zira qui échapperont ainsi à l’explosion nucléaire –

Niveau casting, James Franciscus est choisi pour interpréter l’astronaute James Brent, en raison de sa ressemblance avec Charlton Heston (qui n’a qu’un rôle secondaire dans ce film). On retrouve aussi une partie des acteurs du premier film : la belle Linda Harrison, mais aussi Maurice Evans et Kim Hunter, tandis que Roddy McDowall cèdera sa place à David Watson pour ce film – le personnage du général Ursus, prévu à l’origine pour Orson Welles, sera finalement confié à James Gregory. Surfant sur la vague du premier opus, le studio tente de reprendre les recettes qui firent le succès du film de Schaffner, mais en vain : le budget vient à manquer, et la partie visuelle de ce second épisode est assez décevante : les effets spéciaux tombent à plat, les maquillages sont cheap et les décors sont fauchés, et malgré quelques bonnes idées – les illusions horrifiques conçues par les mutants télépathes pour faire fuir les singes vers la fin du film – le tout respire le manque de moyens à plein nez. Même le village des singes se réduit désormais à un rassemblement de huttes modestes sans envergure. Quand aux figurants singes, ils sont équipés de masques en latex de qualité douteuse, hormis pour les acteurs principaux – un comble quand on se souvient que John Chambers avait remporté l’Oscar d’honneur en 1969 pour ses fameux maquillages sur « Planet of the Apes » ! – Le scénario évoque clairement les troubles politiques et sociaux de l’Amérique de la fin des années 60 – cf. scène où des singes organisent une manifestation pacifiste pour empêcher la guerre avec les humains – et rappelle clairement que le pays était alors divisé à cette époque sur le sujet de la très controversée guerre du Vietnam. La vraie réussite du film tient surtout dans son scénario qui évoque la lutte sociale des classes au sein même de la communauté simiesque et la menace de l’arme nucléaire, thème abordé dans la seconde partie du film avec la découverte de la société des mutants télépathes, incluant quelques très bonnes idées (la statue du législateur qui pleure du sang). Hélas, le film a bien du mal à convaincre pleinement en raison de la maigreur de son budget, et la réalisation télévisuelle de Ted Post ne parvient pas à apporter le souffle épique attendu à ce second opus d’une qualité très inégale.

Alors que Jerry Goldsmith était occupé à écrire la musique de « Patton » en 1970, le studio décida de confier la partition musicale de « Beneath the Planet of the Apes » à Leonard Rosenman, dont le rôle consisterait principalement à suivre les traces du compositeur de « Planet of the Apes » en élaborant une nouvelle partition avant-gardiste et expérimentale particulièrement sombre et agressive. C’est par ailleurs grâce à ses travaux avant-gardistes sur des films fantastiques comme « Fantastic Voyage » (1966) et « Countdown » (1968) que Leonard Rosenman fut très vite remarqué et engagé par la Fox pour succéder à Jerry Goldsmith sur ce deuxième épisode de la franchise des « Planet of the Apes ». Dès le début du film, la musique de Rosenman nous invite à découvrir le monde sauvage et extra-terrestre de la Planète des Singes : nous sommes bien sur Terre, mais dans un futur très lointain, où l’humanité a quasiment disparue, et où l’espèce des singes a évolué pour devenir la nouvelle espèce dominante. C’est ce que la musique semble vouloir nous faire comprendre dès le sombre « Main Title ». Rosenman nous plonge d’emblée dans une atmosphère entièrement atonale, à base de cuivres et de bois dissonants, avec des roulements de timbales, de cordes stridentes et un jeu caractéristique de tremolos rapides sur les percussions boisées (incluant des woodblocks), sans oublier l’utilisation d’un synthétiseur 70’s apportant une couleur supplémentaire à la partition. Etrange, inquiétante, suffocante, la musique de Rosenman instaure un climat surréaliste dès le début du film à l’aide de ses longues dissonances jouées en bloc, dans une esthétique avant-gardiste et complexe typique du compositeur américain. Celui qu fut élève de Luigi Dallapiccola et Arnold Schoenberg a bien retenu ses leçons : l’approche quasi sérielle de son écriture repose davantage ici sur les sonorités que sur les mélodies à proprement parler. Ainsi, Rosenman se rapproche de la fameuse « klangfarbenmelodie » (jeu de mélodie et de timbre) théorisée par Schoenberg dans son Traité d’harmonie en 1911, à savoir que chaque instrument interprète à tour de rôle une partie mélodique globale pas forcément reconnaissable mais présente à travers un kaléidoscope particulier de timbres différents. C’est ce que l’on devine dès les premiers instants du « Main Title », même si Leonard Rosenman a souvent tendance à réemployer massivement les mêmes timbres d’un morceau à un autre. Evitant ainsi tout aspect mélodique, le compositeur joue ici sur les différents timbres de l’orchestre comme une véritable entité à part entière, incluant le pupitre des percussions, dont l’aspect exotique/tribal étrange rappelle clairement les expérimentations sonores de Jerry Goldsmith sur le premier film.

Dans « The Grave », quelques bois mélancoliques et solitaires illustrent la scène où Brent enterre son capitaine au début du film et rencontre Nova sur son cheval. A noter ici le contrepoint étrange et atonal des cuivres, des bois et des timbales incluant quelques éléments électroniques étranges et un piano utilisé comme une percussion à part entière. Rosenman dévoile ici l’un des rares thèmes mélodiques du score, un motif de 4 notes intimes associées à Nova dans le film, et que l’on découvre dans « The Grave » à 1:47. « Retrospect » débute par ailleurs sur une variante du motif de la jeune femme muette par une flûte alto, lorsque Brent décide de partir avec elle à la recherche de Taylor. Plus intéressant, « Nova and Taylor » illustre la scène des flashbacks évoquant ce qui est arrivé à Taylor dans la zone interdite. Rosenman accompagne la séquence à l’aide de cors rugissants lors de glissandi ahurissants dans l’aigu, de bois stridents, de timbales agressives, de synthétiseur et de sonorités aléatoires de célesta. « Exploring » renforce davantage les sonorités extra-terrestres de la musique à l’aide d’étranges écho crées sur le synthétiseur et d’un piano martelé dans le grave avec les trémolos des percussions boisées exotiques. L’action pointe le bout de son nez dans l’agressif « Narrow Escape » qui se transforme en une sorte de fugato atonal virtuose du piano, des percussions, des vents et des cordes. « Captured » calme temporairement le jeu avec une écriture plus posée des bois, des cordes et des cuivres lorsque Brent et Nova se débarrassent de leurs vêtements pour passer pour des humains esclaves. A noter à 0:42 l’introduction d’un élément rythmique caractéristique du style de Leonard Rosenman, que l’on retrouvera fréquemment dans les futures partitions du compositeur (et notamment dans « Lord of the Rings », « The Car » et « Battle for the Planet of the Apes »). Plus étrange, la seconde partie de « Captured » dévoile un jeu particulier des percussions pour la scène où Brent et Nova sont poursuivis et capturés par des gorilles. Rosenman nous plonge ici dans une ambiance complètement expérimentale et entièrement atonale à l’aide de métriques changeantes, bancales, et de cuivres enragés. « Target Practice » renforce l’idée du chaos avec l’emploi du synthétiseur (reconnaissable ici à sa distorsion) et d’un orchestre totalement déchaîné, dans une écriture extrêmement complexe et barbare, alors que Brent découvre que les humains sont réduits à l’état d’esclave et de bêtes sauvages par les singes.

Dès lors, la musique s’impose par sa brutalité primitive et sa virtuosité impressionnante, comme pour la scène où Brent tente de s’échapper dans « Second Escape » : on notera ici l’emploi totalement expérimental du synthétiseur qui, intégré à l’orchestre comme un soliste, devient un instrument à part entière d’une masse symphonique extrêmement robuste et incroyablement agressive. « Underground City » devait accompagner la découverte des ruines de New York City mais le morceau ne sera finalement pas retenu dans le film, bien qu’un court segment sera réutilisé vers la fin du film. Ici aussi, difficile de ne pas apprécier la complexité ahurissante du contrepoint bouillonnant de l’orchestre, des sonorités ‘aliens’ du synthétiseur et de la sécheresse d’une musique dissonante et barbare incroyablement intense dans le film comme sur l’album. Dans « Off to War », Rosenman évoque les préparatifs des singes qui partent au combat à l’aide d’une écriture complexe où les bois et les cuivres se répondent sur fond de rythmes belliqueux (à noter ici l’emploi du clavecin, idée que Rosenman reprendra par ailleurs dans « Battle for the Planet of the Apes » en 1973). Le thème de Nova est repris dans la seconde partie de « Off to War » pour une autre scène avec Brent et Nova dans la zone interdite. « Mind Boggler » devait quand à lui illustrer la scène où Brent voit son esprit contrôlé par d’étranges ondes télépathiques et commence à agresser Nova. Rosenman utilise ici d’étranges effets expérimentaux du synthétiseur, remplacés dans le film par une toute autre sonorité. Dans « The Priest », on découvre l’étrange communauté des mutants vivants au fond des ruines de New York City, dans la zone interdite. Rosenman suggère le mysticisme religieux de la communauté à l’aide d’une sonorité électronique évoquant vaguement le son d’un orgue. Pendant ce temps, l’armée des singes avance avec la reprise de la marche belliqueuse de « Off to War ». Rosenman développe davantage ici le matériau militaire des singes soldats pour ce qui reste l’un des morceaux les plus impressionnants du score, pour la séquence où les singes sont terrorisés par des illusions conçues par les mutants (on retrouve d’ailleurs pour ce passage les sonorités de « Nova and Taylor »). On notera ici l’emploi d’un shofar primitif, idée empruntée au premier score de Jerry Goldsmith. La scène se termine dans le chaos absolu avec l’un des passages les plus expérimentaux et les plus terrifiants du film et de la musique (scène de la statue qui pleure du sang). La marche des soldats singes est ensuite reprise dans « Ape Soldiers Continue ».

Plus intéressant, « Hail the Bomb » est une étrange musique chorale mystique prenant l’apparence d’une prière chantée par la communauté des mutants qui vénèrent la bombe atomique comme leur dieu. Véritable messe religieuse contemporaine, « Hail the Bomb » fait appel à des harmonies chorales modernes, mélangeant modalité et dissonance, un vrai tour de force musical pour Leonard Rosenman qui signe là l’un des passages les plus mémorables de la partition de « Beneath the Planet of the Apes », témoignant du savoir-faire exemplaire du compositeur et de sa longue expérience dans les musiques de concert. Le chœur mixte est ici accompagné d’un orgue entrecoupé de quelques interventions orchestrales et électroniques. Rosenman continue ensuite d’explorer les sonorités étranges du synthétiseur dans « A Mutant Dies » et boucle le film au son de l’agressif « The Ugly Bomb » - dont la fin reste curieusement inachevée, en partie dû en fait que les masters étaient endommagés de manière irrémédiable dans la partie finale de l’enregistrement – A noter que l’album nous gratifie de nombreuses pistes bonus, incluant un morceau dont le son est malheureusement quelque peu endommagé, « Nova Dies », reprenant une dernière fois le thème de Nova lorsque cette dernière meurt auprès de Brent et Taylor vers la fin du film. On découvre aussi tous les fameux FX associés aux ondes télépathiques des mutants dans « Mind-Control Sound Effects », sans oublier plusieurs pistes issues du LP de 26 minutes édité à la sortie du film en 1970, contenant essentiellement un réenregistrement de 26 minutes du score de Leonard Rosenman, incluant quelques dialogues extraits du film et même l’ajout inattendu d’une partie rock très 70’s dans certaines pistes comme « March of the Apes » et « Mass of the Holy Bomb » - probablement dans un but commercial, les producteurs du film ayant été contraint d’ajouter sur le LP quelques éléments plus accessibles pour le grand public –

« Beneath the Planet of the Apes » est donc une partition d’une complexité ahurissante, probablement l’une des musiques de film les plus avant-gardistes et les plus agressives qu’il nous ait été donné d’entendre dans le cinéma de science-fiction américain des années 70. Leonard Rosenman s’impose ici en digne successeur de Jerry Goldsmith et signe une partition radicale, totalement déchaînée pour le film de Ted Post. D’une barbarie musicale peu commune, la musique de « Beneath the Planet of the Apes » apporte ainsi une fureur et une violence sèche à ce second épisode de la série des « Planet of the Apes », Rosenman expérimentant ici autour des timbres de l’orchestre symphonique et de l’électronique avec une rare inventivité et une audace toute particulière. Le compositeur va même jusqu’à concevoir une véritable messe pour le dernier acte du film, écrite dans le langage musical contemporain du XXe siècle. Véritable oeuvre-clé de la filmographie de Leonard Rosenman, « Beneath the Planet of the Apes » influencera durablement la suite de la carrière du compositeur, qui se retrouvera bien souvent engagé par des studios pour reproduire ce type d’écriture sur d’autres films. Et si le score n’a pas forcément bénéficié de l’effet de surprise escompté comme pour le chef-d’oeuvre de Jerry Goldsmith en 1968 (quasi inouï pour l’époque !), le résultat n’en demeure pas moins tout bonnement stupéfiant, à réserver surtout aux aficionados de Leonard Rosenman et à ceux qui apprécient les musiques avant-gardistes et brutales typiques du compositeur, car, il faut bien mettre en garde les auditeurs : « Beneath the Planet of the Apes » est une oeuvre musicale sèche, dure et très difficile d’accès, qui risque fort d’en rebuter plus d’un. Un must du genre en somme !



---Quentin Billard