"Never Never"

1-Opening Titles 2.02
2-Mick and His Mate...0.36
3-The Walkabout Bounce 3.20
4-Goodnight Walter 0.37
5-In The Truck 2.25
6-The Buffalo 1.22
7-In The Boat 0.54
8-Never Never Land 1.01
9-The Death Roll 0.40
10-Sunset 0.24
11-Nice One Skippy 3.02
12-A Walk In The Bush 2.50
13-Crocodile 1.07
14-Echo Billabong 1.15
15-Would You Mind...0.29

"New York"

16-Mick Meets New York 2.50
17-G'Day 1.50
18-Yessir 0.13
19-Mad, Bad, And Dangerous 2.38*
20-The Pimp 1.22
21-Stone The Crows 0.35
22-That's A Nota Knife 1.39
23-Oh Richard 2.34
24-The Pimp Returns 1.34
25-Theme From Crocodile Dundee 5.08
26-Overture From Crocodile Dundee 3.22

*Interprété par Lisa Edwards
et Lindsay Field.

Musique  composée par:

Peter Best

Editeur:

Silva Screen FILM CD 009

Album produit, arrangé et conduit par:
Peter Best
Producteur exécutif pour
Silva Screen:
Raynold da Silva
Edition européenne supervisée par:
James Fitzpatrick, John Johnson

Artwork and pictures (c) 1986 Twentieth Century Film Corp/Best Results Pty. Ltd/Rimfire Productions. All rights reserved.

Note: ***1/2
CROCODILE DUNDEE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Peter Best
Comédie australo-américaine culte des années 80, « Crocodile Dundee » est sorti en 1986 et devint rapidement l’un des films les plus rentables de l’histoire du cinéma. Produit pour un budget d’environ 8,8 millions de dollars – une somme dérisoire pour une production ciné de cette époque – le film de l’australien Peter Faiman explosa le box-office 1986 et rapporta 328 millions de dollars à travers le monde. Le personnage incarné par Paul Hogan dans le film s’inspire de la vraie vie de Rodney Ansell, un australien devenu célèbre en 1977 pour avoir survécu seul pendant deux mois dans le désert australien en ayant attaqué à mains nues et dévoré des crocodiles – d’où son surnom de « Crocodile Dundee » - Le film débute avec l’arrivée de la journaliste new-yorkaise Sue Charlton (Linda Kozlowski) dans le Bush australien afin d’y tourner un reportage sur un chasseur de crocodiles célèbre dans cette région du pays. Après avoir fait connaissance avec Mick « Crocodile » Dundee (Paul Hogan) et observé son mode de vie très particulier, Sue, intriguée et attirée par le charme sauvage du chasseur de crocodiles, décide de revenir à New York afin d’y continuer son interview et de présenter son invité à ses collègues. A son arrivée en ville, Mick assiste médusé aux coutumes des new-yorkais et a bien du mal à s’acclimater à la vie dans une grande ville américaine moderne. Mick se fait alors remarquer par sa manière particulière de parler – avec ses expressions typiquement australiennes – sa débrouillardise stupéfiante et ses étranges habitudes. Le chasseur de crocodiles se retrouve même abordé par des prostituées et colle une dérouillée à deux cambrioleurs malchanceux. Sue réalise alors qu’elle est tombée amoureuse de Mick Dundee et les deux individus échangent un baiser passionné. Peu de temps après, au cours d’un dîner organisé par Sam Charlton (Michael Lombard), le père de Sue et directeur du journal Newsday, Richard Mason (Mark Blum), éditeur de Sue, demande alors la jeune femme en mariage. Le cœur brisé par cette annonce, Mick décide alors de rentrer chez lui en Australie en traversant à pied une bonne partie des Etats-Unis.

« Crocodile Dundee » reste donc un classique absolument incontournable du cinéma des années 80. Le film est le plus gros succès du cinéma australien de l’époque, et reste à ce jour l’une des meilleures comédies de cette décennie. Avec le recul, on peut se demander ce qui a autant contribué au succès phénoménal de ce film à cette époque. Réalisé avec peu de moyens, le film est entièrement porté par le charme de Paul Hogan, star comique de la télévision australienne des années 70 qui symbolise dans le film de Peter Faiman l’aspect sauvage du pays dont il est originaire. Le film aborde aussi le choc des cultures et joue sur le comique de situation avec quelques gags bien trouvés et de bonnes répliques – il faut voir le film en V.O. pour profiter des expressions typiquement australiennes du héros, intraduisibles en anglais ou dans une autre langue ! – les 30 premières minutes évoquent le Bush australien et représentent le terroir sauvage d’un pays à la beauté farouche, dans les marécages et les forêts peuplées de crocodiles et de kangourous. La seconde partie du film, plus amusante, se déroule à New York et aborde le thème du « sauvage » parachuté en plein cœur de la civilisation moderne, et le choc des cultures qui s’en suit. Le film devient alors résolument manichéen et très simpliste : Mick Dundee est le bon « sauvage » gentil avec un grand cœur sous ses airs de vieux baroudeur macho, s’intéresse aux choses simples et essentielles de la vie, tandis que les citadins américains sont plus superficiels, attirés par les objets de consommation, les apparences et l’argent. Entre les deux, il y a évidemment Sue Charlton, interprétée par Linda Kozlowski, dont la romance avec Mick fait basculer « Crocodile Dundee » vers le registre de la comédie romantique pure, avec l’inévitable final ultra cliché du héros qui court après sa promise pour l’empêcher de partir et lui déclarer sa flamme, sauf que cette fois-ci, les rôles sont inversés, car c’est bien la femme qui court après l’homme pour lui avouer son amour. Au final, « Crocodile Dundee » est une comédie fort sympathique et gentillette mais sans grande prétention, dont le succès phénoménal à l’époque reste difficile à expliquer avec le recul. Le film engendra par ailleurs deux suites d’une qualité plus que douteuse.

La partition électronique/orchestrale du compositeur australien Peter Best a certainement contribué au succès du film de Peter Faiman. Ecrite dans la veine des musiques pop-instrumental des années 80, la musique de « Crocodile Dundee », enregistrée à Melbourne puis remixée à Sydney en Australie, apporte un charme et une énergie indéniable au film. Peter Best n’en était pas à son premier coup d’essai en 1986 puisqu’il avait déjà signé les musiques de films australiens tels que « The Adventures of Barry McKenzie » (1972), film possédant déjà de fortes similitudes avec « Crocodile Dundee » (on raconte par ailleurs que le réalisateur de ce film, Bruce Beresford, voulait déjà engager Paul Hogan sur ce film !), ainsi que sa suite « Barry McKenzie Holds His Own » (1974), qui inspirera clairement « Crocodile Dundee », sans oublier d’autres titres tels que « End Play » (1976), « The Picture Show Man » (1977), « We of the Never-Never » (1982), « Goodbye Paradise » (1983), « Bliss » (1985) ou « Rebel » (1985). Peter Best était donc le choix idéal sur « Crocodile Dundee » pour lequel le compositeur signe un score rafraîchissant et énergique. Evoquant la culture musicale australienne traditionnelle, le score débute ainsi au son de l’inévitable didgeridoo des aborigènes, accompagné d’un orchestre principalement constitué de cordes, de cuivres, de bois, de percussions (timbales, claves), et d’une partie pop/rock incluant guitares, basse et batterie. Un premier thème est dévoilé ici par la guitare sèche dès 0:15, évoquant clairement l’idée du voyage et de la découverte d’autres horizons. Curieusement, le compositeur ne réutilisera pas ce thème par la suite qu’il délaisse injustement malgré une ouverture fort prometteuse. Dès lors, chaque scène est illustrée avec un morceau différent de façon souvent illustrative, même si la musique reste placée relativement librement sur les images. La première partie du film, qui se déroule en Australie, permet à Peter Best de développer l’aspect plus pop/rock de sa musique comme le confirment « Mick and His Mate, Cyril » et « The Walkabout Bounce », avec sa mélodie cool de saxophone sur fond de rythmique rock très 80’s, évoquant la culture « bogan » australienne incarnée par Mick Dundee dans le film.

« In the Truck » et « In the Boat » mettent l’accent à leur tour sur un ensemble de guitares sèches avec basse et rythme rock léger – à la limite du country - évoquant là aussi l’Australie profonde pour la scène où Mick emmène Sue dans le Bush australien. « The Buffalo » reprend quand à lui les éléments instrumentaux plus traditionnels incluant le didgeridoo et les percussions ethniques pour évoquer les dangers du Bush australien. Même chose dans « The Death Roll » avec ses étranges notes ascendantes/descendantes de saxophone. L’ambiance devient plus intime dans le joli « Never Never Land » avec sa mélodie rêveuse de piccolo et de cordes. « Never Never Land » est par ailleurs important puisque le morceau dévoile ici le véritable thème principal du score, mélodie poétique et lyrique évoquant la romance entre Mick et Sue dans le film. Inversement, « Nice One Skippy » illustre la scène où Mick fait fuir des chasseurs venus traquer des kangourous dans le Bush. Peter Best évoque la scène à travers un morceau d’action à la fois énergique et non dénué d’humour, à l’aide d’une rythmique nerveuse, de cordes tendues et de guitares agitées. Le morceau débouche par ailleurs sur une envolée de cuivres héroïque savoureuse à 2:04, alors que Mick parvient à faire fuir les chasseurs grâce à un stratagème assez ridicule. Best dévoile ici un thème héroïque très réussi qu’on aurait simplement aimé réentendre par la suite dans le film. Dans « A Walk in the Bush » et « Crocodile », le compositeur continue d’évoquer les sonorités primitives du Bush, débouchant sur l’enragé « Crocodile » pour la scène où Mick sauve Sue, attaquée par un crocodile à mains nues, morceau d’action frénétique assez impressionnant, débouchant sur une coda plus romantique aux cordes pour les sentiments naissants entre Sue et Mick Dundee. Le thème principal du film revient ensuite dans « Echo Billabong » et « Would You Mind ? », alors que Sue parvient à convaincre Mick de revenir avec elle à New York.

La seconde partie du film débute alors dans « Mick Meets New York ». Peter Best reprend ainsi ses rythmes pop/rock très années 80 avec des riffs de cuivres/saxophone, ses riffs funky de guitare et sa boîte à rythme synthétique typique des eighties. Dès lors, le compositeur oriente sa musique vers un style plus typique de la variété des années 80, pour symboliser le changement de culture et la découverte des Etats-Unis. « G’Day » développe quand à lui un motif comique de flûte/piccolo de 7 notes pour Mick lorsque ce dernier se ballade dans les rues de New York. On retrouve ici les guitares et la basse des premiers morceaux de la partition avec l’utilisation étrangement décalée d’une caisse claire militaire sous la forme d’une marche comique assez particulière. Le motif comique de Mick est repris dans « Yessir », suivi de « The Pimp », dominé par un riff de basse et une partie résolument funky de guitare électrique, incluant un saxophone résolument jazzy évoquant davantage la culture américaine (dommage que le morceau se conclut sur un fade out un peu inutile : on aurait bien aimé en entendre plus !). A ce sujet, on appréciera la reprise de ce morceau dans le très fun et funky « The Pimp Returns » pour une scène avec la prostituée dans la rue – à noter ici le retour du didgeridoo – Le thème principal romantique est ensuite suggéré dans « Stone the Crows » avec ses cordes synthétiques qui rappelle les sentiments de Sue pour Mick, malgré son engagement auprès de Richard Mason. Le thème est par ailleurs repris à la fin de « That’s Nota Knife », la musique s’orientant très clairement ici vers un style romantique annonçant sans équivoque la fin de l’histoire. De la même façon, « Oh Richard » débute sur un style intimiste avec bois et cordes, suivi d’une énième reprise du thème principal de piccolo, avant de céder la place à une partie rock/country plus calme et lente, alors que Mick, qui a compris que Sue allait en épouser un autre, se prépare à voyager en Amérique avant de retourner chez lui.

Enfin, le film se termine au son du superbe « Theme from Crocodile Dundee », Peter Best reprenant la mélodie principale dans un arrangement conséquent de cinq minutes, incluant les sonorités australiennes traditionnelles, les rythmes pop/rock 80’s et une envolée mélodique finale du thème très agréable et pleine d’espoir. Quand au motif comique de Mick, il est repris dans « Overture from Crocodile Dundee » qui reprend par ailleurs le sympathique thème héroïque savoureux de « Nice One Skippy » dans un très bel arrangement pour cordes suivi du thème de guitare du « Main Title » et d’une ultime reprise du thème principal. Au final, le score de « Crocodile Dundee » s’avère être une très jolie surprise, typique d’un certain style musical des années 80, très orienté vers la pop/rock et la country avec des relents de funk et de jazz plus ponctuels. La musique de Peter Best évoque ici une certaine idée de la culture musicale australienne mélangée à celle des américains à travers un score hybride tour à tour touchant, drôle et toujours fun. Le charme indéniable et rafraîchissant de la musique de « Crocodile Dundee » a certainement contribué à son tour au succès du film de Peter Faiman et reste à ce jour l’une des musiques de film australiennes les plus connues de son genre. Suite au succès du film, le score iconique de Peter Best a d’abord été édité en LP par Varèse Sarabande en 1986 avec une sélection musicale avoisinant les 30 minutes, puis rééditée dans la série des CD Club de Varèse en 1993 avant de connaître une seconde édition chez Silva Screen en Europe incluant cette fois-ci 45 minutes de musique, la meilleure édition CD à ce jour du score de « Crocodile Dundee ». La partition de Peter Best reste donc un score typique de son époque, au charme un brin suranné mais indissociable de l’univers de ce grand hit du cinéma australien, une musique rafraîchissante et entraînante à l’image du personnage de Paul Hogan dans le film : une jolie réussite qui sera suivi d’un second épisode en 1988, dont la musique, à nouveau composée par Peter Best, n’a malheureusement jamais été éditée officiellement en CD !




---Quentin Billard