1-Riding The Train 4.05
2-Something's Not Right 2.31
3-Megan 1.45
4-Rachel 2.32
5-Stolen? 0.46
6-3 Women 1.35
7-All F-cked Up! 2.28
8-Wasted 2.11
9-Missing Time 2.04
10-Day One 0.47
11-Deviled Eggs 0.57
12-Touch Myself 1.37
13-Uncertainty 0.57
14-The Perfect Couple/Password 2.46
15-I'm Sorry 5.03
16-A Sad Liar 1.38
17-You're Always Wasted 2.10
18-Memory 6.20
19-Really Creepy 4.03
20-Just Desserts 0.58
21-Self Defense 2.21
22-Resolution 1.12
23-The Girl On The Train-Main Titles 1.09

Musique  composée par:

Danny Elfman

Editeur:

Sony Classical 8985375612

Album produit par:
Danny Elfman
Monteur musique:
Bill Abbott
Montage score:
David Channing
Programmation synthé:
Peter Bateman
Préparation musique:
Jina B. Choi, Luke Flynn,
Mark Graham, Mariko Horikawa,
Annie Rosevear, Joe Zimmerman

Coordination musique:
Gina Zimmitti
Assistant technique score:
Mikel Hurwitz
Supervision musique:
Jonathan Karp
Piano:
TJ Lindgren
Orchestrations:
Steve Bartek, Edgardo Simone,
David Slonaker

Mixage score:
Noah Scot Snyder

Artwork and pictures (c) 2016 DreamWorks LLC. All rights reserved.

Note: **1/2
THE GIRL ON THE TRAIN
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Danny Elfman
« The Girl on the Train » est le nouveau long-métrage de Tate Taylor sorti au cinéma en 2016. Le cinéaste est surtout connu pour son drame bouleversant « The Help » (2011) et son biopic sur James Brown « Get On Up » (2014). Cette fois-ci, Taylor s’attaque à l’adaptation sur grand écran du roman éponyme de Paula Hawkins publié en 2015. « The Girl on the Train » raconte l’histoire de Rachel Watson (Emily Blunt), une jeune femme de 32 ans qui a sombré dans l’alcool et la dépression depuis son divorce avec son ex-mari Tom (Justin Theroux). Ce dernier a refait sa vie avec sa maîtresse Anna Boyd (Rebecca Ferguson) et leur fille Evie, et vivent dans l’ancienne maison du couple. Rachel partage un appartement avec son amie Cathy (Laura Prepon) et passe ses journées à bord d’un train, observant Tom, Anna et leur petite fille par la fenêtre. Rachel commence alors à nourrir une certaine fascination pour un couple qu’elle observe fréquemment par la fenêtre du train, Scott (Luke Evans) et Megan Hipwell (Haley Bennett), un jeune couple qu’elle idéalise et qui incarne selon ses propres fantasmes le mariage parfait. Mais Rachel ignore en réalité que Scott est un compagnon violent et impulsif, et que Megan est une accroc au sexe, infidèle et détachée, qui suit une thérapie auprès de son psychiatre le Dr. Kamal Abdic (Edgar Ramirez). Un matin, Rachel aperçoit Megan en train d’embrasser Abdic sur le balcon de sa maison et voit ses idéaux fantasmés voler en éclat. Après avoir bu excessivement, Rachel quitte le train pour se confronter à Megan, mais elle sombre alors dans un coma éthylique profond et se réveille quelques heures plus tard dans son appartement, blessée. La jeune femme apprend alors que Megan a disparue et qu’elle est présumée morte. Elle reçoit alors la visite de l’inspecteur de police Riley (Allison Janney), qui suspecte Rachel d’être mêlée à la disparition de la jeune femme. Incapable de se souvenir de ce qu’il s’est passé ce jour-là, Rachel, qui est persuadée d’avoir vu quelque chose, va se rapprocher de Scott Hipwell pour tenter d’en savoir plus sur Megan et ses relations adultères avec son psychiatre. Elle va aussi croiser la route de Tom et Anna et devra faire face à ses vieux démons et son combat contre l’alcool.

« The Girl on the Train » s’avère être au final un thriller captivant et intrigant, totalement dominé par l’interprétation ahurissante d’Emily Blunt, méconnaissable dans le rôle d’une trentenaire ravagée par l’alcool et dont l’existence semble s’être figée brusquement depuis son divorce. Incapable de refaire surface, la jeune femme se détruit à petit feu en multipliant les blackouts et les comas éthyliques qu’elle ne parvient plus à éviter, une addiction forcément destructrice mais qui révèle en réalité un secret choquant que la jeune femme cache au fond d’elle-même, et qui a un rapport avec son passé. C’est ainsi que Rachel Watson passe toutes ses journées à bord d’un train en multipliant les aller-retours sans but précis, le train symbolisant ici l’errance de la jeune femme qui rêve d’une vie idéale en observant un jeune couple par la fenêtre du wagon où elle se trouve. Entre fantasme et voyeurisme, le film déroute par son portrait d’une femme brisée et maladive bien éloignée des rôles glamour et plus hollywoodiens qu’Emily Blunt campe habituellement au cinéma. A noter que le long-métrage de Tate Taylor s’autorise quelques libertés très décriées avec le roman de Paula Hawkins, puisque l’action qui se déroule à Londres dans le livre est transposée ici aux Etats-Unis et que certains détails ont été davantage américanisés pour mieux correspondre au public U.S. A part cela, le film suit plutôt bien le déroulement du livre, jusque dans son dénouement violent et salvateur, le tout accompagné d’un casting solide réunissant Haley Bennett, Rebecca Ferguson (révélation féminine du « Mission Impossible : Rogue Nation » de Christopher McQuarrie), Luke Evans, Justin Theroux, Edgar Ramirez et un second rôle pour Lisa Kudrow, la fameuse Phoebe de la série « Friends ». Filmé de manière immersive dans une atmosphère froide et oppressante, « The Girl on the Train » est une réussite incontestable qui doit beaucoup à la performance poignante d’Emily Blunt et à la mise en scène de Tate Taylor qui privilégie l’émotion et la psychologie des personnages dans une banlieue américaine chic qui recèle son lot de secrets inavoués et de blessures refoulées. Souvent comparé à tort au « Gone Girl » de David Fincher, « The Girl on the Train » possède une ambiance particulièrement sombre, tragique et intense qui l’impose comme l’un des meilleurs thrillers de l’année 2016.

La musique plus mélancolique, sombre et intimiste de Danny Elfman contribue à son tour à renforcer l’ambiance poisseuse et froide du film de Tate Taylor. Pour les besoins du film, Elfman élabore une partition aux sonorités modernes et atmosphériques, utilisant un orchestre à cordes agrémenté d’un piano et d’une large palette électronique sonore. Le ton est donné d’emblée dès l’ouverture du film dans « Riding the Train » qui dévoile le thème principal mélancolique et solitaire du piano associé à Rachel Watson dans le film, sur fond de cordes amères et lentes. Elfman renforce l’ensemble par le biais de sonorités synthétiques modernes incluant quelques vagues ambiances rock avec basse et guitare électrique. On retrouve ici une esthétique musicale contemporaine proche du travail d’Elfman sur « Fifty Shades of Grey » ou du documentaire « The Unknown Known ». Dans « Something’s Not Right », on retrouve l’inventivité habituelle de Danny Elfman dans le traitement des sons et des instruments pour un résultat qui rappelle son travail sur le film « A Simple Plan » (1998). Le score s’apparente ici à un ensemble de cordes répétitives, d’un étrange motif de 5 notes descendantes du piano et de sonorités grinçantes des synthétiseurs et des guitares. La musique nous plonge dans une ambiance de trouble psychologique reflétant les tourments intérieurs de Rachel et ses problèmes d’alcool. « Something’s Not Right » nous fait clairement comprendre que quelque chose est en train de dérailler et suggère une sensation de désordre, de chaos. Dans « Megan », Elfman évoque le personnage d’Haley Bennett avec un deuxième thème confié à des claviers et des synthés plus intimes et mélancoliques, sur un ton résolument minimaliste. Inversement, « Rachel » illustre le personnage d’Emily Blunt dans une ambiance plus sombre et torturée à l’aide de notes hésitantes de piano, des synthés et d’ostinato répétitif de cordes – assez curieusement, le thème central de piano de « Rachel » évoque le « Time » du « Inception » d’Hans Zimmer ! –

Elfman prolonge son exploration de sonorités distordues et déconstruites des synthétiseurs dans « Stolen ! », où le piano reste omniprésent, tandis que les rythmiques modernes sont plus présentes au début de « 3 Women ». « All F-cked Up! » suggère davantage l’ambiance mélancolique avec le retour du thème de 5 notes de piano pour Rachel. Ici aussi, le travail du sound design nous plonge dans une atmosphère troublante, lente et dépressive, assez intéressante à l’écran mais hélas guère passionnante en écoute isolée. Certains passages comme « Wasted » et ses sonorités synthétiques industrielles répétitives semblent même sortir tout droit d’un score d’Atticus Ross et Trent Reznor ! Dans « Missing Time », on devine une tension et un malaise grandissant, avec des notes synthétiques plus troublantes et d’étranges voix féminines liées à l’énigme de la disparition de Megan dans le film et du blackout de Rachel. « Deviled Eggs » propose un travail intéressant autour des sonorités électroniques à travers des sonorités filtrées/inversées plus étranges, révélant là aussi les troubles psychologiques qui hantent de manière insidieuse Rachel Watson dans le film. Difficile en revanche de s’enthousiasmer pour des passages purement atmosphériques comme « Touch Myself » ou « Uncertainty » qui n’apportent pas grand chose à l’écoute en dehors des images. Dans « The Perfect Couple/Password », le thème de piano de Rachel est repris avec délicatesse sur un ton mélancolique et fragile, avant de céder la place aux 5 minutes immersives de « I’m Sorry », où l’on devine que quelque chose est en train de se passer.

Elfman réemploie ici les cordes, les voix féminines et manipule les sons pour nous amener progressivement vers la deuxième et dernière partie du film. On retrouve par moment l’écriture de cordes torturée de « Dolores Claiborne » (1995) avec une utilisation du piano qui renvoie encore une fois à la BO du film « A Simple Plan ». Dans « A Sad Liar », le compositeur assombrit l’ambiance avec une atmosphère sonore plus menaçante, idée reprise dans « You’re Always Wasted », alors que Rachel retrouve la mémoire et se souvient de faits importants au sujet de son ex-mari Tom. « Memory » fait ainsi monter la tension durant 6 minutes intenses mais assez interminables sur l’album, incluant une rythmique électronique plus nerveuse, des cordes sombres et une utilisation réussie d’un violoncelle soliste. Comme son nom l’indique, « Really Creepy » nous amène au dernier acte du film et aux sombres révélations. Elfman joue ici sur l’idée de la désorientation mais avec une plus grande violence sonore – pads synthétiques avec une importante distorsion - alors que Rachel a enfin découvert la vérité sur Tom et s’apprête à prévenir Anna. « Just Desserts/Self Defense » accompagne ainsi la scène finale entre Tom, Rachel et Anna pour l’un des rares passages d’action du score, avec ses voix féminines mystérieuses qui semblent plus apaisées, plus résignées. Les choses rentrent enfin dans l’ordre dans « Resolution » où le thème de Rachel est repris de manière plus élégante aux cordes, avec un sentiment de paix intérieure retrouvée – à noter ici les vocalises féminines éthérées qui concluent parfaitement le film –

Difficile dès lors de se passionner véritablement pour la partition de « The Girl on the Train », qui remplit parfaitement sa mission à l’écran en nous plongeant dans une atmosphère psychologique troublante et torturée, mais qui constitue une écoute fastidieuse et délicate sur l’album. On a par ailleurs connu un Danny Elfman bien plus inspiré par le passé – dans le même genre, « Dolores Claiborne » ou « A Simple Plan » étaient bien mieux réussis – D’autant que le score de « The Girl on the Train » fait des concessions parfois regrettable au sound design électronique très à la mode de nos jours à Hollywood, à la manière d’Atticus Ross/Trent Reznor ou de nombreux musiciens de chez Remote Control. Etant donné l’ambiance particulière du film et de son scénario, on se serait attendu à une approche plus personnelle et plus audacieuse de la part de Danny Elfman, obligé de céder à un cahier des charges évident qui n’apporte pas grand chose ici à son univers musical si familier et si reconnaissable et l’oblige à livrer à son tour un énième score atmosphérique aux sonorités électroniques modernes peu inspiré et assez terne, bien que très réussi sur les images et très évocateur de son sujet. Même les aficionados d’Elfman auront certainement du mal à digérer l’écoute fastidieuse de « The Girl on the Train » !




---Quentin Billard