1-Homestead 2.11
2-Hello Arlo 2.49
3-Chores 0.55
4-Make Your Mark 2.07
5-Fireflies 2.16
6-Critter Problem 1.04
7-You're Me And More 3.05
8-Family Struggle 1.23
9-Swept Away 1.33
10-Mountain Top 0.51
11-Lost in the Wild 3.35
12-Offerings 1.32
13-Unexpected Friend 2.56
14-Pet Collector 2.24
15-Swimming Lessons 2.29
16-Orphans 4.39
17-The Storm 1.17
18-I'm Never Getting Home 0.44
19-Storm Chasers 1.22
20-Bloodhound 1.37
21-Fight Them Rustlers 1.46
22-Run With The Herd 3.51
23-Returned Call 1.25
24-Sky Sharks 1.46
25-Arlo's Vision 1.35
26-Rescue 2.31
27-Over The Falls 2.41
28-Goodbye Spot 4.12
29-Homecoming 1.24
30-Arlo Makes His Mark 1.22

Musique  composée par:

Mychael Danna/Jeff Danna

Editeur:

Walt Disney Records D001907402

Album produit par:
Mychael Danna, Jeff Danna
Assistant compositeurs:
Colin Aguiar
Manager production musicale:
Ashley Chafin
Montage score:
David Channing, Erich Stratmann
Supervision musique:
Tom MacDougall
Préparation musique:
Jin Choi, Candy Emberley,
Luke Flynn, Mark Graham,
Riley Hughes, Gregory Jamrok,
Andrew Rowan, Joe Zimmerman

Producteur exécutif musique:
Chris Montan
Assistant score:
Kenny Wood
Orchestrations:
Nicholas Dodd
Mixage score:
Brad Haehnel
Copiste musique:
Victor Pesavento Quinn
Enregistrement score:
Erik Swanson

Artwork and pictures (c) 2015 Pixar Animation Studios/Walt Disney Pictures. All rights reserved.

Note: ***
THE GOOD DINOSAUR
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Mychael Danna/Jeff Danna
Nouveau film d’animation des studios Disney/Pixar, « The Good Dinosaur » (Le Voyage d’Arlo) est le premier long-métrage d’animation 3D de Peter Sohn d’après le scénario de Meg LeFauve. L’histoire se déroule dans un univers fictif où les dinosaures cohabitent avec les êtres humains. Il y a 65 millions d’années, l’astéroïde qui devait toucher la Terre et mettre fin au règne des dinosaures frôla notre monde de justesse. Aujourd’hui, dans le temps présent, une famille de fermiers Apatosaurus, Harry et Ida, vivent dans leur ferme avec leurs enfants Libby, Buck et le petit Arlo, qui a bien du mal à s’adapter à la vie paysanne. Développant l’agriculture, Henry et Ida aident leurs enfants à grandir tandis qu’Arlo, plus timide et maladroit, tente de nourrir les volailles dont il a peur. Ses aînés réussissent à laisser leurs empreintes sur le silo à grain construit par Henry sauf Arlo, qui ne parvient pas à vaincre ses peurs enfantines. Désireux de l’aider à se surpasser et à grandir, Henry demande alors à Arlo de tendre un piège au voleur qui dérobe régulièrement le maïs dans leur champ. Mais lorsqu’Arlo découvre que le voleur en question n’est autre qu’un petit être humain, il décide de le relâcher et de lui laisser la vie sauve. Henry décide de s’occuper du voleur et emmène avec lui Arlo à la poursuite de l’enfant, jusqu’au bord d’une rivière où un orage les surprend brusquement. Alors qu’une crue arrive soudainement et emporte tout sur son passage, Henry meurt noyé après avoir mis Arlo à l’abris. Peu de temps après les funérailles, Arlo est obligé de prendre la place de son père à la ferme et retrouve le jeune garçon qu’il blâme de la mort de son père. Le jeune dinosaure décide alors de poursuivre le petit voleur jusque sur les rives rocheuses de la rivière dans laquelle il finit par tomber, entraîné par le courant. Peu de temps après, Arlo se réveille sur une berge très loin de chez lui. Blessé et exténué, il décide alors de remonter le cours de la rivière et se retrouve avec une jambe coincée par des éboulis de roches. A son réveil, Arlo remarque que sa jambe est libérée et observe les traces du petit humain qui a creusé la terre pour dégager sa patte. Arlo apprend alors à mieux connaître son nouvel ami qu’il surnomme Spot et qui devient son compagnon de voyage. Ensemble, ils vont traverser des plaines entières et affronter mille dangers dans l’espoir de retrouver la ferme familiale d’Arlo.

Construit à la manière d’un récit initiatique, « The Good Dinosaur » n’est certainement pas le nouveau chef-d’œuvre tant attendu des studios Pixar/Disney. Plutôt mineur dans la filmographie du prestigieux studio, le film de Peter Sohn est fort sympathique mais semble arriver trop tard. Annoncé depuis des années et constamment repoussé, le projet qui devait sortir en 2014 sortira finalement pour les fêtes 2015, une attente qui s’explique en partie par le départ du réalisateur initial, Bob Peterson pour divergences artistiques. Assez mal reçu à sa sortie en salles, « The Good Dinosaur » sera très mal vendu par le studio et accueilli timidement par les spectateurs, malgré de bonnes critiques et des résultats conséquents au box-office mondial (332 millions de dollars de recette, une somme néanmoins dérisoire par rapport aux recettes habituelles des films Pixar). Grâce à son univers fictif où les dinosaures ont survécu et vivent aujourd’hui avec les humains revenus à l’état sauvage, « The Good Dinosaur » avait tout pour être une vraie pépite du genre, sauf que la mise en scène de Peter Sohn et le graphisme enfantin du récit ne parviennent pas à développer en conséquence un scénario malin mais assez limité, qui évoque une histoire d’amitié et de dépassement de soi dans une aventure initiatique comme on en voit régulièrement dans les productions Disney. Très différent du « Dinosaur » de Disney ou des « Ice Age » de la Fox, « The Good Dinosaur » met en scène le jeune Arlo qui va apprendre à prendre confiance en lui et à maîtriser ses peurs de l’enfance pour devenir enfin un grand garçon, aidé par son nouvel ami Spot qui partagera toutes ses aventures jusqu’au bout.

Avec des décors magnifiques évoquant un monde rural et sauvage de l’Amérique profonde, « The Good Dinosaur » semblait tenir ses promesses mais s’avère au final assez mitigé, car si l’on apprécie la beauté des décors, des éclairages et du bestiaire que l’on aperçoit dans le film, on sera largement plus partagé concernant un scénario banal et sans surprise, des dialogues plutôt creux et des situations très prévisibles. Le film évolue ainsi de manière pépère jusqu’à son final poignant où chacun reprendra sa route lors d’adieux bouleversants, probablement le meilleur moment du film (qui arrive malheureusement bien trop tard) réalisé sans grand éclat, sans grande originalité particulière. Dans ce récit initiatique qui rappelle « Bambi » ou « The Lion King », on retiendra surtout un effort sur l’animation, les décors et les personnages, quelques scènes touchantes et très poétiques (la séquence des lucioles lumineuses qui s’envolent dans la nuit), mais on regrettera aussi l’absence d’ambition d’un script paresseux et d’une narration assez molle, fait étonnant pour une production Pixar de cette envergure. Quand on connaît le niveau d’exigence du studio qui nous a offert des pépites telles que « Toy Story », « Monsters & Co. », « Finding Nemo » ou « WALL-E », difficile de s’extasier devant ce « Good Dinosaur » assez terne et convenu, qui ne restera certainement pas dans les annales et demeurera un Pixar mineur.

C’est grâce à son travail remarquable et oscarisé sur « Life of Pi » (2012) que le compositeur canadien Mychael Danna fut contacté par le studio Pixar pour écrire la musique de « The Good Dinosaur », épaulé par son frère Jeff Danna (« Silent Hill », « Resident Evil : Apocalypse », « Fracture », « Tideland », etc.). Enregistrée au Eastwood Scoring Stage de la Warner Bros, le score de « The Good Dinosaur » mélange l’orchestre symphonique traditionnel avec une variété de solistes incluant un ensemble de guitares avec banjo et mandoline, un violon fiddle, une guitare basse, un piano et une trompette. Ecrite dans un style très orientée « americana », la partition des frères Danna évoque clairement le son du monde rural américain traditionnel, une ambiance que l’on devine aisément dès l’ouverture du film dévoilant le thème principal d’aventure dans « Homestead ». Le thème est ici entonné par le violon fiddle sur fond de piano et de cordes. Il évoque clairement la ferme familiale d’Arlo et ses parents avec un soupçon de nostalgie très agréable. La reprise solennelle du thème à la trompette et aux cuivres à 1:01 fait penser aux musiques d’Aaron Copland et pose déjà les bases d’une partition ‘americana’ aux influences manifestes – l’arrangement instrumental du thème principal fait quelque peu penser ici au « Legends of the Fall » de James Horner – On retrouve le thème joué par une clarinette sautillante dans « Hello Arlo » avec un arrangement dominé par les guitares folk, le violon fiddle et les cordes. A 1:23, un banjo introduit le deuxième thème du score, une mélodie plus aérienne et noble associée au petit Arlo tout au long du film. Seule ombre au tableau : le thème d’Arlo semble calqué sur les premières notes du thème de « Braveheart » de James Horner (décidément !), à tel point que chaque apparition du thème dans le film risque de faire grincer des dents tant les ressemblances entre les deux mélodies sont parfois trop évidentes et risquent de distraire l’attention des auditeurs désireux d’apprécier le travail des frères Danna sur ce film : dommage !

Dans « Make Your Mark », le thème principal est repris au piano et à la clarinette, alors que Libby et Buck posent leurs empreintes sur le silo à grain de la ferme familiale. On appréciera ici l’apport des instruments folk/americana qui apportent une émotion rafraîchissante et dépaysante à la partition de « The Good Dinosaur ». « Fireflies » illustre quand à lui la très belle scène où Henry passe du temps avec Arlo et lui fait découvrir les lucioles cachées dans les herbes, qui s’envolent dans la nuit et éclairent soudainement l’horizon tout autour d’eux. Le thème d’Arlo est repris ici aux cordes et aux bois à 1:28 à travers une très belle envolée orchestrale majestueuse et optimiste dominée par des cordes nobles et des percussions exotiques. « Critter Problem » développe le thème d’Arlo dans un arrangement de guitares folk très réussi, avec une utilisation inventive des percussions – incluant des roulements de caisse claire – Dans « You’re Me and More », les frères Danna introduisent d’étranges effets sonores de flûte à bec, baignant ici dans une ambiance plus sombre avec l’un des premiers morceaux d’action du score, dominé par des cordes virevoltantes et des cuivres massifs. Ces effets de flûte à bec – le flûtiste souffle dans l’instrument en faisant rouler sa langue pour obtenir ce son particulier - reviennent ensuite dans « Swept Away », et sont associés dans le film au jeune Spot. La musique évolue très vite ici vers un nouveau déchaînement orchestral débridé de grande qualité, puissant et robuste, servi par une écriture orchestrale maîtrisée. « Lost in the Wild » reprend le thème d’Arlo et ses guitares folk caractéristiques, incluant quelques légères touches de mickey-mousing avec un mélange de pizzicati sautillants et de marimba. A noter ici la fraîcheur et l’inventivité des orchestrations qui permettent à Mychael et Jeff Danna de sortir par moment des sentiers battus, même si l’on revient assez souvent à un style orchestral plus classique et conventionnel.

« Unexpected Friend » marque l’amitié naissante entre Arlo et le petit Spot dans le film, à l’aide d’une utilisation intéressante de percussions métalliques et des différents instruments solistes aux sonorités folk/americana. La musique évoque ici aussi le danger qui guette les deux jeunes héros tout au long de leur périple. « Pet Collector » se montre plus inventif en débutant sur d’étranges sonorités d’ocarina évoquant un univers sonore primitif, alors qu’Arlo et Spot sont perdus en plein milieu des montagnes, dans la nature profonde. « Swimming Lessons » se distingue lui aussi par son instrumentation inventive, mélangeant flûte à bec, flûte à coulisse, sifflet et guitares avec une certaine fraîcheur. Un très joli thème suggérant l’amitié entre Arlo et Spot se met en place au début de « Unexpected Friend », dévoilé ici à la flûte et repris tout au long du film. Le thème est repris vers la fin de « Pet Collector », dans « Bloodhound » et dans « Swimming Lessons » (à 1:02), morceau qui se conclut par ailleurs sur un arrangement folk/country très réussi. On le retrouve aussi dans « Orphans », qui rappelle le point commun qui unit Arlo et Spot : tous deux sont orphelins, livrés à eux-mêmes. On appréciera ici l’apport du piano qui apaise le ton et nous plonge dans une ambiance intime et mélancolique, rêveuse et délicate. Dans « The Storm », Mychael et Jeff Danna évoquent la scène de la tempête avec un nouveau morceau d’action tonitruant dominé par des cuivres déchaînés. A ce sujet, impossible de passer à côté du superbe « The Storm Chasers », morceau d’aventure bondissant rythmé par les instruments folk. Idem pour la scène de l’attaque des voleurs de bétails dans « Fight Them Rustlers », ponctué d’effets rugissants de cors et de trompettes (tirés en réalité d’une banque de son orchestrale d’East-West). La scène du bétail permet par ailleurs aux deux compositeurs de nous offrir le très sympathique « Run With the Herd » incluant une utilisation adroite du saxophone intégré à l’orchestre et aux solistes.

Le morceau pastiche ici les musiques western d’Elmer Bernstein pour la scène très ‘americana’ où Arlo, Spot et leurs nouveaux amis courent au milieu du troupeau (on pense par exemple à « The Magnificent Seven »). Le thème principal est repris ensuite aux cuivres à 1:18, suivi du thème d’Arlo à 1:46 à travers une chevauchée musicale héroïque et dynamique (curieusement, cette fois-ci, on croirait entendre le début du thème des hobbits de « Lord of the Rings » !), suggérant l’accomplissement du jeune Arlo, qui commence enfin à grandir et à prendre part à d’importantes responsabilités au cours de son aventure initiatique. Plus sombre, « Returned Call » nous fait comprendre qu’un danger guette les héros, idée qui débouche alors sur l’attaque des ptérodactyles dans l’agressif « Sky Sharks ». « Rescue » débute quand à lui sur le thème de l’amitié pour l’affrontement final avec les ptérodactyles au bord de la rivière, débouchant sur le frénétique et superbe « Over The Falls », dont l’écriture cuivrée robuste rappelle l’influence habituelle des orchestrations de Nicholas Dodd – on retrouve ici des éléments qui rappellent les musiques d’action de David Arnold ou Andrew Lockington – Enfin, l’aventure s’achève dans le poignant « Goodbye Spot », pour les adieux finaux entre Arlo et Spot à la fin du film. C’est l’occasion pour les deux compositeurs de reprendre une dernière fois le très beau thème de l’amitié de manière poignante en guise d’adieu entre le petit humain et le petit dinosaure, avant le retour d’Arlo à la ferme familiale dans « Homecoming », marqué par le retour du thème principal.

Mychael et Jeff Danna signent donc une partition dynamique, vive et inventive pour « The Good Dinosaur », une partition qui se distingue par la fraîcheur de ses orchestrations folk/country au ton très ‘americana’ intéressantes sur une production animée Pixar, avec une variété de thèmes simples et agréables et quelques morceaux d’action solides. Le score est très appréciable à l’écran comme en écoute isolée mais déçoit quelque peu en raison de certaines influences musicales trop évidentes (et notamment à James Horner). Qu’à cela ne tienne, le cahier des charges est malgré tout bien rempli et la musique apporte une vraie énergie au film de Peter Sohn. Fraîche et agréable, l’écoute de « The Good Dinosaur » sur l’album nous permet d’apprécier la multitude de détails instrumentaux et sonores conçus par les deux frangins, même si l’on regrette par moment l’absence de réelle surprise d’un point de vue formel. La musique reste malgré tout assez simple, assez poétique et touchante sans jamais éclipser l’aventure et le danger, les frères Danna retranscrivant parfaitement à l’écran l’ambiance musicale de l’Amérique rurale traditionnelle pour les besoins du film. Sans être un chef-d’oeuvre du genre, la partition musicale de « The Good Dinosaur » s’avère donc être rafraîchissante et agréable, même si elle ne restera certainement pas dans les annales : les fans des productions Pixar et du travail des frères Danna devraient donc y trouver leur compte !




---Quentin Billard