1-Briar 2.03
2-Planting the Bomb 2.06
3-Aftermath 3.57
4-Mason Born In Boston 2.17
5-Rooftop Chase 5.29
6-Interrogation Room 2.56
7-Michael Dodges A Bullet 3.45
8-City On Fire 3.27
9-Briar Follows The Trail 5.14
10-Van Fight 4.26
11-Storm The Bank 5.31
12-Entering The Vault 5.23
13-The Siege 4.23
14-The Payoff 2.16
15-The Road Less Travelled 4.56*

*Ecrit et interprété par
Idris Elba et Norman Cook.

Musique  composée par:

Alex Heffes

Editeur:

Mercury Records

Produit par:
Alex Heffes
Programmation synthé et percussions:
Beth Caucci
Ingénieur son/mixage:
Peter Cobbin
Assistant scoring:
Rebecca Dale
Musique additionnelle:
Daniel Elms
Supervision musique:
Jérôme Lateur
Orchestrations:
Tommy Laurence, John Ashton Thomas
Montage musique:
Cecile Tournesac
Mixage score:
Kirsty Whalley
Coordination musique:
Mehdi Skewes
Programmation additionnelle:
Will Rice

(c) 2016 StudioCanal/Canal+/TF1/Anonymous Content. All rights reserved.

Note: ***
BASTILLE DAY
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Alex Heffes
« Bastille Day » est un film d’action réalisé par le britannique James Watkins (« The Woman in Black ») et co-produit par la France, les Etats-Unis et le Luxembourg. L’histoire se déroule à Paris, à la veille des festivités du 14 Juillet. Zoé Naville (Charlotte Le Bon) prépare un attentat à Paris avec un groupe de jeunes anarchistes dans les locaux d’un parti politique d’extrême droite. Le but est d’inciter les gens à réagir sur les dérives de la société française actuelle, mais sans tuer le moindre civil. Au même moment, Michael Mason (Richard Madden), un jeune voleur d’origine américaine, dérobe le sac de Zoé qui contient la bombe, s’empare de ce qui l’intéresse dans le sac et jette le reste dans une poubelle. La bombe explose alors et commet de gros dégâts dans un quartier parisien, tuant quatre personnes. Mason se retrouve alors fiché comme terroriste par les autorités françaises et le groupe de surveillance de la CIA basé à Paris. L’agent Sean Briar (Idris Elba) enquête alors sur Michael Mason et réussit à le capturer et à le ramener dans une salle d’interrogatoire secrète de la CIA. Le jeune homme explique alors qu’il n’était pas au courant que le sac qu’il avait volé contenait une bombe, et qu’il a entendu ce soir-là une certaine Zoé appeler quelqu’un au téléphone. Au même moment, la dite Zoé, qui culpabilise au sujet des quatre morts de l’explosion de la bombe, décide de tout laisser tomber mais se retrouve traquée par les hommes d’un groupe de mercenaires dirigés par Rafi Bertrand (Thierry Godard), des policiers corrompus qui travaillent en réalité pour le compte du ministère de l’intérieur de Victor Gamieux (José Garcia). Ces derniers ont organisé un vaste plan visant à mettre en scène une attaque terroriste islamiste sur Paris afin de couvrir le casse de la banque de France qu’ils préparent depuis des mois. Comprenant que Mason est innocent et que Zoé a été manipulée par un groupe d’individus, l’agent Briar va mener une grande course contre la montre pour tenter d’empêcher un prochain attentat et déjouer la conspiration des policiers ripoux.

Avec un scénario captivant et une intrigue rondement menée, « Bastille Day » s’avère être un polar très efficace qui nous maintient en haleine jusqu’au dénouement final. Le réalisateur James Watkins tire parti des décors parisiens pour nous offrir un thriller haletant très inspiré des « Jason Bourne », des 007 et des classiques U.S. comme « French Connection » ou « Frantic », qui se déroulaient eux aussi en France. Filmé caméra à l’épaule à la manière d’un Paul Greengrass, « Bastille Day » s’inspire du climat français actuel et évoque la menace des attentats islamistes pour mieux déstabiliser le spectateur et nous entraîner vers une conspiration politique dirigée par des flics corrompus. Les twists sont bien amenés et le casting est à la hauteur du projet : Idris Elba, Richard Madden (vu dans la série « Game of Thrones »), Charlotte Le Bon, José Garcia, Kelly Reilly, Eriq Ebouaney, etc. (à noter qu’Adèle Exarchopoulos était pressentie au départ, son rôle ayant été finalement confié à Charlotte le Bon). Superbement rythmé, le film vaut aussi pour ses scènes d’action brutales et intenses, incluant un affrontement impressionnant à l’intérieur d’une camionnette de police, ou une fusillade finale dans la banque de France. A noter que le film était prévu en France pour le 13 juillet 2016 mais fut repoussé de quelques jours, suite aux attentats de Nice le 14 juillet 2016. Le film a par ailleurs quelque peu divisé une partie de la critique, certains appréciant le charisme d’Idris Elba tandis que d’autres ont reproché le caractère impersonnel de cette production très inspirée des « Jason Bourne » tournée à la manière d’une série-B d’action sans grande envergure.

Alex Heffes est un compositeur britannique qui s’est fait connaître à la télévision puis en devenant l’assistant du compositeur Simon Boswell à la fin des années 90 sur des films tels que « A Midsummer Night’s Dream » (1999) ou « Cousin Bette » (1998). C’est d’ailleurs en 1999 qu’Alex Heffes rencontrera le réalisateur Kevin MacDonald avec lequel il va entamer une longue collaboration, incluant des films tels que le documentaire « One Day in September » (1999), « Humphrey Jennings : The Man Who Listened to Britain » (2000), « A Brief History of Errol Morris » (2000), « Touching the Void » (2003), « The Last King of Scotland » (2006), « My Enemy’s Enemy » (2007) et « State of Play » (2009). Récemment, le compositeur s’est fait remarquer sur des films tels que « The Rite », « Red Riding Hood » ou « Escape Plan ». Habitué aux thrillers, c’est donc sans surprise que James Watkins engage Alex Heffes sur « Bastille Day », pour lequel le compositeur livre un nouveau score énergique et rythmé typique des productions habituelles du genre. Composé dans un style similaire à celui de « Escape Plan » ou « State of Play », « Bastille Day » mélange orchestre et sonorités électroniques/rock modernes sans grande originalité. Le film s’ouvre au son de « Briar » qui introduit le personnage d’Idris Elba à l’aide de loops électro et de guitare électrique. Très vite, quelques cordes sombres, des basses synthétiques et un clavier suffisent à installer une certaine tension dès les premières images du film. « Planting the Bomb » fait monter la tension d’un cran à l’aide d’un étrange ostinato de violoncelle, des cuivres, des cordes et de quelques éléments synthétiques/rythmiques pour la scène où Zoé part poser la bombe. « Aftermath » évoque les scènes après l’explosion de la bombe de manière lugubre, à l’aide de notes mystérieuses du violoncelle électrique, de cordes dissonantes et de nappes synthétiques menaçantes. « Mason Born in Boston » prolonge par ailleurs l’approche sonore des premiers morceaux par un développement du jeu du violoncelle électrique, des cordes et des synthétiseurs atmosphériques. Si l’esthétique musicale voulue par Heffes fonctionne parfaitement à l’écran, on regrette le fait que tout cela semble surgir tout droit d’un énième score d’action de chez Remote Control : impossible ici de ne pas penser à des films tels que « Captain Phillips » d’Henry Jackman ou des « Jason Bourne » de John Powell !

« Rooftop Chase » accompagne la poursuite entre Briar et Mason sur les toits des immeubles vers la première partie du film, poursuite largement rythmée ici par les pulsations électroniques, les sonorités expérimentales du violoncelle électrique et un flot incessant de percussions, de ponctuations cuivrées et de quelques rythmes modernes. Même chose pour le très musclé « Interrogation Room » et « Michael Dodges a Bullet », où les rythmes s’intensifient avec un orchestre rachitique bien souvent noyé sous des tonnes d’effets électroniques et de percussions. Alex Heffes développe ensuite une atmosphère de conspiration dans « City on Fire » où il évoque la paranoïa terroriste qui s’insinue sournoisement dans les rues de Paris, à l’aide d’effets sonores du cello électrique qui évoquent une ambiance musicale orientale – en référence au fait que la ville craint la menace d’un attentat terroriste islamique – « Briar Follows the Trail » maintient habilement la tension avec ces pulsations synthétiques incessantes, ces basses martelées et ces percussions modernes sur fond de sound design expérimental du violoncelle électrique. Le combat dans le fourgon de la police (« Van Fight ») est par ailleurs un autre exemple de déchaînement orchestral/synthétique plutôt adroitement exécuté bien que sans surprise particulière. Idem pour l’attaque finale de la banque dans « Storm the Bank » où le travail autour des percussions et de l’orchestre tend à rappeler les scores d’action modernes de Brian Tyler. L’ambiance se prolonge dans « Entering the Vault » avec le violoncelle et les samples de guitare électrique accompagnés d’une succession de percussions frénétiques et diverses. On notera ici la façon dont Alex Heffes fait monter la tension grâce à un rythme déchaîné qui rebondit à de multiples reprises pour mieux accompagner les différentes péripéties du film, lors de la fusillade finale dans la banque, qui débouche sur les sombres « The Siege » et « The Payoff ».

Alex Heffes signe donc un score d’action/suspense extrêmement mouvementé, percussif et musclé pour « Bastille Day », avec un soupçon d’expérimentation dans l’utilisation du cello électrique qui apporte une couleur particulière à la musique du film de James Watkins. Le résultat, pas foncièrement inintéressant, aurait largement pu gagner en intérêt si Heffes n’était pas tombé dans le piège des formules musicales toutes faites, empruntées aux productions Remote Control ou à des compositeurs tels que Brian Tyler. Typique des musiques d’action hollywoodiennes modernes, la musique de « Bastille Day » apporte un souffle et une énergie considérable aux images mais manque clairement d’inspiration, d’autant que la partition n’a pas de motif thématique particulier auquel se rattacher. Difficile dès lors d’apprécier vraiment un score hystérique et frénétique qui n’a rien de neuf à proposer et se contente de recycler tout ce qui a déjà été fait dans le domaine des musiques d’action depuis ces 15 dernières années à Hollywood ! Dans le même genre, on préfèrera sans aucun doute les travaux d’Heffes sur « State of Play » ou même « Escape Plan », qui s’avérait beaucoup plus accrocheur grâce à ses parties orchestrales mieux travaillées et une thématique plus présente !



---Quentin Billard