1-Hospital 3.03
2-Tell Me She's Fine 2.14
3-Searching For Abigail 6.09
4-Evacuation 3.19
5-She Was Bulletproof 1.59
6-Bad Battery 3.12
7-Story Of You 5.50
8-Generator Room 4.08
9-Helicopter 5.32
10-Abigail 3.44
11-Looters 2.20
12-46th Hour 4.48

Musique  composée par:

Benjamin Wallfisch

Editeur:

Varèse Sarabande 302 067 241 8

Musique produite par:
Benjamin Wallfisch
Producteur exécutif:
Robert Townson
Préparation musique:
Colin Rae
Orchestre:
The Chamber Orchestra of London
Produit et dirigé par:
Benjamin Wallfisch
Mixage score:
Jake Jackson, Benjamin Wallfisch
Mastering:
Patricia Sullivan Fourstar
Programmation musique:
Benjamin Wallfisch

Artwork and pictures (c) 2013 Hours Capital, LLC/Production, LLC. All rights reserved.

Note: ***
HOURS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Benjamin Wallfisch
« Hours » est un long-métrage mettant en scène Paul Walker dans un huis-clos se déroulant quasi intégralement à l’intérieur d’un hôpital abandonné. Réalisé par Eric Heisserer, qui signe là son premier film pour le cinéma américain après avoir écrit les scénarios de films d’épouvante tels que « A Nightmare on Elm Street » (2010), « Final Destination 5 » (2011) et « The Thing » (2011). « Hours » est par ailleurs l’un des derniers films de Paul Walker, qui décèdera peu de temps après la fin du tournage dans un accident de voiture – le film sortira à titre posthume, suivi peu de temps après de « Brick Mansions » en 2014 et « Furious 7 » en 2015 – L’histoire de « Hours » se déroule en 2005, au moment où l’ouragan Katrina s’apprête à frapper violemment la Nouvelle-Orléans. Nolan Hayes (Paul Walker) accompagne son épouse Abigail Hayes (Génesis Rodriguez) qui est sur le point d’accoucher. La petite fille naît prématurée et en bonne santé, mais Abigail décède durant l’accouchement. Nolan se retrouve seul avec sa petite fille qui est placée sous respirateur artificiel en raison de sa naissance prématurée. Hélas, les choses se compliquent lorsque l’ouragan Katrina dévaste la région et oblige les occupants de l’hôpital à évacuer précipitamment les lieux dans l’urgence. Nolan et sa petite fille se retrouvent seuls dans l’hôpital déserté. Réalisant que personne ne viendra l’aider, Nolan est obligé de rester près du respirateur artificiel de son enfant sur lequel il veille nuits et jours, jusqu’au jour où la machine commence à se détériorer et semble sur le point de tomber en panne. Paniqué, Nolan décide de fouiller l’hôpital et ramène dans la chambre un petit générateur à manivelle qu’il doit actionner toutes les trois minutes, alors que la batterie du respirateur est en train de rendre l’âme. Les heures passent inlassablement, au cours desquelles Nolan doit actionner toutes les 3 minutes la manivelle de la batterie, jusqu’à s’en user les mains. Les jours s’écoulent, et Nolan réalise qu’il n’a aucun plan de secours et qu’il est coincé ici avec sa fille et le générateur qu’il doit maintenant actionner toutes les deux minutes. Quelques jours plus tard, la routine épuisante de Nolan est brusquement interrompue par l’intrusion de voleurs à la recherche d’objets de valeur, et l’arrivée impromptue d’un chien de sauvetage qui erre dans l’hôpital.

« Hours » est un huis-clos intense entièrement construit sur un compte à rebours au cours duquel les heures s’affichent régulièrement à l’écran pour montrer l’idée du temps qui passe inexorablement, dans une situation qui semble sans issue pour ce personnage de jeune père de famille esseulé, coincé avec sa petite fille dans un hôpital désert. Le concept du film est plutôt original et le réalisateur s’en sert pour multiplier les montées de tension et les séquences à suspense. Seule ombre au tableau : le scénario est beaucoup trop répétitif et les situations trop monotones pour convaincre pleinement. Le film repose essentiellement sur les épaules de Paul Walker, qui livre ici une performance remarquable, dans le rôle de ce jeune père prêt à tout pour sauver sa progéniture dans une situation impossible. Eric Heisserer parvient à créer un véritable climat anxiogène qui doit beaucoup à la conviction de son interprète principal et aux nombreuses péripéties qui s’enchaînent durant 97 minutes particulièrement tendues, où l’avenir de l’enfant semble incertain, piégé dans un respirateur en train de rendre l’âme. Le scénario apporte un semblant d’émotion au détour de quelques séquences touchantes comme cette scène vers la fin du film où Nolan discute avec le fantôme d’Abigail, séquence particulièrement touchante et très réussie, qui vient contrebalancer l’ambiance pesante et psychologique du récit. Le film évoque aussi l’instinct paternel qui pousse un homme à se dépasser pour assurer la survie de son enfant, une relation père/fille vue intégralement à travers la vitre d’une couveuse artificielle. Quelques flashbacks sur la vie de couple de Nolan et Abigail viennent apporter une timide lueur d’espoir à un récit assez rectiligne, heureusement entrecoupé de scènes avec le personnage de la séduisante Génesis Rodriguez. Quand à l’intrigue de l’ouragan Katrina, elle ne sert finalement pas à grand chose dans le film est n’est employée que comme simple toile de fond à un survival classique mais finalement très efficace, et ce malgré la réalisation très télévisuelle d’Eric Heisserer.

Enregistrée avec le Chamber Orchestra de Londres, la partition musicale de Benjamin Wallfisch apporte un suspense et une mélancolie au film d’Heisserer sans jamais en faire de trop. Atmosphérique et parfois minimaliste, la musique de « Hours » mélange orchestre et synthétiseurs de façon plutôt prévisible et ordinaire. Le film débute au son de « Hospital », dominé par ses notes de piano, ses cordes amples et ses rythmiques électroniques diverses. Wallfisch introduit ensuite des éléments percussifs et quelques cordes plus nerveuses qui annoncent d’emblée la couleur. On notera ici une utilisation intéressante des guitares qui viennent apporter une couleur supplémentaire au score, sans réelle surprise particulière. Résolument atmosphérique, le score évolue ainsi entre ambiances sombres, moments intimes et montées de suspense, reflétant les péripéties que va vivre Nolan durant des heures interminables. Le score de « Hours » joue par ailleurs habilement sur l’idée du temps qui passe et du compte à rebours avec des pulsations entêtantes suggérant régulièrement les heures qui s’enchaînent inlassablement. « Tell Me She’s Fine » nous plonge quand à lui dans une ambiance tragique et mélancolique, partagée entre des cordes amères et un piano résigné lorsque Nolan apprend que sa femme est décédée durant l’accouchement. « Searching for Abigail » prolonge cette ambiance mélancolique avec un mélange de cordes, célesta, harpe et piano assez réussi, et d’une retenue très émouvante. Le thème associé à Nolan et Abigail est suggéré ici à 4:08 aux cordes, et sera utilisé occasionnellement dans le film, tout en demeurant discret à l’image. Autre élément thématique discret dans le film : un motif de 3 notes descendantes de célesta/piano, associé à la petite fille dans le film et qui suggère la fragilité du bébé prématuré, comme s’il s’agissait des premières notes d’une berceuse inachevée. Utilisée discrètement dans le film, ce motif mystérieux revient à quelques reprises, notamment vers la fin de « Abigail » (vers 2:45), dans un style qui fait parfois penser au « Sixth Sense » (1999) de James Newton Howard.

On remarque aussi l’utilisation réussie d’un violoncelle soliste qui apporte une certaine chaleur au morceau et renforce un sentiment de tristesse tout en demeurant minimaliste dans son approche instrumentale. Les quelques nappes synthétiques accentuent ici la sensation de gravité sans en faire de trop, alors que le piano devient l’instrument clé du personnage de Paul Walker dans le film, alors que l’homme recherche sa petite fille et décide de passer du temps avec elle. L’évacuation de l’hôpital suite à l’arrivée de Katrina (« Evacuation ») permet à Benjamin Wallfisch de renforcer la tension avec des effets plus sombres du violoncelle soliste et des éléments électroniques plus mystérieux et sombres. Wallfisch utilise ici des samples reconnaissables – et notamment un sample de guitare électrique filtré, qu’Alan Silvestri utilisait notamment dans le score de « Tomb Raider 2 » - mais se montre bien plus intéressant lorsqu’il emploie les quelques instruments solistes avec les cordes de l’orchestre. « She Was Bulletproof » évoque un sentiment de solitude alors que Nolan se retrouve tout seul avec la petite Abigail dans l’immense hôpital déserté. La musique devient ici plus poignante et dramatique avec une très belle écriture de cordes et piano, et une clarinette soliste gracieuse et élégante. Dans « Bad Battery », on retrouve les pulsations synthétiques qui évoquent le temps qui passe alors que Nolan réalise que la batterie du respirateur artificiel d’Abigail est en train de lâcher. Wallfisch accentue ici les rythmes électroniques pour faire monter la tension. « Story of You » ramène l’émotion avec un nouveau passage intime et mélancolique joué de manière pudique par un piano et quelques cordes touchantes, alors que Nolan parle avec Abigail à travers la vitre du respirateur artificiel. On devine vers la fin du morceau des influences de Thomas Newman ou de Don Davis dans l’écriture et le jeu des solistes. La tension monte d’un cran durant la scène où Nolan se rend dans la salle inondée du générateur et tente de relancer le courant (« Generator Room »), avec une nouvelle pléiade de rythmiques modernes et de loops synthétiques en tout genre. Wallfisch accentue ici le travail du sound design (sons de piano inversé) tout en y intégrant les cordes de l’orchestre, mais sans originalité particulière.

Dans « Helicopter », Nolan pense être enfin sauvé lorsqu’il entend un hélicoptère passer à proximité de l’hôpital. Wallfisch accentue ici les rythmes plus nerveux et des cordes plus sombres et dissonantes, créant un sentiment d’urgence et de panique – on retrouve par moment le style plus atonal et avant-gardiste de certains morceaux du film « The Escapist » - Enfin, le violoncelle soliste est de retour, accompagné d’accords de piano plus oniriques. « Abigail » développe la partie plus intime et mélancolique du score pour un très beau trio de violoncelles, clarinette et cordes avec piano alors que Nolan parle au fantôme de sa femme décédée vers la fin du film, probablement l’une des plus belles scènes du film et l’un des plus beaux morceaux du score – on y retrouve par ailleurs le thème principal de « Searching for Abigail », repris délicatement ici à la clarinette vers 2:19 - « Looters » mélange guitares, basse et cordes pour un passage plus agressif durant la scène avec les deux malfaiteurs. Enfin, « 46th Hour » conclut l’aventure dans un crescendo dramatique saisissant – avec le retour du motif de 3 notes d’Abigail à 0:56 - avant une coda plus apaisée dominée par des cordes lyriques et torturées qui feraient presque penser à Bernard Herrmann, alors que Nolan et sa petite fille sont évacués de l’hôpital. Benjamin Wallfisch développe pour finir le thème principal, repris de manière dramatique à la fin du film, une coda de toute beauté pour le final de « Hours ».

Ainsi s’achève la partition du long-métrage d’Eric Heisserer, un score immersif et atmosphérique qui n’a rien de follement original ou d’extrêmement mémorable mais qui devrait convaincre ceux qui s’intéressent d’un peu plus près à la carrière du jeune Benjamin Wallfisch, musicien prometteur et inspiré, qui mélange ici des influences diverses (Thomas Newman, James Newton Howard) pour un résultat fort intéressant dans le film bien qu’un brin fastidieux en écoute isolée. Malgré de bonnes idées, il manque encore à la musique de Wallfisch une certaine personnalité, une singularité qui lui permettrait de se hisser au dessus de la masse, mais on devine néanmoins un potentiel qui ne demande qu’à éclore sur des projets plus ambitieux qui, on l’espère, permettront un jour au jeune compositeur anglais de s’épanouir davantage et de passer à la vitesse supérieure !



---Quentin Billard