1-Main Title 4.18
2-Girls and Scavs 0.56
3-Wolff 0.45
4-History and Landing 4.23
5-Vultures 0.54
6-The Planet 3.29
7-Niki 2.35
8-Hot Dog 1.26
9-Wash Up 1.38
10-Partner 0.49
11-Day's End 1.24
12-Cavern 3.05
13-Bats 1.11
14-Tunnel 0.58
15-Women 1.50
16-Desert 2.14
17-Moving Out 1.01
18-Graveyard 1.51
19-Capture 2.03
20-Into The Maze 1.02
21-Maze 3.42
22-Getting There 1.13
23-Claw 1.17
24-Rescue 1.21
25-Niki Goes 1.02
26-Going Home 0.30
27-End Credits 3.51

Musique  composée par:

Elmer Bernstein

Editeur:

Varèse Sarabande CD Club
VLC 0805 1038

Produit par:
Elmer Bernstein
Album produit par:
Robert Townson
Orchestrations:
Peter Bernstein
Enregistrement et mixage:
Bobby Fernandez
Montage musique:
Kathy Durning
Orchestre:
The Hollywood Studio Symphony
Mastering:
Erick Labson

American Federation of Musicians.

Artwork and pictures (c) 1985/2005 Columbia Pictures Industries, Inc. All rights reserved.

Note: ***
SPACEHUNTER : ADVENTURES
IN THE FORBIDDEN ZONE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Elmer Bernstein
« Spacehunter : Adventures in Forbidden Zone » (Les guerriers de l’espace : aventure en zone interdite). Avec un titre pareil, comment ne pas flairer le cinéma d’exploitation des années 80 ? Surfant sur la vague du revival de la science-fiction suite au succès colossal de « Star Wars » en 1977, les producteurs hollywoodiens multiplièrent les projets censés rivaliser avec le titan cinématographique de George Lucas. Entre de pâles copies fauchées (« Battle Beyond the Stars »), des productions qui se prennent moins au sérieux (« The Ice Pirates ») ou d’autres qui, au contraire, veulent jouer le tout pour le tout (« Krull »), difficile d’échapper à cette mode dans le cinéma américain du début des eighties. C’est dans ce contexte que sort « Spacehunter », réalisé par l’acteur/réalisateur Lamont Johnson, véritable touche-à-tout qui a fait ses armes à la télévision dans les années 50/60 et réalisera bon nombre de films pendant plusieurs décennies, dont l’un des plus connus, « Lipstick » (avec une bande originale de Michel Polnareff !), tourné en 1976, provoquera une petite polémique en mettant en scène le genre plus subversif du film de « rape and revenge ». Lamont Johnson a donc déjà une certaine expérience derrière lui lorsque le producteur/réalisateur Ivan Reitman le choisit pour tourner « Spacehunter ». L’histoire se déroule dans un futur post-apocalyptique au 22ème siècle. Après la destruction d’un grand vaisseau de croisière spatiale, trois survivants qui s’avèrent trois belles jeunes femmes, Nova (Cali Timmins), Reena (Aleisa Shirley) et Meagan (Deborah Pratt) s’échappent dans leur capsule de survie et s’écrasent sur une planète proche, où elles sont attaquées et capturées par une bande de dangereux pirates. Dans l’espace, Wolff (Peter Strauss), un intrépide chasseur de primes intergalactique aidé de sa complice Chalmers (Andrea Marcovicci), se voit confier une mission de sauvetage qui pourrait lui rapporter 3.000 méga-crédits : il doit se rendre sur la planète Terra XI pour y secourir les trois jeunes femmes séquestrées par les pirates, et détenues par un dictateur sanguinaire nommé Overdog (Michael Ironside). Ce dernier dirige une gigantesque colonie de mutants dégénérés baptisée la « Zone ». A leur arrivée sur Terra XI, Wolff et Chalmers, équipés de leur véhicule blindé le « Scrambler », vont devoir affronter mille dangers, tandis que Wolff va faire la connaissance d’une jeune nomade nommée Niki (Molly Ringwald), qui va l’accompagner dans toutes ses aventures dans la Zone, à la recherche des trois jeunes femmes.

« Spacehunter » est une de ces nombreuses productions surfant sur le succès de « Star Wars » au début des années 80, bien que le film emprunte aussi son esthétique post-apocalyptique et ses véhicules blindés/tunés aux « Mad Max » de George Miller. Le film a été tourné dans les grandes étendues désertiques de l’Utah et profite de décors assez splendides malgré un budget très limité. D’un point de vue technique, « Spacehunter » est aussi l’un des premiers films à utiliser la 3D au cinéma au début des années 80 – les spectateurs se voyaient offrir une paire de lunettes 3D à l’entrée du cinéma pour visionner le film au format 2:35 – un fait qui peut paraître banal aujourd’hui dans les années 2010 mais qui était loin d’être une généralité au début des 80’s. Parmi les effets 3D mémorables du film, on se souvient notamment de l’apparition du titre dans le générique de début, à la manière de celui du « Superman » de Richard Donner (d’autant que la musique d’ouverture rappelle clairement celle de John Williams !). Malheureusement, le film n’a pas la force visuelle des productions qu’il tente d’imiter, mais Lamont Johnson est un cinéaste expérimenté et il profite d’un scénario un peu passe-partout pour multiplier les trouvailles et les bonnes idées : parmi les lieux que Wolff et la jeune Niki vont visiter tout au long de leur périple, on découvrira un monde souterrain peuplé d’étranges amazones aquatiques et d’un serpent d’eau nommé Dianoga, un étrange nid rempli de créatures flasques bizarres, et bien sûr une longue séquence dans l’arène final d’Overdog, où de malheureux candidats doivent survivre à un parcours jonché de pièges mortels en tout genre. Assumant totalement son statut de série-B d’aventure des années 80, « Spacehunter » possède plus d’un tour dans son sac et séduit par le charme de ses effets spéciaux et son ambiance rappelant le cinéma-bis italien des années 70/80. Avec un bestiaire conséquent, un bon casting (le film met en scène la jeune Molly Ringwald dans l’un de ses tous premiers rôles au cinéma, tout juste âgée de 15 ans !) et un Michael Ironside méconnaissable en Overdog qui cabotine à l’extrême, « Spacehunter » est une production éminemment sympathique, témoin d’une époque révolue du cinéma hollywoodien des eighties.

La partition symphonique d’Elmer Bernstein est sans aucun doute l’un des éléments les plus positifs du long-métrage de Lamont Johnson. La présence de Bernstein sur « Spacehunter » s’explique essentiellement par la présence d’Ivan Reitman à la production du film, qui avait déjà travaillé avec le compositeur sur ses précédents films, et notamment « National Lampoon’s Animal House » 1978 (réalisé en 1978 par John Landis), « Meatballs » (1979), « Stripes » (1981), « Heavy Metal » (1981), « Ghostbusters » (1984) ainsi que « Legal Eagles » (1986). Dès lors, Elmer Bernstein semblait le candidat idéal pour « Spacehunter ». Enregistrée en 1983 avec les musiciens de l’incontournable Hollywood Studio Symphony, le score de « Spacehunter » s’avère résolument classique et symphonique, utilisant un grand orchestre dominé par les cordes, les cuivres, les bois et les percussions, avec des instruments largement valorisés comme le xylophone, le saxophone baryton, le piano et quelques synthétiseurs aux sonorités résolument kitsch, sans oublier les Ondes Martenot, instrument fétiche du compositeur interprété par sa fidèle complice Cynthia Millar (à noter que les synthétiseurs rappellent parfois les sons des musiques de films de science-fiction des années 50). Le film repose avant tout sur un superbe thème principal, une fanfare héroïque et triomphante dans la lignée des thèmes de John Williams pour « Star Wars » et « Superman ». Cette superbe fanfare, symbole d’aventure spatiale, est dévoilée dès le générique de début (« Main Title ») lors de l’apparition du titre en 3D, dominée par ses trompettes chevaleresques et ses rythmes syncopés caractéristiques des musiques de space opera héroïques des années 80. Le thème est associé dans le film à Wolff et ses aventures rocambolesques sur la planète Terra XI. A noter que la partie B du thème rappelle par moment les musiques plus militaires d’Elmer Bernstein et notamment celles de « The Great Escape » (1963) ou « The Bridge at Remagen » (1969).

La jeune Niki a droit à son propre thème, dévoilé dans le morceau « Niki » à 0:20 aux Ondes Martenot. Bernstein associe clairement l’instrument de la soliste Cynthia Millar à la jeune fille qui deviendra la fidèle alliée de Wolff au cours de son périple sur Terra XI. Le thème de Niki se distingue par sa mélodie gracieuse et plus légère dominée par le timbre si caractéristique des Ondes Martenot, accompagné d’orchestrations plus bondissantes (bois, harpe, piano, tambourin, etc.). Le troisième thème est celui associé au maléfique Overdog et ses troupes, un motif de 5 notes descendantes et menaçantes, dévoilé dès 0:15 dans « Girls and Scavs » et présent durant une bonne partie du film. « Girls and Scavs » se distingue par ailleurs par son écriture rythmique complexe et syncopée avec ses ponctuations frénétiques de xylophone – dans un style qui rappelle beaucoup les musiques d’action de Jerry Goldsmith dans les années 70/80 – et ses cuivres robustes (trompettes, trombones, cors, tuba). Dans « History and Landing », le thème principal associé à Wolff est repris alors que ce dernier se dirige vers Terra XI avec sa complice Chalmers. A 1:57, Bernstein débute une superbe marche militaire centrée sur la mélodie principale à grand renfort de caisse claire, timbales, tambourin et cuivres musclés, non dénuée d’un certain humour (sans oublier l’utilisation de quelques éléments électroniques plus étranges). On retrouve ici le style orchestral classique habituel d’Elmer Bernstein, notamment dans l’écriture des cuivres et des percussions. « Vultures » reprend le thème menaçant de Overdog pour un énième morceau d’action aux rythmes syncopés de xylophone. Bernstein semble se faire plaisir et nous offre une musique énergique, vivante et robuste pour le film de Lamont Johnson, à la fois simple, mélodique et complexe, dans la continuité de ses précédentes partitions symphoniques d’aventure des années 60/70.

Dans « The Planet », Bernstein nous plonge dans une ambiance nerveuse et agitée avec un nouveau tempo de marche frénétique et quelques effets sonores furtifs des Ondes Martenot, incluant un final chaotique assez impressionnant. Impossible dès lors de passer à côté du sympathique « Niki », où Bernstein fait cohabiter le thème de Wolff et celui, plus léger et mélodique, de Niki. Dans « Hot Dog », le compositeur développe le thème associé au personnage de la jeune Molly Ringwald, profitant encore une fois du timbre si particulier et des possibilités sonores des Ondes Martenot, qui n’avaient plus de secret pour Elmer Bernstein dans les années 80. Les orchestrations sont ici plus légères : outre le rôle soliste de l’instrument de Cynthia Millar (similaire à ce que Bernstein avait fait dans « Ghostbusters » ou ce qu’il fera plus tard sur « The Black Cauldron » pour Disney), on remarque le rôle indispensable alloué aux bois ou aux cordes. Idem pour « Wash Up » où l’on ressent un fun et un plaisir constant dans l’écriture fluide et virevoltante du compositeur – scène amusante où Wolff balance Niki dans l’eau pour qu’elle puisse se nettoyer – Elmer Bernstein semble se payer ici du bon temps et la bonne humeur de sa partition fait plaisir à entendre, comme le rappelle l’enjoué « Partner ». Le compositeur n’oublie pas pour autant les moments plus sombres comme le mystérieux « Day’s End » et « Cavern », avec l’omniprésence des Ondes Martenot. L’action reprend le dessus dans l’énergique et agité « Bats », incluant des variations autour du thème de Wolff et de Niki. Idem pour la rencontre avec les amazones dans « Women », avec ses trombones robustes et ses vagues rapides de clarinettes. L’ambiance devient plus menaçante dans « Desert » où l’on retrouve une variation mineure et plus hésitante du thème de Wolff, avec des ponctuations de timbales et des cuivres plus tendus.

L’action et l’aventure dominent dans les excellents « Moving Out » et « Graveyard », pour la scène de la bataille dans le cimetière du désert (où l’on retrouve des allusions au thème d’Overdog). Dans « Capture », les héros deviennent la proie du maléfique Overdog et de son labyrinthe mortel. Bernstein saisit ici l’occasion pour développer massivement le thème du méchant campé par un Michael Ironside méconnaissable, ce qui nous amène tout naturellement à « Into the Maze » et « Maze », deux morceaux particulièrement agités et nerveux, où Bernstein renoue avec ses rythmes complexes et ses ponctuations cuivrées agressives pour la séquence de la traversée des pièges du labyrinthe. A noter la manière dont « Maze » évolue avec ses timbales martelées inlassablement, à la manière d’une marche romaine de péplum des années 50/60. Le compositeur développe là aussi le thème d’Overdog et nous propose une série de rythmes complexes de xylophone comme il le faisait déjà depuis « Girls and Scavs ». La bataille finale débute dans le nerveux « Getting There », s’intensifie dans le sombre « Claw » (où culmine la thématique d’Overdog) avant de déboucher sur le triomphant « Rescue » et sa reprise chevaleresque de la fanfare de Wolff pour évoquer ses exploits à la fin du film. Enfin, l’histoire s’achève avec une reprise plutôt douce et apaisée du thème de Niki dans « Niki Goes » et « Going Home » avant le récapitulatif musical du « End Credits ». Elmer Bernstein se fait donc plaisir et nous offre une partition énergique et colorée pour « Spacehunter », un score d’action et d’aventure typique du compositeur, avec des thèmes appréciables et un classicisme d’écriture remarquable. La musique apporte un caractère fun et décomplexé au film de Lamont Johnson. Malgré tout, « Spacehunter » est un opus mineur dans l’immense filmographie d’Elmer Bernstein qui ne restera pas dans les annales mais qui témoigne malgré tout de l’incroyable vitalité du compositeur dont les choix de film à la fin des années 70 et dans les années 80 laissaient parfois à désirer. Restée longtemps inédite en CD, la musique de « Spacehunter » peut enfin être appréciée à sa juste valeur grâce à l’album publié par Varèse Sarabande en 2005 contenant l’intégralité du score avec un son plutôt correct pour un enregistrement de 1983 : pour les fans d’Elmer Bernstein !



---Quentin Billard