1-Main Title 2.55
2-Boy Meets Girl 1.09
3-Weekly World News 0.38
4-Butcher Shop Montage 1.58
5-Russian Stroll 2.23
6-Goin' For It 2.19
7-Lover's Montage 1.08
8-Forever Wet 1 1.00
9-Forever Wet 2 0.59
10-Creeping Doubt (Revised) 1.05
11-Ralph 1.05
12-Name Your Poison 1.12
13-Ear Needles (Revised) 0.45
14-Globe Bridge 1.08
15-Reflections 0.42
16-You Blew It 0.27
17-The Bath (Revised) 0.54
18-She's Guilty (Revised) 1.04
19-Wedding Bands 0.32
20-Inn Source #2 2.14
21-Stalking 0.42
22-She's Mrs. Axe (Revised) 0.57
23-The Finale 5.27
24-The Finale Part 2 3.13
25-End Theme 1.35

The Extras

26-Go See The Folks 0.17
27-Dinner Drive (Original) 0.27
28-Goin' For It (Revised) 2.19
29-Creeping Doubt (Original) 1.05
30-Ear Needles (Original) 0.14
31-Globe Bridge (Alternate) 0.29
32-Second Thoughts 0.13
33-Second Thoughts (Revised) 0.12
34-The Bath 0.52
35-She's Guilty 1.05
36-She's Mrs. Axe 0.57
37-The Finale Part 2 (Alternate) 2.26
38-Inn Source #1
(Haydn Quartet) 1.46
39-Inn Source #2 (Alternate) 1.32
40-"Only You (And You Alone)" 1.31*

*Ecrit par Buck Ram et Ande Rand.

Musique  composée par:

Bruce Broughton

Editeur:

Intrada Special Collection Vol. 258

CD produit par:
Douglass Fake
Producteur exécutif CD:
Roger Feigelson
Orchestrations:
Don Nemitz, Bruce Broughton
Enregistrement et mixage:
Armin Steiner
Supervision musique:
Danny Bramson
Monteur musique:
Alex Gibson
Assistante de production:
Regina Fake

American Federation of Musicians.

Artwork and pictures (c) 1993/2013 TriStar Pictures, Inc. All rights reserved.

Note: ***
SO I MARRIED AN AXE MURDERER
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Bruce Broughton
Comédie noire réalisée par Thomas Schlamme et sortie en salles en 1993, « So I Married an Axe Murderer » (Quand Harriet découpe Charlie) est le premier film mettant en scène Mike Myers un an après le succès colossal de « Wayne’s World » en 1992. Connu pour son humour excentrique et ses mises en scène loufoques, Myers est un pur produit du Saturday Night Live, émission cultissime de la télévision américaine où l’acteur canadien se produisit entre 1989 et 1995. Initialement écrit par Robbie Fox en 1987, le script de « So I Married an Axe Murderer » met en scène Charlie MacKenzie (Mike Myers), un poète de la Beat Generation qui vit à San Francisco. Spécialiste des échecs sentimentaux, Charlie vient tout juste de se séparer de sa précédente compagne, à cause de sa paranoïa maladive envers ses ex. Son ami Tony (Anthony LaPaglia), un policier de San Francisco, tente de le raisonner et lui explique que sa seule crainte est celle de s’engager pour de bon dans une relation sérieuse, et qu’il cherche à chaque fois un prétexte pour y réchapper. Charlie fait alors la connaissance d’Harriet (Nancy Travis), une jolie bouchère, et les deux commencent à entretenir une relation amoureuse. Le jeune homme découvre alors plusieurs informations importantes au sujet d’Harriet : elle vécut auparavant à Atlantic City, a été mariée à un entraîneur d’arts martiaux russe et crie régulièrement le nom de « Ralph » durant son sommeil. Charlie rencontre ensuite Rose Michaels (Amanda Plummer), la jeune soeur d’Harriet au comportement pour le moins étrange, et qui met en garde Charlie au sujet d’Harriet. C’est au cours d’un dîner chez ses parents que Charlie découvre un article de journal mentionnant l’histoire de « Mrs. X », une épouse qui aurait assassiné ses époux durant leurs lunes de miel en utilisant une hache. Paranoïaque, Charlie commence à soupçonner Harriet d’être la fameuse « Mrs. X » décrite dans l’article de journal qu’il vient de lire. Il demande alors à son ami Tony d’enquêter discrètement sur Harriet afin de découvrir la vérité au sujet de l’histoire de « Mrs. X ». Lorsque des indices suggèrent sans équivoque qu’Harriet est bien la tueuse à la hache, Charlie, paniqué, décide de rompre avec la jeune femme.

Comédie satirique sur la vie de couple et le mariage, « So I Married and Axe Murderer » est avant tout un film fait pour Mike Myers. L’acteur est omniprésent du début jusqu’à la fin du film, dans un registre toujours aussi burlesque bien qu’assez inclassable dans son genre. Clairement, Myers a un humour très particulier, et semble s’être largement réapproprié le film de Thomas Schlamme, multipliant les gags et les péripéties saugrenues avec un talent inimitable. A ce sujet, ne manquez pas les scènes où Charlie interprète ses poésies sur des ponctuations jazzy savoureuses, la scène où Charlie et Harriet multiplient les gags visuels loufoques à la boucherie et la séquence avec Anthony LaPaglia et un conducteur automobile bougon joué par l’acteur comique Charles Grodin. A noter par ailleurs que des humoristes et acteurs américains bien connus (dont certains sont d’anciens transfuges du Saturday Night Live) font des apparitions furtives dans le film, car en plus de Grodin, on peut aussi apercevoir Phil Hartman, Michael Richards, Mike Hagarty, Steven Wright et Alan Arkin, dans le rôle amusant du capitaine de police et chef de Tony, qui apprend à devenir un gros dur comme dans les vieilles séries policières que Tony regardait lorsqu’il était plus jeune – ce qui nous offre quelques séquences particulièrement drôles où le chef de Tony apprend à le rudoyer violemment pour lui faire plaisir – Thomas Schlamme filme les rues de San Francisco avec brio et élégance, offrant un cadre idyllique à cette romance drôle sur fond de suspicion et de paranoïa, et cette question récurrente tout au long du film : Harriet est-elle une psychopathe qui a assassiné ses anciens maris ? Malgré des hauts et des bas, « So I Married an Axe Murderer » est une comédie noire plutôt bien écrite, servie de gags et de dialogues truculents, une interprétation magistrale – à noter que Mike Myers interprète ici deux rôles : Charlie et son père Stuart, sorte de caricature de vieux redneck réac vulgaire et bouseux – et une histoire d’amour sympathique et sans prétention, le tout baignant dans un humour noir constant et quelques twists scénaristiques plutôt bien amenés.

La bande son du film de Thomas Schlamme est essentiellement composée de chansons diverses et variées, incluant des tubes de The Spin Doctors, Suede, Big Audio Dynamite II, Chris Whitley, Soul Asylum, Toad the Wet Sprocket ou bien encore le groupe de rock anglais Boo Radleys et leur tube « There She Goes », titre-clé entendu au début et à la fin du film. Entre ces chansons, la partition orchestrale de Bruce Broughton a bien du mal à se frayer un chemin, bien que le score du compositeur soit finalement assez présent tout au long du récit – à noter néanmoins qu’une partie de la musique de Broughton a été remplacée par des chansons dans le film – Le compositeur explique par ailleurs que le réalisateur lui a laissé carte blanche pour composer la musique de « So I Married an Axe Murderer », le résultat étant plutôt éclectique et assez rafraîchissant. Variant les styles et les ambiances à loisir, Broughton débute le film avec un « Main Title » clairement orienté vers l’électronique et les rythmes pop/rock à grand renfort de guitare électrique, le morceau ayant été remplacé dans le film par une chanson clé « There She Goes » de The Boo Radley. Dans « Boy Meets Girl », la musique de Broughton fait écho au poème jazzy déclamé par Charlie au début du film avec un premier morceau de jazz traditionnel assez réussi. Le thème principal est dévoilé dès le « Main Title » à la guitare électrique (0:32). On le retrouvera tout au long du film, y compris dans sa variation jazzy de « Boy Meets Girl », et restera associé tout au long du film au personnage de Mike Myers. Le thème est repris au hautbois dans « Weekly World News » où Broughton mélange bois, cordes et synthétiseurs plus mystérieux et légers. Dans « Butcher Shop Montage », le compositeur accompagne la séquence du montage dans la boucherie avec Charlie et Harriet, au son d’un morceau rock trépidant et énergique (remplacé dans le film par « Rush » de Big Audio Dynamite).

Soucieux de varier les styles et les ambiances, Broughton conserve son thème principal dans « Russian Stroll » où il pastiche les musiques russes avec humour lorsque Charlie découvre qu’Harriet s’est marié à un entraîneur d’arts martiaux russe par le passé. On retrouve ici le style orchestral plus classique du compositeur, avec quelques bois sautillants tendance mickey-mousing. Dans « Goin For It », Broughton utilise une guitare soliste tandis que « Lover’s Montage » dévoile le second thème du score, le Love Theme associé à Charlie et Harriet dans le film. A noter que le morceau est construit autour des harmonies et de l’accompagnement instrumental de la chanson-clé « There She Goes », Broughton saisissant l’occasion d’y greffer son propre thème romantique, repris avec tendresse à la clarinette au début de « Forever Wet 1 ». On retrouve le style jazzy du début à la fin de « Forever Wet 2 » ou dans l’amusant « Creeping Doubt », alors que Charlie commence à douter d’Harriet, et s’imagine qu’elle est la terrible Mrs X décrite dans un article de journal. On retrouve ici le thème principal au hautbois dans une ambiance plus sournoise et sarcastique évoquant la paranoïa de Charlie. A noter que les morceaux s’avèrent très courts, chaque musique dépassant rarement les 1 minutes, afin de permettre au compositeur de suivre le rythme effréné du film et de varier le plus possible les styles et les ambiances avec une inventivité constante. Dans « Name Your Poison », la musique devient plus sombre, créant un début de suspense à la Bernard Herrmann avec ses notes staccatos sautillantes pleines de dérision et d’humour (et un rappel amusant du thème principal à la clarinette).

« Ear Needles » emploie les synthétiseurs de manière plus particulière et un brin datée, tout comme « Globe Bridge » et ses cordes nerveuses sur fond de ponctuation de piano et de clavier électrique, sans oublier le retour du jazzy « Boy Meets Girl ». On passe ainsi très vite d’une ambiance à une autre sans temps mort, le souci étant que l’ensemble manque cruellement de développement. Broughton n’a guère le temps de développer ses idées au-delà des 2 minutes, et l’on a parfois l’impression d’entendre un style un peu fourre-tout où tout s’enchaîne très vite mais sans réelle respiration – un problème imposé par le montage du film - Entre la reprise jazzy du thème principal au clavier dans « The Bath » et son clavecin pseudo-baroque, ou l’envolée orchestrale plus nerveuse du thème dans « She’s Guilty » (alors que Charlie est convaincu qu’Harriet est une tueuse en série, alors qu’il s’apprête à l’épouser), la musique se pose très rarement et fonce tête baissée vers un final plus agité et sombre, qui débute avec la reprise menaçante du thème au hautbois dans « Wedding Bands ». Dans « Stalking », Broughton caricature les musiques de thriller hollywoodiennes à l’aide de cordes plus sombres et d’une utilisation inventive et amusante des synthétiseurs. Idem pour « She’s Mrs. Axe » où l’on ressent une atmosphère de danger et de menace tout en conservant un côté comédie avec un brin d’humour noir pour le personnage de Mike Myers dans le film. La confrontation finale contre la tueuse débute ainsi dans « The Finale », le seul morceau du score de « So, I Married An Axe Murderer » qui atteint les 5 minutes, superbe morceau d’action virtuose et virevoltant non dénué d’humour lui aussi – Broughton évite constamment de trop se prendre au sérieux – Les orchestrations sont ici assez impressionnantes et d’une très grande richesse, comme souvent chez le compositeur (on a parfois l’impression de retrouver le style plus aventureux et massif de « Young Sherlock Holmes » !).

Broughton nous livre par ailleurs dans « The Finale » et « The Finale Part 2 » une musique plus fantaisiste, excitante et massive, dans un style plus extravagant qui fait parfois penser à Danny Elfman. On notera l’emploi ponctuel des synthétiseurs et même d’une guitare électrique au milieu de « The Finale », pour ce qui reste un climax intense et mémorable dans la partition de « So, I Married An Axe Murderer ». Enfin, le thème romantique revient à la guitare électrique dans « End Theme », remplacé lui aussi par la chanson « There She Goes » pour la fin du film. A noter pour finir que l’album publié par Intrada contient une série de morceaux alternés et de source music originale qui nous permet d’apprécier le travail du compositeur dans son intégralité, bien mieux représenté sur CD que dans le film lui-même ! Sans être un opus majeur dans la filmographie de Bruce Broughton, « So, I Married An Axe Murderer » dévoile une facette moins connue du compositeur, dans un style plus éclectique et fantaisiste où le musicien fait preuve d’une certaine imagination en variant les ambiances à loisir pour accompagner le rythme survolté du film de Thomas Schamme. Parfois sous-employée à l’écran, la musique prend véritablement tout son sens sur l’album, et révèle toute l’inventivité d’un compositeur qui semble avoir passé du bon temps sur ce film, même si « So, I Married An Axe Murderer » n’est certes pas une partition majeure dans la carrière du musicien américain. Néanmoins, les fans de Bruce Broughton devraient apprécier ce score fort sympathique et très distrayant à sa juste valeur, dans le film comme sur l’album.



---Quentin Billard