1-Prelude 1.58
2-Main Title/The Mine Shaft 3.16
3-The Sicilian Project/Dog Attack 2.33
4-The Sicilian Defence/Southby/
"The Mountain Comes To Us" 3.06
5-"We're In Business" 1.45
6-To Cornwall/"All That's Left"
(Memories Of The Titanic) 2.27
7-Deep Quest/Flood! 5.26
8-Finding The Cornet/Spy On Board/
The Smoke Stack 4.53
9-The Titanic Uncovered 3.58
10-Gene Explores The Titanic/
Deep Quest Trapped 3.43
11-Rescue Attempt/Blowing The Tanks 3.50
12-Raise The Titanic/
Deep Quest Saved 3.32
13-Memories Of The Titanic 2.10
14-Russian Threat/The Titanic
Enters New York Harbor 2.58
15-"Thank God For Southby"/
In The Graveyard/End Titles 4.46

Musique  composée par:

John Barry

Editeur:

Silva Screen FILM CD 319

Produit par:
James Fitzpatrick
Producteur exécutif:
Reynold Da Silva
Producteurs associés:
Geoff Leonard, Paul Bateman
Coordination édition CD:
David Stoner
Coordination manuscrit:
Rutland Music/Tadlow Music
Reconstruction score et orchestrations:
Nic Raine

(c) 1999 Silva Screen Records Ltd. All rights reserved.

Note: ****1/2
RAISE THE TITANIC
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by John Barry
« Raise The Titanic » (La Guerre des Abîmes) est l’adaptation cinématographique du roman éponyme de Clive Cussler publié en 1976. Le film, réalisé par l’américain Jerry Jameson (auteur de « The Bat People » et « Airport ‘77 »), se déroule en pleine période de la Guerre Froide opposant les Etats-Unis à l’URSS. Un espion américain parti en mission sur l’île de Svardlov dans la Mer du Nord retrouve la trace d’un précieux minerais nommé le byzanium, près d’un corps congelé avec un journal datant de 1912. Le corps est celui d’un sergent de l’armée américaine, Jake Hobart. A ses côtés se trouvent des outils pour creuser des galeries dans des mines. L’espion est attaqué par un agent soviétique et sauvé in extremis par Dirk Pitt (Richard Jordan), un officier de l’U.S. Navy devenu opérateur clandestin. La NUMA (National Underwater and Marine Agency), dirigée par l’amiral James Sandecker (Jason Robards) recherche ce précieux minerais dans le cadre d’un projet de défense militaire ultra secret baptisé « Projet Sicilien ». Ce système de laser ultra high-tech serait ainsi capable d’anéantir n’importe quelle arme nucléaire et rendrait toute forme de guerre nucléaire totalement obsolète, s’il venait à être conçu. Dirk Pitt et la CIA découvrent que des caisses contenant du byzanium auraient été embarquées par un américain sur le Titanic en Avril 1912. Dès lors, la NUMA met au point une mission complexe et périlleuse que jamais personne n’a tenté auparavant : renflouer l’épave du Titanic, qui gît à plus de 3800 mètres de profondeur dans l’Océan Atlantique, à 650km au sud-est de Terre-Neuve. Mais l’URSS s’intéresse à son tour au précieux minerais et tente de récupérer le métal avant les américains.

Le long-métrage de Jerry Jameson s’avère être une superproduction visuellement très impressionnante, dotée d’un très gros budget (le film coûtera la bagatelle somme de 40 millions de dollars, fait plutôt rare pour un film de 1980) et d’un casting prestigieux. Adapté du roman de Clive Cussler, le film réunit de grands noms comme Jason Robards, Richard Jordan, David Selby, Anne Archer, Sir Alec Guinness, M. Emmet Walsh ou J.D. Cannon, mais s’avéra être un gigantesque flop au box-office 1980 : sorti dans l’indifférence la plus totale, le film ne récoltera qu’à peine 7 millions de dollars sur ses 40 millions et obligera le studio ITC et EMI à revendre leur filiale AFD à la Universal pour pouvoir survivre financièrement. A noter qu’un autre film sur le Titanic était sorti l’année d’avant, « S.O.S. Titanic », téléfilm de James Costigan produit en 1979, qui réalisa un bien meilleur score auprès du public. « Raise the Titanic » est quand à lui un film d’aventure spectaculaire, qui doit beaucoup à ses somptueuses séquences sous-marines et à la superbe photographie de Matthew F. Leonetti. Les scènes où les hommes de la NUMA explorent les fonds marins à la recherche de l’épave du Titanic sont véritablement impressionnantes pour l’époque, on sent par ailleurs que le budget est bien là et que le réalisateur a tout misé sur le visuel. On regrette néanmoins la maigreur d’un scénario qui aurait gagné en intensité avec davantage d’épaisseur et de nuances, hormis deux ou trois scènes de suspense bien amenées. Quand au renflouement du Titanic, il semble ici peu probable étant donné que la véritable épave ne fut localisée qu’en septembre 1985, soit cinq ans après le long-métrage de Jerry Jameson – c’est ainsi qu’on découvrira que le paquebot a été brisé en deux, contrairement à ce qui est montré dans le film –

Mais si l’on accepte les incohérences et les éléments plus invraisemblables de l’intrigue, « Raise the Titanic » s’avère être un bon film porté par des scènes grandioses et mémorables – le retour du Titanic à New York – Dommage cependant que le script ne soit pas à la hauteur des idées visuelles du cinéaste. Il faut aussi rappeler que le film a connu une gestation assez difficile. C’est Stanley Kramer qui devait réaliser le film à l’origine, mais ce dernier quittera finalement la production suite à des différends artistiques. Le script fut constamment remanié par plus de 17 personnes – incluant le romancier Larry McMurtry qui détestait le livre de Cussler – Le résultat final fut jugé très décevant par Clive Cussler lui-même, qui détesta les changements scénaristiques qui ne respectaient quasiment plus l’intrigue originale de son livre. Le film sera par ailleurs nominé trois fois aux Razzie Awards (pire film, pire acteur et pire scénario). Au final, on retiendra surtout de « Raise the Titanic » une bonne évocation de la Guerre Froide vue à travers une histoire improbable de bataille aquatique – même si les soviétiques n’arrivent réellement qu’à la fin du film – du coup, il n’y a pas vraiment de guerre au sens propre du terme ! – des opérations techniques de renflouement du Titanic assez minutieuses, des scènes aquatiques grandioses et un très bon casting. Ce n’est certes pas le meilleur film que l’on ait vu sur le Titanic, mais cela reste néanmoins un bon film d’aventure du début des années 80, pas indispensable, mais qui mérite le coup d’oeil malgré tout !

L’aspect le plus positif de « Raise the Titanic » reste à n’en point douter la somptueuse partition orchestrale de John Barry. Souvent considérée à juste titre comme l’une des plus belles partitions de toute la filmographie du compositeur, « Raise the Titanic » est malheureusement restée très longtemps inédite en CD. Deux raisons à cela : tout d’abord, l’échec monumental du film enterra toute chance d’une hypothétique édition discographique de la musique de Barry. Deuxio : les masters originaux du score furent définitivement perdus après la fermeture du studio anglais qui a produit le film. Longtemps réclamé par de nombreux fans au fil du temps, le score de John Barry fut finalement intégralement réenregistré par le City of Prague Philharmonic conduit par Nic Raine en 1999, et présenté sur l’excellent album produit par Silva Screen. Le score fut intégralement reconstruit note par note, en respectant au plus près les indications des partitions originales et de la musique entendue dans le film, à tel point que le résultat est tout bonnement spectaculaire et d’une très grande qualité, en plus d’être véritablement fidèle à l’oeuvre originale (dans le même registre, Nic Raine réalisa un travail remarquable sur « The Last Valley » de Barry en 2001). Le compositeur venait tout juste d’achever ses musiques emblématiques pour « Moonraker » et « The Black Hole » lorsqu’il s’attaqua à « Raise the Titanic », visiblement désireux d’évoquer l’immense et majestueuse épave du paquebot considéré comme insubmersible à l’époque et qui continua de faire rêver des générations entières de marins et de passionnés.

Le thème principal, majestueux et somptueux, est dévoilé dès l’ouverture du film avec un montage présentant des photographies d’époque du Titanic, dans une écriture de cordes et de cuivres caractéristiques de Barry (« Prelude »). Le thème est par ailleurs précédé d’une fanfare solennelle avant l’exposition de ce thème magistral qui reste à n’en point douter l’une des plus belles mélodies du compositeur, peut être l’une des plus évocatrices aux côtés de « Somewhere in Time » ou « Dances with Wolves ». Le thème principal de « Raise the Titanic » évoque clairement l’immensité et le luxe du Titanic, ce qu’il représenta pour des milliers de personnes : un vrai miracle de technologie qui, bien qu’ayant connu un sort bien funeste, resta l’un des plus beaux et des plus célèbres navires de toute l’histoire de l’humanité. Dans « Main Title/The Mine Shaft », Barry dévoile le second thème, mélodie plus mystérieuse de cordes accompagnée d’accords de cuivres – un tic d’écriture typique du musicien britannique – A l’inverse du thème principal, cette mélodie élégiaque évoque la mort du Titanic et l’épave qui repose dans les profondeurs. « The Mine Shaft » accompagne par ailleurs la découverte du corps du sergent Jake Hobart dans une caverne de l’île de Svardlov par Dirk Pitt. Dans « The Sicilian Project/Dog Attack », il est question du fameux projet de défense américaine top secret, le projet Sicilien. Barry illustre ici de façon mystérieuse et inquiétante les préparatifs du projet Sicilien avec un motif répétitif de 8 notes de piano, renforçant l’idée de tension entre les américains et les Soviétiques en pleine ère de la Guerre Froide. Le morceau se termine lorsque Pitt est sauvé in extremis de l’attaque d’un agent soviétique à Svardlov au début du film, avec un morceau d’action cuivré et robuste. « The Sicilian Defence/Southby/The Mountain Comes To Us » reprend le motif du Projet Sicilien, cette fois-ci confié à un xylophone sur fond de cordes tendues et mystérieuses. La seconde partie cède la place à une partie mélodique plus solide et dramatique des cors.

« We’re in Business » prolonge par ailleurs cette écriture de cuivres sur fond d’harmonies de cordes, alors que la mission pour récupérer le Titanic est organisée sous la direction de l’amiral James Sandecker. « To Cornwall/All That’s Left/Memories of Titanic » est plus particulier, car il illustre la séquence où Pitt se rend à Cornwall pour y rencontrer John Bigalow (Alec Guinness), le troisième officier en charge du Titanic qui a survécu à la catastrophe et se souvient du navire et de ses occupants. Après une ouverture sautillante ressemblant à une polka lors de l’arrivée à Cornwall, la musique devient plus mélancolique et nostalgique, avec une très belle écriture de cordes, piano et saxophone pour la scène où Bigalow évoque ses souvenirs du Titanic. « Memories of Titanic » devrait par ailleurs largement séduire les fans des musiques plus poignantes et émotionnelles de John Barry, reconnaissable ici à son écriture délicate et distinguée. « Deep Quest/The Flood » évoque ensuite l’opération de renflouement du Titanic, alors que les submersibles Deep Quest et Starfish recherchent l’épave au fond de l’océan. Barry reprend ici le thème élégiaque de l’épave, résonnant de manière funèbre, avec l’emploi d’un contre-chant de cor anglais par dessus la mélodie de cordes, évoquant la recherche des restes du navire. Le morceau se termine de manière plus agitée avec des cuivres mouvementés et quelques rythmes martiaux. Le motif de cor anglais de la recherche du Titanic se poursuit dans « Finding the Cornet/Spy on Board/The Smoke Stack » avec le retour du thème élégiaque et mystérieux toujours dominé par ses cordes aiguës si caractéristiques. Le thème revient ensuite dans « The Titanic Uncovered » alors que Deep Quest retrouve enfin l’épave du Titanic.

Dès lors, on entre dans la seconde partie du film avec « Gene Explores the Titanic/Deep Quest Trapped ». La musique devient ici plus passionnée, plus élégiaque, avec son écriture poignante des cordes, ses contre-chants de bois et ses sempiternels accords de cuivres. Les choses se compliquent lorsque Deep Quest se retrouve coincé près de l’épave. On retrouve ici le motif de la recherche avec le cor anglais lorsqu’un autre submersible, le Turtle, est envoyé pour secourir Deep Quest mais se retrouve brusquement piégé par d’importants problèmes techniques. « Rescue Attempt/Blowing the Tanks » illustre ensuite la scène où Pitt organise la remontée du Titanic à la surface grâce à une série d’explosions minutieusement préparées. La musique évoque clairement ici l’appréhension et la tension durant les préparatifs, avec des orchestrations plus éclectiques, incluant un étrange motif sautillant de flûtes et xylophone dans la section centrale du morceau, suivi d’un crescendo dramatique pour « Blowing the Tanks ». Enfin, le thème principal revient dans toute sa splendeur dans « Raise the Titanic/Deep Quest Saved » lorsque l’épave émerge enfin à la surface, pour l’un des moments fort du film de Jerry Jameson. La scène où Dirk Pitt visite pour la première fois l’intérieur du Titanic permet à Barry de reprendre le thème mélancolique de la scène avec Alec Guinness dans « Memories of the Titanic », dominé ici par un saxophone passionné et langoureux et une trompette solennelle, un autre grand moment d’émotion du score.

Le motif du Projet Sicilien revient ensuite dans « Russian Threat/The Titanic Enters New York Harbor », alors que le capitaine Andre Prevlov (Bo Brundin) retrouve les américains et exige que le Byzanium leur soit remis. Barry compose pour l’occasion une brève marche militaire un brin sarcastique et peu sérieuse, tournant manifestement l’officier soviétique au ridicule dans le film. Mais on appréciera surtout ici le retour triomphant du thème principal alors que le Titanic est de retour à New York vers la fin du récit. Enfin, « Thank God for Southby/In the Graveyard/End Titles » conclut le récit sur quelques rythmes martiaux pour la scène finale à Southampton avant de céder une dernière fois la place au somptueux thème principal, qui clôt le film en beauté. Et c’est ainsi que s’achève l’une des plus belles partitions de John Barry, un véritable must pour tous les fans du compositeur anglais, un score majeur dans la filmographie du musicien qui allait manifestement l’inspirer par la suite tout au long des années 80/90. « Raise the Titanic » fut aussi l’une des premières musiques de film de ce style au début des années 80, ouvrant la voie à une nouvelle génération de compositions plus lyriques, sentimentales et passionnées – James Horner allait arriver peu de temps après ! – influencées par une vision plus européenne de la musique au cinéma. « Raise the Titanic » reste donc une oeuvre phare de la filmographie de John Barry, une musique parfaitement resplendissante sur les images de Jerry Jameson, et d’une beauté déconcertante en écoute isolée. Parfois comparée au « Titanic » de James Horner (composé 17 ans plus tard), « Raise the Titanic » est un sommet de la musique hollywoodienne de cette époque, à découvrir sans hésiter à travers le superbe réenregistrement dirigé par Nic Raine : un grand moment de musique de film !




---Quentin Billard