Mona Lisa (Michael Kamen)

1-When I Fall In Love
(Nat 'King' Cole) 3.08*
2-Introduction-When I Fall In Love 4.03
3-Story 0.58
4-Mortwell 1.34
5-George 0.55
6-Elevator Attack and After 1.47
7-Slap Your Back (Exception) 6.01**
8-Mona Lisa-Instrumental 2.06
9-Mona Lisa (Nat 'King' Cole) 3.28***
10-King's Cross/Follow Anderson 4.26
11-Pimp 0.50
12-Simone's Story 1.15
13-Brighton 0.54
14-Daughters of Babylon
(Jimmy Lindsay) 5.11+
15-Bimba Dagli Occhi
(from Madame Butterfly
by Puccini) 7.53++

Castaway (Stanley Myers &
Hans Zimmer)


Part One

16-Be Kind To My Mistakes
(Kate Bush) 3.39
17-Catamaran 0.48
18-Chemistry (Brian Eno/
John Hanssel) 1.45
19-Clair de Lune (Debussy,
arr. Stanley Myers) 4.50
20-Fatamorgana 1.35
21-End Titles

Part Two

22-The Island 5.30
23-Memories of Tango 5.47
24-Healing (Barry Guy) 1.29
25-Castaway 4.51

*Ecrit par Victor Young &
Edward Heyman
**Ecrit par Brian Harris/Mark & Anne Jolly
***Ecrit par Jay Livingston, Ray Evans
+Ecrit par Jimmy Lindsay
++Ecrit par Giaccomo Puccini
Interprété par Renata Tibaldi
& Carla Bergonzi
with the Accademia di Santa Cecilia
Chorus & Orchestra, conducted
by Tulio Serafin.

Musique  composée par:

Michael Kamen

Editeur:

Quartet Records SCE068

Orchestrations:
Michael Kamen
Enregistrement et mixage:
Andy Jackson
Réédition produite par:
Jose M. Benitez

(c) 1986, 1987, 2013 EMI Records Ltd. All rights reserved.

Note: ***
MONA LISA
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Michael Kamen
« Mona Lisa » est un film néo-noir de Neil Jordan, son troisième long-métrage après « Angel » (1982) et « The Company of Wolves » (1984). Réalisé en Angleterre, « Mona Lisa » raconte l’histoire de George (Bob Hoskins), un petit malfrat sans envergure qui vient tout juste de sortir de prison et recherche du travail à Londres pour y démarrer une nouvelle vie. Son ancien patron, Denny Mortwell (Michael Caine) lui propose alors de devenir le chauffeur et le garde du corps d’une call-girl de luxe nommée Simone (Cathy Tyson). Mortwell espère ainsi que George parviendra à recueillir le plus d’informations possibles sur l’un des riches clients de Simone. Seul problème : la call-girl déteste George et a bien du mal à accepter la présence de son nouveau chauffeur. Mais au fur et à mesure que le temps passe, les deux individus finissent par devenir amis, et George tombe finalement amoureux de Simone. Il décide alors de protéger la prostituée et accepte de lui rendre un service important : retrouver la trace de son amie adolescente Cathy (Kate Hardie), qui a disparue, Simone craignant qu’elle soit violentée par son maquereau, Anderson (Clarke Peters). Dès lors, George se retrouve dans une situation très difficile, partagé entre ses sentiments pour Simone, ses obligations envers Mortwell et sa relation avec sa jeune fille Jeannie (Zoë Nathenson), qu’il tente de revoir malgré l’interdiction de son ex-compagne, en essayant d’assumer à nouveau son rôle de père. Mais à cause de tout ce qu’il fait pour Simone, George se retrouve dans les ennuis jusqu’au cou, alors qu’Anderson a retrouvé sa trace et tente de l’agresser, lui et Simone. Les deux individus décident finalement de fuir pour Brighton, où George retrouve la jeune Cathy. Hélas, l’infortuné malfrat n’est pas au bout de ses surprises !

« Mona Lisa » est un film noir assez sordide, qui se déroule dans le monde clos de la prostitution dans les bas fonds de Londres au milieu des années 80. Le film vaut surtout par l'interprétation en or de Bob Hoskins dans le rôle de George, un petit gangster au grand coeur qui sert de chauffeur à une prostituée de luxe, et dont il va finir par tomber amoureux (sa performance sera récompensée par le Prix d’interprétation masculine au Festival de Cannes de 1986). De cette passion sans avenir et sans réciprocité naît une trame scénaristique intéressante, qui rappelle un peu le « Taxi Driver » de Scorsese, dans le sens où Neil Jordan évoque à son tour la déchéance de la société moderne, où les gigolos sont habillés en costard cravate comme des hommes d'affaire (excellent Michael Caine) pendant que leurs prostituées font le sale boulot dans les rues, avec en face de tout cela un héros improbable et révolté qui cherche à détruire ce système en sauvant une très jeune prostituée de cet enfer, qui pourrait avoir l’âge de sa fille. On a d'ailleurs envie de croire à cette histoire d'amour mais le récit semble conduire de manière fataliste à une impasse. Le vrai amour est-il impossible dans cette société en perte de repère ? C'est un peu la question laissée en suspend à travers l'histoire de George, subtilement narrée à son ami artiste Thomas - campé par un jeune Robbie Coltrane - un fan de roman policier, sous la forme d'une intrigue littéraire où il est le héros d'un livre imaginaire. La réalisation de Neil Jordan est assez classique et immersive, tout comme sa direction d’acteur. Le cinéaste irlandais filme les bas-fonds de Londres avec une vraie authenticité, et livre une histoire d’amour impossible, sur fond de sexe et de violence.

Le film de Neil Jordan est agrémenté d'une partition classique de Michael Kamen qui cite à plusieurs reprises la mélodie de la chanson-clé du film, « Mona Lisa », interprétée par Nat King Cole. Habitué à travailler avec George Fenton, Neil Jordan choisit Michael Kamen sur « Mona Lisa » en raison de sa capacité bien connue à adapter des mélodies populaires dans ses propres partitions, ce que le compositeur fera notamment avec Beethoven dans « Die Hard », Sibelius dans « Die Hard 2 », Queen dans « Highlander » ou la chanson ‘Aquarela do Brasil’ dans « Brazil ». Pour « Mona Lisa », Kamen se voit confier la tâche d’adapter dans sa partition la chanson de Nat King Cole (écrite par Victor Young et Edward Heyman pour le film « One Minute Zero » en 1952) et la chanson-titre « Mona Lisa » écrite par Ray Evans et Jay Livingston pour le film « Captain Carey, U.S.A. » en 1950. C’est le cas dans « Introduction » qui débute de manière sombre et mélancolique puis enchaîne sur les harmonies romantiques du Golden Age dès 1:21 avec son écriture passionnée de cordes si caractéristique inspirée de « When I Fall in Love » (le film débute par ailleurs sur une reprise de « Mona Lisa » de Nat King Cole). Dans « Story », Kamen dévoile son thème principal de 6 notes confié à un clavier et quelques synthétiseurs sur fond de cordes. L’ambiance est ici un brin mélancolique et intimiste, Kamen utilisant l’électronique de manière atmosphérique pour le personnage de George. « Mortwell » cite quelques éléments de la chanson-clé et dévoile une ambiance plus sombre à l’aide de cordes tendues. Les citations mélodiques à « When I Fall in Love » sont ici plus sombres avec une écriture dramatique typique de Michael Kamen.

On retrouve dans « George » le motif de 6 notes de clavier associé au personnage de Bob Hoskins dans le film, évoquant l’aspect solitaire du personnage et ses sentiments pour Simone. Kamen opte ici pour une retenue appréciable avec un style minimaliste adéquat. Inversement, « Elevator Attack and After » illustre la scène où Anderson attaque George et Simone dans l’ascenseur. Kamen nous offre un morceau d’action constitué de cordes nerveuses et dissonantes et d’un piano martelé dans le grave de façon percussive – on sent clairement ici les prémisses de « Die Hard » - Le motif de 5 notes est repris au clavier pour évoquer le rapprochement entre George et Simone (anecdote amusante : en France, « Elevator Attack and After » est connu pour avoir été utilisé par les Nuls dans leur sketch « Une couille dans le potage »). Dans « Mona Lisa (Instrumental) », Kamen développe le thème de la chanson « Mona Lisa » dans un très bel arrangement pour saxophone et cordes. « King’s Cross/Follow Anderson » reprend le thème de 6 notes de George à la guitare, aux cordes et aux bois et évolue très vite vers des synthétiseurs plus atmosphériques et menaçants, alors que George décide de suivre Anderson afin de retrouver la trace de Cathy (à noter une brève allusion à l’air de « Mona Lisa » à 1:30). On retrouve cette ambiance mélancolique, minimaliste et froide largement véhiculée ici par le piano et les synthétiseurs typiques des musiques de Michael Kamen dans les années 80. La musique devient ensuite plus chaleureuse avec le retour des cordes évoquant la détermination de George et la reprise touchante de son thème par un saxophone jazzy et solitaire évoquant une ambiance de polar/film noir à l’ancienne. « Pimp » accentue le travail de l’électronique – à noter que Kamen reprendra une bonne partie de ses sons synthétiques dans « Die Hard » en 1988 – et livre un morceau aux harmonies plus classiques.

Plus intéressant, « Simone’s Story » illustre la scène où Simone raconte à George son histoire et son lien avec Cathy avec une reprise réussie de « Mona Lisa » par un saxophone jazzy – qui annonce clairement la musique de « Lethal Weapon » en 1987 – La musique semble ensuite respirer davantage dans « Brighton », alors que George a retrouvé Cathy. Kamen nous propose ici des variations autour du thème principal et du thème de Mona Lisa dans une écriture plus contrapuntique et classique des cordes. Utilisée avec parcimonie dans le film, la partition de Michael Kamen s’avère donc très réussie sans être extrêmement mémorable en soi. Le score de « Mona Lisa » apporte une mélancolie et impose une ambiance de film noir tout en retenue sur les images du film de Neil Jordan, mais le score doit beaucoup à ses deux chansons-clé, « When I Fall in Love » et « Mona Lisa », que Michael Kamen a parfaitement su incorporer et citer tout au long de sa musique. Composée la même année que « Highlander », la partition de « Mona Lisa » dévoile une facette plus lyrique et mélancolique du compositeur dans un registre plus intimiste bien différent de ce qu’il faisait alors au début des années 80 sur des films comme « Polyester », « Venin », « Dead Zone », « Lifeforce » (pour lequel il composa la musique additionnelle aux côtés d’Henri Mancini) ou « Brazil ». L’album publié par Quartet Records, qui couple le score de Kamen avec celui de Stanley Myers et Hans Zimmer pour « Castaway » (1987), nous permet enfin d’apprécier l’intégralité du score de « Mona Lisa » qui reste une partition de qualité sans être un hit incontournable dans la filmographie de Michael Kamen.




---Quentin Billard