1-Zipi y Zape 1.36
2-Prólogo y Llegada al "Esperanza" 2.55
3-Micro 1.38
4-La Verdadera Naturale
de Este Lugar Y Sus Reglas 2.07
5-La Vida en el "Esperanza" 2.38
6-El Club de la Canica 2.10
7-La Resistencia 4.44
8-El Hombre del Saco 2.24
9-Aventura Nocturna 2.25
10-El Monstruo 2.58
11-Diamantes 2.36
12-Una Historia de Piratas 3.17
13-El Mapa 1.43
14-Traición 2.40
15-Reconciliación 1.56
16-La Casilla de Salida 2.16
17-El Juego de Esperanza 2.53
18-Jugar 7.25
19-Propulsión Atómica 3.01
20-El Tesoro de Esperanza 5.47
21-Esperanza TOYS 1.37
22-El Mejor Verano de Nuestras Vidas 2.57
23-Por Siempre (Cali & El Dandee) 3.31

Musique  composée par:

Fernando Velázquez

Editeur:

Quartet Records SM028

Produit par:
Fernando Velázquez
Mixage score:
Marc Blanes Matas
Orchestrations:
Jaime Gutiérrez Dominguez
Assistant enregistrement:
Pablo Uroz
Orchestre:
RTVE Symphony Orchestra & Chorus
Dirigé par:
Fernando Velázquez

(c) 2013 Quartet Records under exclusive license from Zeta Cinema, Mod Productions, Atresmedia Cine y Kowalski Films. All rights reserved.

Note: ***1/2
ZIPI Y ZAPE Y
EL CLUB DE LA CANICA
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Fernando Velázquez
« Zipi y Zape » est une production espagnole lorgnant sur l’esthétique des films d’aventure mettant en jeune des enfants, à l’instar de « The Goonies » ou des premiers « Harry Potter », auxquels le film d’Oskar Santos emprunte ses codes et son imagerie populaire. Le film est une adaptation de la bande dessinée éponyme de José Escobar Saliente créée et publiée dès 1947. Le film raconte les aventures rocambolesques de deux frères jumeaux, Zip (Raul Rivas) et Zap Zapatilla (Daniel Cerezo), deux gamins turbulents de 14 ans en rébellion contre l’autorité. A cause de leur mauvais comportement, ils sont punis par leurs parents et envoyés tout l’été dans un centre de rééducation nommé « Esperanza ». L’établissement est dirigé d’une main de fer par Falconetti (Javier Gutiérrez), un directeur borgne autoritaire, assisté d’un second tyrannique, Heidi (Christian Mulas). Refusant de se soumettre aux règles très strictes de l’Esperanza, Zip et Zap se réunissent avec trois autres camarades, Micro (Marcos Ruiz), Filo (Fran Garcia) et Matilde (Claudia Vega), la jeune nièce de Falconetti. Ensemble, ils décident de former le club des billes, une société secrète, et vont multiplier les quatre cents coups et défier l’autorité en semant la pagaille dans l’établissement. Mais tandis que Falconetti menace ses jeunes pensionnaires si les coupables ne se dénoncent pas, Zip, Zap et leurs complices du club des billes vont découvrir l’existence d’un mystérieux secret caché dans les sous-sols de l’établissement, un trésor que recherche Falconetti depuis longtemps. Les enfants se lancent alors dans une grande aventure, cherchant à résoudre l’énigme des billes les conduisant au trésor de Sebastian Esperanza (Alex Angulo), le fondateur de l’école dédiée autrefois à une saine éducation et aux jeux des enfants.

Véritable ode à l’enfance et à l’aventure, « Zipi y Zape y el club de la canica » est un divertissement fort sympathique dédié à un jeune public, mais qui séduira à coup sûr les adultes par son univers coloré, ses bonnes idées visuelles et ses décors de grande qualité. Si le film d’Oskar Santos s’inspire de « The Goonies » pour sa bande de gamins aventuriers et de « Harry Potter » pour le look de l’école et les uniformes des pensionnaires, « Zipy y Zape » parvient à trouver sa propre voie grâce à un script malin qui évoque la révolte de jeunes ados contre l’autorité des adultes, avant de se transformer en chasse au trésor à la manière des « Goonies ». Avec un budget relativement modeste, Oskar Santos parvient à captiver notre attention en évoquant un récit qui se situe dans l’Espagne des années 50, où la discipline extrême imposée par le directeur Falconetti ne va pas sans rappeler la dictature de Franco. Néanmoins, l’aspect historique du récit est largement mis de côté au profit d’une quête initiatique durant laquelle nos jeunes héros intrépides vont vivre ensemble de nombreuses aventures, braver de multiples dangers et découvrir les secrets qui se cachent dans les souterrains de l’école. Ils devront déjouer des pièges, échapper à un molosse déchaîné et semer Falconetti et Heidi dans les couloirs cachés de l’école pour découvrir la salle secrète d’Esperanza et son mystérieux trésor.

Le film est plutôt bien rythmé, l’exposition des personnages est impeccable, et on s’attache très vite à cette bande de gamins turbulents malgré un petit sentiment de déjà-vu. Le dernier acte du film prend même des allures d’Indiana Jones avec ses énigmes, ses pièges mécaniques, ses souterrains et ses salles au trésor qui révéleront aux enfants le grand secret de l’école. A ce sujet, le film n’est guère avare en scènes d’aventure : on appréciera notamment cette fameuse séquence où les jeunes héros tombent dans un conduit de la cuisine et atterrissent sur une montagne de vieilles peluches abandonnées ou la séquence durant laquelle les enfants doivent traverser un précipice. Evidemment, le scénario est assez prévisible et les personnages assez caricaturaux : on y retrouve le méchant borgne qui sort tout droit d’un dessin animé kitsch, les deux jeunes héros intrépides, la jeune fille qui servira de prétexte à une romance enfantine un peu inutile, le petit gros qui ne pense qu’à manger, etc. Il manque à « Zipi y Zape » un semblant de surprise, d’originalité. Néanmoins, le film se rattrape grâce à une réalisation de grande qualité, une très belle photographie et des interprètes de talent qui semblent avoir pris du bon temps sur ce film. Succès au box-office 2013, « Zipi y Zape y el club de la canica » donnera lieu à une suite intitulée « Zipi y Zape y la Isla del Capitan » sortie en 2016, à nouveau réalisée par Oskar Santos mais avec de tous nouveaux interprètes et un budget beaucoup plus conséquent.

La partition symphonique de Fernando Velazquez est l’une des grandes réussites du long-métrage d’Oksar Santos. Enregistrée avec les musiciens du RTVE Symphony Orchestra & Chorus sous la direction du compositeur lui-même, le score de « Zipi y Zape » est un hommage vibrant aux grandes partitions d’aventure hollywoodiennes des années 80, celles de John Williams, James Horner, Alan Silvestri ou Bruce Broughton. Dès l’ouverture « Zipi y Zape », on découvre le superbe thème principal, grande mélodie d’aventure héroïque et pleine de bravoure, portée par des cuivres puissants et fiers annonçant l’idée d’une grande quête au trésor. Dans « Prologo y llegado al Esperanza », Velazquez évoque l’arrivée de Zip et Zap au centre de rééducation « Esperanza » au début du film. Velazquez colore ici sa musique avec des orchestrations très riches, passant d’un instrument à un autre avec une fluidité et un faste impressionnant : cordes, cuivres, timbales, bois, piano, tout est mis en oeuvre pour nous plonger ici dans une musique symphonique ample et opulente dans la lignée des grands maîtres du genre. « Micro » évoque avec humour la rencontre avec le jeune Micro au détour d’un morceau plus sautillant tendance mickey-mousing : bois, cordes, célesta, piano, etc. « La verdadera naturaleza de este lugar y sus reglas » évoque quand à lui la discipline de fer imposée par Falconetti à l’Esperanza. La musique devient ici plus sombre et imposante tout en évoquant par ses rythmes scandées de cordes la rigidité et la sévérité du directeur de l’établissement.

« La vida en el Esperanza » évoque le quotidien de Zip et Zap à l’Esperanza avec un thème sautillant de bois très réussi, évoquant la malice et l’espièglerie des deux frères – on pense ici au « Mouse Hunt » d’Alan Silvestri – « El club de la Canica » suggère le moment où Zip, Zap, Micro et Filo décident de monter ensemble le club des billes avant de multiplier les farces et de se révolter contre l’autorité de Falconetti. Velazquez dévoile ici le thème du club des billes au basson sous la forme d’une marche espiègle à 1:18. Le thème est ensuite repris dans « La Resistencia » et largement développé à l’orchestre, passant d’un instrument à un autre avec élégance et énergie. Ici aussi, les orchestrations sont impressionnantes : cuivres, tambourin, bois, cordes, piano, la musique multiplie les couleurs instrumentales et permet à Fernando Velazquez de s’amuser avec le ton bon enfant du film. « La Resistencia » évoque par son crescendo orchestral et son rythme de marche effréné la scène où les lascars du club des billes se révoltent et sèment la pagaille dans l’Esperanza. On retrouve aussi les sonorités plus sombres de Falconetti, caractéristiques dans le jeu plus menaçant des cordes, agrémentées de quelques passages plus mickey-mousing. Le final de « La vida en el Esperanza » dévoile le thème romantique de Matilde à la flûte à 2:14, thème que l’on retrouve aussi dans « La Resistencia » à 2:27 alors que la jeune fille découvre le secret de Zip et Zap et décide de rejoindre le club des billes.

« El hombre del saco » s’avère plus fonctionnel avec ses inévitables touches de mickey-mousing typiquement illustratives, ponctuées de quelques moments plus sombres et menaçants associées à Falconetti et son sbire Heidi. L’aventure se prolonge ensuite dans « Aventura Nocturna » alors que Zip, Zap, Micro, Filo et Matilde circule dans les couloirs de l’Esperanza la nuit, en quête des secrets de l’établissement. Velazquez suggère clairement ici l’ambiance nocturne de la scène en prolongeant son travail sur l’esthétique mickey-mousing sautillante. A noter une envolée orchestrale plus grandiose et majestueuse à 1:39, symbolisant l’idée de la découverte et du trésor. « El monstruo » illustre la scène avec le chien d’Heidi au détour d’un morceau d’action trépidant dominé par des cuivres musclés, grand morceau d’aventure old school écrit à la manière de John Williams ou Bruce Broughton. « El monstruo » dévoile un nouveau motif de 5 notes que l’on retrouve aussi au début de « Diamantes » (au célesta à 0:25), motif-clé du score associé au secret de Sebastian Esperanza, très présent tout au long de l’aventure. On appréciera par ailleurs la très belle reprise du thème de Matilde au hautbois à la fin de « Diamantes ». La carte menant au trésor de l’Esperanza est évoquée dans « El mapa », parsemée d’allusions au thème du club des billes et au motif de 5 notes du secret (au célesta/piano à 0:34). « Traicion » reprend les rythmes militaires et le motif menaçant de Falconetti et Heidi, alors que le club des billes est trahi par Zip, jaloux de la relation de son frère Zap avec Matilde. « Reconciliation » évoque par ailleurs la réconciliation entre les deux frères avec le retour du thème de Matilde et celui du club des billes.

L’aventure est au rendez-vous dans « La casilla de salida » où l’atmosphère de quête au trésor s’intensifie de plus belle. A noter ici l’emploi des choeurs, notamment lors d’une très intéressante reprise du motif du secret d’Esperanza par une chorale féminine à 1:24 sur un rythme de valse à la façon de Danny Elfman. « El juego de Esperanza » intensifie l’action durant la poursuite dans les tunnels avec Falconetti et Heidi. Velazquez suggère ici une ambiance de danger et d’aventure avec une tension orchestrale constante. Les 7 minutes de « Jugar » accompagnent ainsi les scènes où les enfants affrontent de multiples pièges et épreuves pour parvenir jusqu’au secret d’Esperanza. Le morceau débute par ailleurs sur une reprise du motif du secret avec les choeurs féminins à la Elfman (aussi repris à 0:45 aux bois et au célesta) et nous offre de nouvelles envolées orchestrales vives et colorées agrémenté de choeurs plus grandioses – on pense parfois ici aux « Harry Potter » de John Williams – On peut aussi découvrir un autre motif dans la seconde partie du film, le motif du jeu, une série de 10 notes furtives et légères de flûtes/piccolo entendu à quelques reprises dans le film pour les scènes où les enfants affrontent les épreuves d’Esperanza. On l’entend notamment à 2:46 ou à 3:10 dans « Jugar », pour la scène où Zap doit tirer une bille dans la bouche d’une grenouille en pierre pour franchir une autre épreuve. Le motif du jeu est aussi repris de manière puissante aux cuivres à 7:00. On le retrouve aux flûtes à 0:37 dans « Propulsion Atomica » où l’aventure s’intensifie de plus belle alors que Micro tombe dans le gouffre qu’il tente de franchir et découvrir qu’il est équipé en réalité d’un trampoline. Velazquez cite ici le thème principal de l’ouverture de façon enjouée pour la scène où Micro rebondit sur le trampoline.

« El tesoro de Esperanza » nous amène à l’acte final du film alors que les enfants découvrent le trésor d’Esperanza et tombent nez à nez avec Falconetti qui les a retrouvé. Le thème du secret d’Esperanza est repris dans « Esperanza Toys » sous la forme d’une berceuse enfantine évoquant l’idée du jeu et de l’enfance : tout devient clair, ce motif énigmatique très présent tout au long du film était associé depuis le début au message de Sebastian Esperanza, que tenta en vain de combattre le cruel Falconetti en rouvrant l’établissement pour en faire un lieu de punition pour les enfants. Le thème est dévoilé pour la première fois dans son intégralité sous une forme plus douce et touchante qui nous amène ainsi à la conclusion plus paisible de l’aventure, dans « El mejor verano de nuestras vidas ». On appréciera ici la reprise grandiose du thème d’Esperanza dans une superbe envolée pour choeur et orchestre majestueuse et féerique, avant une ultime reprise du thème principal héroïque et triomphant. On ressort ainsi parfaitement comblé à l’écoute de la somptueuse partition symphonique de Fernando Velazquez, qui rend un hommage vibrant aux grandes heures de la musique hollywoodienne des années 80/90. Ecrite dans un style classique et sophistiqué, la partition de « Zipi & Zape » devrait combler sans grande difficulté les nostalgiques des grandes musiques d’aventure d’antan, Velazquez reprenant avec un certain talent tout ce qui faisait l’essence même des musiques des maîtres du genre : Silvestri, Williams, Horner, Kamen, Broughton, etc. « Zipi & Zape » n’est certes pas une partition très originale en soi mais elle constitue une bien belle surprise à une époque où la qualité des productions musicales au cinéma tend à diminuer fortement. Agréable dans le film comme sur l’album publié par Quartet, la musique de « Zipi & Zape » est une franche réussite à découvrir sans hésitation !




---Quentin Billard