1-Tris 7.48*
2-The Test 3.17
3-Choosing Dauntless 3.44*
4-Capture the Flag 3.06*
5-This Isn't Real 1.38
6-Ferris Wheel 3.31
7-Erudite Plan 3.20
8-Fear 3.20
9-I Am Divergent 1.38
10-A Friend 2.47
11-Conspiracy 5.26
12-Watertank 1.50
13-Faction Before Blood 6.48
14-Human Nature 3.12
15-Final Test 1.37
16-The March 5.17
17-Dauntless Attack 5.55
18-Sacrifice 4.20*
19-You're Not Gonna Like This 14.00
20-Fight the Dauntless 4.13
21-Everywhere And Nowhere 2.28

*Featuring Ellie Goulding.

Musique  composée par:

Junkie XL

Editeur:

Interscope Records B0020474-02

Musique arrangée par:
Junkie XL (Tom Holkenborg)
Album produit par:
Junkie XL
Producteur exécutif score:
Hans Zimmer
Musique additionnelle:
Christian Vorländer, Dave Fleming
Vocalises score:
Ellie Goulding
Percussions additionnelles:
Satnam Ramgotra
Services production musicale:
Steve Kofsky
Musique conduite par:
Gavin Greenaway
Monteurs musique:
Bryan Lawson, Adam Smalley
Mix et enregistrement score:
Alan Meyerson, Nick Wollage
Manager Studio Remote:
Shalini Singh
Producteur exécutif pour
Interscope Records:
Anthony Seyler
Business affairs:
Jason Kawejsza
Production:
Gretchen Anderson
Coordinateur musique:
Roslyn Tarroza
Direction musicale pour
Summit Entertainment:
Carter Armstrong
Music business affairs
pour Summit Entertainment:
Lenny Wohl
Direction musicale:
Trevon Kezios
Superviseur budget musique:
Chris Brown
Administration contrats musicaux:
Karen Sidlow
Coordinateurs musique:
Ryan Svendsen, Nikki Triplett
Assistant de Mr. Armstrong:
Rona Rapadas

Artwork and pictures (c) 2014 Summit Entertainment. All rights reserved.

Note: ***1/2
DIVERGENT
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Junkie XL
« Divergent » est à l’origine une trilogie littéraire écrite par la jeune romancière américaine Veronica Roth en 2011 – à tout juste 22 ans - et qui nous plonge dans un futur dystopique, dans la veine des « Hunger Games » de Suzanne Collins ou de « Uglies » de Scott Westerfeld. Le succès grandissant des livres par le biais d’internet et des réseaux sociaux permettra à l’auteur de la trilogie de voir son œuvre adapté au cinéma peu de temps après, avec le premier opus nommé « Divergent », réalisé par Neil Burger en 2014 (l’auteur de « The Illusionnist » et « Limitless »). L’histoire se déroule dans un monde post-apocalyptique, dans lequel la nouvelle société s’est fondée autour de cinq factions : les Audacieux, les Erudits, les Altruistes, les Sincères et les Fraternels. Ce système permet à tout un chacun d’être sélectionné pour son appartenance à l’une de ces factions et de conserver ainsi une paix durable à l’intérieur de la société. Beatrice Prior (Shailene Woodley), surnommée « Tris », est une jeune adolescente de 16 ans qui doit passer les tests de sélection avec Tori Wu (Maggie Q), une Audacieuse. Tris est née dans une famille d’Altruistes qui forme le gouvernement. Son père Andrew (Tony Goldwyn) siège au service du conseil dirigeant aux côtés de Marcus Eaton (Ray Stevenson), le responsable de cette faction. Le test de Tris s’avère non concluant, et fait rarissime, la jeune fille se révèle être une Divergente, dans le sens où ses résultats indiquent qu’elle appartient à toutes les factions. Hélas, les Divergents sont traqués par l’Etat qui ne parvient pas à les contrôler et échappe à tout formatage en raison de leur faculté à raisonner de manière indépendante, ce qui constitue une menace pour l’équilibre de la société. Tori décide de protéger Tris en trafiquant les résultats de ses tests et la met en garde sur ses aptitudes qui risquent de lui coûter la vie si elle venait à être démasquée. Elle lui conseille alors de garder la vérité secrète pour son propre bien-être et celui de ses proches. Au cours de la cérémonie, Tris rejoint finalement les Audacieux tandis que son jeune frère Caleb (Ansel Elgort) rejoint les Erudits. Chez les Audacieux, Tris fait la connaissance de Christina (Zoë Kravitz), Al (Christian Madsen) et Will (Ben Lloyd-Hughes). Le chef de section, Eric (Jai Courtney) est chargé de former les nouvelles recrues dans une série de tests d’aptitude physiques qui vont mettre les nerfs des nouveaux venus à rude épreuve. Ceux qui échoueront aux tests seront définitivement bannis des Audacieux. L’instructeur Tobias Eaton (Theo James), surnommé « Quatre », réalise que Tris est une divergente et tente de cacher son secret en l’incitant à se comporter comme une vraie Audacieuse. Il décide de la former pour accomplir son test final et les deux individus finissent par tomber amoureux l’un de l’autre. Tris apprend par la suite que les Erudits projettent d’injecter un mystérieux sérum à la population, qui est censé agir comme un traqueur – le sérum est en réalité un moyen de contrôler les individus – Comprenant que les Erudits projettent de renverser les Altruistes et de s’emparer du pouvoir, Tris et Quatre décident d’empêcher ensemble la conspiration des Erudits orchestrée par leur leader, la tyrannique Jeannine Matthews (Kate Winslet), créatrice du sérum.

Surfant sur la vague des films dystopiques destinés à un public d’ados et de jeunes adultes, « Divergent » s’inscrit dans la continuité des « Hunger Games », « The Maze Runner » ou « The Giver », en présentant une société du futur dominée par une dictature de la pensée et des mœurs. Au-delà de son simple statut de film d’anticipation post-apocalyptique, « Divergent » est surtout un moyen pour les studios hollywoodiens de miser gros sur les adaptations de livres pour ados post-« Twilight ». Les recettes sont ainsi presque toujours les mêmes : prenez un casting de jeunes acteurs (le film confirmera le statut de star de la talentueuse Shailene Woodley, révélée en 2011 dans « The Descendants » aux côtés de George Clooney), placez les dans une société dystopique où règne une terrible dictature, ajoutez y quelques effets spéciaux typiques du cinéma de blockbuster U.S. d’aujourd’hui, et vous obtenez un parfait décalque de « Hunger Games ». Les similitudes entre les deux sagas sont ainsi plus qu’évidentes : Beatrice Prior, à l’instar de Katniss Everdeen, est une jeune ado rebelle qui tente de lutter contre un système oppressant qui exploite les individus à travers un système de faction (dans « Hunger Games », il s’agissait de districts) qui formate le peuple sous le prétexte fallacieux d’une pseudo-paix fabriquée de toute pièce par des dirigeants corrompus pour lutter contre la volonté et le libre-arbitre. Dans « Divergent », l’histoire est dominé par le rôle des divergents, ces êtres qui échappent à tout contrôle et qui peuvent raisonner librement, traqués sournoisement par les dirigeants de la société qui voient en eux une menace pour l’équilibre de leur monde. A l’origine, les livres de Veronica Roth dénonçait le fonctionnement de nos sociétés modernes et des dérives du formatage imposé par les médias, qui tendent à uniformiser les comportements et à rejeter tous ceux qui osent penser différemment. Le réalisateur Neil Burger conserve ce postulat initial et l’utilise pour livrer un film de science-fiction qui prend les traits d’une aventure initiatique où la jeune héroïne va chercher à s’émanciper de ce carcan dictatorial pour imposer sa voix auprès d’un peuple soumis autour des cinq factions. Hélas, le scénario accumule tous les poncifs du genre et le réalisateur a bien du mal à créer une vraie vision du genre. Malgré de bonnes idées, le film est très inégal – les scènes des tests d’aptitude chez les Audacieux sont trop longues et interminables – et déçoit par son manque d’ambition et d’originalité. La romance entre Tris et Quatre est fort heureusement pas trop appuyée, et les scènes d’action finales sont plutôt nerveuses et bien filmées, mais le film est trop inégal et trop lisse dans son message politico-social pour convaincre pleinement.

La musique de Junkie XL est l’un des éléments positifs du film de Neil Burger. Le compositeur allemand, de son vrai nom Tom Holkenborg, s’est fait connaître en signant la même année la musique de « 300 : Rise of an Empire » tout en co-signant le score de « The Amazing Spider-Man 2 » aux côtés d’Hans Zimmer. A ce sujet, le compositeur allemand officie en tant que producteur exécutif sur le score de Junkie XL. Le score de « Divergent » est un mélange entre électronique, rythmiques modernes et vocalises brillamment interprétées par la jeune chanteuse britannique Ellie Goulding, dont la voix suave accompagne la quête de Tris tout au long du film. A ce sujet, l’album s’ouvre sur l’intense « Tris » et ses 7 minutes mettant en avant les vocalises d’Ellie Goulding sur fond de guitares, cordes et percussions (incluant un cymbalum), pour ce qui reste l’un des morceaux les plus mémorables de la partition de « Divergent », apportant un sentiment d’espoir, de courage et de dépassement de soi. Dans « The Test », Junkie XL développe les synthétiseurs et le sound design avec un piano et des percussions plus agressives rappelant son travail sur « 300 : Rise of an Empire ». Le compositeur nous plonge ici dans un univers futuriste avec l’emploi de l’électronique et de quelques solistes. Dans « Choosing Dauntless », Junkie XL reprend le thème associé à Tris avec un ensemble de percussions tribales et la voix d’Ellie Goulding pour évoquer le combat de Tris contre la dictature de Jeannine. « Choosing Dauntless » est un autre morceau-clé de « Divergent », qui devrait aisément séduire les fans du compositeur. « Capture the Flag » illustre à son tour les exploits de Tris durant la scène du défi durant lequel l’équipe de l’héroïne doit récupérer le drapeau. Le thème est ici présent aux cordes staccatos avec une guitare électrique clean, évoquant là aussi la détermination et la bravoure de la jeune divergente, avec ces montées d’espoir et d’héroïsme si représentatives du score de « Divergent ».

Moins intéressant et plus décevant, « This Isn’t Real » sombre dans le sound design basique et cacophonique sans grande envergure. « Ferris Wheel » met en avant des pulsations synthétiques électro/techno tendance années 90 avec le style moderne habituel de Junkie XL, et un rappel final au thème de Tris. « Erudite Plan » évoque la conspiration des érudits orchestrée par Jeannine avec l’emploi du cymbalum aux notes hypnotisantes et répétitives sur fond de nappes synthétiques et de guitare clean. Dans « Fear », le compositeur libère ses percussions dans un assaut guerrier bruyant similaire à « 300 : Rise of an Empire » (le morceau annonce déjà le style du futur « Mad Max : Fury Road »). Dommage que les morceaux d’action du score se limitent trop souvent à des déchaînements percussifs répétitifs et guère passionnants. L’ambiance s’apaise dans « A Friend » et « I Am Divergent », mais Junkie XL parvient à mélanger les ambiances suivant les différentes situations du film, comme c’est notamment le cas dans « Conspiracy » où l’on retrouve la thématique de la conspiration des érudits avec le retour du cymbalum aux notes étrangement cycliques et répétitives. « Faction Before Blood » fait quand à lui la part belle aux cordes dans un registre plus lyrique et étonnamment classique de la part du compositeur, qui livre ici une sorte d’adagio poignant de cordes de toute beauté dans le film. Dans « Final Test », Junkie XL illustre le dernier test de Tris à l’aide d’ostinatos de cordes et d’accords héroïques manifestement calqués sur les musiques de trailer hollywoodiennes que l’on entend régulièrement de nos jours.

« Dauntless Attack » illustre la bataille durant le dernier acte du film, avec un autre morceau d’action percussif essentiellement dominé par des ostinatos de cordes, de synthés et de percussions. Rien de bien neuf de la part du compositeur qui se contente bien souvent du strict minimum dans les morceaux d’action du film. En revanche, on est davantage étonné par la qualité des morceaux plus émotionnels où l’on devine une patte classique plus élégante et poignante, comme c’est le cas dans « Sacrifice », probablement l’un des plus beaux passages du score de « Divergent » (pour la scène du sacrifice des parents de Tris), reprenant les vocalises d’Ellie Goulding. La bataille finale se prolonge durant les 14 minutes assez interminables de « You’re not Gonna Like This », et là aussi, difficile de se passionner pour cet enchaînement ininterrompu d’ostinatos de cordes, de percussions synthétiques et de basses électroniques peu inspirées et d’une grande platitude – sans oublier des orchestrations très pauvres – Fort heureusement, certains passages sont plus appréciables comme ces quelques accords héroïques plus prenants entendus vers la onzième minute, débouchant sur le belliqueux « Fight the Dauntless » pour le combat final opposant Tris/Quatre à Jeannine et ses troupes dans le laboratoire des érudits, morceau qui se termine sur une superbe coda héroïque du plus bel effet. Enfin, « Everywhere and Nowhere » conclut le film avec une ultime reprise du thème de Tris aux cordes et à la guitare, une dernière touche d’espoir qui rappelle que le combat pour la liberté du monde ne fait que commencer.

Ainsi donc, Junkie XL signe un score d’action moderne et plutôt ordinaire pour « Divergent », un score pas toujours inspiré mais qui réussit à marquer quelques points au détour de quelques morceaux plus généreux et poignants, avec la voix d’Ellie Goulding et les envolées thématiques plus solennelles et héroïques. Ce sont ces moments plus inspirants qui nous permettent d’apprécier pleinement le travail de Junkie XL à l’écran, même si l’ombre de son mentor Hans Zimmer n’est jamais très loin (on sent très nettement ici l’influence de scores tels que « Dark Knight », « Man of Steel » ou « Angels & Demons »). « Divergent » apporte donc son lot d’action, d’énergie et d’émotion au film de Neil Burger, sans jamais surprendre d’une façon ou d’une autre. Junkie XL applique toutes les recettes des musiques d’action modernes et se rattrape grâce à quelques superbes envolées triomphantes ou quelques moments dramatiques assez mémorables dans le film, où l’on perçoit plus aisément tout le potentiel de composition du musicien allemand, qui ne demande qu’à éclore sur des projets plus ambitieux et plus sérieux. Quoiqu’il en soit, « Divergent » s’avère être malgré tout le meilleur score de la trilogie, les partitions suivantes de Joseph Trapanese étant plus décevantes et guère passionnantes.



---Quentin Billard