1-Waves of Brotherhood 1.35
2-Echoes In The Distance 1.07
3-Dark Seas (Opening) 3.40
4-The Battle Begins In
A City Of Flames 3.41
5-Training For The Dive 0.48
6-First Outing 2.32
7-Flashback To An Early Love 1.00
8-Aquamarine Angel 3.44
9-Storming Combat 2.13
10-The Test Begins 5.05
11-Mission Improbable 1.41
12-Goodbyes 1.18
13-Final Assault 3.01
14-War And Romance 1.15
15-Torpedo On The Loose 2.08
16-Spiffing Up The Hunley 0.54
17-Boarding The Sub 1.35
18-Reprise of Waves Of
Brotherhood (Finale) 2.38

Musique  composée par:

Randy Edelman

Editeur:

Milan Records 35878

Score produit par:
Randy Edelman
Supervision musique:
Terri Fricon
Monteur musique:
David Bondelevitch
Mixage et enregistrement score:
Elton Ahi

Artwork and pictures (c) 1999 TNT Originals, Inc. All rights reserved.

Note: ***
THE HUNLEY
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Randy Edelman
« The Hunley » (CSS Hunley, le premier sous-marin) est un téléfilm réalisé par John Gray en 1999 et qui raconte l’histoire vraie de l’équipage du tout premier prototype de sous-marin à hélice à la fin de la Guerre de Sécession. L’histoire se déroule en 1864. Alors que la ville de Charleston est assiégée par les Nordistes, les Confédérés sudistes tentent de résister par tous les moyens, et mettent au point un plan audacieux : bâtir un sous-marin en fer, le CSS Hunley, pour contourner les lignes ennemies et frapper les Nordistes sous l’eau. Le CSS Hunley est un grand vaisseau d’acier long de 12 mètres qui fonctionne entièrement manuellement, avec un équipage constitué de huit personnes. Après des essais peu fructueux qui se soldèrent par la mort de 8 hommes de valeur incluant l’inventeur du sous-marin, Horace Lawson Hunley, le général Pierre G.T. Beauregard (Donald Sutherland) doute de la fiabilité de l’engin mais se laisse malgré tout convaincre par le lieutenant George Dixon (Armand Assante). Ce dernier est hanté par la mort de sa femme tuée lors de l’explosion d’une mine contre le bateau à vapeur sur lequel elle se trouvait alors. Dixon se charge ensuite de recruter et de convaincre huit hommes de rejoindre l’équipage du CSS Hunley pour une mission de la dernière chance : contourner le blocus Nordiste par la mer et couler le USS Housatonic qui encercle Charleston. Le 17 février 1864, l’opération est un franc succès pour le sous-marin (une première dans l’histoire maritime !), mais l’explosion d’une charge explosive au bout d’une perche fixée à l’avant du CSS Hunley l’endommage gravement, entraînant l’appareil dans les profondeurs et se soldant par la mort du lieutenant Dixon et de son équipage.

Fait plutôt rare pour un film américain, cet épisode méconnu de la guerre de Sécession est cette fois-ci vu du côté des Sudistes. Si l’on devine un parti pris évident dans la mise en scène de John Gray, qui tend à glorifier le sacrifice de ces Confédérés venus d’horizons différents – un irlandais revêche et rebelle, un jeune homme naïf qui veut intégrer l’armée, un tueur de Nordiste mutique, etc. – le téléfilm vaut surtout pour son aspect quasi documentaire et le réalisme de ses scènes sous-marines, d’autant que la représentation du CSS Hunley et de l’ultime mission de l’appareil reste fidèle à la réalité – y compris dans les détails, puisqu’il semblerait bien qu’un soldat Nordiste du USS Housatonic ait réellement réussi à tirer à travers la vitre d’équipage du sous-marin, comme on peut le voir à la fin du film – « The Hunley » ne cherche donc pas à s’interroger sur les conséquences du conflit ou ses origines mais l’utilise comme toile de fond pour représenter la détermination d’une poignée d’hommes qui auront le courage de se jeter corps et âme dans une mission suicide de la dernière chance, alors que les Sudistes sont sur le point de perdre la guerre. Le film repose entièrement sur une ambiance tragique et fataliste assez réussie, qui doit beaucoup à l’interprétation sans faille d’Armand Assante et de Donald Sutherland, en vieux général désabusé – la scène où Beauregard se confie à Dixon vers le milieu du film est particulièrement touchante – « The Hunley » reste donc une excellente reconstitution historique du récit de ce tout premier sous-marin américain propulsé par hélice (dont l’épave fut finalement retrouvée en 1995 et renflouée en 2000).

Randy Edelman signe pour « The Hunley » une partition aux accents militaires et patriotiques qui apporte une dimension dramatique assez réussie à l’écran. C’est d’ailleurs sans surprise que Randy Edelman a été choisi pour écrire la musique de « The Hunley » après avoir illustré en musique un autre film mettant en scène la Guerre de Sécession américaine : « Gettysburg » (1993). Comme toujours avec le compositeur, la musique de « The Hunley » mélange orchestre et parties électroniques que le musicien double quasi systématiquement sur les sections symphoniques de sa musique, une manie devenue très vite caduque (et aussi très agaçante !) à la fin des années 90 mais qu’Edelman continue pourtant de poursuivre y compris dans ses musiques des années 2000. Le film débute au son d’un premier thème de trompette solennel et noble dans « Waves of Brotherhood », évoquant le courage et la fraternité de l’équipage du CSS Hunley. Le thème est ensuite repris dans « Echoes in the Distance », sur un fond de cordes plus sombres évoquant le conflit avec les Nordistes. L’ouverture du film débute réellement dans « Dark Seas (Opening) », avec ses rythmes militaires, sa trompette soliste et ses pianos martelés dans le grave imposant une certaine tension liée aux dernières années de la Guerre de Sécession. Moins convaincante, la seconde partie du « Opening » utilise des parties orchestrales synthétiques plus cheap, malheureusement typiques du compositeur. L’ouverture se conclut néanmoins de manière élégiaque avec les cordes et une voix féminine éthérée évoquant les victimes du conflit.

« The Battle Begins in a City of Flames » met en avant des cordes dramatiques avec des ponctuations percussives plus sèches évoquant le conflit et le blocus de Charleston dès le début du film. Randy Edelman développe ici le second thème de la partition, un thème tragique et élégiaque comme il sait si bien en faire, accompagné d’un piano plus intimiste. La musique évoque alors le drame à l’échelle humaine et délaisse un temps l’aspect militaire du film pour rappeler les sentiments des différents personnages et notamment ceux du lieutenant George Dixon, brillamment campé par Armand Assante. « Training for the Dive » évoque les préparatifs de la plongée avec le CSS Hunley avec un morceau déterminé et vaillant sur une mesure à 3 temps, dans un style qui rappelle certaines sections d’Edelman dans « The Last of the Mohicans » (1992). « First Outing » évoque ainsi le premier voyage en mer du sous-marin avec un morceau plus solennel dominé par une très belle écriture de trompette et de cordes (dommage que ces fichus accords synthétiques plaqués sur l’orchestre viennent systématiquement tout gâcher !), incluant quelques rythmes militaires plus répétitifs. « Flashback to an Early Love » évoque les souvenirs de Dixon au sujet de sa femme disparue il y a plusieurs années. On retrouve ici le thème tragique et mélancolique de « The Battle Begins in a City of Flames », clairement associé au personnage d’Armand Assante dans le film. De la même façon, « Aquamarine Angel » reprend le thème tragique de manière poignante, avec des réminiscences évidentes à la musique de « Dragonheart » (1996).

« Storming Combat » s’avère en revanche un peu plus décevant, Edelman ayant bien du mal à apporter une réelle intensité aux morceaux d’action en raison de ses synthétiseurs cheap et de son style orchestral plat et très limité dans l’action – on se souvient notamment du semi-échec de sa musique pour « The Mummy : Tomb of the Dragon Emperor » en 2008, qui obligea le réalisateur à remplacer une partie des morceaux d’action de Randy Edelman par des compositions additionnelles de John Debney ! – En revanche, le compositeur n’est jamais aussi bon que lors des moments plus dramatiques ou plus calmes, où il expose ses thèmes grandiloquents et inspirants. « The Test Begins » s’avère beaucoup plus sombre, rappelant les moments de suspense de « Anaconda » (1997) : les auditeurs attentifs reconnaîtront d’ailleurs l’utilisation d’un sample déjà largement utilisé dans « Anaconda » deux ans avant « The Hunley » (à 2:04). « The Test Begins » se termine par ailleurs sur un nouveau morceau d’action assez simpliste, dominé par des percussions métronomiques très ordinaires et peu convaincantes. « Mission Improbable » renforce la tension et laisse planer le doute sur l’avenir de la mission confiée à Dixon et son équipage. La musique est ici plus dramatique et tragique avec ses cordes élégiaques caractéristiques, tandis qu’Edelman utilise le piano dans « Goodbyes » et ponctue sa musique de quelques rythmes martiaux tendus. La scène finale où le CSS Hunley s’attaque au USS Housatonic (« Final Assault ») permet à Edelman de maintenir la tension pendant plus de 3 minutes, citant brièvement le thème du Hunley avec des cordes agitées et des percussions guerrières.

De la même façon, « Torpedo on the Loose » crée une ambiance de panique alors que la torpille du sous-marin s’est détachée et oblige l’équipage à la récupérer d’urgence avant qu’il ne soit trop tard. C’est l’occasion pour le compositeur de reprendre un segment de « Training for the Dive ». « War and Romance » reprend quand à lui le thème tragique de George Dixon dans une très belle version piano (à noter que l’instrument est curieusement surmixé, élément récurrent dans l’album publié par Milan Records !). De la même façon, la trompette soliste semble là aussi mixée trop en avant dans « Boarding the Sub » ! Enfin, on termine avec une reprise du thème de trompette dans « Reprise of Waves of Brotherhood (Finale) » à la toute fin du film, évoquant le sacrifice final de l’équipage du CSS Hunley. Randy Edelman signe donc un score plutôt ordinaire et prévisible pour « The Hunley », qui reste une partition émouvante et intense dans le film mais qui ne parvient pas à se hisser au rang d’un classique comme « Gettysburg » ou d’autres musiques écrites à la même époque pour les productions TNT. La méthodologie de Randy Edelman semble avoir atteint ses limites dans les années 90, et « The Hunley » est symptomatique d’un style simpliste et routinier dans lequel Edelman s’est enfermé, ne parvenant plus à se renouveler y compris jusqu’au début des années 2000.

Du coup, il manque à la musique de « The Hunley » une vraie passion, une vraie prise de risque et surtout une ambition musicale digne de ce nom. Edelman illustre ce film comme n’importe film d’action/aventure qu’il a régulièrement mis en musique dans les années 90, plombant encore une fois sa musique par ses synthétiseurs moches et inadéquats qui rendent ses musiques affreusement datées, subissant l’outrage du temps en raison de l’entêtement inexplicable du compositeur à utiliser constamment ces mêmes samples cheap qu’il utilise depuis 30 ans au cinéma ! Trop simpliste, trop cheap, la musique de « The Hunley » n’est pas foncièrement mauvaise en soi et possède de très beaux thèmes typiques du compositeur, mais qui semblent surnager ici dans un océan de maladresses et d’amateurisme fort décevant. Dans le même registre, les auditeurs préféreront à coup sûr le travail de Randy Edelman sur « Gettysburg » ou même « Gods and Generals » (2003), deux partitions supérieures en tout point à « The Hunley » !




---Quentin Billard