1-Opening 2.45
2-Harvester Confession 1.33
3-Attack at Jenny's 1.22
4-2nd Murder 2.21
5-Warning 2.52
6-Night Visitors 1.59
7-In The Basement 2.13
8-Ian Runs Away 1.09
9-She Changed You 1.36
10-They Found You 2.06
11-Restrained 1.29
12-I Watched a Man Die 1.29
13-Stop in Rain 1.27
14-College Memory 2.19
15-Subway 2.33
16-Saving Jenny 1.44
17-Angry Medea 1.48
18-Attack at Jenny's 0.42*
19-Basement 1.41*
20-Elevator Man 1.01*
21-1st Murder 0.46*
22-Your Own Kind 1.36*
23-Stop in Rain 0.59*
24-Monsters Attack 0.59*

*Remixes Tracks.

Musique  composée par:

Elia Cmiral

Editeur:

Perseverance Records PRD 026

Produit par:
Elia Cmiral
Orchestrations:
Elia Cmiral, Andrew Kinney
Programmation synthétiseurs:
Elia Cmiral, David G. Russell,
Hyesu Yang

Monteur musique:
Lee Scott
Mixage score:
John Whynot
Programmation musicale:
synthétiseurs et percussions:
John Samuel Hanson
Orchestre conduit par:
Adam Klemens
Ingénieur son:
Vitek Kral

(c) 2007 Stan Winston Productions/SWFX/Isle of Man Film/Odyssey Entertainment.

Note: **1/2
THE DEATHS OF IAN STONE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Elia Cmiral
Plutôt méconnu dans nos contrées, « The Deaths of Ian Stone » (Les Faucheurs) est une série-B horrifique anglaise réalisée par Dario Piana et sortie en 2007, où le film a été présenté dans différents festivals – il sortira directement en DVD/Blu-Ray en France deux ans après, en 2009 – C’est l’histoire de Ian Stone (Mike Vogel), un jeune homme passionné de hockey sur glace qui vit avec sa fiancée Jenny Walker (Christina Cole). Un soir, il aperçoit un corps qui traîne sur la route et décide de s’en approcher : le corps se réveille brusquement et l’attaque, le traînant jusque sur des rails de chemin de fer où un train l’écrase brutalement. Ian Stone se réveille ensuite dans un bureau. Il est plus âgé et vit avec une belle jeune femme nommée Medea (Jaime Murray). Jenny n’est plus sa fiancée mais une de ses collègues de travail. Ian fait alors la connaissance d’un vieil homme étrange, Gray (Michael Feast), qui l’informe de sa situation et lui explique que sa vie est menacée. L’homme affirme ensuite qu’il est traqué par d’étranges entités nommées les moissonneurs, des démons invisibles capables de contrôler l’esprit humain, qui ne peuvent pas être tués et qui se nourrissent exclusivement de la peur des humains. Chaque jour, dans des endroits et des moments différents, les démons reviennent et le tuent à chaque fois, mais le souci, c’est que Ian Stone ne meurt jamais et réapparaît toujours dans une nouvelle vie, dans de nouveaux lieux, répétant ainsi chaque cycle de vie à l’infini. De retour à son appartement, Ian est à nouveau traqué par les moissonneurs et découvre que sa fiancée Medea fait partie des leurs. A nouveau tué, Ian renaît dans la peau d’un drogué perdu dans un appartement vaquant, tandis que Jenny habite dans un appartement situé quelques étages en dessous. Ian essaie alors d’inciter Jenny à se souvenir de lui et commence à se rappeler des souvenirs d’une vie passée avec le jeune homme. C’est alors que les moissonneurs retrouvent la trace de Ian et Jenny et énoncent une terrifiante vérité : Ian était autrefois l’un des leurs et les aurait trahis par amour pour une humaine, après avoir tué l’un des moissonneurs. C’est ainsi que les démons forcent Ian à les rejoindre mais en vain. Le jeune homme résiste et va tout faire pour protéger Jenny des créatures maléfiques qui tentent de le détruire, lui et sa promise.

« The Deaths of Ian Stone » est une série-B qui ne tient pas totalement ses promesses, car si le pitch de départ du scénario est plutôt bien trouvé – un homme condamné par des entités maléfiques à mourir violemment et renaître à chaque fois dans des vies différentes – le traitement de l’histoire est en revanche plutôt décevant, dès lors que le twist central tombe et que le film évolue avec mollesse vers un dernier acte plutôt terne et farfelu. Dommage, car il y avait vraiment matière à exploiter ce concept original d’un homme qui ne peut pas mourir et qui cherche à découvrir la vérité sur les événements étranges qu’il est condamné à vivre perpétuellement. En croisant cette intrigue avec une banale histoire de monstre et de communauté démoniaque invisible aux yeux des hommes, le réalisateur Dario Piana se perd en route et livre une production pas vraiment passionnante, tournée avec des acteurs moyens – surtout connus pour leurs rôles à la télévision – et des moyens apparemment très limités. C’est d’autant plus regrettable que l’on s’attendait vraiment à quelque chose de plus ambitieux et de plus recherché. A noter quelques effets spéciaux finalement assez sympas et des scènes de mises à mort plutôt violentes, le film étant par ailleurs assez avare en explication (on n’en saura pas plus au sujet des moissonneurs : d’où ils viennent ? Depuis combien de temps sont-ils sur terre ?). A chaque nouvelle réincarnation, le héros voit ses nouvelles vies devenir de pire en pire, à la manière d’une véritable descente aux enfers : joueur de hockey, puis homme d’affaire, chauffeur de taxi, drogué et finalement cobaye piégé sur une table de laboratoire où il va subir de terrifiantes tortures. Hélas, « The Deaths of Ian Stone » a bien du mal à tenir la route en raison d’un final raté et d’un script inégal et mal exploité. Tombé rapidement dans l’anonymat, le métrage de Dario Piana est dans la lignée de tous ces téléfilms et de ces DTV que l’on voit se multiplier chaque année sur le marché de la vidéo : rien de bien passionnant en somme !

Elia Cmiral signe une nouvelle partition ténébreuse et oppressante pour « The Deaths of Ian Stone », énième production horrifique de plus dans une filmographie essentiellement dominée par ce genre de films. Ecrite pour un orchestre à cordes enregistré à Prague avec un ensemble de synthétiseurs et de sonorités électroniques diverses, le score alterne ainsi entre acoustique et électronique comme le fit Elia Cmiral sur ses précédents films horrifiques. On débute ainsi dès « Opening » sur une série de cordes sombres et mystérieuses et quelques nappes électroniques sonores étranges annonçant clairement le cauchemar à venir. Résolument atmosphérique, l’approche musicale de Cmiral sur le film de Dario Piana repose surtout sur une esthétique atonale et dissonante dans la continuité de ses travaux sur des films comme « Pulse », « Bones », « They » ou « Wrong Turn ». « Harvester Confession » nous plonge quand à lui dans une ambiance de cordes dramatiques et poisseuses guère intéressante, mais c’est surtout « Attack At Jenny’s » qui durcit sévèrement le ton avec un premier morceau d’action terrifiant et chaotique, entièrement basé sur une série de percussions synthétiques tonitruantes, de pulsation électro agressive et de clusters anarchiques, pour la première scène de mort de Ian Stone au début du film. Comme son nom l’indique, « 2nd Murder » accompagne la deuxième mise à mort de Ian Stone avec une ambiance tout aussi agressive et menaçante où les dissonances prennent ici le pas sur l’esthétique musicale de la partition. Dans « Warning », Elia Cmiral introduit un son intéressant, une sorte de cloche pour la séquence où Gray contacte Ian Stone et l’avertir du danger qu’il encoure. Le compositeur crée ici une ambiance intrigante basée surtout sur le jeu du sound design électronique et la présence répétitive de la mystérieuse cloche.

Le score de « The Deaths of Ian Stone » alterne ainsi continuellement entre suspense et horreur comme le rappelle « Night Visitors », dont le début plutôt mélancolique et apaisé aux cordes, cède très vite la place à un nouveau assaut orchestral terrifiant et agressif. « In The Basement » fait monter la tension avec une pulsation synthétique/métallique étrange et une série de clusters anarchiques et peu originaux, incluant quelques sforzandos déchaînés de cuivres et de cordes. Rien de bien passionnant ici : Elia Cmiral reprend toutes les formules musicales habituelles des partitions horrifiques et les applique ici à la lettre comme il sait si bien le faire. Dans « Ian Runs Away », Cmiral utilise une guitare basse pour maintenir une pulsation et une tension permanente, alors que Ian tente d’échapper à ses poursuivants. Le compositeur accentue ici aussi les montées de tension horrifiques et les dissonances perpétuelles, délaissant toute approche mélodique conventionnelle. Dans « She Changed You », les cordes créent une ambiance plus mystérieuse alors que Ian tente de sauver Jenny Walker, tandis que « They Found You » nous ramène dans le chaos avec un nouveau morceau d’action particulièrement nerveux, aux rythmes électroniques incisifs, sur fond de clusters de cuivres enragés, à la limite de la cacophonie, évoquant une autre confrontation entre Ian et les moissonneurs. Dans « Restrained », on retrouve le thème de cordes mystérieux entendu tout au long du film pour évoquer l’énigme de l’identité de Ian Stone, utilisé ici pour accentuer toujours plus la tension et la sensation de danger perpétuel, d’où le caractère très répétitif de la musique à l’écran. Le suspense est de mise dans « Stop in Rain » avec ses basses synthétiques électro/techno résolument modernes et ses cordes stridentes. Dans « College Memory », Elia Cmiral suggère les souvenirs de Ian qui se rappelle de son ancienne vie et comprend enfin ce qui lui arrive.

La scène de l’attaque dans le métro (« Subway ») est un énième déchaînement horrifique particulièrement bruyant et peu original. Le compositeur accentue ici aussi le travail autour du sound design, tandis que les parties orchestrales se limitent bien souvent à quelques clusters cacophoniques des cordes, sans grande envergure particulière. Enfin, le film s’achève avec « Saving Jenny », qui nous permet enfin d’entendre l’un des rares moments plus dramatique et harmonieux du score, alors que Ian sauve Jenny vers la fin du film. Pour les besoins de l’album publié par Perseverance, Elia Cmiral nous propose en guise de bonus une série de remix électro de certains morceaux du score, incluant des rythmiques beaucoup plus présentes et largement accentuées, témoignant du savoir-faire indéniable du compositeur dans le domaine de l’électronique et des expérimentations sonores. Hélas, cela ne suffira pas à sortir le score de « The Deaths of Ian Stone » d’un relatif anonymat auquel le score d’Elia Cmiral est malheureusement condamné. Des partitions comme celle-ci, on peut en entendre des milliers chaque année au cinéma ou à la télévision, et il semble difficile de s’enthousiasmer pour une énième musique horrifique stéréotypée et sans grand relief, d’un intérêt quelconque au regard de tout ce qui se fait déjà dans le domaine. La musique de Cmiral semble avoir été écrite en pilotage automatique, recyclant toutes les formules habituelles du genre sans ambition particulière, sans aucune prise de risque. Entre des parties électroniques bruyantes et toujours plus présentes, et des orchestrations rachitiques et pauvres, le score de « The Deaths of Ian Stone » peine à convaincre pleinement, même sur les images, où la musique a bien du mal à attirer notre attention. Décidément, après des débuts prometteurs à Hollywood à la fin des années 90, la carrière d’Elia Cmiral n’aura eu de cesse de plonger toujours plus dans l’anonymat et les abîmes créatives des productions horrifiques fauchées auxquelles le compositeur s’évertue à participer inlassablement, à l’instar de son confrère John Frizzell, qui semble connaître un trajet similaire dans sa carrière. Triste constat d’une époque révolue pour un compositeur dont la filmographie, très décevante, ne semble plus refléter les véritables talents d’un musicien capable du meilleur, qui semble aujourd’hui perdre son temps sur des navets qui ne lui apportent plus rien !




---Quentin Billard