1-Beginning Of The End 1.41
2-Prologue 2.18
3-War Paint 1.35
4-Neon Lies 1.55
5-Hunt Begins 1.07
6-Alone In Dark 1.07
7-Yukon Dies 1.47
8-Ford's Last Stand 1.41
9-Max Hides 2.17
10-Neon Takes Nova 1.25
11-Foragers 1.38
12-Truth About Neon 2.11
13-Dakota Is Moody 1.20
14-Nova Chase 2.25
15-Dakota And Nova Hide 2.09
16-Rovers Got Max 1.08
17-Neon Tells Her Story 1.48
18-Viper Dies 1.48
19-Dakota Takes Over 1.17
20-Back To Power Plant 1.48
21-Neon And Torino 1.39
22-Dakota Kills Rovers 2.50
23-Just A Different World 1.42

Musique  composée par:

Elia Cmiral

Editeur:

Lakeshore Records LKS 33971

Produit par:
Elia Cmiral
Programmation synthétiseurs:
Elia Cmiral, John Samuel Hanson,
David G. Russell

Supervision musique:
Joe Nicolo
Monteur musique:
Derek Somaru
Programmation musique/mixage:
John Whynot

Artwork and pictures (c) 2007 Morningstar Films. All rights reserved.

Note: **1/2
TOOTH AND NAIL
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Elia Cmiral
Film d’épouvante indépendant réalisé par Mark Young et présenté en 2007 au Festival de l’After Dark de Toronto, « Tooth and Nail » est un énième survival se déroulant dans un futur post-apocalyptique. Les civilisations modernes se sont écroulées alors que le pétrole est venu à manquer et que l’économie mondiale s’est effondrée. Privés de technologie et d’organisation politique, les humains ont dû se regrouper pour survivre dans un nouveau monde anarchique ravagé, dominé par les Rovers, des cannibales affamés qui parcourent les villes à la recherche de chair fraîche. Un groupe de survivants nommés les Foragers se sont regroupés dans un hôpital abandonné de Philadelphie et tentent de survivre en formant une communauté soudée. Le groupe est dirigé par Darwin (Robert Carradine), homme sage et pacifique qui croit en l’espoir et en l’humanité. Un jour, le groupe sauve une jeune femme nommée Neon (Rachel Miner) et l’accueille en son sein. Malgré les réticences de certains membres du groupe qui considèrent encore Neon comme une étrangère, la jeune fille prend très vite ses marques et accepte de participer aux différentes tâches quotidiennes de la communauté. Peu de temps après, Darwin est mystérieusement assassiné en pleine nuit, et l’un des membres du groupe décide de quitter la communauté. Livrés à eux-mêmes, les survivants réalisent alors qu’ils sont la proie des Rovers, qui ont retrouvé leurs traces et tentent de s’introduire dans l’hôpital pour les massacrer. Dès lors, les survivants, menés par l’intrépide Dakota (Nicole DuPort), tentent de contre-attaquer en affrontant les cannibales déchaînés menés par les monstrueux Jackal (Michael Madsen) et Mongrel (Vinnie Jones).

Avec son scénario emprunté aux codes des films post-apocalyptiques et du cinéma d’épouvante des années 80, « Tooth and Nail » est une série-B horrifique plutôt réussie, réalisée avec un budget modeste (un peu plus de 4 millions de dollars). Sans surprise, le film dévoile un monde sombre où le danger guette les survivants à chaque couloir et chaque pièce du gigantesque hôpital abandonné où se déroule presque exclusivement l’histoire. Jouant sur une sensation de huis-clos, Young parvient à instaurer très rapidement une certaine tension au sein même de la communauté de survivants, alors que certains semblent en désaccord sur la façon de procéder, surtout depuis l’arrivée de la mystérieuse Neon et de la mort de leur leader. Entre suspicion et paranoïa, le film évolue très vite vers un second acte plus violent, ponctué de scènes gores avec l’attaque des cannibales. « Tooth and Nail » emprunte par moment certaines idées à l’imagerie de films post-apocalyptique façon « Mad Max », bien que l’on pense davantage ici au « Doomsday » de Neil Marshall pour l’ambiance et l’aspect visuel – le film évoquait aussi des survivants aux prises avec des hordes cannibales – Malgré des moyens limités, le film offre quelques rôles de barbares sanguinaires aux vétérans Michael Madsen et Vinnie Jones, dont chaque apparition dans le film sont proprement terrifiantes. Le twist du dernier acte est quand à lui assez prévisible mais le scénario se rattrape avec une bonne idée pour le dénouement final, certes un peu facile et frustrante, mais assez savoureuse dans le registre de la vengeance froide et brutale. Série-B plutôt bien troussée, « Tooth and Nail » devrait satisfaire les amateurs de gore et de films post-apocalyptiques, sans surprendre pour autant.

La partition musicale d’Elia Cmiral rappelle l’omniprésence du compositeur dans le registre du fantastique et de l’épouvante au cinéma, devenu en quelques années son principal registre de prédilection. Si le début de la carrière de Cmiral a permis au compositeur de se voir offrir des projets suffisamment stimulants pour lui permettre de débrider sa créativité et ses idées musicales – et notamment sur « Ronin », « Six-Pack », « Battlefield Earth » ou « Wrong Turn » - les choses se sont gatées considérablement à partir du milieu des années 2000. Cmiral est devenu le compositeur auquel on fait systématiquement appel sur les DTV ou les séries-B dont personne n’a vraiment envie : avec des titres évocateurs comme « They », « Pulse », « Splinter », « Piranha 3DD », « The Killing Jar » ou « The Deaths of Ian Stone », difficile de s’enthousiasmer particulièrement pour un des derniers projets du compositeur. « Tooth and Nail » échoue malheureusement dans cette catégorie de musique d’atmosphère routinière écrite à la va-vite et sans inspiration particulière. Si l’on apprécie pourtant l’ouverture rock et totalement bad ass de « Beginning of the End », qui semble annoncer à travers ses riffs de guitare électrique trash le ton post-apocalyptique du film de Mark Young, « Prologue » et « War Paint » utilisent un mélange de cordes sombres et de sonorités électroniques pesantes pour arriver à leur fin, mais sans surprise particulière. On appréciera néanmoins l’apport du violoncelle soliste dans « War Paint », qui baigne dans une ambiance cafardeuse évoquant un sentiment de désolation, de résignation. Dans « Neon Lies », Elia Cmiral suggère la tension au sein du groupes des survivants chaperonnés par Darwin avec l’arrivée de l’énigmatique Neon. Ici aussi, le compositeur développe un canevas sonore guère original à base de sonorités électroniques et de sound design peu inspiré et résolument atmosphérique.

« Hunt Begins » marque le début de la traque avec les Rovers. On retrouve ici le goût habituel d’Elia Cmiral pour l’expérimentation, à l’aide de percussions métalliques et de samples étranges martelant un rythme menaçant sur fond de dissonances de cuivres et de cordes pour l’arrivée des cannibales. Comme à son habitude, Cmiral délaisse au maximum toute approche mélodique et préfère se concentrer sur les masses sonores et les ambiances bruitistes tout en suggérant continuellement le danger et l’ambiance post-apocalyptique comme le suggère le sombre « Alone in Dark ». Dans « Yukon Dies », le compositeur évoque la mort d’un autre membre des Foragers à l’aide d’un mélange de pulsations électroniques hystériques et des percussions brutales associées aux Rovers dans le film. On est très proche ici du travail de Cmiral sur « Pulse », « Bones » ou « They », avec son flot permanent de puslations synthétiques, de percussions et de nappes sonores dissonantes. Les cordes tentent d’apporter un vague éclairage émotionnel au dramatique « Ford’s Last Stand », mais force est de constater que Cmiral a bien du mal à sortir hors des sentiers battus et d’un sound design paresseux et sans surprise. On devine un suspense glauque et oppressant dans « Max Hides », véritable jeu du chat et de la souris lorsque les Rovers traquent des survivants dans les longs couloirs de l’hôpital déserté. Idem pour « Neon Takes Nova » et ses rythmes électroniques agressifs, largement décuplés dans « Foragers ». Cmiral développe ici les sonorités primaires et sauvages des cannibales grâce à toute une panoplie de sons synthétiques en tout genre, le problème étant que ces masses sonores sont ici extrêmement monotones et peu intéressantes en écoute isolée.

Les morceaux se suivent et se ressemblent dangereusement, comme en témoigne l’atmosphérique et lugubre « Truth About Neon ». Cmiral n’a pas son pareil pour suggérer des ambiances sonores sinistres comme le confirme « Dakota Is Moody » ou « Dakota and Nova Hide », mais il est regrettable de voir le musicien de « Ronin » et « Battlefield Earth » verser un peu trop souvent dans une sorte de cacophonie indigne de son lui, comme c’est le cas dans « Nova Chase ». L’approche musicale d’Elia Cmiral sur « Tooth and Nail » reste ici très cohérente d’un bout à l’autre du film. Le compositeur choisit un ensemble de sonorités qu’il va développer et remodeler sans cesse sur les images tout au long du film, incluant des montées de tension et de violence comme dans « Rovers Got Max » pour la mort d’un autre membre des Foragers traqué par les cannibales, ou les passages plus mystérieux et sombre comme « Neon Tells Her Story », scène durant laquelle Neon raconte son histoire tragique à ses camarades. A noter l’emploi des percussions synthétiques saturées dans « Viper Dies » qui renforcent ici la brutalité des scènes de mises à mort du film – avec un final un brin plus tragique – tandis qu’on assiste à l’émergence de Dakota, qui devient la leader des survivants vers la fin du récit (« Dakota Takes Over »). Enfin, « Back to Power Plant » nous amène sans surprise au dernier acte du film avec la confrontation finale brutale de « Dakota Kills Rovers », où l’on retrouve une dernière fois les rythmes et les sonorités des Rovers.

Elia Cmiral signe donc un score à suspense horrifique très routinier pour « Tooth and Nail ». Le compositeur est passé maître depuis longtemps dans le maniement des sonorités électroniques et l’élaboration de sound design atmosphérique, si bien que ses dernières partitions finissent par ressembler davantage à un amoncellement de bruits disparates très éloignés des structures musicales plus élaborées que le compositeur sait pourtant bien faire, comme en témoignent ses travaux sur ses films du début des années 2000. Encore une fois, on ne peut que déplorer les choix très discutables du musicien sur une filmographie particulièrement navrante, indigne de son talent et de son inspiration. Hélas, « Tooth and Nail » appartient à cette catégorie de partitions atmosphériques impossibles à apprécier vraiment en écoute isolée, mais qui remplit parfaitement son rôle sur les images, même s’il y a fort à parier que la plupart des spectateurs ne remarqueront même pas la musique bruitiste et cacophonique de Cmiral à l’écran. A une époque où un nombre incalculable de musiciens s’autoproclament compositeur parce qu’ils savent manipuler trois bruits sur un ordinateur et utiliser des programmes informatiques pour faire des sons, il est fort regrettable de constater qu’un compositeur de la trempe à Elia Cmiral – avec son expérience et son savoir-faire - perde son temps sur des projets aussi indigents pour lesquels le musicien n’a plus rien à dire et se contente uniquement de bidouiller des sons sans grande originalité, sans aucune passion particulière, alignant des partitions alimentaires et purement fonctionnelles. Triste constat hélas que celui d’un compositeur en très nette perte de vitesse, qui signe sur « Tooth and Nail » l’une des musiques les plus médiocres de sa filmographie : dommage !




---Quentin Billard