1-Enfield Opening 0.45
2-As Close To Hell 3.31
3-The Conjuring 2 0.45
4-It Isn't Real 0.44
5-Tented Entity 2.18
6-Asserted Presence 2.31
7-Jarred Awake 3.20
8-House Search 1.16
9-Nun Painting 2.41
10-Old Man Bill 1.02
11-From the Grave 3.57
12-Crooked Moving 1.28
13-Taped Voices 1.01
14-Cross Room 0.58
15-Psychic Sharing 3.26
16-Not a Heaven Man 3.33
17-Ceiling Teleportation 1.39
18-Submerged Entity 1.45
19-Changes Everything 1.18
20-Help It Let Go 1.49
21-Dual Levitation 0.52
22-Souls Cast Out 2.00
23-Trapped Apart 2.23
24-What's Your Name 1.11
25-Book Inscribed 0.50
26-Crooked Face 0.29
27-Demon Clled 2.11
28-She's Alive 0.59
29-Crooked Man Rhyme 0.52
30-Soaring Phenomena 1.52

Musique  composée par:

Joseph Bishara

Editeur:

WaterTower Music no label number

Musique produite par:
Joseph Bishara
Enregistrement et mixage:
Chris Spilfogel
Conduit par:
Joseph Bishara
Orchestrations:
Dana Niu
Coordination score:
Celeste Chada
Monteurs musique:
Julie Pearce, Lisé Richardson
Choeur:
London Voices
Album produit par:
Joseph Bishara
Direction de la musique pour
New Line Cinema:
Erin Scully
Direction de WaterTower Music:
Jason Linn
Supervision musique:
Dana Sano
Business affairs:
Lisa Margolis, Ray Gonzalez
Coordinateur soundtrack:
Kim Baum

American Federation of Musicians.

Artwork and pictures (c) 2016 Warner Bros Entertainment Inc. and RatPac-Dune Entertainment LLC. All rights reserved.

Note: ***
THE CONJURING 2
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Joseph Bishara
Après le succès de « The Conjuring » et son spin-off « Anabelle », il semblait évident que James Wan rempilerait à nouveau pour un second épisode. « The Conjuring 2 » sort finalement en 2016 et s’inspire cette fois-ci du cas du « Poltergeist d’Enfield », l’une des plus célèbres affaires de maison hantée en Angleterre, survenue en 1977. On retrouve le couple Ed (Patrick Wilson) et Lorraine Warren (Vera Farmiga), les célèbres démonologues qui viennent tout juste de finir leur enquête sur la maison d’Amityville aux Etats-Unis, enquête dont ils ne sont guère ressortis indemnes, surtout Lorraine, qui est hantée par d’étranges visions d’une vieille femme maléfique. Lorraine demande alors à Ed de faire une pause dans leur carrière et de ne plus accepter d’affaires pendant un moment, s’en tenant uniquement à leur rôle de consultant. Quelques mois plus tard, l’Eglise fait à nouveau appel aux Warren en vue d’aider une famille, les Hodgson, qui sont victimes de terrifiants phénomènes paranormaux dans leur maison d’Enfield, banlieue nord de Londres. Peggy (Frances O’Connor) vit dans la maison avec ses quatre enfants : Janet (Madison Wolfe), Margaret (Lauren Esposito), Billy (Benjamin Haigh) et Johnny (Patrick McAuley). Mais c’est Janet, la plus âgée des quatre enfants, qui devient le centre de phénomènes étranges qui surviennent dans la maison. Somnambule, la jeune fille se déplace la nuit et converse avec une entité qui prend l’apparence d’un vieil homme. Ce dernier, qui dit s’appeler Bill Wilkins, affirme que cette maison est la sienne et que les Hodgson doivent la quitter sur le champ. Croyant tout d’abord à un canular de ses enfants, Peggy est témoin à son tour de ces terribles événements qui les obligent à vivre chez leurs voisins le temps que les choses se calment. Les médias britanniques s’emparent alors de l’affaire, et c’est au cours d’une interview que Janet se retrouve possédée par l’esprit de Bill Wilkins, qui affirme avoir vécu et être mort dans cette maison il y a des années. Il veut visiblement tourmenter les Hodgson et les inciter à fuir leur demeure. C’est alors qu’Ed et Lorraine Warren décident finalement d’intervenir, et doivent d’aborder prouver que l’affaire n’est pas une vaste supercherie, comme l’affirme Anita Gregory (Franka Potente), célèbre parapsychologue allemande qui étudie le cas et considère que tout a été inventé de toute pièce par les enfants. Mais au fur et à mesure que l’affaire évolue, plus rien ne semble sûr, et les convictions des uns et des autres vont être ébranlées face à une vérité sombre et terrifiante.

En s’inspirant du « Poltergeist d’Enfield », James Wan signe un second opus dans la continuité du précédent. Si vous aimez les films de maison hantée, les scare jumps à répétition, les apparitions démoniaques et les phénomènes paranormaux angoissants, « The Conjuring 2 » devrait pleinement vous ravir. Le cinéaste reprend les grandes lignes de cette affaire ultra documentée et largement médiatisée à l’époque, même s’il a quasiment été prouvé que toute l’affaire avait été inventée de toute pièce par la fille aînée de la famille, comme semble par ailleurs le suggérer le film lui-même, avant de nous amener à un twist final particulièrement redoutable. « The Conjuring 2 » joue par ailleurs habilement sur le concept de véracité et de rationalisation de ce genre d’affaire de poltergeist et d’apparitions paranormales. Le scénario s’épaissit davantage en traitant en parallèle le cas Enfield et l’histoire de Lorraine Warren, qui devient ici l’un des principaux protagonistes du récit, et notamment à travers ses visions angoissantes d’une vieille nonne maléfique et d’une prédiction funèbre annonçant la mort d’Ed. La médium est ainsi capable de ressentir la présence d’entité maléfique mais a bien du mal à ressentir quoique ce soit chez les Hodgson (ce qui renforce d’autant plus la thèse d’un canular). En revanche, le film s’avère bourré de longueurs et peu intéressant dans toute sa première partie : on est véritablement lassé par ces interminables scènes clichées d’objets qui se déplacent tout seul, de bruits de portes, de lévitation ou d’autres mouvements incongrus et surnaturels. On a déjà vu tout cela mille fois auparavant et force est de constater que James Wan n’a pas grand chose à raconter durant les 50 premières minutes du récit – à noter une scène supposée être terrifiante mais parfaitement kitsch et ridicule, où un chien se transforme en un bonhomme géant qui terrorise un enfant : comment peut-on prétendre encore aujourd’hui terroriser le public de 2016 avec une scène aussi nulle ? -

En revanche, les quelques rebondissements amenés durant le second acte du film nous sortent enfin de la torpeur et apportent un intérêt supplémentaire à un film qui commençait déjà à tourner dangereusement en rond. Dès lors, le film s’assume enfin comme un vrai tour de train fantôme et fait monter crescendo la peur et l’angoisse avec l’énigmatique personnage de la nonne maléfique. La réalisation de James Wan s’inscrit dans la continuité de ses précédents travaux : le cinéaste maîtrise parfaitement les cadres et les découpages pour rythmer ses différentes scènes et amener la terreur là où on ne l’attend pas forcément. Dommage cependant que certains éléments soient ultra prévisibles, et que l’ensemble manque cruellement d’inspiration. Les recettes sont toujours les mêmes et « The Conjuring 2 » ne prend aucun risque particulier. On se retrouve par ailleurs face à un produit de consommation lisse où le grand-guignol n’a pas sa place – tout est davantage suggéré ici – Et comme dans le premier film, on y retrouve les thèmes des croyances religieuses, de l’amour familial et de la foi comme seule arme contre les spectres maléfiques : rien de bien neuf à l’horizon ! Patrick Wilson et Vera Farmiga s’imposent à nouveau dans le rôle du couple Warren même si Lorraine a ici un rôle plus développé et plus conséquent. De son côté, Ed tente de s’improviser père de famille au détour d’une scène un peu nunuche où il chante (mal) du Elvis Presley devant des enfants en manque de repère paternel. Si pour vous le cinéma d’épouvante moderne se résume à « Insidious », « Paranormal Activity » ou « Annabelle », alors « The Conjuring 2 » devrait vous satisfaire pleinement. Pour les autres qui préfèrent un cinéma horrifique plus conséquent, plus radical et subversif, il ne leur restera plus qu’à passer leur chemin et à se tourner vers d’autres productions bien plus passionnantes !

Joseph Bishara rempile à la musique de « The Conjuring 2 », après avoir signé un nombre conséquent de partitions à suspense pour des productions similaires par le passé. En seulement quelques années, le compositeur s’est ainsi spécialisé dans ce registre qu’il maîtrise parfaitement : « Night of the Demons » (2009), « Insidious » (2011), « 11-11-11 » (2012), « The Conjuring » (2013), « Dark Skies » (2013), « Annabelle » (2014) ou « The Vatican Tapes » (2015), autant de titres qui permirent à Bishara de se conforter dans un certain style de cinéma pour lequel il semble travailler quasi exclusivement (le compositeur a avoué à plusieurs reprises apprécier tout particulièrement ce type de cinéma). Sans surprise, le score de « The Conjuring 2 » mélange orchestre, choeur et électronique dans un registre similaire à ce que Bishara a fait sur le premier film en 2013. Résolument atmosphérique, la musique débute de manière inquiétante dans « Enfield Opening » et « As Close To Hell », avec ses choeurs masculins oppressants et ses cordes dissonantes lugubres. Habitué aux musiques avant-gardistes et atonales, Joseph Bishara concocte une partition sinistre et envoûtante qui apporte une ambiance terrifiante aux images du film de James Wan. A 1:32, on appréciera le travail des voix aux sonorités religieuses et mystiques, rappelant le score du film « 11-11-11 ». On y découvre aussi un premier sursaut de cordes stridentes et dissonantes aux sonorités anarchiques dans la lignée de « Insidious » et « Annabelle ». Les choeurs imposent une dimension résolument gothique à l’ouverture (« The Conjuring 2 ») tout en annonçant la tonalité démoniaque et maléfique du film.

« It Isn’t Real » est l’un des rares moments calmes du score pour lequel Bishara emploie piano et cordes pour évoquer le quotidien de Peggy et sa famille à Enfield au début du film. « Tented Entity » instaure ensuite un malaise avec ses sonorités furtives et ses assauts orchestraux de terreur pure constitués de clusters de cordes et de cuivres vrombissants – on est clairement très proche ici de la musique aléatoire/bruitiste du milieu du XXe siècle – « Asserted Presence » illustre l’idée d’une présence maléfique dans la maison de Peggy et ses enfants à l’aide de sonorités réverbérées de piano et de cordes lugubres. Comme à son habitude, Joseph Bishara travaille les masses sonores et conçoit une partition atonale où les mélodies sont reléguées au second plan, avec une alternance habile entre les silences et les sursauts de terreur incluant des choeurs gothiques ténébreux. L’approche n’est certes guère originale en soi mais s’avère bien plus intense et spectaculaire que dans la musique du premier « Conjuring ». « Jarred Awake » développe les cordes dissonantes avec une pulsation synthétique évoquant un étrange battement de coeur répétitif. « Nun Painting » évoque la scène où Lorraine découvre la peinture de la nonne maléfique peinte par son mari et se retrouve traquée par l’esprit démoniaque de la nonne. Ici aussi, Bishara joue habilement sur les silences avant de lâcher un énième assaut orchestral de terreur brute, nous plongeant dans une ambiance cauchemardesque à l’aide de sonorités électroniques tordues et de choeurs masculins macabres.

« Old Man Bill » va plus loin dans l’utilisation des voix en incluant d’étranges effets aléatoires d’une soprano soliste, accompagnée de chuchotements et de clusters gutturaux des choeurs d’hommes. Bishara expérimente ici à la manière des compositeurs d’avant-garde en mettant l’accent sur les voix pour évoquer la présence du maléfique Bill Wilkins dans la maison des Hodgson. Bishara connaît la musique et reprend toutes les formules habituelles du genre, expérimentant dans une esthétique atonale/bruitiste plutôt réussie et foncièrement non-hollywoodienne (on pense parfois aux travaux horrifiques de Christopher Young dans les années 90). « From the Grave » fait monter la tension en renforçant l’atmosphère cauchemardesque du récit, incluant une utilisation adroite des voix féminines aiguës (vers 2:54) aux consonances liturgiques. Le travail des voix s’intensifie dans le brutal « Crooked Moving » où les masses sonores deviennent plus anarchiques dans le film, Bishara travaillant les timbres avec une inventivité constante. Le milieu du film permet au compositeur de relâcher la tension au détour de moments plus calmes et mélodiques (« Cross Room », « Psychic Sharing », « Changes Everything ») alors que les Warren tentent de percer le mystère Enfield et de découvrir la vérité au sujet de l’énigmatique Bill Wilkins qui hante la maison des Hodgson. Puis, très vite, l’angoisse reprend le dessus avec « Not A Heaven Man », et ses sonorités électroniques ondulantes et surréalistes. La terreur explose dans le violent « Submerged Entity » ou « Help It Let Go » et ses percussions métalliques entêtantes et déterminées.

« Dual Levitation » permet à Bishara de nous offrir un nouveau crescendo d’angoisse basé sur les choeurs d’hommes qui prennent ici une tournure plus massive dans le film, alors que les Warren réalisent qu’une autre entité se trouve chez les Hodgson et contrôle le fantôme de Bill Wilkins. « Souls Cast Out » fait ainsi monter la tension avec un climat de panique et d’urgence par le biais de percussions agressives et de sonorités stridentes et torturées. La confrontation contre le démon débute dans « What’s Your Name » avec une utilisation plus conventionnelle des cordes et des cuivres, confrontation qui s’intensifie dans les 30 secondes anarchiques et cacophoniques de « Crooked Face » et le massif et explosif « Demon Clled ». Enfin, l’histoire touche à sa fin dans « She’s Alive » et ses cordes plus apaisées. Joseph Bishara nous offre donc un énième score horrifique et gothique pour « The Conjuring 2 », une partition dans la droite lignée du précédent opus, plus massive et frénétique, avec une large part accordée aux voix. Le compositeur aime expérimenter autour des masses sonores et des timbres, livrant une énième partition d’épouvante parfois cacophonique mais non dénuée d’intérêt, judicieusement placée sur les images et très immersive en écoute isolée. On regrettera néanmoins le manque de surprise d’un score qui semble recycler tout ce que le compositeur a déjà fait auparavant, alors que les musiques horrifiques de Joseph Bishara semblent tourner dangereusement en rond depuis quelques années : peut-être est-il temps que le compositeur change de registre et se décide enfin à passer à autre chose ?




---Quentin Billard