1-The Dutchman 2.51
2-A Capable Boy 1.33
3-A Model Citizen 1.19
4-Bye Bye Blackbird 3.20*
5-Rebecca 1.23
6-A Girl Who's Not Named Lola 0.48
7-Oyfn Pripetshok
(On The Heart) 1.56**
8-Manhattan 0.40
9-Bathgate Avenue 0.48
10-I'm Not In The Mood for Love 2.14***
11-Killer Of Dreams 2.09
12-To The Fields Of Onondaga 1.48
13-Latest Development 1.43
14-I Get A Kick Out Of You 1.27+
15-Miss Lola Miss Drew 1.53
16-A Country Town 0.41
17-Irving & Otto 1.25
18-My Romance 1.56++
19-A Chase At The Races 3.14
20-Drew Preston 3.32
21-Billy Bathgate 4.05

*Ecrit par R. Henderson, M. Dixon
Arrangé et conduit par
Dick Hyman.
Chanté par Rachel York
**Children's Vocal/Inst.
Ecrit par M. Warshawsky
Arrangé par M. Isham
***Ecrit par J. McHugh et D. Fields
+Ecrit par C. Porter
++Ecrit par R. Rodgers & L. Hart.

Musique  composée par:

Mark Isham

Editeur:

Milan Records 262 495

Produit par:
Mark Isham
Conduit par:
J.A.C. Redford
Monteur musique:
Todd Kasow
Mixage score:
Stephen Krause

Artwork and pictures (c) 1991 Touchstone Pictures. All rights reserved.

Note: ***1/2
BILLY BATHGATE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Mark Isham
« Billy Bathgate » est un film de gangster réalisé par Robert Benton (réalisateur de « Kramer vs. Kramer ») et adapté du roman de E.L. Doctorow. C’est l’un des rares films que Benton n’a pas scénarisé lui-même. Le film sort en salles en 1991 dans une certaine indifférence, la critique le comparant à une variante tiédasse des films de mafieux de Martin Scorsese. « Billy Bathgate » s’inspire de l’histoire vraie de Dutch Schultz (Dustin Hoffman), un célèbre gangster qui sévit à New York dans les années 1930. On y suit l’histoire de Billy Behan « Bathgate » (Loren Dean), jeune ado pauvre des quartiers du Bronx qui décide d’attirer l’attention de Dutch Schultz afin de travailler pour lui et de gagner sa vie en devenant son homme à tout faire. Cynique et paranoïaque, Schultz décide de faire exécuter son partenaire Bo Weinberg (Bruce Willis), qu’il soupçonne de l’avoir trahi pour l’un de ses rivaux. Billy est présent et assiste terrifié au meurtre de Weinberg. Schultz entretient ensuite une relation avec la compagne de Weinberg, Drew Preston (Nicole Kidman), une jeune femme séduisante et mariée, qui devient la maîtresse officieuse de Schultz. Mais avant de mourir, Bo Weinberg demande à Billy de veiller sur Drew quoiqu’il arrive, quoiqu’il puisse se passer. Et alors que Schultz doit faire face à un procès largement médiatisé à New York, Billy est chargé d’assurer la protection de Drew et de passer du temps avec elle afin de l’éloigner des combines mafieuses de Schultz et sa bande. Lorsque Billy réalise que Dutch a décidé d’éliminer la jeune femme qui en sait maintenant beaucoup trop, le jeune homme, qui est tombé amoureux de la belle Drew, va tout mettre en oeuvre pour tenter de sauver la vie de sa protégée.

Réalisé avec des moyens conséquents et produit par Touchstone Pictures – la filiale de Disney – « Billy Bathgate » est une solide reconstitution du New York des années 30 qui reprend les grandes lignes du roman de E.L. Doctorow même si l’auteur a avoué ne pas avoir apprécié le fait que le scénariste Tom Stoppard ait pris quelques libertés par rapport au texte original. Le film réunit un casting prestigieux incluant Dustin Hoffman, Nicole Kidman, Bruce Willis, Steven Hill, Stanley Tucci, Steve Buscemi et Mike Starr (déjà aperçu l’année d’avant dans le « Goodfellas » de Scorsese en 1990) et nous plonge dans le monde clos et dangereux de la pègre new-yorkaise, vu à travers les yeux d’un adolescent débrouillard qui deviendra le larbin d’un mafieux influent – brillamment campé par un Dustin Hoffman impeccable, violent et glacial, très éloigné de ses rôles habituels – avant de retourner sa veste par amour pour la femme qu’il va protéger, incarnée par la séduisante et envoûtante Nicole Kidman. Hélas, malgré quelques bonnes idées, des scènes violentes et un scénario plutôt bien troussé, le film a bien du mal à décoller en raison d’une mise en scène totalement transparente et d’un manque d’originalité, de singularité dans la réalisation. Produit pour 48 millions de dollars, le film sortira en 1991 et n’en rapportera qu’à peine 15 millions, constituant un échec cuisant pour Robert Benton qui signait là l’un des films les plus coûteux de sa carrière. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que le cinéaste reviendra à un genre plus intimiste quelques années après en signant le sympathique (mais dispensable) « Nobody’s Fool » avec Paul Newman en 1994.

« Billy Bathgate » permet au compositeur Mark Isham de nous offrir une partition orchestrale dramatique et atmosphérique, reflétant son goût pour les musiques jazzy plus intimistes. Le compositeur a d’ailleurs été choisi suite à ses travaux sur des thrillers dramatiques comme « Everybody Wins », « Mortal Thoughts » ou « Reversal of Fortune » (1990) – on se souvient par ailleurs que 1991 était une année majeure pour Mark Isham qui allait connaître un certain succès sur le film culte « Point Break » - Le film débute dans « The Dutchman » avec une ambiance sombre et mélancolique. Isham utilise ici des sonorités électroniques glauques brumeuses, de piano dans le grave et des contrebasses latentes pour l’ouverture du film évoquant la mort de Bo Weinberg sur le bateau. La deuxième partie de « The Dutchman » s’oriente vers un style plus intimiste à base de bois et de cordes mélancoliques du plus bel effet. Mark Isham dévoile son thème principal au cor anglais à 1:25 associé à Billy Bathgate dans le film. Le thème est ensuite intégralement repris aux cordes au début de « A Capable Boy » qui évoque l’exubérance et l’enthousiasme du jeune Billy au début du film, alors que le jeune homme va tout faire pour attirer l’attention de Dutch Schultz et travailler pour lui. « A Capable Boy » met l’accent ici sur des vents, des cordes et des percussions bondissantes : entre les bois, les cuivres, la caisse claire et le xylophone, le morceau s’avère résolument classique et orchestral dans son écriture, plus proche des musiques d’aventure/comédie du compositeur.

« A Model Citizen » s’avère plus rafraîchissant avec sa mélodie aérienne sur fond de pizz sautillants. Le morceau dévoile ici le second thème de la partition, mélodie plus légère au ton ‘americana’ qui évoque la petite ville paisible d’Onondaga, où Schultz tente de se faire passer pour un citoyen modèle respectueux de la population. La musique évoque ici un climat d’insouciance et d’exubérance fort plaisant dans le film, le calme avant la tempête. « Rebecca » reprend quand à lui le thème principal aux cordes sur un ton plus intime et mélancolique rappelant le final de « The Dutchman ». Même chose pour « A Girl Who’s Not Named Lola » où Isham développe son thème de manière touchante, évoquant les sentiments de Billy et sa volonté d’avoir un meilleur avenir grâce à son travail pour Schultz – la musique annonce clairement ici les futures partitiones de « Nell » et « A River Runs Through It » - Même chose pour « Manhattan », tandis que « Bathgate Avenue » reprend les bois, les cuivres et les cordes bondissantes de « A Capable Boy ». Mais le rêve ne peut durer éternellement et, comme son nom l’indique avec perspicacité, « Killer of Dreams » vient rompre le charme et ramener Billy dans la dure réalité. On retrouve ici les sonorités sombres et menaçantes du début de « The Dutchman », avec un renfort des bois graves (bassons, clarinette basse) et des cordes plus tragiques et amères. « To the Fields of Onondaga » reprend le thème idyllique et pastoral de la ville d’Onondaga et tente de brouiller les pistes en accentuant la duperie de Schultz qui veut se faire passer pour un citoyen modèle afin de gagner son procès. A ce sujet, « A Country Town » se distingue par sa fougue et sa légèreté orchestrale avec son écriture évoquant vaguement Aaron Copland.

« Latest Developement » s’avère plus romantique et touchant en évoquant la romance entre Billy et Drew, avec une série de variations plus intimes autour du thème principal. A contrario, « Irving & Otto » nous ramène dans la dure réalité de la vie des gangsters avec une musique plus sombre et menaçante à base de sonorités graves et oppressantes incluant un piano électrique. Le travail autour des éléments électroniques devient plus présent dans « A Chase at the Races » durant la longue séquence où Billy fonce à l’hippodrome pour empêcher que Drew soit abattue par Irving (Steve Buscemi), un homme de main de Schultz. Isham fait ici monter la tension de manière admirable avec ses traits instrumentaux plus nerveux et inventifs. A noter ici l’emploi du piano, des notes répétées des cuivres et des nappes sonores de contrebasses/clarinette basse tendues du plus bel effet. Isham s’avère très inventif dans les passages à suspense, notamment dans sa manière de jouer sur les couleurs instrumentales et les éléments électroniques. La tension monte d’un cran dans « Drew Preston » avec ses rythmes scandés nerveusement et ses cuivres imposants façon Bernard Herrmann. Isham parvient à capter toute la tension de la séquence de l’hippodrome en débouchant sur une seconde partie plus romantique et passionnée aux cordes de toute beauté, alors que Drew est enfin sauvée et réussit à s’échapper.

Le thème est repris ensuite une dernière fois dans « Billy Bathgate » mais sans la fougue du début. Billy a réalisé que cette vie n’était pas faite pour lui et décide de tourner la page après que Schultz et sa bande aient été liquidés dans un bar. Il y a dans « Billy Bathgate » un sentiment de soulagement, de paix intérieure retrouvée grâce au retour triomphant du thème principal qui conclut le récit sur une note plus optimiste.Mark Isham signe donc une assez belle partition pour « Billy Bathgate », visiblement inspiré par son sujet malgré le manque d’originalité de l’ensemble. Isham n’hésite pas à exploiter plusieurs directions tout au long du film pour satisfaire les besoins narratifs du métrage de Robert Benton : passionnée, romantique, légère, exubérante, sombre et parfois même tendue, la musique de « Billy Bathgate » témoigne du savoir-faire évident du compositeur dans l’une de ses meilleures périodes musicales (le début des années 90), car si ce score n’est certainement pas un méga hit dans la filmographie de l’artiste, il n’en demeure pas moins très réussi et parfaitement adapté au film de Benton, un score de qualité, très soigné et bien pensé, qui devrait aisément séduire les fans de Mark Isham.



---Quentin Billard