tr> |
1-Serene Family 4.11
2-An Unusual Approach 7.07 3-With Energy And Decision 2.07 4-Virtual Reality 6.24 5-Preparation And Victory 4.04 6-Disclosure 0.49 7-Sad Family 1.29 8-Unemployed! 1.10 9-Sex And Computers 2.50 10-Computers And Work 2.00 11-Sex And Power 2.33 12-First Passacaglia 4.21 13-Second Passacaglia 1.41 14-Third Passacaglia 4.33 15-Sex, Power And Computers 4.23 Musique composée par: Ennio Morricone Editeur: Virgin Records 40162 2 7 Musique orchestrée et conduite par: Ennio Morricone Orchestre: Unione Musicisti Di Roma Direction de la musique pour Warner Bros: Gary LeMel Producteur exécutif de l'album: Barry Levinson Artwork and pictures (c) 1994 Warner Bros. All rights reserved. Note: ***1/2 |
DISCLOSURE
|
|
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
|
|
Music composed by Ennio Morricone
|
|
« Disclosure » (Harcèlement) est l’adaptation cinématographique du roman éponyme de Michael Crichton publié en 1994, et réalisé la même année par Barry Levinson. Tom Sanders (Michael Douglas) est cadre dans une prestigieuse compagnie informatique nommée DigiCom qui fabrique des composants technologiques de haute précision. L’entreprise vient de mettre au point un CD-ROM interactif révolutionnaire qui permet aux utilisateurs d’explorer une nouvelle dimension de réalité virtuelle. Tom s’attend à être nommé nouveau vice-président de la compagnie dirigée par Bob Garvin (Donald Sutherland), mais le poste est finalement confié à Meredith Johnson (Demi Moore), une jeune femme dont le parcours reste assez énigmatique, hormis pour Tom, qui est sorti avec elle il y a quelques années. Un soir, alors que Meredith invite Tom dans son bureau pour discuter des dossiers en cours, la jeune femme décide de faire des avances sexuelles à Tom, mais ce dernier, qui est marié et père de deux enfants, décide de repousser Meredith. Furieuse d’être ainsi repoussée de la sorte, Meredith menace ouvertement Tom de représailles et décide d’orchestrer une vengeance impitoyable contre Sanders. Le lendemain, Tom découvre que Meredith a lancé des poursuites pour harcèlement sexuel à son égard. Désireux d’éviter qu’un scandale n’entache la réputation de DigiCom, Bob Garvin propose à Tom de quitter la société en échange de l’abandon des poursuites, mais Sanders sait que s’il fait ça, il perdrait toutes ses options et serait ruiné. Peu de temps après, Tom reçoit un mystérieux e-mail d’un inconnu qui se nomme « A Friend ». Ce dernier décide de l’aider à travers des messages énigmatiques en lui recommandant de se défendre contre Meredith. Tom décide alors de faire appel à Catherine Alvarez (Roma Maffia), une avocate spécialisée dans les affaires de harcèlement sexuel et porte plainte à son tour contre DigiCom en accusant Meredith d’être l’auteur du harcèlement sexuel.
« Disclosure » devait être confié à l’origine à Milos Forman mais ce dernier finit par quitter le projet suite à des différends artistiques l’opposant à Michael Crichton. La production du film décida finalement de confier « Disclosure » à Barry Levinson, bien qu’Alan J. Pakula fut un temps envisagé pour succéder à Milos Forman. Quand au rôle-clé de Meredith Johnson, il fut confié à l’origine à Annette Bening qui dut finalement se retirer du projet après être tombée enceinte avant d’être finalement remplacée par Demi Moore. Tourné à la manière d’un thriller psychologique, « Disclosure » doit beaucoup à son scénario habilement exécuté, ces scènes un brin paranoïaques où Michael Douglas discute avec ses collègues dans son bureau entièrement constitué de grandes baies vitrées, ce qui permet à son collègue Philip (Dylan Baker) de l’observer discrètement, et inversement, un effet de mise en scène hitchcockien plutôt bien exploité dans le film. Le film tire aussi avantage des décors urbains modernes de Seattle et d’un casting impeccable – Michael Douglas s’imposa au début des années 90 comme un spécialiste des thrillers sulfureux après le succès de « Fatal Attraction » d’Adrian Lyne en 1987 et de « Basic Instinct » de Paul Verhoeven en 1992 - « Disclosure » aborde un sujet délicat, celui du harcèlement sexuel au travail, à travers le personnage de femme fatale brillamment incarnée par une Demi Moore diabolique et revancharde, ce qui a valut au film quelques critiques de mouvements féministes qui n’ont guère apprécié la description hystérique du personnage féminin-clé du métrage de Barry Levinson. Le réalisateur parvient à construire autour de son intrigue un excellent jeu de piste et un suspense haletant, notamment à travers l’évocation de technologies modernes à l’époque en 1994 : de mystérieux e-mails qui servent de fil conducteur dans le scénario, des téléphones portables nouvelle génération et même des scènes de réalité virtuelle conçues par les artistes d’ILM. Très vite, le script du film évolue vers une histoire de conspiration, de manipulation et de jeux de dupe assez conventionnel mais formidablement exécuté, même si l’on a quelque fois une impression de déjà-vu (d’autant que le film reste très typé de ces thrillers hollywoodiens que l’on produisait à la chaîne dans les années 90). Le film restera un gros succès au box-office puisqu’il coûtera 55 millions de dollars et en rapportera plus de 214, un très beau chiffre qui permet à « Disclosure » de devenir l’un des hits de la carrière du réalisateur de « Rain Man » et « Good Morning Vietnam », et ce même si les critiques sont restées très mitigées à l’égard du film de Barry Levinson. La partition musicale a été confiée à Ennio Morricone, le maestro italien saisissant l’occasion de nous offrir avec « Disclosure » une nouvelle partition à suspense envoûtante et captivante comme il sait si bien le faire. Enregistrée en Italie avec les musiciens du Unione Musicisti Di Roma (l’orchestre fétiche du compositeur), la partition de « Disclosure » démarre avec délicatesse dans « Serene Family » qui évoque la chaleur familiale de Tom Sanders au début du film. Morricone élabore ici une mélodie essentiellement dominée par des bois fluides et gracieux sur fond de cordes chaleureuses et d’accompagnement de guitare électrique. On retrouve ici un style qui rappelle parfois les musiques plus mélodiques d’Ennio Morricone sur certains films français des années 80. « An Unusual Approach » développe pendant près de 8 minutes le second thème du score, un énigmatique motif de 6 notes très présent tout au long du récit. Le thème est associé au harcèlement que subit Tom de la part de Meredith et son combat qu’il livre pour sauver son honneur et faire triompher la vérité dans son procès l’opposant à la jeune femme et l’entreprise qui l’emploie. Morricone développe ici des orchestrations très riches, oscillant entre des cordes en trémolos, un saxophone langoureux, des bois, des cuivres amples et des synthétiseurs mystérieux. Le maestro parvient à faire monter la tension comme il sait si bien le faire, avec son style thriller habituel et son inventivité si personnelle. Plus étonnant, « With Energy and Decision » dévoile des sonorités rock assez rares chez Morricone à l’aide d’effets de guitare électrique et le retour du thème principal de 6 notes développé dans un superbe contrepoint entre les différents pupitres de l’orchestre sur fond d’ostinato de piano, de guitare et de percussions. On retrouve ici un style suspense qui rappelle les musiques de thriller américain de Morricone comme « The Untouchables » (1987) ou « In the Line of Fire » (1993). Plus intéressant, le thème est largement repris dans l’étrange « Virtual Reality » durant la scène où Tom explore le CD-Rom interactif dans la séquence de réalité virtuelle à la recherche de réponses concernant la conspiration à laquelle se retrouve mêlée Meredith. Morricone expérimente ici autour d’effets avant-gardistes des cordes (pizzicati aléatoires) et des synthétiseurs sur fond de ponctuations dissonantes des cuivres et des timbales. Le maestro fait monter la tension à travers une série de variation sur le motif principal qui symbole ici la menace et le danger, alors que Bob Garvin se rapproche de la chambre d’hôtel où Tom est en train d’essayer l’appareil de réalité virtuelle. Les synthétiseurs et la guitare électrique évoquent clairement ici l’idée de la technologie moderne montrée dans le film de Barry Levinson, permettant à Morricone d’expérimenter comme il sait si bien le faire. Le thème de 6 notes revient aussi dans « Preparation and Victory » qui débouche sur une coda triomphante pour la fin du film, lorsque Tom Sanders est définitivement innocenté et que Meredith perd son emploi chez DigiCom – on regrettera néanmoins le côté un peu facile et très appuyé de cette coda triomphante, qu’on aurait aimé un brin plus subtil et délicate – « Sad Family » évoque les ennuis de Tom vers le début du fil lorsqu’il se retrouve au bord du licenciement. On retrouve ici le style plus mélancolique et intime cher à Ennio Morricone, notamment dans l’écriture de cordes plus caractéristique de ses musiques lyriques des années 70/80, avec des allusions ici au thème familial de Tom. « Unemployed ! » développe de façon similaire une ambiance de douce mélancolie partagée entre les cordes et un saxophone langoureux de toute beauté, typique du maestro italien. Le motif obsédant de 6 notes est repris de nouveau dans « Sex and Computers », où l’on retrouve aussi le travail plus expérimental autour des synthétiseurs évoquant le monde de l’informatique et des technologies ultra modernes (celles de la réalité virtuelle). Morricone va d’ailleurs plus loin dans le travail de l’électronique avec « Computers and Work » où il s’essaie au style de la musique électro-acoustique qu’il maîtrise amplement depuis des décennies. Le thème est ensuite repris dans « Sex and Power » suggérant clairement la menace de la diabolique Meredith, prête à tout pour détruire la vie de Tom Sanders. Enfin, Morricone nous propose trois variations autour de ce thème entêtant sous la forme de trois Passacaille, un genre musical essentiellement contrapuntique qui consiste à répéter une mélodie variée sur une basse obstinée – il s’agit à l’origine du danse espagnole originaire de la Renaissance – Le motif principal de 6 notes sert ici d’ostinato mélodique pour la Passacaille qui devient réellement obsédante et inquiétante durant ces trois pièces intenses. D’une façon générale, le thème apporte un éclairage psychologique impressionnant à la musique de « Disclosure ». Morricone parvient à capter toute l’intensité du récit à travers les nombreuses déclinaisons et répétitions obsédantes de ce motif sournois qui se glisse insidieusement dans les images du film et qui prend tout son sens sur l’album à travers ses trois Passacailles diaboliquement entêtantes. Ennio Morricone signe donc un score captivant et très réussi pour « Disclosure », même si cette BO reste un effort mineur dans la gigantesque filmographie d’exception du maestro italien. Le compositeur prolonge ici son travail sur les thrillers hollywoodiens de la fin des années 80 et s’autorise quelques expérimentations sonores intéressantes autour de l’électronique ou de quelques éléments rock intégrés à l’orchestre. La musique de « Disclosure » apporte une tension et une atmosphère particulière au film de Barry Levinson qui, comme d’habitude, s’apprécie autant sur les images que sur l’album où l’on peut apprécier les différents détails d’un score assez riche bien que sans réelle surprise de la part de Morricone. Les fans apprécieront à coup sûr cette partition thriller fort intéressante bien que guère originale en soi. ---Quentin Billard |