1-eXistenZ by Antenna 3.07
2-MetalFlesh Game-Pods 3.05
3-Reality Bleed
Through Effect 1.55
4-UmblyCord 1.14
5-Organis Pod Technology 1.33
6-Pop Your Spine with
A Little Hydro-Gun 2.08
7-A Genuine Game Urge 1.29
8-Insect Boards 2.06
9-Original Marway
Tissue Architecture 1.01
10-Viral Ecstasy 4.13
11-Trout Farm 1.24
12-Genuis in a Game-Pod 0.53
13-What's So Special
About The Special? 2.27
14-Hypoallergenic Weapons 3.49
15-An Element of Psychosis 0.59
16-Traumatized Nervous
System 5.50
17-Anti-eXistenZialists 3.27
18-Industrial Espionage
Happens 0.52
19-TranscendenZ
By Pilgrimage 1.44
20-It Neural-Surged 3.11

Musique  composée par:

Howard Shore

Editeur:

RCA Victor
09026 63478-2

Album produit par
Howard Shore,
Suzana Peric

Monté par:
Suzana Peric

Artwork and pictures © 1999 Dimension Films/ Miramax Films. All rights reserved.

Note: ***
EXISTENZ
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Howard Shore
Le film de David Cronenberg, « eXistenZ », confirme le talent du cinéaste canadien pour les sujets torturés et dérangeants, dans lesquels il nous rappelle quelques uns de ses sujets de prédilection. Moins abouti qu’un « Videodrome » ou qu’un « Scanners », « eXistenZ » repose encore une fois sur un concept fort et plutôt insolite, à l’image de l’émission télévisée qui tue les gens dans « Videodrome ». Jennifer Jason Leigh interprète ici le rôle d'Allegra Geller, une jeune femme qui vient de mettre au point un tout nouveau système de jeu virtuel qui se branche sur un "bio-port" du corps humain, un système révolutionnaire nommé eXistenZ. La démonstration du dernier jeu d’Allegra Geller tourne alors au drame lorsqu’un commando de fanatiques opposés à la mécanisation de l’homme intervient et sème le chaos dans la salle. David Cronenberg - qui signe aussi le scénario du film - a joué tout au long de « eXistenZ » sur la confusion entre la réalité et la fiction du jeu, les deux étant incroyablement très ressemblants. Comme dans certains de ses films précédents, le réalisateur s’amuse à donner des formes organiques étranges aux objets technologiques : le bio-port qui ressemble à un anus, les câbles de connexion ressemblant à des cordons ombilicaux, les consoles de jeu qui ressemblent à des foetus, etc. Cronenberg joue avec des repères bien connus et tente de nous perdre en chemin, à l’image de ces joueurs qui finissent par confondre réalité et fiction. Ici, le monde des jeux vidéos virtuels est synonyme d’angoisse et d’aliénation - sans aucun doute une façon pour le cinéaste de critiquer les dérives des jeux vidéos, à une époque où l’on parle de plus en plus du problème de la violence dans les jeux et de son impact sur une bonne partie de la jeunesse d’aujourd’hui. Au final, moins abouti et moins profond que « Videodrome », « eXistenZ » s’avère être un très bon Cronenberg !

Encore une fois, le compositeur Howard Shore retrouve David Cronenberg sur « eXistenZ », pour lequel il nous livre une partition atmosphérique et sombre dans le style de « The Fly ». Utilisant l'orchestre symphonique habituel avec quelques éléments électroniques, Howard Shore a parfaitement réussi à retranscrire dans le film une certaine ambiance envoûtante et inquiétante, à l'aide d'un thème principal d'une dizaine de notes peu mémorable mais néanmoins très présent sous diverses formes tout au long du film. Le dit thème évoque clairement le mystère de ce jeu vidéo virtuel et de ses pouvoirs encore inconnus pour certains. Mais le caractère plutôt inquiétant du thème pourrait aussi suggérer le trouble entre réalité et fiction - sujet central du film de Cronenberg. C’est ainsi que, dès le générique de début, le thème principal s’affirme par son caractère résolument sombre et inquiétant, un thème typique d’Howard Shore, peu mélodique mais très efficace à l’écran.

Le reste de la musique de « eXistenZ » s’attache à illustrer les déboires d’Allegra et Ted Pikul (Jude Law) dans leur partie d'eXistenZ. La musique reste toujours aussi sombre avec cette atmosphère envoûtante vraiment très présente dans le film et aussi réellement impressionnante. La musique possède un côté très hypnotisant, un mystère plus qu’une menace, un côté séduisant et fascinant plus qu’angoissant, et ce même si certains passages s’avèrent être bien plus agités et agressifs que d'autres - la scène où Ted tue le serveur chinois dans le restaurant est illustrée par une musique effrayante, avec ses cuivres agressifs et dissonants. Quelques passages nous réservent ainsi leurs grands moments de terreur, et notamment pour les scènes de rebondissements mortels à l'intérieur du jeu lorsqu'un personnage est tué.

Fait intéressant : si, dans le film, le trouble entre réalité et fiction est assez fort et que la fin du film reste en suspend - laissant planer un ultime doute au sujet du jeu ou de la réalité, la musique semble être partout la même dans les deux cas, plutôt uniforme. On pourrait alors s’imaginer que la musique d’Howard Shore suggère simplement ce que l'on a du mal à discerner : que les personnages sont bel et bien depuis le début dans un gigantesque jeu qui en regroupe bien d’autres encore. Et si après tout la vie elle-même était un jeu ?

La musique de « eXistenZ » apporte un climat véritablement sombre et glacial au film de David Cronenberg, amplifié par l’apport de quelques synthétiseurs utilisés avec parcimonie dans la musique, et qui évoquent le caractère totalement artificiel du monde virtuel d'eXistenZ. Mais le plus surprenant reste sans aucun doute ce climat véritablement hypnotisant de la musique dans le film, avec la présence très répétée du motif principal d'une dizaine de notes - omniprésent tout au long de la partition - la musique suggérant ici cette attirance morbide pour un jeu duquel il devient très difficile de s’échapper. La musique d’Howard Shore reste donc imperturbablement sombre et atmosphérique, « eXistenZ » étant une musique assez difficile d’accès, tout à fait typique des musiques d’Howard Shore pour les films de David Cronenberg. Loin d'atteindre la qualité de certaines de ses précédentes partitions pour des films de Cronenberg, « eXistenZ » n'en demeure pas moins très réussi, à défaut d'être particulièrement original.



---Quentin Billard