1-Plastic Heart 2.05*
2-Shark Chevelle 1.18
3-Man Of Focus 3.24
4-Sumo Showdown 3.21
5-Peace and Vodka 3.00
6-Missing Helen 2.16
7-Back In The Ground 2.23
8-Santino 5.49
9-Walk To Museum 1.04
10-Guns and Turtlenecks 1.41
11-Wick In Rome 2.29
12-Suits Maps and Guns 5.05
13-Fool 2.59**
14-John Wick Mode 3.07***
15-Razor Bath 5.30
16-Catacombs 3.49
17-La Vendetta 3.40
18-Fountain Foes 2.07
19-Knives On A Train 2.42
20-Presto Museum Battle 2.54+
21-Mirror Mayhem 4.29
22-John Wick Reckoning 3.02
23-A Job To Do 4.51++

*Interprété par Ciscandra Nostalghia
Ecrit par Tyler Bates,
Joel J. Richard et Ciscandra Nostalghia
**Interprété par Ciscandra Nostalghia
Ecrit par Tyler Bates et
Ciscandra Nostalghia
***Ecrit et interprété par
Dylan Eiland
+Ecrit et interprété par
Joel J. Richard
++Interprété par Jerry Cantrell,
Tyler Bates et Gil Sharone
Ecrit par Jerry Cantrell
et Tyler Bates.

Musique  composée par:

Tyler Bates/Joel J. Richard

Editeur:

Varèse Sarabande 302 067 472 8

Produit par:
Tyler Bates, Joel J. Richard
Producteur exécutif:
Robert Townson
Musique additionnelle:
Justin Caine Burnett, Dieter Hartmann
Monteur musique:
Richard Henderson, Jen Monnar
Superviseur musique:
Joanne Higginbottom, John Houlihan
Direction finance musique:
Chris Brown
Manager musique film:
Ryan Svendsen

Artwork and pictures (c) 2017 Summit Entertainment/Thunde Road Pictures/87Eleven/Lionsgate/TIK Films. All rights reserved.

Note: ***
JOHN WICK : CHAPTER 2
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Tyler Bates/Joel J. Richard
Sorti en 2014, « John Wick » s’était rapidement imposé comme un énième actionner musclé et sanglant reposant entièrement sur les épaules de Keanu Reeves, parfait dans la peau d’un tueur à gages lié à une organisation secrète entièrement constituée d’assassins internationaux. Ce « John Wick Chapter 2 » sort finalement en 2017 et est de nouveau confié à Chad Stahelski, qui s’intéresse cette fois-ci aux événements qui surviennent quelques jours après ceux du premier épisode. Après avoir récupéré sa Ford Mustang Mach 1 dans un atelier de voitures volées dirigé par Abram Tarasov (Peter Stormare), le frère de Viggo assassiné dans le premier épisode, John Wick (Keanu Reeves) décide de prendre sa retraite et de se retirer du milieu. C’est alors qu’il reçoit chez lui la visite de Santino D’Antonio (Riccardo Scamarcio), un parrain de la mafia italienne qui lui demande de s’acquitter d’une dette – qui lui a permis autrefois de se retirer et d’épouser sa femme Helen – en lui présentant un Marqueur, un contrat marqué par un médaillon lié à un serment de sang. Malgré les avertissements de Santino, John Wick refuse le contrat en prétextant qu’il a pris sa retraite. Le mafioso italien décide alors de détruire la maison de John en guise de représailles. Wick survit à l’attaque et part se réfugier à l’hôtel Continental avec son chien. Winston (Ian McShane), le mystérieux propriétaire de l’hôtel, rappelle à John qu’il ne peut enfreindre les règles du milieu et qu’il doit honorer le contrat qui lui a été présenté. John finit par accepter la mission de Santino, qui lui demande ainsi d’exécuter sa soeur Gianna (Claudia Gerini) à Rome, afin de prendre sa place au conseil des hauts dignitaires de l’organisation criminelle. Une fois sa mission accomplie, Wick se retrouve alors pourchassé par Ares (Ruby Rose), le garde du corps de Santino, et Cassian (Common), le garde du corps de Gianna, qui se met en tête de venger la mort de sa patronne. Une fois de retour à New York, John Wick découvre que Santino a mis un contrat de sept millions de dollars sur sa tête. Il se retrouve désormais poursuivi par des hordes entières d’assassins et doit de nouveau affronter Cassian avant de réclamer l’aide de Bowery King (Laurence Fishburne), le seigneur du crime du monde souterrain de New York.

Avec un scénario un brin plus étoffé que dans le premier épisode, « John Wick : Chapter 2 » s’avère mieux réussi et parvient à contourner son statut de banale série-B d’action grâce à un script plutôt malin qui dévoile les dessous d’une gigantesque confrérie de criminels et d’assassins régie par une série de règles sacrées auxquelles tout le monde doit se conformer. Keanu Reeves reste égal à lui-même dans le rôle de John Wick, le tueur à gages vétéran et craint de tous, qui devient ici la cible numéro 1 à abattre. Cette fois-ci, point de mafia russe à l’horizon : notre héros revanchard et violent se retrouve aux prises avec une véritable armée d’assassins bien décidés à mettre la main sur les sept millions de dollars du contrat lancé par Santino. Chad Stahelski parvient ainsi à créer un climat anxiogène en instaurant une tension à chaque scène, alors que l’avenir de John Wick paraît bien incertain. Ayant enfreint lui-même les sacro-saintes règles de la confrérie, Wick se retrouve traqué partout où il va, abandonné par ses pairs, avec comme seule issue l’arrivée inopinée de Bowery King, campé par l’impeccable Laurence Fishburne. Visuellement impressionnant, « John Wick : Chapter 2 » s’impose par la qualité de sa photographie (signée Dan Lausten) et une séquence d’anthologie amenée à devenir culte : un combat dans une pièce remplie de miroirs, calquée sur le célèbre combat final de « Enter the Dragon » (1973), avec des éclairages psychédéliques ahurissants et un jeu d’angles fort troublant. On n’oubliera pas aussi de mentionner la superbe séquence de traque dans les catacombes romaines ou celle du combat dans le métro new-yorkais, deux autres séquences mémorables qui mettent la barre très haut, avec toujours plus de gunfights débridés, de saynètes sanglantes et de confrontations meurtrières. Le film s’impose aussi par son scénario qui met davantage l’accent sur la gigantesque société secrète d’assassins en plein coeur de ce second épisode, avec une dimension mythologique évidente – et notamment dans les noms de certains personnages : Charon, Ares, Cassian – Le succès de « John Wick : Chapter 2 » devrait ainsi conduire Chad Stahelski et son équipe à rempiler pour un troisième film qui devrait sortir dans quelques années si tout va bien.

Tyler Bates et Joel J. Richard rempilent à nouveau à la musique de « John Wick » sur ce deuxième chapitre 2 particulièrement musclé. Sans surprise, le score de « John Wick : Chapter 2 » est écrit dans la continuité de celui du film de 2014. Cette deuxième mouture reprend ainsi l’esthétique rock/électronique du premier épisode et décuple ici sa puissance par 10. Bates et Richard mettent les bouchées doubles et proposent un score beaucoup plus frénétique et agressif, comme le confirme « Shark Chevelle » et « Man of Focus » avec leurs riffs de basse frénétiques et leurs rythmiques bourrines de batterie, de guitare électrique saturée, de claviers et de synthés bourdonnants. A noter l’emploi d’une mandoline utilisée occasionnellement dans le film pour les scènes se déroulant à Rome, évoquant la culture italienne. Le thème principal de « John Wick » est repris ici dans le morceau « Plastic Heart », interprété par la chanteuse de rock indé Ciscandra Nostalghia et Le Castle Vania (projet de dance electro dirigé par DJ Dylan Eiland), chanson que l’on peut voir jouée sur scène lors d’une séquence à Rome, où Tyler Bates apparaît lui-même à l’écran en tant que membre du groupe. Les fans de musique électro-techno/rock alternatif apprécieront à coup sûr les expérimentations sonores du débridé « Sumo Showdown » accompagnant une scène de fusillade dans le hangar au début du film. A noter l’emploi de riff de guitare électrique dans « Peace & Vodka » pour la fin de la fusillade durant les 10 premières minutes du film. On appréciera aussi la reprise du thème de John Wick vers 2:20, totalement badass et indissociable du personnage de Keanu Reeves. « Missing Helen » tente de calmer le jeu en instaurant un climat plus mélancolique et solitaire lorsque John revient chez lui et réalise le vide de son existence (sa femme n’est plus là, il vit désormais seul). On notera ici l’emploi réussi de quelques cordes et d’un piano.

Dans « Back In The Ground », Tyler Bates et Joel J. Richard accompagnent la scène où John Wick range ses dernières armes dans son compartiment secret sous terre, prêt à prendre une retraite bien méritée. Les deux musiciens reprennent ici le thème de John Wick avec ses accents rock reconnaissables. Mais alors que l’on pensait que tout était enfin terminé, « Santino » vient nous ramener à la dure réalité : on ne peut pas échapper à sa propre nature ! Un violoncelle soliste vient s’insinuer sournoisement ici dans la musique pour évoquer les intentions malfaisantes de Santino D’Antonio, lorsque ce dernier vient convaincre John Wick d’accepter un dernier contrat pour payer sa dette. En plus du violoncelle, Santino est associé ici aux trémolos de mandoline évoquant encore une fois les origines italiennes/romaines du personnage, sans oublier l’apport d’une cithare. Les rythmes rock reprennent le dessus dans « Guns & Turtlenecks » puis « Wick in Rome » illustre l’arrivée de John à Rome à l’aide d’un morceau très réussi dans lequel Bates et Richard évoquent Rome à l’aide d’un violoncelle et de voix opératiques quasi baroques, sur fond de rythmes électro modernes. Il y a un effort ici pour évoquer les décors italiens du film qui viennent apporter une nuance supplémentaire à un score somme toute assez monolithique et répétitif, qui n’hésite pas non plus à verser dans un sound design assez paresseux quand l’occasion s’en présente. « Suits Maps and Guns » évoque de son côté les préparatifs au combat avec ses rythmes rock/électro cool, ses riffs groovy de basse électrique et ses mélodies de claviers.

Tyler Bates profite aussi de la présence de ses complices Ciscandra Nostalghia et Le Castle Vania pour mettre ces artistes à contribution, et notamment dans « Fool » avec ses vocalises aiguës étonnantes, ou « John Wick Mode » et ses rythmes dance/techno tonitruants et déchaînés. On retrouve les sonorités italiennes dans « Razor Bath », lorsque Cassian retrouve le corps de Gianna dans sa baignoire ensanglantée. Le violoncelle, la mandoline et les voix opératiques sont ici reprises, baignant dans une atmosphère sombre et lugubre qui annoncent un deuxième acte plus violent et frénétique. La poursuite dans les catacombes romaines (« Catacombs ») est illustrée à grand renfort de rythmes frénétiques, de sonorités électroniques agressives quasi expérimentales et de percussions survoltées. A noter l’emploi d’une voix de ténor dans « La Vendetta » où la dimension italienne resplendit pleinement sur fond de trémolos de mandoline durant une autre reprise solide du thème principal de John Wick. Bates et Richard expérimentent aussi autour des rythmes et de l’électronique dans « Fountain Foes » jusqu’à l’affrontement avec Cassian dans le métro (« Knives On A Train »), autre passage percussif rock/électro totalement survolté, débouchant sur « Presto Museum Battle », séquence de la fusillade dans le muséum qui sample ici un segment classique du célèbre mouvement de l’été des « 4 Saisons » d’Antonio Vivaldi. La technique tient plus du remix de DJ que d’une composition réelle pour le cinéma, mais qu’importe, le résultat est particulier et impeccable à l’écran, reflétant une réelle envie d’expérimenter au-delà des conventions hollywoodiennes habituelles. La bataille dans la salle des miroirs (« Mirror Mayhem ») est un autre passage rock/électro tonitruant basé sur le sound design et plutôt sans surprise, avant la reprise finale du thème principal dans « John Wick Reckoning ».

Tyler Bates et Joel J. Richard se font donc plaisir sur « John Wick : Chapter 2 » et nous offrent un nouveau score d’action énergique et survitaminé dans lequel les deux compères expérimentent à profusion, entourés de quelques solistes de qualité et de bonnes trouvailles sonores. Les allusions à la culture musicale italienne disséminées de part et d’autre du score font mouche à chaque fois et permettent de rehausser le niveau d’un score finalement très conventionnel dans son approche rock/électro et sans grande originalité particulière. Bates et Richard reproduisent l’esthétique même de la musique du premier « John Wick » et apportent au métrage de Chad Stahelski une certaine violence musicale non dénuée de fun, avec son lot de rythmes trépidants, de riffs de guitare/basse, de loops déchaînés, de sound design et de superpositions sonores. Il ne fait aucun doute que les fans du premier film apprécieront à coup sûr la musique de « John Wick : Chapter 2 », mais pour les autres, cela risque d’être un brin plus compliqué, à moins d’être un inconditionnel de ce style musical assez particulier, qui s’écoute aussi bien sur les images qu’en écoute isolée, malgré le côté parfois répétitif et monolithique de l’approche. Comme pour le premier film, « John Wick : Chapter 2 » est un score efficace mais guère mémorable, écrit avec entrain et énergie mais sans grande envergure. Les deux musiciens restent en terrain conquis et se font plaisir dans ce qu’ils savent faire de mieux, mais force est de constater que la franchise des « John Wick » ne propose rien de réellement passionnant au niveau musical. Pour les fans du genre !




---Quentin Billard