1-The John 2.21
2-The Hanging 3.20
3-Bank Job 4.57
4-Jail Break 3.29
5-No Money 2.11
6-Ambush 5.48
7-I Shot Him 2.38
8-Josh's Death 3.45
9-No Bullets 3.54
10-My Land 6.51

Musique  composée par:

Jerry Goldsmith

Editeur:

Milan Records 22054-2

Montage de la musique:
Ken Hall
Album produit par:
Jerry Goldsmith

Artwork and pictures (c) 1994 20th Century Fox. All rights reserved.

Note: ***
BAD GIRLS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Jerry Goldsmith
Avec « Bad Girls », le réalisateur Jonathan Kaplan nous plonge dans le monde du Far-West à la fin du 19ème siècle, dans la ville d’Echo City dans le Colorado. Cody Zamora (Madeleine Stowe), Anita Crown (Mary Stuart Masterson), Eileen Spenser (Andie MacDowell) et Lilly Laronette (Drew Barrymore), quatre jeunes femmes de la ville, travaillent comme prostituée dans le saloon d’Echo City, jusqu’au jour où Cody abat un client qui maltraitait Anita. Sur le point d’être pendue, la jeune femme est sauvée par ses amies qui doivent prendre la fuite. Elles décident alors de changer de vie et de partir s’installer dans l’Oregon, obtenant enfin une concession et un peu d’argent pour pouvoir vivre décemment. C’est alors que leur passé les rattrape et que le sinistre Kid Jarrett (James Russo), une vieille connaissance, dérobe l’argent de Cody lors d’un hold-up de la banque. Les quatre femmes n’ont donc d’autre choix que de prendre les armes pour retrouver Jarrett et récupérer l’argent qu’il leur a volé.

Hélas, s’il est vrai que le maestro Jerry Goldsmith a été plus attentif aux films qu’il mettait en musique au début des années 90, il n’a cependant pas toujours réussi à éviter les navets et autres productions cinématographiques totalement insipides. Nous le prouve sa participation à « Bad Girls », western féminin de Jonathan Kaplan ennuyeux et totalement tombé dans l’oubli. Comme d’habitude, Jerry Goldsmith nous offre une partition orchestrale solide bien que très anecdotique dans l’immense carrière du maestro. La partition s’articule autour d’un très joli thème principal mélodique et rafraîchissant, typique des mélodies plus lyriques du compositeur, et que ce dernier introduit dès le début du film dans « The John » pour un premier moment d’émotion. Le thème est associé dans le film à l’amitié du quatuor d’héroïnes formé par Madeleine Stowe, Mary Stuart Masterson, Andie MacDowell et Drew Barrymore. Dans « The John », Goldsmith développe sa mélodie avec une infime douceur, utilisant piano électrique, guitare et cordes chaleureuses. Le morceau possède une certaine tendresse nostalgique qui évoque, en plus de l’amitié des quatre héroïnes, leur rêve de s’installer définitivement sur leurs terres de l’Oregon pour y trouver enfin la paix. Si « The John » ne laisse encore rien transparaître de l’univers western du film de Jonathan Kaplan, « The Hanging » nous rassure immédiatement avec les premiers exploits des belles de l’ouest dans le film (scène de la fusillade où Anita, Eileen et Lily sauvent Cody de la pendaison) : on y retrouve une chevauchée western majestueuse basée sur une superbe variante héroïque du thème principal confié aux cuivres sur un rythme excitant de tambourins, percussions et même quelques touches synthétiques très discrètes. « The Hanging » permet à Jerry Goldsmith de renouer avec un style western qu’il n’avait pas réabordé depuis la fin des années 70. Son écriture orchestrale a cependant bel et bien changé depuis la fin des « seventies » et « The Hanging » nous offre un morceau d’action plus moderne, clairement inspiré du style de « Total Recall », partition action maîtresse du maestro à l’aube des 90’s. Du coup, Goldsmith se positionne par rapport à ce western comme un simple film d’action/aventure avec, bien entendu, quelques touches ‘americana’ pour évoquer l’univers de l’ouest sauvage.

Le thème reste très présent tout au long du film, utilisé à travers de multiples variantes, tour à tour thème de chevauchée héroïque, thème romantique ou thème mélancolique. On retrouve par exemple plusieurs variantes du thème des héroïnes dans « No Money » ou la scène du braquage de la banque (« Bank Job ») avec ses coups de percussions, sa guitare western et même quelques brèves touches électroniques dans un style qui rappelle un autre score d’action incontournable du maestro, « Rambo II ». Le compositeur nous offre même quelques touches plus humoristiques et légères avec « Jail Break » et ses accents proches d’une musique de comédie. Un morceau comme « Ambush » témoigne habilement du talent de Jerry Goldsmith pour les grandes musiques d’action complexes estampillées années 90. Le compositeur illustre ici une scène d’embuscade entre les héroïnes et Kid Jarett, le grand méchant du film interprété par James Russo. Le maestro fait monter la tension pendant plus de cinq minutes avec un nouveau morceau d’action typique de ce que fait Jerry Goldsmith à l’époque : écriture contrapuntique très riche, rythmes syncopés complexes, orchestrations étoffées, percussions acoustiques et synthétiques, le tout dans un style toujours très proche de « Total Recall ». Goldsmith traduit parfaitement à l’écran l’excitation de la fusillade avec une maestria propre au compositeur. Dommage cependant que les touches western à la « seventies » soient très peu présentes tout au long de la partition de « Bad Girls ».

« I Shot Him » apporte un peu de mélancolie et de résignation avec une reprise amère du thème principal joué par un hautbois solitaire, tandis que « Josh’s Death » se veut plus tragique pour la mort du personnage de Josh McCoy (Dermot Mulroney), se poursuivant sur un nouveau morceau d’action frénétique emprunté à « Ambush ». Goldsmith illustre bien évidemment le traditionnel duel western final dans le sombre « No Bullets », maintenant un suspense intense à l’aide de sonorités instrumentales plus tendues et de quelques touches électroniques discrètes. A noter qu’avec la partition de « Bad Girls », Jerry Goldsmith expérimente de nouvelles sonorités synthétiques qui remplaceront progressivement ses vieux sons synthétiques de la fin des années 80 devenus obsolètes en 1994. Effectivement, on retrouvera les sons de synthétiseur de « Bad Girls » dans les scores d’action suivants du maestro : « Executive Decision », « Deep Rising », « Chain Reaction » ou bien encore « Star Trek Nemesis » par exemple. Enfin, la partition aboutit à un « My Land » plus paisible qui ramène le calme dans la musique alors que les héroïnes ont enfin récupéré l’argent dérobé par Kid Jarett et peuvent désormais s’installer paisiblement sur leurs propres terres dans l’Oregon. C’est l’occasion pour Jerry Goldsmith de reprendre une dernière fois son très beau thème principal agréable, charmant et nostalgique, parfait pour conclure la partition sur une ultime touche d’émotion.

Avec « Bad Girls », le maestro californien a tenté d’aborder à nouveau le registre de la musique de western mais sans véritablement renouer avec le style de ses anciennes partitions telles que « Lonely are the Brave », « Rio Lobo » ou bien encore « Hour of the Gun ». Pour Jerry Goldsmith, « Bad Girls » est avant tout un film d’action qui lui permet de développer à nouveau des formules orchestrales post-Total Recall et d’asseoir définitivement son style action qui deviendra prédominant au cours de la seconde moitié des années 90. En ce sens, « Bad Girls » est absolument révélateur du changement de style qui s’est opéré entre les musiques de Goldsmith pour les westerns des années 70 et sa musique d’un western typiquement 90’s comme « Bad Girls » : les orchestrations se sont considérablement simplifiées, et l’incroyable complexité virtuose de ses anciennes musiques western laisse aujourd’hui la place à des partitions plus formatées et moins inventives, mais néanmoins toujours aussi réussies, témoignant du savoir-faire d’un compositeur toujours aussi actif et inspiré. Sa musique apporte finalement action et émotion au film de Jonathan Kaplan, sans chercher pour autant à laisser un quelconque souvenir impérissable à l’auditeur/spectateur. « Bad Girls » fait donc partie de ces partitions mineures de Jerry Goldsmith, mais comme toujours avec le maestro, on ne peut s’empêcher d’apprécier un travail de qualité inspiré pour un film qui, une fois encore, n’avait pourtant rien de vraiment inspirant.


---Quentin Billard