1-Introduction 0.52
2-The End of an Era/Opening 1.31
3-Deathdealers Deploy 2.17
4-Darkness Deep Within 1.19
5-Transformation 1.27
6-Red Tape (used in trailer) 4.57*
7-Suspended Memories 1.59
8-The Crypt 0.56
9-Bloodlines 5.11
10-Metamorphosis 2.24
11-The End of an Era/Reprise 2.33
12-Anger and Retribution 3.48
13-Corvinus 3.53
14-Subterrania 0.58
15-Fire Falling From The Sky 2.56
16-Miserere 2.49
17-The Last Stand 2.34
18-Eternity and a Day 4.08
19-Keep Watch Over the Night 5.38**

*Interprété par Agent Provocateur
**Bonus Track.

Musique  composée par:

Paul Haslinger

Editeur:

Lakeshore Records LKS 33787

Montage musique:
Joanie Diener
Programmation musique:
Paul Haslinger
Design musique:
Jason Jones
Compositeur score additionnel:
Mark David
Mixage score:
Brad Haehnel
Musique additionnelle, design,
programmation score:
Alex Kharlamov
Supervision musique:
Danny Lohner
Designer musique:
Brian Williams

Artwork and pictures (c) 2003 Lakeshore Entertainment. All rights reserved.

Note: **1/2
UNDERWORLD
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Paul Haslinger
« Underworld » est le premier volet d’une saga de films fantastiques produits par Lakeshore Entertainment et initiés par Len Wiseman en 2003 avec un premier long-métrage assez intéressant et impressionnant. Ce premier film, basé sur un script de Danny McBride – qui est surtout connu en tant qu’acteur de comédie – est une vaste production internationale (anglaise, américaine, allemande et hongroise), mettant en scène Kate Beckinsale dans l’un de ses rôles les plus connus au cinéma. « Underworld » raconte l’histoire d’une guerre éternelle que se livrent depuis des siècles deux races immortelles et mystiques, les lycans – loup-garous – et les vampires. Cette guerre se déroule dans le secret le plus total, à l’insu des humains. Selene (Kate Beckinsale), l’une des guerrières vampires, fait partie des Death Dealers, une escouade de la mort chargée de détruire les lycans. Elle cherche par la même occasion à venger la mort de sa famille tuée par des lycans il y a 600 ans. C’est au cours d’une fusillade dans le métro que Selene sauve la vie d’un humain nommé Michael Corvin (Scott Speedman). De retour au manoir des vampires, Selene demande à ce qu’une grande attaque soit lancée contre les lycans mais elle se heurte à l’hostilité de l’un des chefs vampires, Kraven (Shane Brolly), qui rejette en bloc sa proposition. Selene décide ensuite d’enquêter sur Michael Corvin et de comprendre pourquoi les lycans le recherchent absolument. Pendant ce temps, un scientifique lycan nommé Singe (Erwin Leder) mène des expériences secrètes sur des descendants de la famille Corvinus pour élaborer un sang d’hybride. Au cours d’une confrontation contre des lycans, Michael est mordu par leur leader, Lucian (Michael Sheen), tandis que Selene parvient à se défaire rapidement des agresseurs. Alors qu’une idylle semble naître entre Selene et Michael, Kraven élabore une vaste conspiration visant à renverser le pouvoir des vampires avec l’aide de Lucian. Selene réclame alors l’aide de Viktor (Bill Nighy), le doyen et l’un des vampires les plus puissants de sa communauté.


UN FILM QUI A DU MORDANT…



Mal accueilli par la critique lors de sa sortie en salles en 2003, « Underworld » connut paradoxalement un grand succès en salle puisque le film, produit pour 22 millions de dollars (somme dérisoire pour une grosse production datant de 2003 !), en remporta près de 95 millions tout au long de son exploitation en salles. En y regardant d’un peu plus près, « Underworld » avait pourtant tout pour réussir : une actrice charismatique à la beauté glaciale (Kate Beckinsale, envoûtante !), un scénario épique aux multiples ramifications, des effets spéciaux très soignés, une ambiance gothique et ténébreuse qui rappelle les films de la Hammer remis au goût du jour dans les années 2000, etc. « Underworld » se veut alors comme une sorte de cross-over entre les films de vampires et de loups-garous dans une ambiance ténébreuse et nocturne qui rappelle parfois « The Crow » d’Alex Proyas (1994). Dès le départ, il est clair que le film et sa saga visent un public de jeunes adultes grâce à sa BO essentiellement constituée de tubes rock/metal à la mode. Niveau effets spéciaux, le design des lycans est l’oeuvre de l’indispensable Patrick Tatopoulos. Budget oblige, le film utilise très peu d’effets spéciaux numériques et opte davantage pour des maquillages ou des trucages à l’ancienne. Niveau scénario, « Underworld » tient la route en dévoilant un univers riche et une série d’intrigues secondaires en tout genre, même si l’histoire d’amour entre l’humain et la vampire est finalement mal exploité et bien décevant. Le film a par ailleurs été tourné rapidement à Budapest pour conserver des coûts de production serrés. Le résultat est tout de même assez impressionnant, même si Len Wiseman est encore un de ces faiseurs qui n’apporte rien de neuf au cinéma du genre et se contente bien souvent de filmer comme s’il tournait un clip MTV. Succès oblige, « Underworld » est le premier épisode d’une longue franchise constituée de quatre autres films, le cinquième et dernier épisode (« Underworld Blood Wars ») étant sorti en 2016.



UNE COMPOSITION ELECTRO-ROCK…



Len Wiseman s’est tourné vers l’autrichien Paul Haslinger pour élaborer la musique de « Underworld » - Haslinger est un transfuge du groupe Tangerine Dream qu’il rejoignit vers 1986 avant d’être programmeur pour Graeme Revell sur certains scores comme « The Chinese Box », « Phoenix », « The Negotiator », « The Siege », « Red Planet » ou « Lara Croft : Tomb Raider » - Outre les nombreuses chansons rock/heavy-metal du film, on trouve aussi plusieurs morceaux originaux écrits par Haslinger pour le long-métrage de Len Wiseman. Le score de « Underworld » est par ailleurs assez peu mémorable et ressemble plus à du bruit qu’à une composition structurée et élaborée. D’emblée, Paul Haslinger opte ici pour une approche électronique moderne orientée vers une esthétique bruitiste qui reflète clairement l’atmosphère gothique et nocturne du film. Paul Haslinger est secondé ici par le musicien électro Brian Lustmord qui assure la partie sound design de la composition, clairement orientée vers un style électro-techno industriel très atmosphérique, rythmique et bruyant. « Introduction » pose les bases de la partition avec une brève ouverture sombre et ténébreuse, à base de nappes sonores et de drones en tout genre. Evitant toute approche mélodique traditionnelle, Haslinger opte ici pour une musique à base de textures sonores et de sound design, comme il le confirme dans « The End of an Era/Opening » lors de l’ouverture du film, où l’on devine une certaine gravité alors que la narration introductive de Selene rappelle le contexte de la guerre ancestrale qui oppose les lycans et les vampires depuis des millénaires.



ANALYSE DU SCORE…


« Deathdealers Deploy » est le premier morceau d’action du score. Il accompagne la fusillade dans le métro vers le début du film. Ici, Haslinger évacue l’approche orchestrale habituelle au profit d’un sound design industriel qui n’est pas sans rappeler les travaux plus expérimentaux de Graeme Revell ou même certaines musiques d’Akira Yamaoka pour la série des « Silent Hill ». Le morceau est entièrement construit autour de nappes sonores lugubres, de basses et de percussions métalliques qui deviendront l’élément-clé de la musique de « Underworld ». Dommage qu’à l’écran, la musique se contente bien souvent de poser une simple ambiance sonore sur les images sans évoquer quoique ce soit de précis au niveau narratif. Même chose pour « Darkness Deep Within » où l’univers gothique du film est retranscrit à travers des nappes sonores glauques et menaçantes. « Transformation » évoque la scène où Michael se transforme à la pleine lune. Haslinger met ici l’accent sur les percussions métalliques en tout genre qui scandent un rythme brutal sur fond de sonorités électroniques torturées. A noter que l’album contient aussi la chanson électro-rock « Red Tape » d’Agent Provocateur, connue pour avoir été massivement dans les différentes bande-annonces du film. « Suspended Memories » tente d’instaurer un semblant d’émotion et de mélancolie avec une poignée de notes hésitantes au piano. Le morceau évoque les souvenirs de Selene de sa famille disparue et son lien naissant avec Michael Corvin.

« The Crypt » nous ramène dans le monde lugubre des lycans durant une scène où Singe mène ses expériences pour concevoir un être hybride parfait. Les 5 minutes de « Bloodlines » prolongent cette atmosphère macabre à l’aide de sonorités électroniques étranges et de loops entêtants. Haslinger joue ici sur le sound design de manière plus modérée avec son ambiance quasi ésotérique et industrielle, qui apporte une couleur si particulière au film de Len Wiseman. « Metamorphosis » accentue le travail autour des pulsations électroniques et des percussions métalliques qui font ici monter la tension à l’écran. Dommage que l’ensemble reste figé dans un style assez lourd et bruyant, qui évolue finalement très peu tout au long du film. « The End of an Era – Reprise » tente d’apaiser un temps la noirceur ambiante du score avec quelques cordes mystérieuses et dramatiques, mais « Anger and Retribution » bascule à nouveau dans le chaos et l’anarchie avec son amoncellement de samples industriels, de pulsations techno et de rythmes agressifs, pour une autre scène d’action majeure du film évoquant les exploits de Selene. Le thème de piano revient dans « Corvinus » pour évoquer l’idylle entre Selene et Michael, mais Haslinger n’a de toute évidence aucune intention de développer pleinement la moindre mélodie ou le moindre thème, si bien que les rares passages de piano n’ont finalement qu’un rôle mineur dans le score de « Underworld », alors qu’ils auraient pu apporter un peu plus de profondeur à un score atmosphérique très monotone et guère passionnant.



UN BILAN GUERE BRILLANT…


« Fire Falling From The Sky » nous amène alors au dernier acte du film avec ses samples techno, sa batterie rock et ses rythmes électro violents, débouchant sur le sombre « Miserere », qui, contrairement à ce que son nom indique, n’utilise aucun chant grégorien/religieux traditionnel (cela aurait pourtant été une bonne idée pour relancer l’intérêt du score !). « The Last Stand » évoque alors le duel final entre Selene et Viktor avec un énième morceau d’action bruyant saupoudré de sound design et de rythmes industriels. « Eternity and a Day » illustre alors la romance entre Selene et Michael à la fin du film avec le retour du thème de piano : Selene est devenue ennemi des deux clans, tandis que Michael est devenu un être hybride après avoir été mordu par Selene. On devine une certaine mélancolie dans « Eternity and a Day » qui aurait largement mérité d’être mieux exploitée, comme beaucoup d’autres idées de la musique de « Underworld », qui s’avère au final très frustrante. La coda dramatique de « Keep Watch Over The Night » (incluant des samples de dialogues de Kate Beckinsale) conclut parfaitement le film et le score mais il est vraiment difficile de ressentir quoique ce soit à l’écoute d’un score aussi terne et quelconque, exécuté froidement sans grande conviction particulière. Il est clair que les amateurs de musiques électro modernes apprécieront à coup sûr le travail de Paul Haslinger sur « Underworld », quand aux autres, ils passeront rapidement leur tour pour se concentrer sur la musique du deuxième épisode signée Marco Beltrami, bien plus convaincante et aboutie !




---Quentin Billard