1-The Call 3.11
2-Setting Off from Kathmandu 1.16
3-First Trek : Base Camp 2.30
4-Arriving at the Temple 1.01*
5-The Lowdown 2.36
6-A Close Shave 3.25
7-Starting the Ascent 3.06
8-To Camp Four 2.09
9-Someone Loves Us 1.56
10-Summit 4.57
11-Time Runs Out 6.58
12-Lost 2.23
13-Last Words 2.58
14-Beck Gets Up 2.55
15-Chopper Rescue 2.20
16-Epilogue 5.11

*Performed by The Monks of
Tharig Monastery.

Musique  composée par:

Dario Marianelli

Editeur:

Varèse Sarabande 302 067 368 8

Produit par:
Dario Marianelli
Producteur exécutif:
Robert Townson
Direction de la musique
pour Universal Pictures:
Mike Knobloch
Supervision musique:
Maggie Rodford
Orchestrations:
Geoff Alexander, Dario Marianelli
Music business & legal:
Charles M. Barsamian, Meghan Kozlosky
Monteur musique:
Christopher Benstead
Producteur exécutif musique:
Darren Blumenthal
Programmeur score:
Jody Jenkins
Musique additionnelle:
Rael Jones
Montage musique:
Yann McCullough
Supervision assistant musique:
Laura Nakhla

Artwork and pictures (c) 2015 Universal Studios. All rights reserved.

Note: ***
EVEREST
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Dario Marianelli
« Everest » est un long-métrage réalisé par l’islandais Baltasar Kormákur, cinéaste révélé en 2000 pour son drame intimiste « 101 Reykjavik » avec Victoria Abril, qui lui permettra d’obtenir le prix découverte au Festival international du film de Toronto. En 2005, Kormákur fait ses premiers pas à Hollywood en tournant « A Little Trip to Heaven » avec Forest Whitaker. Il croise alors la route de Mark Wahlberg dans « Contraband » en 2012 et retrouve l’acteur en duo avec Denzel Washington dans le film d’action/comédie « 2 Guns » en 2013. Deux ans plus tard, le réalisateur s’intéresse alors à l’adaptation sur grand écran du livre « Into Thin Air : A Personal Account of the Mt. Everest Disaster » de Jon Krakauer, publié en 1997, et qui relate la tragédie survenue en mai 1996 au cours d’une expédition organisée par des sociétés privées dans l’Everest. Ce n’est pas la première fois que ce drame est évoqué au cinéma puisque le téléfilm « Into Thin Air : Death on Everest » de Robert Markowitz en 1997 était déjà adapté du livre de Jon Krakauer, sans oublier le documentaire « Everest » tourné en 1998 avec les commentaires en voix-off de Liam Neeson. Le film relate donc assez fidèlement les événements qui se sont déroulés principalement entre le 10 et le 11 mai 1996. Les sociétés Adventure Consultants de Rob Hall (Jason Clarke) et Mountain Madness de Scott Fischer (Jake Gyllenhaal) organisèrent une expédition commerciale pour de nombreux clients aux sommets du mont Everest, considéré comme le plus haut du monde (8.848 mètres), à la frontière entre le Népal et la Chine.

Parmi les clients de Rob Hall et ses deux guides Mike Groom (Tom Wright) et Andy Harris (Martin Henderson) se trouvaient alors Beck Weathers (Josh Brolin), un alpiniste expérimenté, Doug Hansen (John Hawkes), un facteur qui souhaitait accomplir son rêve de gravir l’Everest, et une vétéran des hauts sommets, la japonaise Yasuko Namba (Naoko Mori), qui avait déjà gravi 6 monts et souhaitait en rajouter un septième et dernier à son palmarès. Le journaliste Jon Krakauer (Michael Kelly) accompagna alors l’expédition tandis qu’Helen Wilton (Emily Watson) s’occupait du camp de base avec le concours du Dr. Caroline Mackenzie (Elizabeth Debicki) et du guide professionnel Guy Cotter (Sam Worthington) qui se trouvait déjà en montagne au moment des faits. Avant de quitter le Camp IV à l’aube, Rob, inquiet du nombre important d’alpinistes réunis dans le même secteur, réussit à convaincre Scott Fischer d’unir leurs efforts et de coopérer pour réduire les délais et éviter de se gêner pendant l’ascension. Des problèmes de cordes les obligèrent alors à revoir complètement leur timing. C’est au même moment que Beck commença à souffrir de problèmes de vue (dues aux radiations des ultra violets, très fréquents en montagne) et dut s’arrêter sur le chemin, tandis que Scott dut redescendre au camp de base pour y secourir d’autres alpinistes en difficulté. Peu de temps après, Rob atteint finalement le sommet de l’Everest en compagnie de Yasuko. Hélas, Doug était trop faible pour continuer à monter mais insista pour arriver au sommet de l’Everest avec Rob. Hélas, les deux hommes se retrouvèrent prisonniers d’une terrible tempête alors que Rob aidait Doug à redescendre en plein milieu de l’après-midi du 10 mai 1996, alors qu’Hensen manquait dangereusement d’oxygène. Les choses vont continuer de s’aggraver pour Scott Fischer qui commença à souffrir du syndrome des hautes altitudes tandis que Doug et d’autres alpinistes décéderont dans l’une des plus importantes catastrophes survenues dans le mont Everest.


UN FILM GLACIAL QUI DONNE LE VERTIGE…


Baltasar Kormákur livre probablement son film le plus technique et le plus spectaculaire à ce jour avec « Everest », drame biographique inspiré de faits réels toujours très controversés à l’heure actuelle - certains remettent en question l’acharnement de sociétés comme Adventure Consultants ou Mountain Madness à faire grimper des personnes avec des niveaux d’expérience diversifiés dans des montagnes extrêmement dangereuses et inhospitalières, le tout dans des conditions de sécurité pas assez réfléchies, d’autres remettent en question les agissements de certains protagonistes dans le drame survenu entre le 10 et le 11 1996, à commencer par le journaliste Krakauer lui-même – le film retranscrit parfaitement les conditions de la catastrophe avec un réalisme assez surprenant, le tout filmé dans des décors naturels incluant quelques effets visuels impressionnants. Techniquement, le film est assez bluffant : on a rarement vu des scènes d’avalanche ou de tempête de neige d’un tel degré de réalisme au cinéma, et toute la séquence où Rob et certains alpinistes se retrouvent bloqués en pleine montagne par un terrible orage est d’une intensité terrifiante. « Everest » est aussi marqué par la qualité de son casting qui réunit une pléiade de stars à la manière des films catastrophe hollywoodiens des années 60/70 : Jason Clarke (le rôle de Rob devait être tenu à l’origine par Christian Bale), Jake Gyllenhaal, Josh Brolin, Robin Wright, Sam Worthington, Michael Kelly, Keira Knightley, Emily Watson, etc.

On reprochera néanmoins au film quelques longueurs – notamment dans les préparatifs de l’expédition au camp de base, avec beaucoup de dialogues et finalement peu de scènes réellement impressionnantes – et une tendance à multiplier les sous-intrigues pour tenter d’amplifier un scénario finalement très linéaire et assez académique dans le genre, et notamment dans les histoires personnelles de certains alpinistes avec leur famille, et notamment Beck et son épouse distante ou Rob et sa jeune femme enceinte (campée par Keira Knightley). Dès lors, le film verse dangereusement dans le mélodrame hollywoodien sans trop appuyer pour autant l’émotion, mais on retrouve au détour de certaines scènes le thème habituel et si cher au public américain de l’importance de l’amour familial pour survivre aux épreuves les plus difficiles. Dommage cependant que le film ne tente pas plus de s’interroger sur cette commercialisation en masse de l’alpinisme dans les plus hauts sommets du monde, ce qui était pourtant le point de départ du film mais sera finalement délaissé par la suite et aurait pu aboutir à une réflexion assez subversive sur cette nouvelle forme de tourisme de luxe et ses conséquences sur l’écologie et les écosystèmes de ces environnements très inhospitaliers. Le film parvient néanmoins à rendre ce groupe d’individus vivants et proches de nous : chacun expose ses motivations, notamment à travers la séquence où Krakauer, un soir, demande aux alpinistes pourquoi ils ont décidé de grimper aux sommets de l’Everest. Le film est supporté par une utilisation adroite de la 3D – pour renforcer la sensation de vertige – et une excellente direction technique, mais un sujet aussi intense et tragique aurait peut être mérité une réalisation plus osée, moins académique, moins « documentaire ».


UNE PARTITION AUX SOMMETS ?


La musique orchestrale de Dario Marianelli est à n’en point douter l’un des éléments les plus positifs du film de Baltasar Kormákur. Évitant toute approche hollywoodienne, Marianelli s’est davantage intéressé ici au mont Everest lui-même et à la culture tibétaine dans sa musique. Sa partition, enregistrée avec un orchestre traditionnel, mélange percussions ethniques, voix féminine de la chanteuse Melanie Pappenheim, synthétiseurs (imitant notamment les instruments tibétains traditionnels comme les cymbales tingsha ou les bols chantants tibétains), violon de David Le Page et violoncelle de Caroline Dale pour parvenir à ses fins. Le film s’ouvre au son du thème principal dans « The Call », évoquant la montagne elle-même. Il s’agit d’un grand thème noble et majestueux pour violoncelle et voix soliste, très vite rejoint par les percussions, les cordes et les éléments électroniques. Ce thème sera très présent tout au long du film, associé autant à l’équipe des alpinistes de Rob Hall que du mont Everest lui-même. Dans « Setting Off From Kathmandu », on retrouve ce mélange de percussions principalement constituées de tambours taïkos (associées à la culture asiatique du Tibet) évoquant l’idée du départ exaltant vers l’aventure. Cette même idée culmine dans l’excellent « First Trek : Base Camp » où les percussions martèlent des rythmes très présents avec un mélange de cordes, de violoncelle et de cithare, incluant même quelques chants dysphoniques liés au Tibet. Curieusement, les orchestrations et les harmonies évoquent clairement ici le style plus minimaliste de Thomas Newman, influence manifeste dans « First Trek : Base Camp ».


ANALYSE DE LA MUSIQUE


Marianelli tenait à rendre véritablement hommage à la musique traditionnelle des moines tibétains dans « Arriving at the Temple », où il nous offre une brève minute de musique instrumentale tibétaine brillamment interprétée par les moines du monastère de Sakya Tharig à Katmandou au Népal. « The Lowdown » développe le thème de l’expédition dans la montagne. Dario Marianelli travaille ici autour des percussions tibétaines/asiatiques et de chants dysphoniques pour les besoins de la scène avec des orchestrations vigoureuses principalement constituées de cordes et de cuivres énergiques. « A Close Shave » est quant à lui le premier morceau d’action du score. Après un bref rappel au thème principal par la voix féminine éthérée de Melanie Pappenheim, des percussions viennent faire monter la tension avec l’emploi caractéristique de synthétiseurs et de rythmes électroniques pour l’une des premières scènes de tension du film. L’ascension débute enfin avec « Starting the Ascent »avec le retour des percussions asiatiques et de cuivres robustes du thème de l’expédition (incluant une brève allusion au thème principal au violon vers 2:20). « To Camp Four » nous fait quand à lui ressentir l’excitation de l’aventure et l’idée du dépassement de soi à l’aide de ses cuivres solennels et de ses percussions quasi martiales et optimistes. Le thème de l’expédition est repris ici dans son intégralité avec toujours cette idée de détermination et de bravoure que Marianelli développe parfaitement et nous fait clairement ressentir à l’écran.

« Someone Loves Us » reprend le thème principal avec la voix féminine lointaine, comme pour rappeler l’idée que ces hommes laissent derrière eux des femmes qui les aiment et qui attendent angoissées leur retour à la maison. Il règne dans ce morceau une douce mélancolie contemplative reflétant aussi bien l’état d’esprit des alpinistes que la beauté des montagnes. La voix laisse ensuite la place aux cuivres robustes et aux cordes du thème de l’expédition, décidément omniprésent durant une bonne partie du film. « Summit » est l’un des moments forts de la partition de « Everest », accompagne la séquence où Rob et plusieurs de ses camarades atteignent enfin les sommets de l’Everest à 8.848 mètres d’altitude. Le thème de l’expédition est ici développé à travers un crescendo orchestral héroïque et triomphant de toute beauté, accompagné par les percussions martiales et victorieuses, un grand moment dans la partition de « Everest » et du film ! Mais le triomphe laisse très vite la place au drame dans « Time Runs Out », où l’on devine clairement que les choses vont se gâter. Malgré une énième reprise du thème triomphant de l’expédition, la musique devient ici plus sombre et plus urgente à l’aide de percussions entêtantes et de rythmes électroniques inquiétants.

« Lost » illustre clairement l’errance de certains alpinistes perdus dans la terrible tempête qui s’abat sur les sommets de l’Everest. Dario Marianelli accentue systématiquement les moments de tension à l’aide des percussions et des rythmes électroniques, des éléments asiatiques et de cuivres/cordes plus sombres et parfois même dissonantes. La musique s’avère assez impressionnante à l’écran sans être d’une grande originalité particulière. Le compositeur parvient à suggérer habilement l’errance des hommes perdus en pleine montagne à l’aide de sifflets modifiés par ordinateur ou de la voix féminine éthérée, mélancolique et mystérieuse. « Last Words » devient quant à lui plus tragique et sombre évoquant les dernières paroles de Rob à sa femme Jan (Keira Knightley) lorsque ce dernier agonise dans la neige quelque part sur les hauteurs de l’Everest. La musique est ici plus poignante et mélancolique avec ses cordes froides et funèbres et le retour du thème principal au violoncelle, qui devient un thème résolument dramatique. A noter que durant la dernière partie du film, la musique est utilisée avec parcimonie, en grande partie à cause des scènes de tempête qui n’ont quasiment aucune musique. Du coup, lorsque la musique revient à l’écran, l’émotion s’en trouve largement décuplée.

C’est notamment le cas dans le très beau « Beck Gets Up » où l’on retrouve le thème principal de violon et de la voix féminine alors que Beck Weathers se relève miraculeusement et redescend tout seul jusqu’au camp de base, malgré ses blessures et sa grande faiblesse. On appréciera ici la façon dont Marianelli développe le thème à travers un crescendo dramatique vibrant et déterminé, comme pour évoquer le courage de cet homme qui refuse de mourir en montagne et souhaite revoir à nouveau sa famille. « Chopper Rescue » accompagne le sauvetage inespérée de Beck avec l’hélicoptère qui doit se poser à des hauteurs jamais atteintes auparavant pour un appareil de ce genre, dans des conditions climatiques évidemment compliquées. On retrouve ici le style plus énergique et vigoureux de « The Lowdown » ou « First Trek : Base Camp » avec son mélange de percussions, de cordes et de cuivres déterminés et rythmés intensifiant l’action à l’écran.


UN SCORE RÉUSSI MAIS SANS SURPRISE


Dario Marianelli conclut finalement le film sur « Prologue » avec son mélange poignant de piano et de violoncelle pour raconter l’histoire tragique de ses hommes décédés en voulant accomplir leur rêve. Le compositeur reprend une dernière fois le thème principal de l’Everest avec la voix de Melanie Pappenheim, une très jolie conclusion qui joue la carte de l’intimité et d’une mélancolie plus fragile et délicate, à des années lumières de certaines musiques mélodramatiques hollywoodiennes. Et c’est ainsi que se termine l’écoute de la musique de Dario Marianelli pour « Everest », un score en parfaite adéquation avec le film mais qui reste assez peu original pour laisser un souvenir durable. Le score parvient à apporter une bonne dose d’émotions au métrage de Baltasar Kormákur sans jamais en faire des tonnes. Entre l’enthousiasme et le triomphe du thème de l’expédition, les passages asiatiques/tibétains du score et les moments d’émotion plus introspectifs et contemplatifs, le score de « Everest » a de quoi satisfaire les amateurs de musique de film, mais ceux qui cherchent une oeuvre clé dans la filmographie de Dario Marianelli seront déçu par le côté finalement très mineur de la composition du musicien italien, que l’on a connu un brin plus audacieux et inspiré. Néanmoins, force est de constater que Marianelli donne toujours le meilleur de lui-même sur tous les films qu’il met en musique, « Everest » n’échappant donc pas à la règle.





---Quentin Billard