1-Miss Peregrine's Home
for Peculiar Children 2.46
2-Bedtime Stories 2.11
3-Arrival At The Island 2.26
4-A Place Like This 1.43
5-Squirrel Rescue 2.31
6-Enoch's Dolls 2.47
7-Projecting Dreams 1.45
8-The Augusta 5.24
9-I'll Be Here Forever 2.32
10-Barron's Experiment 5.36
11-Barron Revealed 2.45
12-Surprise Visitor 4.52
13-Hollow Attack 5.24
14-Raising The Augusta 2.09
15-Blackpool 2.37
16-Standoff At Blackpool Tower 3.15
17-Handy Candy 3.28
18-Ymbrynes, Ymbrynes, Here I Come 4.08
19-Peculiars Vs. Wrights 3.28
20-Two Jakes 2.17
21-Go To Her 6.16

Musique  composée par:

Mike Higham/Matthew Margeson

Editeur:

La La Land Records LLLCD 1413

Musique produite par:
Mike Higham, Matthew Margeson
Monteur musique:
Peter Clarke
Mixage et enregistrement musique:
Andrew Dudman
Orchestrations:
Tim Davies
Orchestrations additionnelles:
Jeremy Levy, Andres Montero
Assistants scoring:
John Prestage, Laurence Anslow,
Alex Ferguson

Album produit par:
Mike Higham, Matthew Margeson
Producteur exécutif soundtrack:
Tim Burton
Producteurs exécutifs pour
La-La Land Records:
MV Gerhard, Matt Verboys
Direction musicale pour
20th Century Fox:
Danielle Diego
Supervision musique pour
20th Century Fox:
Patrick Houlihan
Production musicale supervisée
pour la 20th Century Fox:
Rebecca Morellato
Management musique pour
20th Century Fox:
Areli Quirarte
Business affairs pour
la 20th Century Fox:
Tom Cavanaugh
Music clearance:
Ellen Ginsburg
Coordination soundtrack
pour la 20th Century Fox:
Joann Orgel

Artwork and pictures (c) 2016 Twentieth Century Fox. All rights reserved.

Note: ***1/2
MISS PEREGRINE'S HOME
FOR PECULIAR CHILDREN
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Mike Higham/Matthew Margeson
« Miss Peregrine’s Home for Pecular Children » est le nouveau film de Tim Burton sorti en salles en 2016 et adapté du roman homonyme de Ransom Riggs publié en 2011. On y suit l’histoire assez incroyable de Jake Portman (Asa Butterfield), un jeune ado de 16 ans qui mène une existence ordinaire en Floride en 2016 avec ses parents et son grand-père Abe (Terence Stamp), dont il est très proche. Régulièrement, ce dernier lui raconte des histoires fantastiques peuplées de monstres géants et d’une maison pour enfants particuliers dirigée par une certaine Miss Alma Peregrine. Régulièrement, son grand-père lui téléphone pour l’avertir que les monstres rodent, mais Jake pense que son papy est atteint de démence sénile, jusqu’au soir où il décide de se rendre chez Abe et découvre la maison dévastée et le corps de son grand-père gisant un peu plus loin à l’entrée d’une forêt. Jake découvre avec effroi que les yeux de son papy ont disparu. Abe, qui est en train d’agoniser, révèle alors un secret à son petit-fils : il doit rejoindre la boucle du 3 septembre 1943 et l’oiseau qui le guidera sur son chemin et lui racontera tout. Jake aperçoit alors un monstre géant à l’entrée des bois, comme celui qui hante les récits fantasmagoriques de son grand-père. Peu de temps après, les parents de Jake l’emmènent voir une psychiatre, le Dr. Nancy Golan (Allison Janney), convaincus que l’ado est traumatisé par la mort violente de son grand-père.

Pour l’aider à faire son deuil, son père Frank (Chris O’Dowd) l’emmène à Cairnholm au Pays de Galle pour y voir la fameuse maison des enfants qu’Abe décrivait régulièrement dans ses histoires. A sa grande surprise, Jake découvre que le bâtiment a été détruit par les bombes allemandes durant la Seconde Guerre Mondiale. En visitant les ruines de la maison, Jake fait alors la connaissance de mystérieux enfants qui l’emmènent dans une caverne, d’où il émerge alors en 1943, alors que la maison est de nouveau intacte. Jake rencontre alors Miss Peregrine (Eva Green) et découvre avec stupeur que tout ce que lui a raconté son grand-père est vrai. Il y fait alors la connaissance des enfants particuliers : Emma Bloom (Ella Purnell), qui est plus légère que l’air, les jumeaux Joseph et Thomas Odwell (qui sont complètement masqués), Olive (Lauren McCrostie), une jeune pyromancienne, Millard (Cameron King), un jeune garçon invisible, Bronwyn (Pixie Davis), une petite fille dotée d’une force surhumaine, Fiona (Georgia Pemberton) qui a le pouvoir de faire pousser des plantes très rapidement, Claire (Raffiella Chapman), une petite fille qui possède une bouche acérée de crocs à l’arrière de sa tête, Hugh (Milo Parker), qui possède des abeilles dans sa bouche qu’il peut contrôler, Horace (Hayden Keeler-Stone), qui a le pouvoir de projeter ses rêves sur un écran comme un film par le biais d’un monocle, ou bien encore Enoch (Finlay MacMillan), un ado qui peut donner vie à des poupées ou des objets inanimés et qui est amoureux d’Olive.

Jake ne tarde pas à découvrir que Miss Peregrine est une Ombrune, une personne qui a le pouvoir de se transformer en oiseau. Elle et les enfants se cachent depuis longtemps dans une boucle temporelle crée le 3 septembre 1943 afin d’échapper à ceux qui les persécutent depuis toujours : à la fin de chaque journée qui se termine toujours par le bombardement de l’établissement par les allemands, Miss Peregrine doit utiliser sa précieuse montre pour remonter le temps de 24 heures et ainsi relancer la boucle temporelle. De retour en 2016, Jake découvre que les moutons de l’île ont été massacrés par de mystérieux inconnus. Alors que son père décide de ne plus le quitter des yeux, Jake réussit à échapper à la surveillance de son géniteur et retourne dans la boucle en 1943. La jeune Emma décide alors de l’emmener dans sa cachette au fond de l’épave du navire Augusta, où elle lui montre des photos d’anciens individus qui faisaient eux aussi partie autrefois des « particuliers ». Ces individus, qui ont basculé dans le mal, se font aujourd’hui appeler les Sépulcreux et sont dirigés par un certain M. Barron (Samuel L. Jackson). Ces derniers tentent d’utiliser leurs pouvoirs et ceux des Ombrunes pour atteindre l’immortalité, mais l’expérience a mal tourné et s’est ainsi qu’ils sont devenus des Sépulcreux, capable néanmoins de prendre forme humaine quand ils le souhaitent. Mais pour cela, ils doivent dévorer les yeux de leurs victimes pour absorber leur force. C’est ainsi que Jake a la révélation de sa vie : lui aussi est un particulier, il a le pouvoir de voir ces monstres qui sont invisibles aux yeux de tous, sauf aux siens !



UN ERSATZ BIEN SOMBRE D’HARRY POTTER ?


Avec son univers décalé et totalement fantasmagorique, « Miss Peregrine » était le sujet idéal pour Tim Burton : on y retrouve toute la mythologie baroque et gothique si chère au cinéaste de « Sleepy Hollow » et « Beetlejuice » avec ce mélange constant d’une poésie étrange, d’un univers sombre où se côtoient le macabre et le grotesque avec une inventivité constante. Car nul ne peut nier que le film ne manque pas d’idées et de fantaisie : entre la galerie des enfants particuliers – la petite fille avec sa bouche pleine de crocs à l’arrière de la tête, la jolie blonde qui décolle du sol à condition qu’elle porte des chausseurs en plombs, les deux jumeaux encapuchonnés, le garçon invisible, etc. - et le charme gothique de la sublime Eva Green, le film nous fait immédiatement rentrer dans un univers bizarre, décalé, farfelu mais pourtant irrésistible. Impossible de nier ici l’influence des « Harry Potter » : on y retrouve ce même goût la magie, le fantastique et les effets spéciaux, le tout inspiré d’un livre écrit en 2011 et qui, étrangement, contenait déjà tous les thèmes chers à Tim Burton : le monde de l’enfance, le regard sur les individus différents et marginalisés, les mondes poétiques et effrayants, etc. Les jumeaux du film rappellent même ceux de « Alice » ou les étranges soeurs siamoises de « Big Fish ». Tout dans la manière de filmer, de cadrer ou de présenter l’histoire, les décors et les personnages est typique ici de Burton : la vieille taverne miteuse, les ruines du pensionnat, l’épave du navire englouti et même le parc d’attraction durant la bataille finale contre les Sépulcreux, etc.

Tim Burton parvient à créer un sentiment ambigu d’insécurité et d’émerveillement dans les décors qu’il filme : tout devient gothique dans son approche, même les scènes dans la caverne au bord de la plage, qui nous renverraient presque plusieurs années en arrière à l’époque du « Batman » de 1989, lorsque Michael Keaton traversait les couloirs de la bat-cave. On pense aussi régulièrement ici à « Sleepy Hollow » ou « Dark Shadows », qui semblent avoir servi de source d’inspiration au réalisateur pour camper l’imagerie baroque, sombre et macabre de son récit. Mais tout l’art du réalisateur est de savoir doser intelligemment le fantastique et l’aventure grand public, même si le film s’avère finalement beaucoup trop sombre pour des enfants (les Sépulcreux sont réellement monstrueux et effrayants, les scènes où ils dévorent les yeux de leurs victimes sont déconseillées à des enfants!). Assez étonnamment, après un long passage à vide ces derniers années et des films d’une qualité inégale, c’est avec plaisir que l’on retrouve enfin le Tim Burton fantaisiste des années 80/90, celui, plus personnel, de « Batman », « Beetlejuice » ou « Edward Scissorhands ». Évidemment, le film n’est guère exempt de défauts – l’intrigue des boucles temporelles est beaucoup trop compliquée pour fonctionner réellement dans le scénario, c’est même l’aspect le plus raté du film ! - mais il y a ici suffisamment de bonnes idées et de trouvailles intéressantes (la bataille dans le parc d’attraction, rythmée à grand coup de musique techno!) pour faire de « Miss Peregrine » une bonne réussite qui permettra de réconcilier les fans de Tim Burton avec le cinéma si singulier de ce réalisateur en perte de vitesse ces 10 dernières années.


EXIT ELFMAN, WELCOME HIGHAM ET MARGESON !


« Miss Peregrine » ne sera finalement pas mis en musique par Danny Elfman, qui a pourtant écrit la majeure partie des musiques des films de Tim Burton depuis ses débuts au milieu des années 80. L’absence d’Elfman sur le nouveau long-métrage du cinéaste s’explique en partie par une brouille opposant les deux hommes pour des raisons apparemment personnelles. Après « Ed Wood » (1994) et « Sweeney Todd » (2009), c’est la troisième fois qu’Elfman fait des « infidélités » à Burton. La musique de « Miss Peregrine » a finalement été confiée à Mike Higham et Matthew Margeson. Higham est plus connu pour avoir signé les arrangements musicaux de « Sweeney Todd » et « Big Eyes » pour Tim Burton, tandis que Margeson est issu de l’écurie Remote Control d’Hans Zimmer, et a écrit quelques scores guère inoubliables tels que « Eddie the Eagle », « Skyline » ou ses nombreuses musiques additionnelles aux côtés d’Henry Jackman sur « Captain America : The Winter Soldier », « G.I. Joe : Retaliation », « Captain Philips », « Kingsman » ou « Kick-Ass 2 ». Malgré l’absence de Danny Elfman sur « Miss Peregrine », il paraissait néanmoins évident que Tim Burton allait demander à ses deux compositeurs de suivre les traces du compositeur attitré du cinéaste, ce que Higham et Margeson se sont rapidement empressés de faire en livrant une composition dans la continuité des travaux habituels d’Elfman. A la première écoute, on remarque d’emblée l’influence ce style musical indissociable de l’univers cinématographique de Tim Burton, et ce même si Higham et Margeson ont eu l’intelligence de conserver leur propre personnalité musicale tout en rendant hommage à Elfman, un compromis intéressant qui fait toute la richesse de la musique de « Miss Peregrine ». En revanche, on est un peu plus déçu quand au caractère fade et impersonnel des thèmes de la partition, là où Elfman a toujours su nous offrir de grandes mélodies mémorables et inoubliables pour la plupart des films de Tim Burton.

Le thème principal est dévoilé dès le générique de début du film dans « Miss Peregrine’s Home For Peculiar Children ». On appréciera ici la façon dont la mélodie (à 0:55) évolue lentement entre des cordes mystérieuses, des notes éthérées de harpe, de synthétiseurs, de flûte, de piano et de boîte à musique. A noter ici l’emploi du son d’une pendule, évoquant clairement l’idée des boucles temporelles créées par Miss Peregrine dans le film pour protéger les enfants et échapper aux Sépulcreux. Les deux compositeurs confirment cette approche dans « Bedtime Stories » alors qu’Abe raconte ses histoires fantastiques à Jake avant de s’endormir le soir. On retrouve le thème principal joué ici par un piano/glockenspiel sous la forme d’une boîte à musique mystérieuse et enfantine, accompagné d’étranges notes ondulantes de synthétiseurs et de harpe. « Arrival At The Island » reprend le thème principal à la flûte basse (vers 1:10) alors que Jake et son père arrivent sur l’île de Cairnholm vers le début du film. « A Place Like This » développe de nouveau cette ambiance mystérieuse et envoûtante typique du début de « Miss Peregrine » dans un sympathique mélange de harpe, cordes, synthétiseur, célesta et bois. A noter qu’Higham et Margeson dévoilent ici le second thème de la partition, un motif mystérieux et léger pour Miss Peregrine, évoquant son pouvoir d’Ombrune et sa capacité à se transformer en oiseau.



ANALYSE DE LA MUSIQUE



Alors que Jake découvre petit à petit le monde de Miss Peregrine et des enfants particuliers, la musique devient plus mystérieuse, magique et envoûtante comme le confirme « Squirrel Rescue », où l’on découvre les pouvoirs des particuliers, comme dans « Enoch’s Dolls » ou « Projecting Dreams ». Les deux compositeurs utilisent ici un motif de 3 notes descendantes associées aux enfants dans le film et à leurs pouvoirs magiques. A noter par ailleurs que ce motif est entendu successivement au début de « Squirrel Rescue » (à la flûte vers 0:07), de « Enoch’s Dolls » (vers 0:05) ou vers le début « Projecting Dreams », joué par des synthétiseurs cristallins avec des allusions furtives au thème principal et aux sons de pendule. Plus intéressant, « The Augusta » accompagne la scène où Jake et Emma descendent dans les profondeurs sous-marine pour y visiter la cachette secrète d’Emma au fond de l’épave de l’Augusta. Mike Higham et Matthew Margeson accentuent ici la dimension magique de cette séquence à l’aide de cordes, de choeurs féeriques, de piano, de synthétiseurs et d’orchestrations cristallines et éthérées pour faire ressortir la fantaisie et l’exubérance de cette scène. « The Augusta » est d’ailleurs l’un des moments forts de la partition de « Miss Peregrine », avec des influences manifestes de James Newton Howard, flagrantes ici dans les enchaînements harmoniques de l’orchestre et les crescendos de cuivres et de cordes (on croirait entendre des passages de « Lady In The Water »). Le morceau dévoile par ailleurs un autre thème majeur du score, le thème romantique pour Jake et Emma, un motif de 3 notes brièvement suggéré vers 2:33 au piano, évoquant l’amour hésitant entre les deux ados.

Ce thème touchant est repris de manière plus intense à l’orchestre dans le superbe « Raising the Augusta », autre morceau-clé de la partition de « Miss Peregrine » avec ses orchestrations et ses choeurs épiques, alors que les enfants font remonter à la surface l’épave de l’Augusta, le tout accompagné de percussions martiales et de cuivres héroïques et déterminés. Le thème conclura par ailleurs le film dans « Go To Her », où on retrouve la mélodie de Jake et Emma en ouverture du morceau au piano. Autre thème marquant ici : le motif sournois et menaçant des Sépulcreux. On peut l’entendre pour la première fois dans « The Augusta » à partir de 2:56. On le reconnaît à ses étranges trilles de cordes et ses deux accords menaçants de cuivres (vers 3:57), le tout accompagné d’orchestrations plus sombres et lugubres pour la scène où Emma montre à Jake une photo de M. Barron. Le motif des Sépulcreux devient même omniprésent dans la seconde partie du film pour évoquer la traque des particuliers et de leurs amis. Dans « I’ll Be Here Forever », on retrouve le thème délicat de Emma/Jake, le motif de l’Ombrune/Miss Peregrine et le retour du thème maléfique des Sépulcreux vers 1:31 (avec ses trilles aisément reconnaissables et menaçantes). Le thème est aussi très présent dans le sombre « Barron’s Experiment » où l’on découvre un motif secondaire régulièrement juxtaposé à celui des Sépulcreux : un thème de 5 notes sombres et graves associé à M. Barron, le méchant campé par Samuel L. Jackson dans le film. Le dit thème est entendu pour la première fois dans « The Augusta » aux bassons vers 3:20. On l’entend aussi dans « Barron’s Experiment » vers 0:40 ou aux cuivres à 1:12 et deviendra indissociable du personnage de Samuel L. Jackson à l’écran. Higham et Margeson ont parfaitement su retranscrire le caractère dangereux et maudit de ces sinistres créatures, n’hésitant pas à verser dans un style plus fantastique/gothique comme vers 1:43 où intervient un orgue ténébreux accompagnant le flashback sur l’expérience maudite de Barron et ses amis.

Le thème du leader des Sépulcreux revient aussi dans « Barron Revealed » (aux cordes entre 0:52 et 0:57), toujours accompagné par l’entêtant motif de trilles des Sépulcreux et l’orgue gothique. On retrouve aussi le motif de l’Ombrune, le motif des enfants particuliers et les sons de pendule, qu’Higham et Margeson développent parfaitement à l’écran pour faire évoluer la narration du film et les différentes émotions qui se succèdent. On retrouve le thème de Jake et Emma au piano au début de « Hollow Attack », mais c’est bien celui des Sépulcreux qui prend ici le dessus pour l’attaque de la créature dans la maison de Miss Peregrine et le retour de l’orgue gothique. Les deux compositeurs nous offrent ici un premier morceau d’action déchaîné et excitant qui fait parfois penser au « Sleepy Hollow » de Danny Elfman, le tout ponctué d’allusions au motif menaçant de M. Barron. On notera ici la qualité des orchestrations et de l’écriture des deux musiciens qui, sans atteindre le brio et la complexité d’Elfman, parvient néanmoins à se hisser au niveau des musiques habituelles de l’univers de Tim Burton. La menace des Sépulcreux n’est guère loin dans « Blackpool » alors que l’on se dirige vers le dernier acte du film à Blackpool. La bataille finale avec les Sépulcreux débute dans « Standoff At Blackpool Tower », où l’on retrouve aussi une série de variations autour du thème de M. Barron (régulièrement joué aux bassons/contrebasson ou clarinette basse/contrebasses), de l’orgue et des choeurs ténébreux (vers 1:20).

Plus étonnant, « Handy Candy » dénote avec le reste de la partition en ayant recours à un style techno/dance très années 90 qui jure avec le reste de la partition. Mais le morceau fonctionne parfaitement à l’écran même s’il paraît plus décousu sur l’album. Il accompagne la scène où les enfants affrontent les Sépulcreux invisibles dans le parc d’attraction de Blackpool et fonctionne presque comme s’il s’agissait d’une musique de divertissement diffusée dans le parc. Highman et Margeson jouent ici sur l’ambiguïté du rôle de la musique dans cette scène et nous offrent une séquence quasi anthologique dans un film de Tim Burton rythmée à la manière d’une pièce de rave party : dans un film de ce genre, il fallait oser ! « Ymbrynes, Ymbrynes, Here I Come » développe de nouveau le thème menaçant de M. Barron, suivi du sombre « Peculiars Vs. Wrights » où culminent le thème des Sépulcreux et celui de Barron. « Two Jakes » et « Go To Her » ramènent finalement le calme dans la partition à la toute fin du film. Pendant près de 6 minutes, Mike Higham et Matthew Margeson développent dans « Go To Her » une ambiance paisible et sereine à l’aide de variations autour du thème romantique de Jake et Emma alors que le jeune garçon décide de traverser toutes les époques pour retrouver Emma et lui avouer ses sentiments, où qu’elle soit à l’heure actuelle.


UN PREMIER ESSAI RÉUSSI CHEZ BURTON !


Pour leur premier score écrit pour un film de Tim Burton, Mike Higham et Matthew Margeson s’en tirent haut la main grâce à leur partition orchestrale de très grande qualité pour « Miss Peregrine ». Sans surprise particulière, la musique des deux compositeurs parvient néanmoins à se hisser au niveau des meilleurs travaux de Danny Elfman même s’il manque parfois un soupçon de fantaisie et d’audace à l’ensemble qui aurait pu permettre au score d’atteindre les sommets. Néanmoins, ne boudons pas notre plaisir, car la partition de « Miss Peregrine » est une jolie réussite qui prouve encore une fois l’importance et la qualité des musiques dans l’univers cinématographique de Tim Burton. Grâce à ses thèmes de qualité et ses nombreuses idées sonores (le motif en écho de l’Ombrune, les trilles de cordes des Sépulcreux, les sons de pendule, les choeurs ténébreux, l’orgue gothique, etc.), « Miss Peregrine’s Home for Peculiar Children » a tout d’une grande musique de film, même s’il lui manque ce petit plus qui aurait pu en faire un chef-d’oeuvre du genre. L’ensemble est écrit avec une vraie sophistication, un vrai talent d’écriture, une volonté manifeste de donner le meilleur de soi-même malgré le fait qu’Higham et Margeson doivent passer derrière un immense compositeur comme Danny Elfman. Les fans de Tim Burton apprécieront à coup sûr la partition de « Miss Peregrine », tout comme les autres qui seraient désireux d’entendre d’autres compositeurs oeuvrer sur un film de Burton !




---Quentin Billard