1-Into A Circle 0.59
2-Wonderland 2.01
3-Happy Little Robots 1.33
4-Inner Sanctum 1.26
5-Lonely Kayak 0.57
6-Aftermath 2.51
7-Upgrade 0.45
8-Panic Text 2.05
9-Conspiracy 1.18
10-Chasing Amy 0.45
11-Fog Attack 1.36
12-Stolen Kayak 2.52
13-Finding Mercer 3.02
14-Toilet Talk 1.15
15-Intake 2.06
16-Ascension 1.03
17-Mae Takes Over 4.24
18-Simple Gifts 4.41*
19-More Happy Little Robots
(Bonus Track) 2.19
20-Return to Wonderland
(Bonus Track) 1.34
21-Happy Love Theme
(Bonus Track) 1.11

*Interprété par Jónsi
Traditionnel produit et arrangé
par Jónsi
Mixage audio de Alex Somers.

Musique  composée par:

Danny Elfman

Editeur:

Sony Classical 88985443732

Produit par:
Danny Elfman
Supervision musique:
Tiffany Anders
Orchestrateur:
Steve Bartek, Edgardo Simone
Assistant technique score:
Mikel Hurwitz
Coordination score:
Melisa McGregor
Assistant scoring:
Annie Rosevear
Coordination musique:
Taylor Rowley
Préparation musique, score,
production score:
Alex Ruger
Montage musique:
Ellen Segal
Mixage score:
Noah Scot Snyder
Préparation musique:
Tyler Westen

(c) 2017 Imagenation Abu Dhabi FZ/1978 Films/Likely Story/Playtone/Route One Entertainment/Parkes+MacDonald Image Nation. All rights reserved.

Note: **1/2
THE CIRCLE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Danny Elfman
« The Circle » fait partie des nouvelles productions cinématographiques de Image Nation Abu Dhabi, un studio basé aux Émirats Arabes qui finance depuis 2007 quelques films américains comme «  The Beaver », « Fair Game », « Ghost Rider : Spirit of Vengeance » ou « Men in Black 3 ». Le film est réalisé par James Ponsoldt et adapté du roman éponyme de Dave Eggers publié en 2013. « The Circle » raconte l’histoire de Mae Holland (Emma Watson), une jeune femme qui travaille dans un bureau et s’ennuie ferme dans sa vie, avec son meilleur ami Mercer (Ellar Coltrane) qu’elle tient à distance mais qui plaît beaucoup à ses parents Bonnie (Glenne Headly) et son père Vinnie (Bill Paxton), atteint de sclérose en plaques. Un jour, sa meilleure amie Annie Allerton (Karen Gillan), qui travaille dans une grosse entreprise de haute technologie baptisée « The Circle », l’informe qu’elle a réussi à lui décrocher un entretien d’embauche dans cette société. Peu de temps après, Mae réussit à obtenir un emploi chez The Circle où elle découvre le vrai but de la société : le PDG Eamon Bailey (Tom Hanks) présente alors SeeChange, un programme virtuel qui utilise des caméras miniatures que l’on peut placer n’importe où dans le monde et qui peuvent retranscrire des images hautes définitions très précises en temps réel. Et tandis que Mae semble s’épanouir chez The Circle et devient une employée majeure de l’entreprise, Tom Stenton (Patton Oswalt), le bras droit de Bailey, présente le cas d’une sénatrice américaine accusée de corruption et explique le principal credo de The Circle : un besoin total et inconditionnel de transparence absolue. Mae fait ensuite la connaissance de Ty Lafitte (John Boyega), l’homme qui a programmé le site True You pour The Circle et qui cherche aujourd’hui à dénoncer les agissements abusifs de la compagnie. Il révèle alors à Mae que l’entreprise compte ainsi stocker dans d’immenses tunnels souterrains les millions de données recueillies et stockées sur tous les individus de la Terre par le biais de True You, SeeChange et des réseaux sociaux. Peu de temps après, Mae apprend que son ami Mercer a eu des ennuis à cause d’une photographie qu’elle a partagé sur son profil The Circle. Le lendemain, Eamon Bailey décide de mettre en avant Mae à la suite d’un accident de kayak – où elle fut sauvée de justesse grâce aux caméras de SeeChange – et lui propose la transparence absolue en portant continuellement sur elle une caméra miniature. Mae devient alors la première personne entièrement « transparente » dont les moindres faits et gestes seront suivi en permanence par le public du monde entier.


THRILLER TECHNO-DYSTOPIQUE ASSEZ PLAT


« The Circle » partait donc d’une bonne idée : une dénonciation des dérives d’internet et des médias liés à l’informatique moderne, un sujet récurrent de nos jours à Hollywood. Ce n’est donc pas la première fois qu’un film américain dénonce les excès et les abus d’internet et des réseaux sociaux, ce n’est d’ailleurs pas une surprise puisqu’aujourd’hui tout le monde sait que le net peut contenir les zones les plus noires de l’âme humaine (on appelle cela le « dark web ») : vente d’armes illégales, de drogue, pédopornographie, vidéos illicites de type snuff movie, etc. « The Circle » part donc du postulat qu’un concept innovant et révolutionnaire, apparemment bon en soi, peut devenir une arme terrible qui finit par se retourner contre l’homme lui-même. Le film rappelle parfois le récent « Nerve » ou « The Social Network », mais James Ponsoldt n’a pas le talent de David Fincher et sa réalisation est bien trop sage et aseptisée pour convaincre pleinement. Le scénario insiste beaucoup trop sur le personnage de la belle Emma Watson qui a bien du mal à convaincre (elle semble trop jeune pour coller au rôle et son look de lycéenne l’empêche parfois de la prendre au sérieux!). Face à elle, on trouve des seconds rôles beaucoup plus convaincants, à commencer par Tom Hanks, parfait en PDG de l’entreprise The Circle qui semble imiter ici des figures bien connues des grandes sociétés comme Apple : sa manière de se déplacer ou de parler lors des meetings de l’entreprise fait clairement penser à Steve Jobs ! Hélas, son personnage est mal exploité et peu développé, comme celui de Ty, campé par John Boyega (la révélation de « Star Wars : The Force Awakens »), dont on aurait aimé en savoir plus.

Si tout cela partait donc d’une bonne idée, l’ensemble est assez mal exécuté pour satisfaire pleinement tous ceux qui souhaitaient retrouver un techno-thriller passionnant et déroutant. Oui, le film est oppressant dans la manière dont il réussit à nous enfermer dans cette gigantesque entreprise (le cercle) cloisonnée et aseptisée qui finit dangereusement par ressembler à une secte : les individus qui y travaillent finissent d’ailleurs par se comporter eux-mêmes comme des gens faisant partie d’une secte (la séquence où les deux employés viennent voir Mae et l’interrogent sur sa vie privée pendant près de 10 minutes fait froid dans le dos!). Et c’est là que le bat blesse car, malgré toutes ses bonnes volontés, « The Circle » prétend vouloir faire réagir les gens sur l’état de notre société moderne vis-à-vis d’internet et des réseaux sociaux (ainsi que des personnes responsables de ces immenses structures informatiques à l’échelle mondiale), mais au final, il échoue à faire passer quoique ce soit en raison d’un ton finalement très neutre et d’une mise en scène trop propre sur elle. Les images sont belles et colorées (les textes des internautes qui apparaissent régulièrement à l’écran sur fond rouge), le montage est réussi et la musique très présente et parfois intense, mais on en reste finalement sur notre faim, hormis peut être un détail intéressant dans le scénario : la nature même du personnage campé par Emma Watson.

Certes, la jeune actrice est un peu trop omniprésente dans le film (elle semble envahir chaque plan et piquer la place des autres comédiens!), mais la manière dont elle évolue dans le récit est intéressante : ( SPOILER ) alors qu’un film lambda aurait incité son héros à prendre conscience des dangers du monde et à réagir contre toutes ces personnes malveillantes pour sauver la situation, Mae au contraire propose d’aller toujours plus loin par rapport aux ambitions de The Circle et va même jusqu’à proposer l’uniformisation obligatoire et absolue de SeeChange et de True You dans le monde entier en signant ainsi un accord avec plus de 22 pays : le plan final semble d’ailleurs en dire long alors que Mae est en train de faire du kayak en observant les drones qui la survole inlassablement tout en souriant : Mae a fini par accepter le « lavage de cerveau » de l’entreprise, elle est même devenue encore plus extrémiste que ses propres patrons, une fin finalement très peu politiquement correct pour un film hollywoodien, et un final qui a d’ailleurs eu bien du mal à passer auprès du public (dans le livre, c’était d’ailleurs beaucoup plus prononcé !). Hélas, tout cela ne suffit pas à sauver « The Circle » d’un certain ennui. On aurait aimé en voir plus, on aurait aimé davantage de risque, de nervosité dans la mise en scène, des personnages mieux exploités (à noter que c’est le dernier film de Glenne Headly et de Bill Paxton!). Du coup, malgré toutes ses belles promesses, « The Circle » délivre un message peu surprenant et ne fait que révéler tout ce que l’on savait déjà, à savoir que nous sommes bel et bien espionnés sur le net et les réseaux sociaux, à tel point qu’il est probablement trop tard pour faire marche arrière !


UN DANNY ELFMAN ELECTRO !


« The Circle » marque la participation de Danny Elfman à la musique du film de James Ponsoldt. A noter que cela fait depuis quelques années que le compositeur semble choisir des projets plus intimistes qui lui permettent de sortir quelque peu des grosses machines hollywoodiennes qu’il met régulièrement en musique depuis les années 80. Ces dernières années, il a ainsi écrit les musiques de films tels que « Tulip Fever », « The Girl on the Train » ou « Fifty Shades Darker ». C’est d’ailleurs la seconde fois qu’il participe à un film de James Ponsoldt après avoir signé le score « The End of the Tour » en 2015. Pour retranscrire à l’écran l’univers informatique et numérique du film, Elfman a opté ici pour une approche 100 % électronique. Ce n’est pas la première fois que le compositeur s’essaie aux synthétiseurs puisqu’il avait déjà abordé l’électronique dans des scores comme « Wisdom » (1986), « A Civil Action » (1998), ou, plus récemment, dans « The Girl on the Train » (2016) et « Fifty Shades Darker » (2017). Généralement, Elfman est bien souvent moins inspiré lorsqu’il travaille dans un style électronique et sa partition pour « The Circle » n’échappe malheureusement pas à la règle. Le compositeur retranscrit l’univers du Cercle dans lequel travaille Mae Holland par un mélange de sonorités analogiques un brin expérimentales, entre nappes sonores, rythmes/loops modernes, motifs de clavier et effets en tout genre. Au niveau de l’esthétique musicale, on est très proche ici des travaux d’Atticus Ross et Trent Reznor chez David Fincher (on pense donc d’emblée à « The Social Network ») mais avec un soupçon d’inventivité en plus.


ANALYSE DE LA MUSIQUE


« Into A Circle » débute ainsi en posant le premier motif du score, une sorte de thème de boîte à musique désaxé et désarticulé avec un travail de sound design évident autour des claviers et de quelques basses éparses. Ce thème est associé à Mae dans le film et évoque la fragilité apparente de la jeune femme et son rapport avec sa famille. Le thème sera finalement peu présent dans le film mais on le retrouvera notamment vers la fin (dans « Mae Takes Over ») pour évoquer l’évolution de ce personnage dans son nouveau métier. Dans « Wonderland », Elfman évoque l’arrivée de Mae à The Circle à l’aide d’un morceau plus bondissant et optimiste, qui déborde d’une énergie évidente, avec ses basses marquées et ses sonorités légères qui se multiplient joyeusement avec une certaine insouciance. Quelques notes plus vaporeuses de piano éthéré viennent évoquer directement ici les sentiments et les émotions de Mae à son arrivée dans la nouvelle entreprise. Dès lors, on suit son quotidien dans son nouveau travail avec « Happy Little Robots », qui suggère, comme son titre l’indique ironiquement, que les employés de The Circle sont de véritables robots qui perdent progressivement tout sens critique (et une certaine humanité). Elfman s’amuse ici à jouer autour de sonorités furtives des synthétiseurs de manière robotique/mécanique, y compris dans les petites percussions analogiques qu’il parsème tout au long du morceau de manière fantaisiste. Certains passages plus intimistes comme « Inner Sanctum » évoquent les sentiments du personnage d’Emma Watson et notamment son rapport à sa famille et son père malade. Quelques notes de piano et de claviers suffisent ici à suggérer le ressenti de la jeune femme qui réalise progressivement l’ampleur de l’entreprise dans laquelle elle travaille désormais et les répercussions sur sa propre vie privée.

Elfman opte ici pour une approche résolument atmosphérique et minimaliste, évacuant tout aspect thématique au profit d’une série de pièces axées autour du sound design électronique et de petits motifs liés à une scène précise du film. Dans « Lonely Kayak », Elfman nous plonge dans une ambiance planante et onirique pour la scène où Mae part faire du kayak seule en pleine mer pour évacuer ses pensées et profiter de sa passion. Plus intéressant, « Aftermath » est l’un des moments clé du score où Elfman utilise de façon surprenante un petit orchestre à cordes incorporé aux synthétiseurs, pour apporter une certaine émotion au film. Le morceau s’avère plus dramatique et intimiste, on y retrouve un style plus proche de ce que fait habituellement Elfman, notamment dans l’emploi d’harmonies torturées aux cordes. On retrouve le thème de Mae dans « Conspiracy » où l’on devine un climat plus sombre et nettement moins optimiste que ce que l’on entendait au début, renforcé ici par l’apport de quelques cordes staccatos plus incisives. Le thème est aussi repris au piano dans « Chasing Amy ». Plus intéressant, « Fog Attack » est l’un des rares morceaux d’action du score, avec ses rythmes électroniques nerveux et agressifs et ses notes de claviers, dans un style qui rappelle clairement la musique d’Elfman pour « The Girl on the Train » (scène intense où Mae, à bord du kayak volé, se perd dans le brouillard en pleine nuit). Dès lors, la musique a tendance à tourner quelque peu en rond durant toute la seconde partie du film : la scène où Mae vole le kayak dans « Stolen Kayak » n’apporte pas grand-chose de plus au score et ne fait que recycler le traditionnel duo électro/clavier sans grande originalité particulière.


UNE CONCLUSION...TIÉDASSE ?


On retrouve un semblant d’action dans le nerveux « Finding Mercer » où Mae utilise SeeChange pour retrouver Mercer en moins de 10 minutes, ce qui provoque alors l’irréparable. Elfman accentue ici l’intensité de la scène à travers un crescendo frénétique de basses synthétiques hystériques et agressives. Dans « Toilet Talk », l’ambiance devient plus morose avec un piano intime et solitaire pour la scène où Amy discute avec Mae dans les toilettes et lui révèle son mal-être dans l’entreprise. A noter le retour des cordes mélancoliques dans « Intake » qui rappellent vaguement le style de « A Simple Plan » ou « Dolores Claiborne ». « Ascension » et « Mae Takes Over » semblent finalement en dire bien long sur l’évolution de Mae Holland chez The Circle. La musique ne laisse aucune place pour le doute : le thème de piano de Mae revient finalement dans « Mae Takes Over » et s’avère cette fois plus déterminée mais toujours axé sur le ton de la retenue et de l’économie de moyens. Le film se termine par ailleurs sur un crescendo dramatique assez intense, à l’aide de voix féminines, de cordes et de claviers idéal pour conclure le récit. Danny Elfman signe donc un score électronique purement minimaliste et tout en retenue pour « The Circle », qui rappelle les travaux d’Atticus Ross et Trent Reznor, sans surprise particulière.

Elfman n’a que très rarement composé des musiques purement électroniques et « The Circle » nous offre enfin l’occasion d’écouter le musicien dans un registre plus minimaliste et atmosphérique, bien loin de ses partitions plus monumentales et orchestrales pour Tim Burton. Hélas, le résultat est un peu tiédasse : la musique ne fait ni froid ni chaud et s’avère purement fonctionnelle sur les images. Elle apporte un semblant d’émotion à certaines scènes, renforce la tension à d’autres moments et sait se faire discrète quand il le faut. Le problème, c’est que l’écoute isolée s’avère plutôt décevante : il manque à cette partition un petit quelque chose qui lui permettrait de dépasser son statut de musique électronique atmosphérique noyée dans la masse. On a déjà entendu ce genre de musique 1000 fois auparavant par des compositeurs qui semblent mieux maîtriser ce genre, et force est de constater qu’Elfman n’est jamais autant inspiré que lorsqu’il compose pour des films fantaisistes, gothiques ou ténébreux plutôt que pour des drames intimistes qui lui réussissent finalement beaucoup moins (hormis le formidable « Dolores Claiborne »). Malgré quelques bonnes idées, « The Circle » est un score anecdotique dans la carrière d’Elfman qui risque fort de tomber rapidement dans l’anonymat, faute d’une réelle ambition musicale : on se serait attendu à davantage de folie de la part du compositeur, à davantage d’audace, mais c’est finalement l’ennui qui nous guette à l’horizon à l’écoute de ce score ultra fonctionnel. Peut être pour une prochaine fois ?



---Quentin Billard