1-Nightmare 2.04
2-Christian 1.37
3-On His Knees 3.24
4-Panties 0.44
5-Bathroom Encounter 2.35
6-No Strings Attached 1.54
7-Dossiers 3.46
8-1st Sex 0.56
9-Vandalize 1.32
10-The L Word 1.52
11-Texting 1.03
12-Red Room 2.33
13-A Key 1.18
14-Jack Attack 1.58
15-Danger Girl 3.32
16-Chopper Crash 0.50
17-Survive 2.49
18-Yes! 1.28
19-Announcement 1.45
20-Martini Face 1.55
21-Making It Real 2.32

Musique  composée par:

Danny Elfman

Editeur:

Back Lot Music BLM677

Produit par:
Danny Elfman
Montage musique:
Bill Abbott, Angie Rubin
Orchestrateurs:
Steve Bartek, Edgardo Simone
Préparation score:
Steve Bauman
Préparation musique:
Victor Pesavento, Annie Rosevear,
Jina B. Choi, Candy Emberley,
Luke Flynn, Joe Zimmerman

Supervision musique:
Dana Sano
Assistant monteur musique:
Denise Okimoto
Coordination musique:
Hillary Holmes
Musique additionnelle:
David Buckley

Artwork and pictures (c) 2017 Universal Pictures. All rights reserved.

Note: **1/2
FIFTY SHADES DARKER
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Danny Elfman
Énorme succès littéraire, « Fifty Shades of Grey » (Cinquante Nuances de Grey) est le best-seller très controversé de l’écrivaine anglaise E.L. James, dont les trois tomes furent publiés entre 2011 et 2015. Peu de temps après, Hollywood s’intéressa très vite à l’adaptation de ces livres sur le grand écran. Le premier film sort finalement au cinéma en 2015 après une longue période de gestation et de nombreuses questions concernant le casting des deux principaux protagonistes du récit. Confié à Sam Taylor-Johnson, le film est massacré par les critiques mais cartonne au box-office. Succès oblige, la suite est rapidement mise en chantier, adapté du second livre d’E.L. James : « Fifty Shades Darker » (Cinquante nuances plus sombres) et sort en salles en 2017. Le film est confié cette fois-ci à James Foley, qui tourne successivement le troisième film, dont clôturera la trilogie en 2018. Le film débute peu de temps après les événements du premier opus. Anastasia Steele (Dakota Johnson) est convaincue qu’elle n’est pas compatible avec Christian Grey (Jamie Dornan). Peu de temps après leur rupture, Ana débute un nouveau travail dans une maison d’édition et tente de démarrer une nouvelle vie. Mais Christian réapparaît peu de temps après au cours d’une exposition photo organisée par José (Victor Rasuk), l’ami d’Ana, et l’invite à dîner pour discuter. Christian tente alors de reconquérir Ana en lui expliquant qu’il a changé et qu’il souhaite désormais renégocier les termes de leur « contrat ». Ana finit par accepter et se remet finalement en couple avec Christian, qui accepte enfin pour la première fois de sa vie d’avoir une relation amoureuse. Hélas, leur passion est très vite menacée par l’angoisse perpétuelle du jeune homme liée aux blessures de son passé, et la réapparition d’une jeune femme psychotique, Leila Williams (Bella Heathcote), qui fut autrefois la soumise de Christian, et qui traque désormais le couple partout où ils vont. Ana fait aussi la connaissance d’Elena Lincoln (Kim Basinger), qui fut la maîtresse et dominatrice de Christian, et aussi celle qui l’a initié aux pratiques sexuelles sado-masos.


ROMANCE ÉROTIQUE POUR BOBOS…


A l’instar du précédent film de Sam Taylor-Johnson, « Fifty Shades Darker » est un mélange entre film érotique et comédie romantique, dans le sens où l’on retrouve tous les codes des films d’amour mais aussi ceux des pornos soft. C’est ce mélange plutôt audacieux qui fit la réputation des livres d’E.L. James avant d’être mollement transposé à l’écran par des producteurs assez frileux. Si l’on pouvait encore apprécier l’audace du premier opus qui osait aborder les pratiques sado-masochistes d’Ana et Christian (un cas plutôt rare pour un gros film américain destiné à un public très puritain), on restera déçu de ce second tome pas vraiment passionnant, filmé mollement par un James Foley peu inspiré, qui se contente de poser sa caméra en attendant qu’il se passe quelque chose devant son objectif. Dakota Johnson et Jamie Dornan forment un joli couple à l’écran, mais le problème c’est que tout cela est justement trop « joli », trop aseptisé et trop « américanisé » pour convaincre réellement. On nous promettait de la subversion et de l’audace, mais on se retrouve finalement avec une énième love story calibré essentiellement destinée à un public féminin (le même qui regarderait la série TV « Sex and the City ») sur les amourettes d’une jeune femme de la middle class avec un beau gosse milliardaire amateur de pratiques SM. Si cela passait encore avec le premier film qui contenait quelques bons moments, on s’ennuie carrément ferme dans cette suite réalisée platement et sans conviction. Autre souci de taille : le scénario ! Le film est bien trop long (2h11) et ne raconte pas grand-chose.

Les scènes érotiques sont plus nombreuses (au moins une toutes les 10 minutes!) mais le rythme est bien plus mou que dans le premier film. Les quelques tentatives de rebondissement avec le personnage de Leila, de Jack, le patron d’Ana, ou d’Elena, l’ancienne dominatrice de Grey, n’apportent presque rien à l’histoire : comme toujours, Christian arrange tout d’un coup de fil en usant de son pouvoir, si bien qu’on ne frissonne jamais devant l’éventualité d’un danger qui guette Ana ou Christian. Et que dire de cette séquence minable du crash de l’hélicoptère, tentative désespérée d’apporter un peu d’action à un film ennuyeux dénué de la moindre finesse (sans oublier quelques effets visuels bâclés et une utilisation évidente de fonds verts). On serait tenté de dire « ouf, enfin un peu d’action ! » si tout cela n’était pas cassé par la réapparition de Christian 10 minutes plus tard, visiblement en pleine forme et qui se contente juste de dire à ses proches désespérés et en pleurs : « ça va, je vais bien ! ». Le film se conclut aussi mollement qu’il a débuté, avec une séquence à mi-générique annonçant le dernier volet prévu pour, devinez quoi, la Saint Valentin en 2018. Qui a dit que l’amour et le sexe ne faisaient pas bon ménage dans la grosse machinerie hollywoodienne ? Pour les fans des livres d’E.L. James, uniquement !


UN ELFMAN EN MODE INTIMISTE


Danny Elfman composa en 2015 une partition assez lyrique, moderne et atmosphérique pour « Fifty Shades of Grey », remarquée pour ses quelques passages plus intenses utilisant des choeurs comme le compositeur en a l’habitude. Hélas, la nouvelle partition d’Elfman pour « Fifty Shades Darker » n’a rien de foncièrement originale et risque d’en décevoir plus d’un. Il faut quand même remarquer que cela fait maintenant quelques années que le compositeur semble vouloir opérer un changement de style et d’approche dans ses musiques : « The End of the Tour », « The Girl on the Train » ou le récent « The Circle » ont montré un autre visage du compositeur, plus minimaliste, plus orienté vers l’électronique et l’exploration du sound design. Pour « Fifty Shades Darker », Elfman reprend les principaux éléments de sa musique pour le précédent film : guitares, piano, cordes et synthétiseurs suffisent à élaborer une ambiance à la fois sombre, planante et intimiste, où l’on devine la passion charnelle d’Ana et Christian même s’il faut quand même reconnaître que la musique semble ici beaucoup plus en retrait et nettement plus atmosphérique. Le ton est donné dès « Nightmare » avec son mélange caractéristique de cordes sombres avec piano et guitare. Le thème principal du premier film revient dans « Christian », reconnaissable à ses notes intimes de piano sur fond de cordes et de quelques arpèges délicats de guitare. Comme dans le premier opus, il reste largement associé ici à Christian Grey. On retrouve aussi le thème d’Anastasia repris du premier film, mais beaucoup plus impersonnel et transparent. A l’instar de « Fifty Shades of Grey », on regrette ici le côté tiédasse et peu inspiré du « Ana’s Theme », comme si le récit était réellement vu du côté de Christian et non de celui d’Ana. Elfman opte ici pour une approche résolument minimaliste et tout en retenue, avec une réelle économie de moyens.


ANALYSE DE LA MUSIQUE


Le film est essentiellement rythmé par une longue succession de chansons qui accompagnent une bonne partie des scènes de sexe du film. Du coup, Elfman n’a que très peu de place pour opérer et se contente bien souvent d’écrire des transitions musicales entre deux scènes ou pour les moments émotionnels ou importants du récit. « On His Knees » s’impose par exemple grâce à ses variations autour du thème principal avec le piano et des cordes passionnées qui montent ici crescendo, le tout baignant dans une douce ambiance mélancolique et intimiste réussie, accompagnée par la guitare. Dans « Panties », on devine l’ambiance érotique du film à l’aide des notes sensuelles du piano, des rythmes électroniques et des samples de voix féminine. Un morceau comme « Bathroom Encounter » est quand à lui beaucoup plus sombre et atmosphérique, avec ses notes tendues et mystérieuses de cordes et de piano qui reflètent parfaitement l’ambiance voulue par Danny Elfman sur « Fifty Shades Darker ». On retrouve ensuite le thème de Christian dans « No Strings Attached » avec ses notes caractéristiques de piano baignant dans une ambiance sensuelle et touchante très réussie, conservant une approche minimaliste qui sied parfaitement au film. A noter l’emploi de loops électroniques dans « Dossiers », qui s’avère toujours aussi atmosphérique et finalement guère passionnant en écoute isolée.

« 1st Sex » accompagne les premiers ébats amoureux entre Ana et Christian après leurs retrouvailles vers le début du film. Elfman accompagne ici la séquence avec une certaine tendresse sans jamais en faire des tonnes : quelques notes hésitantes de piano viennent rappeler le thème de Christian avec des cordes optimistes et apaisées. En revanche, « Vandalize » fait monter la tension pour la scène où Ana découvre que sa voiture a été dévastée. Elfman accentue l’angoisse et la peur d’Ana à l’aide de sonorités électroniques inquiétantes et de basses menaçantes, accompagnées du sempiternel duo cordes/piano où l’on devine la mélodie plus malmenée de Christian. Le thème d’Ana apparaît de façon plus évidente dans « The L Word » où il est repris par un très beau duo piano/violoncelle dans un morceau poignant de toute beauté, l’un des meilleurs passages du score de « Fifty Shades Darker », résolument romantique. A noter l’emploi très réussi de voix féminines fantomatiques dans « Red Room », plus typiques d’Elfman, utilisées ici de manière mystérieuse durant la scène où Ana retourne dans la chambre rouge de Christian. Le thème d’Ana est plus présent au piano dans « A Key », pour la scène où Grey remet à Ana une mystérieuse clé, lui confirmant le sérieux de leur relation amoureuse. Dans « Jack Attack », Elfman suggère la scène où Jack se montre violent avec Ana et tente alors de l’agresser sexuellement : des basses et des percussions synthétiques parviennent ici à capter toute la gravité et la tension de la scène même si l’on regrette le fait que le personnage de Jack (qui aura un rôle majeur dans le troisième film) n’ait pas d’identité musicale ou de motif à proprement parler.

Le thème de Christian est repris de manière plus urgente dans « Danger Girl » où règne un suspense évident à l’aide de cordes dissonantes et sombres sur fond de rythmiques électroniques pour la séquence où Leila pointe son arme sur Ana. De la même façon, la séquence du crash de l’hélicoptère (« Chopper Crash ») permet à Elfman de nous offrir un bref morceau d’action d’une cinquantaine de secondes qui renforce la tension de la scène sans grand éclat particulier. On respire par ailleurs avec « Survive » lorsque Christian réapparaît plusieurs heures après, apparemment sain et sauf, accompagné de son thème de piano. L’ambiance devient ensuite plus romantique dans « Yes ! » où Elfman lorgne clairement vers les musiques de comédie romantique avec des harmonies tendres de cordes et de piano pour parvenir à ses fins, alors qu’Ana et Christian discutent finalement de mariage. Le thème d’Ana est repris de manière plus évidente au début de « Announcement » lorsque le couple décide finalement d’annoncer à leurs proches leur mariage. Le film se termine sur le très beau « Making It Real » où Elfman mélange guitare, piano, orchestre et violoncelle avec un lyrisme et un romantisme plus qu’évident.


UNE CONCLUSION GUÈRE FOLICHONNE…


Et c’est ainsi que se referme les pages du nouvel opus musical de Danny Elfman pour « Fifty Shades Darker ». Passé la découverte du premier épisode, le compositeur semble ne prendre aucun risque sur ce second tome et livre une composition intime et minimaliste toute en retenue mais sans originalité particulière. Il manque au score d’Elfman un soupçon d’audace, de passion pour réellement élever l’ensemble vers les sommets, un fait d’autant plus regrettable que son précédent score pour « Fifty Shades of Grey » s’avérait beaucoup plus réussi et un brin plus surprenant (notamment dans ses rares passages passionnés avec les choeurs!). Autre fait regrettable ici : l’omniprésence du thème de Christian au détriment de celui, moins perceptible, d’Ana, et d’une quasi absence de motifs secondaires (pour Jack ou pour Leila) qui auraient pourtant permis au score de prendre une toute autre tournure dans la narration du film. On a parfois l’impression que Danny Elfman s’est contenté ici du strict minimum en recyclant perpétuellement un même schéma : celui d’un mélange fade de cordes et de piano saupoudré de quelques solistes et parties électroniques mais sans aucune ambition particulière. La musique apporte quand même son lot d’émotion et de tension aux moments-clé du film mais force est de constater que devant l’abondance de chansons et le caractère souvent anonyme et tiédasse de la composition d’Elfman, on ressort moyennement convaincu de l’écoute du score de « Fifty Shades Darker » : on était quand même en droit d’attendre davantage de la part d’un grand compositeur comme Danny Elfman, et son passage sur ce second film de la trilogie « Fifty Shades » est un peu plus décevant : on espère que le compositeur saura se réveiller et nous offrir quelque chose d’un peu plus ambitieux et d’original pour « Fifty Shades Freed », prévu courant 2018.




---Quentin Billard