1-Asking Questions 2.42
2-Truth Main Title 2.32
3-Documents 2.37
4-Three Hours 2.59
5-Culmination 2.46
6-FEA 3.43
7-Transcendence 2.15
8-Duty and Honor 1.23
9-Needle In A Haystack 3.22
10-Humble Beginnings 2.09
11-Mistakes and Misunderstanding 2.10
12-Pursuing The Truth 1.38
13-Uncovering Lies 4.16
14-Hodges Confirm 3.10
15-60 Minutes 1.54
16-Indiscretion 1.22
17-Let's Start From The Beginning 2.57
18-OETR 2.59
19-I Am What I Am 1.15
20-Public Apology 3.49
21-End Of An Era 4.36

Musique  composée par:

Brian Tyler

Editeur:

Varèse Sarabande 302 067 383 8

Produit par:
Brian Tyler, Joe Lisanti
Producteurs exécutifs:
Brett Ratner, Andy Spaudling,
Doug Mankoff

Producteur exécutif pour
Varèse Sarabande:
Robert Townson
Coordination musique:
Elaine Beckett, Seth Glennie-Smith,
Aidan Rowe

Orchestrations:
Robert Elhai, Dana Niu,
Brad Warnaar

Orchestre:
Sydney Scoring Orchestra
Préparation musique:
Janis Stonerook
Assistant scoring:
Mike Miller
Programmation et arrangements:
Robert Lydecker,
Pakk Hui, John Carey

Mixage score:
Greg Hayes

Artwork and pictures (c) 2015 Ratpac Truth, LLC. All rights reserved.

Note: ***1/2
TRUTH
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Brian Tyler
« Truth » (le prix de la vérité) est le premier long-métrage de James Vanderbilt, plus connu en tant que scénariste sur certains blockbusters des années 2000 comme « Darkness Falls », « The Rundown », « The Losers », « The Amazing Spider-Man » ou « White House Down ». Pour son premier passage derrière la caméra, Vanderbilt décide de porter à l’écran le livre autobiographique « Truth and Duty : The Press, The President and the Privilege of Power » de Mary Mapes publié en 2005. Le film s’intéresse au fameux scandale des documents de Jerry Killian, l’une des plus célèbres controverses journalistes américaines. Le récit débute en 2004, quelques mois avant les élections présidentielles américaines. Mary Mapes (Cate Blanchett), productrice de l’émission de primetime 60 Minutes Wednesday, réunit une équipe constituée de Mike Smith (Topher Grace), Lucy Scott (Elisabeth Moss) et du colonel Roger Charles (Dennis Quaid) pour rechercher des preuves concernant un éventuel traitement de faveur qu’aurait reçu George W. Bush durant son service à l’armée entre 1972 et 1973. Mapes et son équipe apprennent que Bush aurait rencontré des difficultés aux tests d’aptitude et que certains de ses enregistrements à l’armée auraient été trafiqués ou effacés.

Pour pouvoir corroborer toute cette histoire, Mary et son équipe décident de rencontrer Bill Burkett (Stacy Keach), un ancien officier à la retraite qui prétend détenir des mémos et des lettres révélant le fait que Bush aurait été pistonné durant son service à l’armée et aurait déserté pendant près d’un an sans aucune explication. Avec l’aide du présentateur vedette du journal télévisé de CBS Dan Rather (Robert Redford), Mary organise un reportage qui est diffusé dans le cadre de l’émission 60 Minutes. Hélas, peu de temps après la diffusion de leur programme, Mary et Dan doivent faire face à une grave polémique concernant la véracité des documents présentés dans leur émission. Selon certaines sources, les documents rédigés par l’officier Jerry Killian seraient des faux et auraient été tapés récemment sur Microsoft Word et n’auraient donc pas pu avoir été écrits dans les années 70. A nouveau interrogé sur ces fameux écrits, Bill Burkett révèle alors qu’il a menti à Mary et son équipe pour pouvoir protéger ses sources et qu’il savait pertinemment que les documents fournis étaient des faux. Après que le scandale ait été révélé à la télévision, une commission d’enquête interne doit statuer sur le sort de Mary Mapes, Dan Rather et le reste de leur équipe, pour savoir si Mary Mapes n’aurait tout simplement pas agit vis-à-vis de ses propres opinions politiques libérales.



DRAME ACADÉMIQUE SUR LE JOURNALISME


« Truth » est donc un drame biographique relatant l’histoire de Mary Mapes et Dan Rather, présentateur vedette de l’émission 60 Minutes pour la CBS, qui du se retirer du monde de la télévision après le licenciement de Mary Mapes en 2004 suite au scandale lié aux documents de Jerry Killian. Pour son premier long-métrage en tant que réalisateur, James Vanderbilt ne prend aucun risque et livre un film académique tourné à la manière d’un documentaire, où les faits sont relatés avec une certaine rigueur mais sans originalité particulière. Le film vaut surtout pour la qualité de ses acteurs, réunissant Cate Blanchett (impeccable, comme d’habitude) et le vétéran Robert Redford dans un rôle qui lui sied comme un gant. A leurs côtés, quelques seconds rôles solides incluant Dennis Quaid, Stacy Keach, Bruce Greenwood ou Topher Grace viennent parfaire le tableau, mais sans jamais apporter le moindre éclat. Indubitablement, Vanderbilt n’a pas voulu s’embarrasser de détails et de nuances et va droit à l’essentiel durant les quelques 2 heures du film. Le problème c’est que sa réalisation manque cruellement de souffle : le cinéaste se contente trop souvent de poser sa caméra en attendant que des choses se passe devant son objectif. Mais quand on réunit des stars comme Blanchett, Redford ou Quaid, on est quand même en droit d’attendre autre chose de leur part.

Alors que le film semblait vouloir se diriger vers le genre du thriller conspirationniste et politique comme on en voyait régulièrement à Hollywood dans les années 70, « Truth » n’est finalement qu’un énième biopic tiédasse sur un célèbre scandale journalistique qui provoqua la démission des membres de l’équipe de l’émission 60 Minutes, bien que l’affaire permit de faire la lumière sur les mensonges de jeunesse de George W. Bush par rapport à son passé de jeune militaire dans les années 70. Après la polémique autour de Mary Mapes et son équipe de journalistes, d’autres scandales sont venus rappeler aux citoyens américains l’ampleur des nombreux mensonges de Bush (Mapes fut par exemple l’une des premières à dénoncer les tortures infligées aux prisonniers de la prison d’Abu Ghraib). Le film relate donc parfaitement les faits qui ont conduit l’équipe de 60 Minutes à perdre leur emploi tout en s’interrogeant sur les limites du travail de journaliste et de la recherche de la vérité par tous les moyens. A ce sujet, on aurait aimé que le film aille un peu plus loin : jusqu’où peut-on aller pour évoquer la vérité dans les médias ? Quelles sont les limites et qui les fixe ? Comment faire pour dénoncer les agissements des plus hauts placés de ce monde ? Certaines de ces questions restent en suspend et le film nous laisse un peu sur notre faim. Mais l’ensemble reste bien ficelé malgré tout, avec quelques bonnes montées de tension et une excellente direction d’acteur.


UNE PARTITION INSPIRÉE !


C’est Brian Tyler qui a été choisi pour écrire la musique de « Truth ». A noter que James Vanderbilt a déjà croisé la route de Tyler en 2003 sur le film d’épouvante « Darkness Falls », ce qui explique probablement son arrivée sur « Truth ». Le film permet à Tyler de montrer une autre facette de son style musical, plus minimaliste et restreint, très différent de ses travaux habituels sur les gros films d’action qu’il met régulièrement en musique. Dès les premières notes de « Asking Questions », on sait qu’on aura à faire à un Brian Tyler en pleine économie de moyens, fait plutôt rare dans sa filmographie essentiellement jonchée de blockbusters pétaradants. Avec un mélange de cordes et de piano, Tyler pose le ton de sa partition avant de mettre en place un ostinato rythmique de percussions pour maquer la détermination de Mary Mapes et son équipe à découvrir la vérité sur les dossiers Killian liée au passé de militaire de Bush. Le thème principal est finalement dévoilé dans « Truth Main Title » : il prend l’apparence d’une mélodie solennelle et majestueuse pour cuivres et cordes sur fond de percussions martiales. On retrouve clairement ici le style de « Annapolis » (2006) avec le même genre de fanfare un brin héroïque et patriotique, associée ici à la quête de vérité journalistique et formidablement placé sur les images – il évoque aussi judicieusement le monde de l’armée américaine suggérée à de nombreuses reprises dans le film – Autant dire que « Truth Main Title » est clairement l’attraction majeure de la partition de Brian Tyler, une vraie réussite dans le film comme sur l’album !


ANALYSE DE LA MUSIQUE


Mais la B.O. de « Truth » est bien loin de ne se limiter qu’à un style patriotique/militariste simpliste, car, comme dit précédemment, la musique joue davantage ici la carte de l’émotion et du minimalisme sans jamais en faire de trop. Cette approche est confirmée dès « Documents » avec son travail de cordes mystérieuses qui laissent toujours planer un sentiment de doute et de tension sur les images. « Three Hours » développe la tension à travers l’utilisation d’éléments électroniques et de cliquetis synthétiques évoquant l’idée du temps qui passe. A noter ici la façon dont le rythme rebondit grâce à des cordes plus agitées et un ostinato de piano évoquant la détermination de Mary durant leur enquête pour préparer le reportage de 60 Minutes à la télévision. Le morceau se conclut même de manière plus agitée avec une déferlante de percussions agressives plus typiques de Brian Tyler, une allusion à son style ‘action’ habituel. « Culmination » s’oriente quant à lui vers un style plus intime et mélancolique avec ses cordes amères et résignées de toute beauté, dévoilant pour une fois l’approche émotionnelle du compositeur, trop souvent mise de côté sur les gros blockbusters pour lesquels il compose (trop ?) régulièrement.

« FEA » met l’accent sur des petites cymbales et des ostinatos de cordes pour évoquer le temps qui passe et les ennuis auxquels Mary et son équipe doivent faire face après avoir appris que leurs documents étaient probablement des faux. Brian Tyler parvient à conserver dans sa musique un tempo constant et quasi métronomique, comme pour suggérer la rigueur implacable du métier de journaliste et la dureté de leur travail. Dans « Transcendence », Tyler nous offre même l’un des plus beaux morceaux de la partition de « Truth », pour la séquence où le reportage est enfin diffusé à la télévision. Étonnamment, la séquence est privée de bruitages et laisse libre cours à la musique de Tyler pour s’exprimer pleinement à l’écran : le morceau est dominé ici par la voix éthérée de Tori Letzler, de toute beauté, sur fond d’harmonies bouleversantes de cordes, un instant assez magique et unique dans le film comme sur l’album, qui prouve que Brian Tyler n’est pas qu’un compositeur bourrin mais qu’il est aussi capable de montrer une facette plus tendre et poétique de sa musique. « Duty and Honor » fait régner un sentiment de douce mélancolie liée au personnage de Mary Mapes tandis que « Needle In A Haystack » développe des ostinatos de cordes/piano et le retour du thème patriotique, plus calme et solennel (à la trompette vers 1:02) avec quelques percussions martiales.

« Humble Beginnings » développe le thème principal aux cordes avec cet aspect ‘americana’ assumé mais sans grande pompe, avec l’apport d’un piano intimiste. On ressent alors une certaine gravité dans « Mistakes and Misunderstandings » alors que le travail de Mary et son équipe est remis en question par les dirigeants de CBS. On retrouve l’idée de détermination et de quête de la vérité dans « Pursuing the Truth » qui reprend en grande partie le matériau de « Three Hours ». Mais le sombre « Uncovering Lies » vient nous ramener à la dure réalité alors que les journalistes réalisent que Burkett a menti depuis le début au sujet des documents de Jerry Killian. A noter l’emploi de rythmes synthétiques modernes plus typiques de Brian Tyler dans « 60 Minutes », où l’on découvre un autre passage martial/patriotique assez réussi, suivi d’un passage électronique plus moderne. « Let’s Start From The Beginning » et « OETR » nous amènent au dernier acte du film, où l’on devine une issue plus dramatique et sombre. Enfin, « Public Apology » et « End of an Era » concluent le film sur le ton de l’émotion, avec des rappels au thème principal de quatre notes. « End of an Era »s’avère particulièrement poignant pour la coda du film, avec une très belle reprise du thème principal aux cordes (à 1:36) lorsque Dan Rather fait ses adieux à la télévision à la fin du film, suivi d’un crescendo poignant de l’orchestre débouchant sur une dernière reprise grandiose du thème patriotique.


UNE CONCLUSION ÉMOUVANTE


Le film se termine donc sur une ultime touche d’émotion formidablement élaborée par un Brian Tyler visiblement inspiré par son sujet. Pour une fois, le compositeur a l’occasion de sortir de son style ‘action’ habituel et nous livre une composition assez minimaliste bien que résolument orchestrale, utilisant un thème principal patriotique très réussi pour évoquer la quête de vérité de ces journalistes qui finiront par perdre leur emploi suite au scandale des documents de Jerry Killian en 2004 (à noter que personne n’a jamais pu prouver à 100 % que ces documents étaient des faux, l’inverse étant aussi vrai!). Entre introspection, détermination et courage, la musique de « Truth » rend donc hommage au travail difficile de ces journalistes et du monde de la presse en général. Brian Tyler évite d’en faire des tonnes à l’écran comme il le fait trop souvent sur certains de ses films et livre une composition tout en nuance, empreinte d’une certaine beauté (« Transcendence ») et de moments assez inspirés. « Truth » est donc une musique très soignée qui montre une facette plus lyrique et intimiste du compositeur même si cela reste un effort mineur de la part de Brian Tyler dans sa filmographie. Il manque un soupçon d’audace et d’originalité pour permettre à cette partition de s’élever au dessus de la masse des musiques orchestrales hollywoodiennes. Mais parce qu’il s’agit d’un score un peu différent de ce que fait habituellement le compositeur pour le cinéma U.S., « Truth » mérite largement qu’on s’y intéresse !




---Quentin Billard