1-Every 27 Years 2.36
2-Paper Boat 1.55
3-Georgie Meet Pennywise 3.38
4-Derry 2.24
5-River Chase 2.09
6-Egg Boy 2.44
7-Beverly 1.20
8-Come Join The Clown, Eds 1.20
9-You'll Float Too 3.20
10-Shape Shifter 1.42
11-Hockstetter Attack 2.15
12-Haircut 4.14
13-Derry History 2.48
14-January Embers 1.05
15-Saving Mike 1.15
16-This Is Not A Dream 2.08
17-Slideshow 2.01
18-Georgie's Theme 1.42
19-He Didn't Stutter Once 1.33
20-Neibolt Street 4.17
21-Time To Float 3.04
22-It's What It Wants 1.19
23-You'll Die If You Try 4.38
24-Return To Neibolt 2.31
25-Into The Well 2.05
26-Pennywise's Tower 1.48
27-Deadlights 2.04
28-Searching For Stanley 2.28
29-Saving Beverly 3.36
30-Georgie Found 1.53
31-Transformation 0.58
32-Feed On Your Fear 2.34
33-Welcome To The Losers Club 3.05
34-Yellow Raincoat 1.43
35-Blood Oath 3.11
36-Kiss 0.54
37-Every 27 Years (Reprise) 2.07
38-Epilogue/The Pennywise Dance 0.36

Musique  composée par:

Benjamin Wallfisch

Editeur:

WaterTower Music

Musique produite par:
Benjamin Wallfisch
Monteur musique:
Lisé Richardson
Assistant montage musique:
Nate Underkuffler
Orchestrations:
David Krystal
Préparation musique:
Booker White
Mixage score:
Joel Iwataki
Programmations synthés:
Antonio Andrade, Alex Lu
Assistant technique score:
Max Sandler
Orchestre:
The Hollywood Studio Symphony
Coordination score:
Celeste Chada
Album produit par:
Benjamin Wallfisch
Producteur exécutif album:
Dana Sano
Direction de la musique pour
New Line Cinema:
Erin Scully
Direction de WaterTower Music:
Jason Linn
Music business affairs:
Lisa Margolis, John F.X. Walsh
Production WaterTower Music:
Sandeep Sriram
Coordination soundtrack:
Kim Baum

Artwork and pictures (c) 2017 New Line Cinema/Lin Pictures/Vertigo Entertainment/KatzSmith Productions/RatPac-Dune Entertainment. All rights reserved.

Note: ****
IT
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Benjamin Wallfisch
« It » (ça) est une nouvelle adaptation cinématographique du célèbre roman homonyme de Stephen King publié en 1986. Le livre avait déjà été adapté une première fois à la télévision par Tommy Lee Wallace en 1990. Il faudra finalement attendre 2017 pour que le cinéma s’intéresse enfin à ce classique de Stephen King dans un long-métrage ambitieux réalisé par l’argentin Andrés Muschietti, cinéaste révélé en 2013 avec son film d’épouvante « Mama » - à noter que le film devait être initialement réalisé par Cary Joji Fukunaga qui quittera finalement le projet suite à des désaccords avec les producteurs – « It » n’est donc pas un remake du téléfilm en 2 parties de 1990 mais bien une réadaptation du roman de Stephen King. L’histoire se déroule à Derry dans le Maine en 1988. Le jeune Bill Denbrough (Jaeden Lieberher) fabrique un bateau en papier pour son petit frère Georgie (Jackson Robert Scott), afin qu’il puisse s’amuser dehors durant la tempête qui secoue la ville. Bill, qui a la grippe, est obligé de rester à la maison, tandis que Georgie part s’amuser avec son bateau qu’il fait flotter sur le caniveau. Mais le jouet tombe dans une bouche d’égout et Georgie se penche alors pour tenter de le rattraper : c’est à ce moment là qu’il découvre un étrange personnage caché dans l’égout, un clown mystérieux et terrifiant qui se présente comme Grippe-Sou (Bill Skarsgard), le clown dansant. Ce dernier lui propose alors de récupérer son bateau et en profite pour lui attraper le bras qu’il lui coupe en le mordant violemment, entraînant ensuite le petit garçon dans les égouts.

Quelques mois plus tard, Bill, Richie (Finn Wolfhard), Eddie (Jack Dylan Grazer) et Stan (Wyatt Oleff) se retrouvent durant les vacances d’été. Les quatre ados font la connaissance de la jeune Beverly Marsh (Sophia Lillis), qui sort du lycée où elle est précédée d’une réputation sulfureuse, harcelée par ses camarades de classe. Ils rencontrent ensuite Mike Hanlon (Chosen Jacobs), jeune éleveur qui travaille avec son grand-père pour livrer en ville de la viande de mouton, ainsi que Ben Hanscom (Jeremy Ray Taylor), qui a croisé Beverly à la sortie du lycée et est rapidement tombé sous son charme, secrètement amoureux d’elle. Ces ados ont en commun le fait d’être rejetés par leurs camarades et ont du mal à s’intégrer à l’école. Ils forment ensemble « le club des ratés », récemment rejoints par Beverly, Mike et Ben. Les choses vont se compliquer au cours de cet été puisqu’ils seront régulièrement persécutés par la bande de brutes d’Henry Bowers (Nicholas Hamilton) qui aime tabasser les ados avec ses potes. Pire encore, Derry est en proie aux terribles agissements d’une créature extra-terrestre et surnaturelle que les ados ont surnommé « ça », et qui sort des égouts tous les 27 ans pour se nourrir des terreurs de ses victimes favorites : les enfants. Alors que plusieurs enfants ont disparu dans la ville, les sept ados décident de se serrer les coudes, alors que chacun doit faire face à des apparitions terrifiantes et angoissantes qui les harcèlent quotidiennement. Ils vont devoir apprendre à surmonter leurs peurs et décideront de stopper le cycle meurtrier de « ça » en affrontant ensemble le clown maléfique Grippe-Sou.


UN FILM D’HORREUR MONUMENTAL


Si la plupart des spectateurs se souviennent de «  It » avec le téléfilm de 1990, peu s’attendaient à un film d’une telle qualité pour la version cinéma de 2017. Réalisé magistralement par un Andrés Muschietti en pleine possession de ses moyens, « It » est à coup sûr l’un des meilleurs films américains sorti au cinéma cette année. Le film reprend les grandes lignes du roman de Stephen King et nous propose une relecture intéressante du livre. L’histoire se passe à nouveau à Derry dans le Maine en 1988. On notera pour commencer les efforts du réalisateur pour avoir su parfaitement reproduire l’ambiance de l’Amérique des années 80 : vêtements, maison, voiture, décors, musique, etc. Même la réalisation a quelque chose d’eighties : une bande de gamins aventuriers à vélos, dans des banlieues américaines typées, on n’est guère loin par moment de « The Goonies » ou de « Stand By Me » (qui est aussi un roman de Stephen King). Mais « It », c’est avant tout un film d’épouvante, et un bon ! Si, comme beaucoup de gens, vous vous êtes lassés du genre avec le temps, attendez de voir le film ! Muschietti va parfois assez loin dans ce qu’il décrit à l’écran et égratigne le politiquement correct avec une audace qui laisse pantois. A ce sujet, la scène de la mort du petit Georgie au début du film est non seulement épouvantable mais assez osée – il est rare de montrer la mort violente d’un jeune enfant au cinéma –

La révélation du film, c’est bien évidemment Bill Skarsgard, qui interprète le rôle emblématique de Grippe-Sou, le clown maléfique qui traquera les ados tout au long du film, rôle tenu dans la version de 1990 par Tim Curry. Grâce à des effets visuels plus conséquents, la version de Muschietti est bien plus élaborée et impressionnante. Grippe-Sou n’a jamais été aussi terrifiant que dans ce film. Le fait même que le monstre puisse prendre l’apparence de tout ce qui terrifie ses jeunes victimes le rend encore plus diabolique et angoissant – idée empruntée par J.K. Rowling avec les épouvantards dans « Harry Potter » - A ce sujet, le film n’est guère avare en frissons : les scènes dans la maison abandonnée, l’attaque de Georgie au début du film, la scène du zombie lépreux, du clown-chien, la confrontation finale dans les égouts, autant de séquences quasi anthologiques qui marqueront durablement les esprits, à n’en point douter. « It » est aussi un film extrêmement généreux dans son contenu scénaristique, car l’horreur ne semble pas être la seule préoccupation d’Andrés Muschietti qui semble s’intéresser aussi à la vie et au destin de ses personnages.

Le film apporte aussi un commentaire social dur et intransigeant sur la vie de famille dans l’Amérique rurale à la fin des années 80 : « It » présente une bande de gosses livrés à eux-mêmes face à des parents et des adultes démissionnaires, car quasiment tous les gamins vivent des situations difficiles chez eux : Beverly est régulièrement abusée par son père, Bill n’arrive pas à se remettre de la disparition de son petit frère Georgie, Stan, fils d’un rabbin, n’arrive pas à s’acquitter de la tâche de son père de réciter la Torah au cours d’une cérémonie juive, Eddie subit l’influence d’une mère obèse et ultra protectrice, qui lui empêche de vivre sa vie avec ses amis, etc. Même Henry Bowers, la brute de la ville, se révèle être un gamin battu et humilié par un père violent. Malgré les effets spéciaux et les scènes gores/horrifiques, « It » a donc la bonne idée de s’attarder sur la vie de tous ces gamins avec de longues scènes plus intimistes qui rendent ces personnages particulièrement attachants. A ce sujet, le film réussit même l’exploit de passer d’une scène émouvante et poétique à des séquences horrifiques et dures avec une rare aisance. « It », c’est enfin un film sur la fin de l’enfance et le passage à la vie d’adulte, Grippe-Sou symbolisant ici le monstre qui hante régulièrement les nuits des gamins (d’où le fait qu’il prenne régulièrement l’apparence de tout ce qui terrifie les enfants) avec un message plus qu’évident : pour devenir un adulte, il faut être capable de surmonter ses peurs.

- SPOILER - « It » contient par ailleurs des scènes assez difficiles et dérangeantes, comme celle où Henry, humilié, tue son père d’un coup de couteau dans le cou, ou celle où Beverly est à nouveau agressée sexuellement par son père, sans oublier cette étrange séquence où le lavabo de Beverly projette des tonnes de sang partout sur les murs de la salle de bain. « It » n’a pas peur de s’aventurer hors des sentiers battus et c’est en ce sens que le film d’Andrés Muschietti s’avère être une franche réussite. Rarement aura-t-on vu une adaptation aussi brillante d’un livre de Stephen King au cinéma. Fait plutôt rare de nos jours, « It » a convaincu autant la critique que le public puisque le long-métrage a connu un énorme succès au box-office 2017, se payant le luxe d’être l’un des films d’horreur les plus rentables de toute l’histoire du cinéma. Ce n’est que mérité, et c’est avec un certain enthousiasme que l’on attend désormais le deuxième épisode qui devrait sortir courant 2019.



UNE PARTITION ORCHESTRALE TERRIFIANTE


La musique de « It » a été confiée au britannique Benjamin Wallfisch, très actif ces dernières années au cinéma et auteur de partitions horrifiques de qualité pour des films tels que « A Cure for Wellness » (2016), « Lights Out » (2016) ou « Annabelle : Creation » (2017). Wallfisch semblait donc le compositeur idéal pour écrire la musique originale de « It ». Contrairement au travail de Richard Bellis sur le téléfilm de 1990, Wallfisch opte ici pour une approche résolument symphonique et beaucoup plus classique d’esprit, les synthétiseurs étant relégués au second plan. Le musicien anglais choisit aussi d’avoir recours à un langage musical avant-gardiste assez conséquent pour la plupart des scènes d’horreur/suspense, dans la tradition de la musique atonale contemporaine du milieu du XXe siècle, un genre qui se perpétue au cinéma avec des compositeurs comme Christopher Young, Joseph Bishara ou Marco Beltrami. Enfin, l’élément le plus notable de la partition de « It » est sans aucun doute l’utilisation des voix d’enfants, très présentes dans le film, utilisée de manière déformée et souvent mixée de façon lointaine pour évoquer la disparition des enfants dans la ville de Derry et la terreur inspirée par les méfaits de Ca/Grippe-Sou.


ANALYSE DE LA MUSIQUE


Le score de « It » repose sur un thème de piano associé à la ville de Derry et entendu vers le début de « Every 27 Years » à 0:35. Ce thème, mystérieux en apparence, évoque la petite ville rurale du Maine, tranquille en apparence, avec cette mélodie délicate sur une mesure à 3 temps. Néanmoins, il règne déjà une certaine ambiguïté dans la musique de Wallfisch qui nous fait clairement comprendre que la petite ville idyllique cache en réalité un bien sinistre secret. Mais le thème le plus notable de la partition de « It », c’est bien évidemment le « Georgie’s Theme », mélodie mélancolique et fragile associée à la disparition du petit Georgie et aux sentiments de Bill, qui se sent coupable de n’avoir rien pu faire pour sauver son petit frère. Le thème est dévoilé sur l’album au piano et aux cordes dans « Georgie’s Theme » et apporte une émotion remarquable à la partition de « It » tout en jouant sur un sentiment d’intimité et une retenue très touchante. La mélodie sera quand à elle assez présente tout au long du film. Le troisième thème est celui associé à Beverly, l’adolescente garçon-manqué du groupe des losers. Son thème, dévoilé dans « Haircut », s’apparente à une série d’accords mélancoliques de piano, reflétant les tourments de la jeune fille. A noter pour finir une autre idée majeure : l’utilisation d’une célèbre comptine enfantine américaine, « Oranges and Lemons », que l’on entend à quelques reprises dans le film et notamment dès le début de « Every 27 Years », chantée par des enfants et mixée de manière lointaine. Le choix de la comptine est amplement justifiée ici par l’idée de la perte de l’innocence et de la disparition des enfants au centre du scénario du film.

Le thème de Georgie est entendu dès le début du film au piano et aux cordes dans « Paper Boat ». La seconde partie, plus emphatique, dévoile un style orchestral plus classique avec ses arpèges de piano, ses bois et ses cordes amples, lorsque Georgie sort pendant la tempête pour jouer avec son bateau en papier. On appréciera ici l’innocence et le charme de « Paper Boat » marqué par des orchestrations élégantes et des harmonies plus classiques. Mais l’innocence ne durera qu’un temps, car dans « Georgie Meets Pennywise », la musique devient soudainement plus mystérieuse et plus sombre lorsque le petit garçon perd son bateau en papier dans le caniveau et fait la connaissance de Grippe-Sou. A 1:18, les voix enfantines résonnent soudainement de manière lointaine, comme si elles surgissaient elles-mêmes du caniveau dans lequel se trouve l’inquiétant clown maléfique. La musique bascule alors dans un style plus sombre et atonal à l’aide de cordes glaciales et dissonantes, où l’on devine une tension plus qu’évidente. Le morceau se conclut alors sur un terrible crescendo de terreur débouchant sur l’un des moments fort du score pour la mort violente de Georgie au début du film. A 3:11, Wallfisch utilise alors les voix d’enfants qui semblent hurler de plus en plus fort de manière presque insupportable, un passage proprement hallucinant qui hérissera le poil de n’importe quel auditeur, même un tant soi peu averti !

Le thème de la ville revient dans « Derry » mais « River Chase » nous fait à nouveau basculer dans le chaos pour un autre passage terrifiant lors de la poursuite au bord de la rivière entre Ben et les brutes d’Henry Bowers. Les voix de la comptine enfantine reviennent dans « Egg Boy », utilisée ici de manière troublante et angoissante sur fond de cordes dissonantes. Wallfisch expérimente complètement ici autour des voix en mélangeant chuchotements et sonorités gutturales, incluant même le son d’une boîte à musique enfantine juxtaposée aux dissonances des cordes, pour une des premières apparitions terrifiantes du monstre dans le film. Wallfisch a alors la bonne idée d’osciller entre ces passages de terreur pure et les moments plus intimes et chaleureux comme « Beverly » avec son piano gracieux et doux. Mais l’angoisse n’est jamais très loin et le climat sonore de « It » reste très tendue et résolument lugubre, comme le rappelle « Come Join The Clown, Eds », avec le retour des étranges voix d’enfants sur fond de manipulations sonores de l’orchestre et d’éléments électroniques difformes. Wallfisch crée ici un climat totalement surréaliste après avoir réenregistré le son de l’orchestre qu’il manipule de différentes façons pour parvenir à ses fins (on n’est guère loin par moment du style de Joseph Bishara sur ses films d’horreur habituels type « Annabelle », « Conjuring » ou « Insidious »!).

Dans « You’ll Float Too », l’horreur prend véritablement forme pour une autre apparition brutale et terrifiante de Ca/Pennywise/Grippe-Sou. A noter à 2:36 l’emploi d’un son extrêmement violent régulièrement employé dans le film pour illustrer les apparitions brutales du monstre. Ce son-clé est l’un des éléments notables des passages horrifiques de « It » et reflète la volonté de Benjamin Wallfisch d’aller toujours plus loin dans l’expérimentation et la manipulation sonore, comme il le fit précédemment dans le brillant « A Cure for Wellness ». « Shape Shifter » confirme l’orientation avant-gardiste et résolument atonale du score à l’aide d’un autre passage de terreur pure mélangeant clusters stridents des cordes et des cuivres, sons électroniques difformes, samples chaotiques juxtaposés de manière aléatoire et même une brève allusion à la comptine enfantine aux cordes (vers 0:37). A noter à 1:04 un superbe passage de flûte soliste, joué par le monstre dans le film lorsque ce dernier s’amuse à traquer un autre jeune enfant dans le film. Impossible à ce sujet de passer à côté de l’explosion de cris des enfants à 1:26, un pur passage de folie furieuse qui bouscule habilement les codes habituels des musiques à suspense hollywoodiennes, un peu trop sages et prévisibles la plupart du temps. Dans le même ordre d’idée, on appréciera aussi le chant des enfants qui s’amusent à la toute fin de « Hockstetter Attack » pour la scène où l’une des brutes d’Henry Bowers a la malchance de tomber sur Grippe-Sou.

« Haircut » est quand à lui assez représentatif de l’état d’esprit de la partition de « It ». Wallfisch débute avec le piano mélancolique de Beverly lorsque cette dernière décide de se couper les cheveux dans sa salle de bain, juste avant que le lavabo ne commence à recracher d’étranges lianes filandreuses et des gerbes de sang. Le compositeur en profite alors pour faire basculer lentement sa musique de la mélancolie à l’horreur avec un savoir-faire remarquable. Le thème de la ville revient ensuite dans le mystérieux « Derry History », tandis que « January Embers » tente d’apaiser considérablement le climat avec l’un des rares passages plus idylliques et optimistes à l’aide de cordes, piano et synthétiseurs cristallins, lorsque les ados se retrouvent tous ensemble l’été et tentent de profiter de leurs vacances en ayant des occupations normales de gamins, morceau qui inclut aussi des allusions au thème de Beverly aux cordes. Hélas, les enfants ne peuvent pas échapper au cauchemar et la terreur revient rapidement dans « Saving Mike » ou « Slideshow » (scène terrifiante des diapositives qui prouve que Grippe-Sou peut se trouver n’importe où, n’importe quand). Dans « 29 Neibolt Street », les enfants décident de se rendre au manoir abandonné de Derry où se cacherait Grippe-Sou, afin d’affronter le monstre pour de bon. « Time to Float » est un autre passage de terreur pure ponctué des chants chaotiques des enfants et de sonorités électroniques/orchestrales agressives, expérimentales et totalement monstrueuses – on frôle malheureusement la cacophonie à plusieurs reprises -


UNE CODA CHAOTIQUE ET INFERNALE


Dans le même ordre d’idée, « You’ll Die If You Try » suggère les origines de Grippe-Sou en reprenant des sonorités évoquant l’univers musical du carnaval et du cirque. Ici aussi, on appréciera la violence incroyable qui se dégage de ces passages dissonants et chaotiques, amplifiés par les manipulations sonores de Wallfisch. Les enfants décident ensuite de faire face à leurs peurs en retournant au manoir dans « Return to Neibolt », suivi de la scène du puits dans « Into the Well » et de la découverte de l’horrible tour de Grippe-Sou dans « Pennywise’s Tower ». Impossible de passer à côté de « Deadlights » qui emploie les choeurs de manière absolument infernale et cauchemardesque. On entre alors dans le dernier acte du film pour la longue confrontation contre le monstre dans « Searching for Stanley » (on retrouve le son grotesque de Grippe-Sou à 1:24). « Saving Beverly » alterne quand à lui entre envolées orchestrales grandioses, suspense surréaliste et sursauts de terreur, le tout amplifié ici par les choeurs et les voix d’enfants, alors que les jeunes héros parviennent à sauver Beverly des griffes de Grippe-Sou.

« Transformation » et « Feed On Your Fear » contiennent quand à eux quelques uns des passages les plus étranges et les plus expérimentaux de la partition de « It » pour la bataille finale contre le monstre dans les égouts (à noter ici les nombreux effets de glissandi stridents de piccolo). La bataille s’intensifie dans le grandiose et puissant « Welcome To The Losers Club » avec une utilisation remarquable des cuivres, des cordes et des bois (piccolo) incluant des choeurs épiques et grandioses, reprenant de manière brillante le thème de la comptine sous un angle plus guerrier et belliqueux. Le morceau évoque la détermination et le courage des enfants bien décidés à mettre fin au cauchemar lorsqu’ils combattent le monstre. « Yellow Raincoat » et « Blood Oath » ramènent alors le calme à la fin du film, suivi du superbe et touchant « Kiss » pour le baiser qu’échangent alors Bill et Beverly à la fin de l’aventure.

Et c’est ainsi que s’achève la partition de « It » pour laquelle Benjamin Wallfisch signe à coup sûr l’une des meilleures partitions horrifiques de sa carrière et aussi l’une des plus impressionnantes que l’on ait pu entendre au cours de l’année 2017 au cinéma. Si vous aviez adoré « A Cure for Wellness » ou ses musiques pour « Lights Out » ou « Annabelle Creation », vous adorerez à coup sûr le nouveau travail de Wallfisch pour « It ».

La musique apporte une puissance, une terreur et une intensité incroyable aux images du film d’Andrés Muschietti, et même si l’on regrettera parfois le caractère un brin trop cacophonique des passages horrifiques (dans le même style que ce que fait Joseph Bishara ces dernières années), nul ne pourra rester insensible devant la force évocatrice et la brutalité incroyable des expérimentations musicales/avant-gardistes opérées par le compositeur britannique sur ce film. L’émotion n’est pas en reste pour autant avec de très beaux passages et quelques belles idées thématiques parfaitement développées tout au long du récit. « It » est donc une solide partition horrifique très impressionnante et spectaculaire, à découvrir sans plus tarder en même temps que le long-métrage de Muschietti, qui est probablement l’un des meilleurs films d’épouvante que l’on ait pu voir au cinéma au cours de ces 10 dernières années !




---Quentin Billard