1-Everybody Knows 4.25*
2-The Justice League Theme/Logos 0.48
3-Hero's Theme 4.17
4-Batman On The Roof 2.34
5-Enter Cyborg 2.00
6-Wonder Woman Rescue 2.43
7-Hippolyta's Arrow 1.16
8-The Story of Steppenwolf 2.59
9-The Amazon Mother Box 4.33
10-Cyborg Meets Diana 2.36
11-Aquaman In Atlantis 2.39
12-Then There Were Three 1.10
13-The Tunnel Fight 6.24
14-The World Needs Superman 1.00
15-Spark Of The Flash 2.18
16-Friends And Foes 4.14
17-Justice League United 1.24
18-Home 3.24
19-Bruce And Diana 1.06
20-The Final Battle 6.14
21-A New Hope 4.36
22-Anti-Hero's Theme 5.35
23-Come Together 3.13**
24-Icky Thump 4.14***
25-The Tunnel Fight
(Full Length Bonus Track) 10.58
26-The Final Battle
(Full Length Bonus Track) 12.57
27-Mother Russia (Bonus Track) 1.45

*Interprété par Sigrid
Ecrit par Leonard Cohen et Sharon Robinson
**Interprété par Gary Clark Jr. et Junkie XL
Ecrit par John Lennon
et Paul McCartney
***Interprété par The White Stripes
Ecrit par Jack White.

Musique  composée par:

Danny Elfman

Editeur:

WaterTower Music WTM39988

Album produit par:
Danny Elfman
Orchestrations:
Steve Bartek, Edgardo Simone,
Dave Slonaker, Ed Trybek,
Marc Mann

Musique additionnelle de:
T.J. Lindgren, Geoff Zanelli,
Pinar Toprak

Enregistrement et mixage:
Peter Cobbin

Artwork and pictures (c) 2017 DC Comics. All rights reserved.

Note: ***1/2
JUSTICE LEAGUE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Danny Elfman
Très attendu par de nombreux fans des comic books, « Justice League » (La Ligue des Justiciers) est le cinquième épisode de la saga des super-héros DC Comics : le film fait suite à « Man of Steel » (2013), « Batman V Superman » (2016), « Suicide Squad » (2016) et « Wonder Woman » (2017). Le long-métrage est à nouveau confié à Zack Snyder qui renoue avec la franchise après avoir tourné « Man of Steel » et « Batman V Superman ». L’histoire se déroule peu de temps après les événements racontés dans « Batman V Superman ». Batman alias Bruce Wayne (Ben Affleck) réalise que des créatures extra-terrestres attirés par la peur de leurs victimes sont sur le point d’envahir notre monde. Galvanisé par le sacrifice de Superman (Henry Cavill) qui est mort pour sauver l’humanité, Batman, conscient de ses propres limites, décide de contacter Diana Prince alias Wonder Woman (Gal Gadot) pour former une alliance inédite de super-héros. Wayne rencontre ensuite Arthur Curry alias Aquaman (Jason Momoa), un être puissant qui vit dans les eaux et qu’il souhaite recruter dans la Ligue des Justiciers. Diana, de son côté, rencontre Victor Stone alias Cyborg (Ray Fisher), devenu un être mi-homme mi-machine à la suite d’un grave accident dans un laboratoire, et qui possède le pouvoir de contrôler les technologies. Hélas, Cyborg et Aquaman refusent de rejoindre l’équipe de super-héros. Seul Barry Allen alias Flash (Ezra Miller), doté d’une rapidité exceptionnelle, est séduit par la proposition de Bruce Wayne qu’il accepte avec un grand enthousiasme.

Hélas, au moment où Bruce et Diana tentent de former la ligue, Steppenwolf (Ciaran Hinds), un puissant Néo-Dieu serviteur du terrible Darkseid et maître des forces armées d’Apokolips, arrive dans notre monde dans l’objectif de réunir les trois boîtes-mères, des cubes puissants protégés depuis des siècles par 3 peuples : les Amazones (dont est originaire Wonder Woman), les Atlantes (le peuple des océans d’où provient Aquaman) et les humains de la terre. Steppenwolf, plus puissant que jamais, a déjà réuni les boîtes-mères des Amazones et des Atlantes, il ne lui reste donc plus qu’à mettre la main sur le cube caché sur Terre pour libérer une puissance sans précédent qui pourrait détruire le monde entier. Pour mener sa quête à bien, Steppenwolf utilise ses Para-démons, des créatures ailées qui se nourrissent de la peur de leurs victimes. Le commissaire James Gordon (J.K. Simmons) informe alors Batman que de nombreux civils ont été capturés par Steppenwolf et retenus prisonniers dans les égouts de Gotham City. Désormais, il faut faire vite : Batman, Wonder Woman et Flash se lancent alors à la poursuite de Steppenwolf, bientôt rejoints par Cyborg – dont le père fait partie des otages – et Aquaman, qui cherche à récupérer la boîte-mère de son peuple, les Atlantes. La Ligue des Justiciers est enfin formée, mais Steppenwolf est un ennemi bien plus puissant que tous les supér-héros réunis, et Batman sait qu’il ne leur reste plus qu’une seule solution pour sauver le monde : trouver un moyen pour ressusciter Superman, car le monde a plus que jamais besoin de lui.


UN FILM DE SUPER-HÉROS PLUS FUN MAIS ORDINAIRE


La production de « Justice League » ne s’est guère faite sans heurt. Conçu en grande partie par Zack Snyder, le tournage fut brusquement interrompu suite au suicide tragique de la fille du réalisateur, qui dut abandonner la production pour passer du temps avec sa famille. La post-production est alors achevée par Joss Whedon (plus connu pour avoir tourné des « Avengers » chez Marvel), qui retourne une bonne partie du film et conçoit de nombreuses scènes additionnelles – il est crédité comme scénariste au générique – Le problème, c’est qu’une bonne partie des scènes tournées à l’origine passent à la trappe pour le montage cinéma : Darkseid, le chef de Steppenwolf est totalement absent du film, tout comme le personnage d’Iris West joué par Kiersey Clemons, ainsi que des scènes supplémentaires avec Jonathan Kent (Kevin Costner) et Perry White (Laurence Fishburne). Que reste-t-il donc du film débuté par Snyder et achevé par Whedon ? Un premier constat s’impose d’emblée : « Justice League » s’avère radicalement plus fun et bien plus divertissant que les films précédents comme « Man of Steel » ou « Batman V Superman ». DC se prend beaucoup moins au sérieux et opte pour une approche « bande dessinée » qui rappelle davantage les productions concurrentes de chez Marvel (la présence de Jess Whedon n’y étant certainement pas étrangère!). Le film est bourré d’effets spéciaux ultra spectaculaires bien que l’on regrette parfois le côté très lisse des scènes numériques (la séquence sur l’île des Amazones qui semble sortir tout droit d’une cinématique d’un jeu vidéo PS4).

On sent que certaines scènes ont été réalisées hâtivement et le résultat n’est pas toujours à la hauteur de ce que l’on pourrait attendre d’un blockbuster d’une telle envergure. Il faut dire que les spectateurs, habitués depuis des années à l’avalanche d’effets spéciaux sur fonds verts au cinéma américain, commencent à se lasser de ce type de visuel et « Justice League » ne fait qu’embourber davantage ce type de cinéma dans la mélasse. Malgré tout, hormis des effets spéciaux gonflants et envahissants, le film de Snyder/Whedon fait son boulot correctement et réunit enfin les super-héros DC, avec, cerise sur le gâteau, le retour de Superman et l’apparition d’un grand méchant de l’univers DC Comics : Steppenwolf (mais il manque toujours Darkseid!), déjà aperçu à la toute fin de « Batman V Superman ». Les scènes de bataille sont gigantesques, comme d’habitude, avec cette longue confrontation dans les tunnels des égouts de Gotham ou la longue bataille finale dans la centrale nucléaire désaffectée en Russie, et fort heureusement, le film a la bonne idée de tempérer ces scènes par un humour bon enfant plutôt destiné aux jeunes adultes ou aux ados – les cinéphiles apprécieront même le clin d’oeil furtif au film « Pet Sematary » - notamment grâce au personnage de Barry Allen alias Flash, parfait en ado survolté dont l’enthousiasme juvénile apporte une véritable fraîcheur à la saga.

Malgré cela, on ne peut s’empêcher de regretter le manque de saveur d’un scénario ultra prévisible et sans surprise, car contrairement au monumental « Batman V Superman », « Justice League » ne s’embarrasse guère de psychologie ou de développement de personnages et va droit au but : les super-héros vont d’un point A pour aller à un point B, et c’est tout. En ce sens, le film ressemble davantage aux nombreux films d’animation « Justice League » produits régulièrement par DC sur le marché de la vidéo. Difficile de savoir ce qui a fait pencher la balance dans ce sens, les difficultés rencontrées sur la production, le choix du studio ou l’arrivée de Joss Whedon pour finir la post-production du film ? Toujours est-il que le résultat est là : « Justice League » est un bon divertissement mais bien en dessous de la moyenne et qui risque de décevoir pas mal de fan en raison de son caractère terne et sans surprise. D’ailleurs, le public ne s’y est pas trompé car malgré le succès commercial du film au cinéma, « Justice League » reste l’un des films de super-héros les moins rentables de ces 10 dernières années (le métrage a coûté très cher, 300 millions de dollars, auxquels s’ajoutent une somme supplémentaire colossale pour le marketing et l’exploitation en vidéo). Difficile dès lors de savoir à quoi va ressembler l’avenir des productions DC au cinéma, mais on espère que le studio saura redresser la barre en nous offrant des scénarios bien plus intéressants et des films de bien meilleure qualité.


ARRIVÉE SURPRISE DE DANNY ELFMAN !


Prévue à l’origine pour Junkie XL, la musique de « Justice League » sera finalement confiée à Danny Elfman, à la surprise générale, un choix probablement motivé par l’arrivée de Joss Whedon sur le tournage en post-production, Whedon ayant déjà travaillé avec Elfman sur « Avengers : Age of Ultron ». Elfman est par ailleurs un spécialiste des super-héros : il avait déjà composé les musiques de « Batman » (1989) et « Batman Returns » (1992) pour DC, ainsi que « Darkman » en 1990 avant de renouer avec le genre sur « Spider-Man » (2002), « Hulk » (2003) et « Spider-Man 2 » (2004). C’est donc la première fois qu’un film DC fait appel à un compositeur plus symphonique ayant déjà travaillé chez Marvel, et non des moindres. Danny Elfman compose ici pour un vaste orchestre symphonique agrémenté de ses traditionnelles percussions massives, ses cuivres robustes et ses choeurs épiques si reconnaissables, le tout écrit à seulement quatre mois avant la sortie du film en salles. Détail étonnant : le studio demande à Elfman de réutiliser son célèbre thème du « Batman » de 1989 ainsi que le thème de « Superman » de John Williams et celui de « Wonder Woman » d’Hans Zimmer. Le score repose avant tout sur quelques nouveaux thèmes à commencer par l’excellent « Hero’s Theme », motif de 5 notes épiques et héroïques évoquant clairement la Ligue des Justiciers, souvent confié aux cuivres sur fond de percussions, cordes agitées et rythmes électroniques – à noter que le « Hero’s Theme » débute étrangement comme les premières notes du thème de « The Shadow » de Jerry Goldsmith -


ANALYSE DE LA MUSIQUE


L’autre thème majeur est bien évidemment le « Justice League Theme » qui ouvre le film à travers une brillante montée de cuivres et de choeurs épiques symbolisant l’espoir et la lumière pour le monde entier. On retrouve ici les orchestrations robustes habituelles d’Elfman, dans la continuité de ses travaux pour « Spider-Man » ou « Hulk ». La première scène de Batman sur les toits de la ville (« Batman on the Roof ») permet à Elfman de citer brièvement son célèbre thème musical en utilisant discrètement les arpèges du thème. Le compositeur se montre plutôt malin dans ses citations thématiques, évitant de reprendre les mélodies dans leur intégralité mais plutôt utilisées par bribe de manière plus énigmatique. On découvre aussi un premier passage d’action assez puissant et incisif qui pose clairement le ton de la partition de « Justice League ». « Enter Cyborg » dévoile le thème de 6 notes associé à Victor Stone alias Cyborg. Un piano plus mélancolique et quelques cordes planantes permettent d’évoquer les tourments du jeune homme mi-humain mi-cybernétique. L’ambiance est ici assez pesante, Elfman élabore une atmosphère sombre à l’écran qui semble parfaitement correspondre au film de Snyder et Whedon. « Wonder Woman Rescue » fait quand à lui intervenir le fameux thème de Zimmer pour Wonder Woman (à 1:20 aux cordes) lors de sa première apparition dans le film, pour la scène où Diana sauve les otages dans le bâtiment vers le début du film. Elfman nous offre par ailleurs un premier morceau d’action majeur typique de ses musiques d’action orchestrales habituelles. A noter la reprise agressive aux cuivres du thème de Wonder Woman vers 2:19, parfaitement orchestré et superbement mis en valeur par le musicien.

« The Story of Steppenwolf » dévoile le thème sombre et lugubre pour Steppenwolf avec ses choeurs masculins maléfiques reconnaissables et ses cuivres puissants sur fond de cordes survoltées. Dommage que la thématique de Steppenwolf s’avère assez passe-partout et pas vraiment reconnaissable dans le film, un personnage aussi puissant et redoutable aurait certainement mérité un thème plus mémorable. L’action reprend ses droits dans « The Amazon Mother Box » alors que Steppenwolf se rend sur l’île des Amazones pour y dérober la boîte-mère. On retrouve les choeurs démesurés maléfiques du grand méchant de service pour un autre morceau d’action débridé et ultra massif. A noter l’aisance avec laquelle Elfman parvient à développer subtilement le motif de 6 notes de Cyborg dans le mystérieux « Cyborg Meets Diana ».  « Aquaman in Atlantis » nous offre un autre morceau d’action dantesque dont seul Danny Elfman possède le secret. Le thème de Batman est brièvement entendu dans « Then There Were Three » dans une courte version fragmentée (vers 0:43) mais c’est surtout « The Tunnel Fight » qui retient ici notre attention, durant la grande bataille dans les égouts de Gotham. Elfman s’en donne ici à coeur joie, entre ses rythmes syncopés enragés, ses cordes électrisées et aiguisées, ses choeurs, ses cuivres robustes, ses percussions agressives et ses allusions au thème héroïque principal, au thème de la Ligue des Justiciers (superbe envolée triomphante vers 4:06) et au thème de Batman lorsque les super-héros combattent Steppenwolf et ses Para-démons, le tout ponctué de nombreux changements rythmiques d’une grande complexité.

Dans « Friends and Foes », Elfman dévoile enfin le thème de Superman de John Williams (entre 0:23 et 0:30 ou aux trompettes vers 2:18), mais il le rend ici parfaitement méconnaissable et assombri, lorsque l’homme d’acier s’éveille, déboussolé, et commence à agresser Batman et ses alliés. On est frappé ici par l’habileté avec laquelle Elfman parvient à déconstruire ces thèmes bien connus pour en faire quelque chose de totalement différent et d’inattendu, sans aucun doute l’un des éléments les plus mémorables de sa partition de « Justice League ». Le thème principal de la Ligue revient ensuite dans le triomphant « Justice League United » où l’équipe est enfin réunie au complet. La musique calme néanmoins ses ardeurs le temps d’un « Home » plus apaisé où Clark Kent prend le temps de retrouver Lois Lane dans les champs de la ferme familiale, avec un très beau passage pour cordes, piano et guitare. Idem pour le joli « Bruce and Diana » plus intimiste.

Enfin, « The Final Battle » évoque la longue confrontation finale en Russie. C’est l’occasion pour Elfman de développer ses thèmes de manière plus conséquente : le « Hero’s Theme », le « Justice League Theme », les choeurs maléfiques de Steppenwolf ou le thème de Batman, très présent tout au long de la séquence (notamment dans la superbe reprise intégrale à 1:16 sous sa forme bien connue). On appréciera ici les envolées héroïques épiques du morceau qui devraient satisfaire tous les fans des musiques d’aventure de Danny Elfman. A partir de 2:44, le thème de Superman fait un retour triomphant, brillamment juxtaposé au « Justice League Theme ». Elfman va même jusqu’à reprendre le thème de la Ligue à la balalaïka vers la troisième minute de façon plus fantaisiste (la scène se passe en Russie), lorsque Flash et Superman sauvent les civils des attaques des monstres de Steppenwolf. Enfin, « A New Hope » reprend le thème principal et le thème des héros avec le retour de la balalaïka sur fond de cordes, piano et bois pour apporter davantage d’espoir lors d’un final plus optimiste.


BILAN POSITIF POUR CE SCORE D’ACTION SYMPHONIQUE


Le score de « Justice League » s’avère donc être une partition symphonique plutôt classique, écrite à l’ancienne, dotée d’une richesse orchestrale et thématique rarissime de nos jours sur un blockbuster hollywoodien de super-héros. Hormis les thèmes précédemment cités, Flash (dans la piste « Spark and Flash ») et Aquaman (motif de 8 notes entendu dans « Aquaman in Atlantis ») possèdent eux aussi leurs propres motifs. Quand à Steppenwolf, si l’on regrettera l’emploi d’une thématique peu mémorable pour le grand méchant, son thème est néanmoins repris et arrangé dans une brillante version concert dans « Anti-Hero’s Theme ». Danny Elfman s’est donc fait plaisir sur « Justice League » et cela s’entend. Sans être un score grandement mémorable ou particulièrement original, le travail d’Elfman a au moins le mérite de rompre avec la monotonie gonflante des musiques synthétiques d’Hans Zimmer pour offrir quelque chose de plus symphonique et traditionnel à l’univers cinématographique DC et surtout de beaucoup plus écrit et ambitieux. Elfman a une vraie vision musicale et ses nombreux développements thématiques apportent un vrai plus au film, bien que l’on regrette parfois le côté très premier degré et redondant d’un score qui ne fait finalement que renforcer tout ce que l’on voit à l’écran sans jamais apporter la moindre surprise au film. Les fans d’Elfman et des musiques de super-héros apprécieront donc à coup sûr le score explosif et grandiose de « Justice League », en espérant que les studios DC Comics continuent sur cette lancée pour les prochains épisodes de l’univers cinématographique de la Ligue des Justiciers !




---Quentin Billard