1-Prologue (Main Title) 1.34
2-Banquet at Nottingham Castle 1.52
3-Robin Enters The Great Hall 0.56
4-Escape From The Castle 5.09
5-Robin Meets Little John 1.38
6-The Oath and the Black Arrow 1.54
7-Robin and Friar Tuck 1.24
8-Ambush In Sherwood 3.01
9-Feast in the Forest 2.52
10-Robin and Marian 3.09
11-The Archery Tournament 3.04
12-Escape From The Gallows 2.13
13-Love Scene 5.40
14-Dagger Fight: King Richard
In Sherwood 2.07
15-Coronation Procession 3.05
16-Duel, Victory and Epilogue 3.22

Musique  composée par:

Erich Wolfgang Korngold

Editeur:

Varèse Sarabande VSD-47202

Producteur associé:
Tom Null
Producteur exécutif:
Chris Kuchler
CD Produit par:
Tom Null, Chris Kuchker

Artwork and pictures (c) 1983 CDR Communications AG. All rights reserved.

Note: ****
THE ADVENTURES OF ROBIN HOOD
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Erich Wolfgang Korngold
Michael Curtiz réalisait en 1938 « The Adventures of Robin Hood », inspiré de la fameuse légende de Robin De Locksley, dit Robin des Bois, le célèbre justicier de la forêt de Sherwood qui volait aux riches pour donner aux pauvres. Personne n'a oublié l'interprétation magistrale d’Errol Flynn dans le rôle de Robin des Bois et le film, bien que très soumis aux conventions de l'époque, n'en demeure pas moins très sympathique. On y retrouve toute la mythologie et l’histoire habituelle liée à la légende : alors que le roi Richard Cœur-de-Lion (Ian Hunter), parti pour les croisades, se fait prisonnier par Léopold V d’Autriche qui réclame une forte rançon en échange de sa libération, le Prince Jean (Claude Rains), frère du roi, s’installe sur le trône d’Angleterre. Refusant de reconnaître le pouvoir de l’usurpateur, un archer de grand talent, Robin de Locksley (Errol Flynn), organise un grand mouvement de résistance dans la forêt de Sherwood afin de combattre le Prince Jean et de sauver son roi. Rebaptisé « Robin des bois » par ses nouveaux compagnons, notre fringant héros va multiplier les actions en tout genre pour tenter de déstabiliser au maximum le Prince Jean. C’est alors que Robin fait la connaissance de Lady Marian (Olivia de Havilland), qui recueille de précieuses informations à la cours du Prince Jean pour le compte de Robin des bois, jusqu’au jour où la demoiselle se fait kidnapper par les hommes du redoutable Shérif de Nottingham (Melville Cooper). Désormais, Robin et ses amis vont devoir lutter contre le Shérif et libérer Marian avant qu’il ne soit trop tard. « The Adventures of Robin Hood » reste encore aujourd’hui un classique incontournable du cinéma américain des années 30, filmé pour la première fois en Technicolor de façon très ambitieuse (technologie réservée essentiellement à cette époque aux comédies musicales). Véritable film de cape et d’épée, ce « Robin Hood » - qui fut à l’époque le long-métrage le plus coûteux qu’ait produit la Warner - a connu un succès retentissant à sa sortie en salle en 1938, si bien que le film ne sera même pas remonté et remporta plusieurs Oscars, dont celui de la meilleure musique !

Après avoir écrit son fameux « The Prince and The Pauper » en 1937, et alors qu'il allait donner la première de son opéra « Die Kathrin » en mars 1938, le compositeur autrichien Erich Wolfgang Korngold accepta de faire la musique de « The Adventures of Robin Hood » qui marquera une étape décisive dans sa collaboration avec le réalisateur Michael Curtiz. Il faut dire que la participation de Korngold au film a bien faillit ne jamais voir le jour ! Peu intéressé au départ, le compositeur apprit au même moment l’annexion de l’Autriche par l’Allemagne nazie, l’obligeant alors à rester aux Etats-Unis avec toute sa famille. C’est alors qu’il finit par accepter d’écrire la partition musicale de ce film, qui demeure encore aujourd’hui une de ses oeuvres les plus populaires et les plus appréciées du public. La musique d’Erich Wolfgang Korngold pour « Robin Hood » est écrite dans un grand style symphonique héritée du Postromantisme allemand du 19ème siècle, avec un style parfois plus léger voire comique par moment, le tout enveloppé dans un raffinement d’écriture cher à Korngold. Effectivement, le compositeur évoque davantage la légèreté et l’insouciance espiègle de Robin des bois que ses exploits héroïques à proprement parler, la musique conservant tout au long du film un ton plutôt léger, malicieux et populaire, une musique omniprésente (trop ?) tout au long de l’histoire, construite comme toujours chez Korngold à la façon d’une symphonie ‘classique’ en plusieurs mouvements - l’une des particularités de ce compositeur qui était alors à cette époque connu dans son pays pour ses oeuvres postromantiques savantes, dans la lignée de Mahler ou Strauss.

On retrouve donc dès l’ouverture du film le thème principal de Robin des bois, avec ses rythmes sautillants et sa mélodie légère et malicieuse confiée à un orchestre très riche et coloré. Ce thème représente clairement le côté charmeur et vif du personnage qu'interprète à merveille Errol Flynn, sans tomber dans le cliché des grandes envolées héroïques pompeuses à la « Sea Hawk » ou « Captain Blood ». On remarquera très vite la façon dont Korngold illustre certaines séquences du film : le compositeur n'hésite pas, par exemple, à faire intervenir quelques thèmes de circonstance qui n'apparaissent qu’une seule fois dans le film, comme par exemple ce petit motif de bassons léger et amusant pour le passage de la rencontre entre Robin et Petit-Jean (Alan Hale). A noter d'ailleurs la façon dont Korngold utilise tout au long de sa partition un air populaire issu du folklore britannique et qu'il a arrangé pour l'orchestre, apportant un côté ludique et populaire à la musique du film de Michael Curtiz - Robin sifflote d'ailleurs cet air à plusieurs reprises dans le film. Korngold n’en oublie pas pour autant la romance entre Robin et Lady Marian en ayant recours à un style plus lyrique et flamboyant, utilisant des cordes romantiques plus sirupeuses et conventionnelles. D'une manière générale, la musique de « Robin Hood » prend une tournure opératique réussie comme dans la plupart des grandes oeuvres hollywoodiennes d’Erich Wolfgang Korngold.

Mais il serait dommage de ne s’arrêter qu’au côté léger et populaire de la musique de « Robin Hood ». Korngold possède plus d’un tour dans son sac et nous offre quelques moments plus triomphants ou solennels, comme par exemple l'arrivée très cuivrée de Robin dans le hall du château de Nottingham au début du film ou lors de la procession du couronnement vers la fin du film, avec ses trompettes cérémonieuses et médiévales. On ne pourra aussi qu'apprécier l'excellent passage illustrant le piège que tendent Robin et ses amis au shérif de Nottingham dans la forêt de Sherwood, tandis que nos vaillants héros se jettent sur eux en tombant des arbres. Korngold déploie tout son talent de compositeur en illustrant avec brio ce grand moment de bravoure du film. A noter que, à cause de délais de postproduction plutôt restreints, Korngold s’est vu contraint de reprendre plusieurs passages issus d’une de ses oeuvres préexistantes, le poème symphonique « Sursum Corda », composé en 1920 et dédiée à Richard Strauss, le mentor du compositeur durant sa jeunesse. On pourra certainement être déçu par la facilité d’un tel procédé bien plus fréquent qu’on ne le croit dans la musique de film de cette époque, mais il faut néanmoins se souvenir que la production des musiques de film a toujours été soumises à des délais très courts à Hollywood (même en 1938 !), des délais parfois tellement restreints qu’ils empêchaient certains compositeurs de développer pleinement leurs idées musicales, aboutissant bien souvent à des solutions de facilité de ce genre, qui demeurent toujours aussi discutables. Les emprunts à « Sursum Corda » concernent en réalité toute la partie des séquences de bataille dans le château de Nottingham ou contre les hommes du shérif vers la fin du film.

Evidemment, le mot « épique » nous vient immédiatement à l'esprit à l'écoute de la superbe pièce symphonique brillante et virtuose accompagnant le duel final entre Robin et le shérif, une musique d'action énergique et percutante, similaire à la musique illustrant avec le même brio la scène où Robin s'échappe de la prison. Le reste de la partition de « Robin Hood » se structure essentiellement autour de multiples variantes du thème de Robin qui débouche finalement sur une coda plus joyeuse et légère, concluant cette superbe aventure en beauté ! Si l’on excepte les emprunts au poème symphonique « Sursum Corda », la partition de « The Adventures of Robin Hood » demeure un classique incontournable de l’ère du Golden Age hollywoodien, une grande partition symphonique belle, élégante, populaire, ludique et rafraîchissante, où l’héroïsme se mêlent à l’espièglerie insouciante du thème de Robin des bois, le tout traversé par un classicisme d’écriture savoureux, et ce même si l’on regrettera le peu de référence à l’univers médiéval de l’histoire dans la musique du film ! Quoiqu’il en soit, Erich Wolfgang Korngold signait en 1938 l’une de ses plus grandes partitions musicales pour le cinéma hollywoodien, un grand classique que tout le monde se doit de connaître !


---Quentin Billard