1-The Jumanji Overture 3.20
2-Digging Up The Past 1.43
3-Brantfort High 1.09
4-Into The Jungle 1.23
5-Out Of Character 2.31
6-The Legend of the Jewel 2.23
7-The Adventure Begins 1.40
8-Special Abilities 1.16
9-The Bikers 3.44
10-Van Pelt 1.00
11-A Test of Friendship 1.22
12-The Bazaar 1.16
13-Snake Charmer 3.41
14-The Power of Bravestone 1.04
15-Seaplane McDonough 2.17
16-The Missing Piece 1.46
17-Lost In Time 1.18
18-Flirting With Danger 1.36
19-Albino Rhinos 3.44
20-Retrieving The Emerald 1.54
21-Out Of Lives 1.49
22-First Kiss 1.22
23-The Jaguars 3.03
24-Ring Of Fire 2.07
25-Begin the Climb 1.56
26-Call Out Its Name 2.23
27-Leaving Jumanji 3.03
28-An Older Friend 2.40
29-Back To School

Musique  composée par:

Henry Jackman

Editeur:

Sony Classical 88985472742

Score produit par:
Henry Jackman
Musique additionnelle:
Halli Cauthery, Paul Mounsey
Direction de la musique pour
Sony Pictures:
Spring Aspers
Montage musique:
David Metzner
Services production musicale:
Matthew K. Justmann
Assistant d'Henry Jackman:
John Paul Lefebre
Orchestrations:
Stephen Coleman, Andrew Kinney

Artwork and pictures (c) 2017 Sony Pictures Entertainment. All rights reserved.

Note: ****
JUMANJI : WELCOME TO THE JUNGLE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Henry Jackman
A l’origine, « Jumanji » était une série de livres pour enfants écrits par Chris Van Allsburg en 1981 et adapté pour la première fois au cinéma par Joe Johnston en 1995 avec Robin Williams dans le rôle clé. Après la série animée diffusée entre 1996 et 1999, l’univers imaginé par Chris Van Allsburgh revint finalement au cinéma en 2017 avec « Jumanji : Welcome to the Jungle » de Jake Kasdan (le fils du vétéran Lawrence Kasdan), réalisateur jusqu’à présent connu pour des comédies mineures comme « Bad Teacher » ou « Sex Tape ». Conçu à l’origine comme un reboot du film de Joe Johnston, ce deuxième « Jumanji » est bien une suite qui se déroule 20 ans après les événements du premier opus. L’histoire débute en 1996 là Brantford dans le New Hampshire, lorsque Alex Vreeke (Mason Guccione) reçoit de son père une boîte d’un mystérieux jeu de société nommé Jumanji. Délaissant le jeu pour se consacrer aux jeux vidéos, Alex ignore que Jumanji s’est transformé dans la nuit en une cartouche de jeu vidéo. Durant la nuit, Alex est réveillé par d’étranges tambours et décide de jeter un œil à Jumanji : il remarque la cartouche de jeu et décide finalement d’y jouer : il se retrouve alors mystérieusement projeté à l’intérieur du jeu vidéo. 20 ans plus tard, en 2016, quatre lycéens du Brantford High School se retrouvent mis en retenue : Spencer Gilpin (Alex Wolff), un jeune nerd, Anthony « Fridge » Johnson (Ser’Darius Blain), jeune espoir de l’équipe locale de football, Bethany Walker (Madison Iseman), accroc aux selfies et à twitter, et enfin Martha Kaply (Morgan Turner), qui a refusé de participer à un cours de gym et passe pour une rebelle garçon manqué.

Durant leur retenue, les quatre ados sont chargés de nettoyer un local informatique de fond en comble, mais Spencer et Fridge tombent sur une mystérieuse vieille console de jeu et décident d’y jouer pour s’occuper pendant leur retenue. La partie débute alors que le jeu leur demande de choisir parmi 5 personnages (l’un d’entre eux est déjà choisi). Bethany et Martha décident à leur tour de jouer une partie avec les garçons mais les quatre ados se retrouvent alors mystérieusement absorbés dans le jeu. Ils se réveillent alors dans la jungle, sous les traits de leur avatar : Spencer est devenu l’archéologue explorateur musclé Smolder Bravestone (Dwayne Johnson), Fridge est le zoologiste Franklin « Mouse » Finbar (Kevin Hart) qui porte un sac avec des armes, Bethany est devenu le cartographe Sheldon « Shelly » Oberon (Jack Black) et Martha s’est transformé en la belle Ruby Roundhouse (Karen Gillan), experte en arts martiaux et en danse de combat. Malgré leurs avatars vidéoludiques, les quatre héros sont toujours des ados lycéens et doivent affronter de terribles épreuves. L’objectif du jeu est simple : récupérer le mythique oeil du Jaguar, une pierre sacrée que convoite le maléfique et corrompu archéologue Russel Van Pelt (Bobby Cannavale) afin de lever la malédiction qui pèse sur Jumanji en replaçant la pierre au sommet d’une statue géante en plein coeur de la jungle, dans le dernier niveau du jeu. Pour cela, les quatre héros vont très vite découvrir qu’ils possèdent trois vies et qu’en cas de « game over », ils meurent pour de vrai.


UNE SUITE TRÈS RÉUSSIE ET BOURRÉE D’IDÉES


En remplaçant le jeu de société du film de 1995 par un jeu vidéo moderne tendance réalité virtuelle, Jack Kasdan modernise l’intrigue du film d’origine pour le remettre aux goûts du jour. « Jumanji : Welcome to the Jungle » vise donc principalement un public d’ados et de gamers en surfant sur les codes des jeux vidéos modernes : avatar, PNJ (personnage non-joueur), niveau à franchir, stats des personnages (points forts/points faibles) et bien évidemment compteur limité de vies et « game over » en cas d’échec. Tout l’intérêt du scénario réside donc dans cette transposition du jeu de société magique en un immense jeu vidéo rempli de dangers en tout genre, et comme dans le « Jumanji » de 1995, l’histoire de ce second opus met en scène une poignée d’ados confrontés à une aventure pleine de dangers qui va leur apprendre à devenir adulte et à dépasser leurs limites et leurs appréhensions de la vie. Les règles ont donc évolué et force est de constater que cette nouvelle aventure paraît bien plus cruelle et dangereuse que celle de 1995.

Mais le film a l’intelligence de jouer habilement sur les clichés des jeux vidéos avec une mise en abîme plutôt amusante : comme les joueurs voient leur avatar dans le jeu, ils se permettent quelques commentaires piquants sur les clichés du genre : on ironise par exemple sur le look exagérément sexy de Martha en aventurière en mini-short experte en arts martiaux façon Lara Croft. Bethany devient un homme et découvre les « joies » d’avoir...un pénis, tandis que Spencer apprécie d’être dans la peau d’un héros fort et musclé et se sent pousser une âme de leader charismatique (scènes amusantes où il prononce involontairement des phrases de manière très intense avec une grosse voix grave), etc. Le film est un pur festival de gags en tout genre où les idées scénaristiques font mouche, à commencer par cette scène improbable où Bethany – dans la peau d’un cartographe obèse rappelons-le ! - initie la bombe Martha au B-A-BA de la drague pour tenter de séduire deux gardes afin de permettre aux héros d’atteindre un précieux hangar. La scène qui suit est absolument stupide et hilarante !

Dommage cependant que les codes du gaming n’aient pas été poussés plus loin dans le scénario : on aurait par exemple aimé retrouver le concept de boss entre chaque niveau. A ce sujet, les levels n’ont pas vraiment de début et de fin, tout est construit sous la forme d’un même niveau évoluant en continu, une idée étrange alors que le concept de départ est bien de franchir plusieurs niveaux pour affronter le boss final (Van Pelt) et lever la malédiction qui pèse sur Jumanji. Visiblement, les acteurs ont passé un bon moment sur le film et semblent s’être bien éclatés, et les scènes d’action ne manquent pas : on évoquera par exemple la séquence ahurissante dans l’hélicoptère et la troupe de rhinocéros enragés ou la confrontation musclée avec Van Pelt au pied de la montagne vers la fin du film. Le film joue aussi sur le décalage amusant entre les avatars adultes et la personnalité adolescente des jeunes joueurs : mention spéciale à Jack Black qui campe une jeune bimbo malgré un physique très éloigné de la lolita blonde vue au début et à la fin du film.

On n’oubliera pas non plus Dwayne Johnson avec ses réactions de gamin assez décalées et amusantes ou Karen Gillan qui joue habilement ici sur le décalage entre son look sexy et son extrême timidité dans la vraie vie. Jeune public oblige, le film n’est pas trop sombre pour autant malgré quelques scènes intenses et délivre un message évident sur le dépassement de soi, l’amitié et l’entraide, ainsi que le passage à la vie d’adulte. Tout cela fonctionne bien même si le film n’atteint pas l’aura du « Jumanji » de 1995. Les effets spéciaux numériques sont dantesques et parfaitement intégrés à l’esprit ‘jeu vidéo’ du film, les scènes d’action sont plaisantes et l’humour suffisamment omniprésent pour divertir les jeunes et les adultes pendant presque 2 heures, le tout ponctué de quelques bonnes idées et de clins d’oeil à l’ancien film (et notamment des allusions au précédent héros de l’aventure : Alan Parrish). Gros succès au box-office 2017, il y a fort à parier que « Jumanji : Welcome to the Jungle » devrait être suivi d’un deuxième épisode, et pourquoi pas, d’une nouvelle franchise cinématographique. A réserver néanmoins à un public de geek !


UNE PARTITION SYMPHONIQUE OLD SCHOOL

Henry Jackman a été choisi pour écrire la musique de « Jumanji : Welcome to the Jungle », probablement en raison de son travail sur « Wreck-it-Ralph » de Disney en 2012, autre film évoquant un monde vidéoludique destiné à un public geek. La partition de Jackman est un hommage évident aux musiques d’aventure hollywoodiennes des années 80/90 : il y a évidemment du James Horner dans ce score mais aussi du Alan Silvestri, du Bruce Broughton ou du John Williams. Le score repose avant tout sur un superbe thème principal d’aventure dévoilé sur l’album dans « The Jumanji Overture ». Ce thème, reconnaissable à sa mélodie initiale de 9 notes, souvent confiées aux cuivres et aux cordes, évoluera tout au long du film pour rythmer les exploits de nos quatre héros vidéoludiques. « The Jumanji Overture » semble d’ailleurs surgir tout droit d’un score d’aventure des eighties : orchestrations classiques très amples, traits rapides des bois, rythmes martiaux de la caisse claire, fanfares de cuivres, on retrouve ici le Henry Jackman résolument symphonique ­de « Pixels ».


ANALYSE DE LA MUSIQUE

Dès « Digging Up The Past », le ton est donné : la musique est à la fois mystérieuse et ample pour évoquer les mystères liés au jeu Jumanji. On devine ici l’influence d’Alan Silvestri et notamment de son « Volcano » dans le choix des orchestrations et des harmonies. On retrouve aussi des allusions mélodiques au thème principal. La mélodie revient aussi aux cordes dans « Brantford High » pour évoquer le quotidien des ados dans leur lycée de Brantford au début du film, le tout accompagné d’une batterie pop et de quelques guitares. Dans « Into the Jungle », Jackman dévoile un élément majeur du film et du score : des percussions tribales/ethniques aux consonances africaines évidentes associées à la jungle de Jumanji dans le film. Dans « Out of Character », l’ambiance devient plus feutrée, plus mystérieuse, en revanche, la partie débute réellement dans « The Legend of the Jewel » où l’on retrouve le thème principal d’aventure accompagné ici de choeurs épiques et grandioses et d’orchestrations puissantes pour la scène où les héros découvrent la légende de l’oeil du jaguar. « The Adventure Begins » marque le début de l’aventure dans Jumanji sur un ton d’espoir et de détermination.

Dans « Special Abilites », la musique est davantage orientée vers la comédie avec ses petites percussions, son marimba et ses cordes furtives pour la scène où les quatre héros découvrent chacun leurs aptitudes dans le jeu. L’action débute véritablement dans « The Bikers » alors que les quatre héros doivent affronter l’épreuve du premier niveau : l’attaque des motards envoyés par Van Pelt. On retrouve ici le style plus typique de Jackman dans l’action, entre ses orchestrations classiques et ses percussions rock plus modernes accompagnés de quelques guitares électriques – bien que l’on devine ici l’influence plus inattendue de John Debney - A 2:37, le morceau connaît un sympathique rebondissement rythmique avec le retour des percussions tribales sur fond de cuivres, de bois et de cordes virevoltantes très soignées. « Van Pelt » dévoile le motif maléfique de Van Pelt, à grand renfort de cuivres sombres et de choeurs menaçants. Dans « The Bazaar », Jackman évoque la tonalité plus exotique du film à l’aide de percussions et d’un oud oriental pour la scène où les héros traversent le bazar, débouchant sur la scène du serpent dans « Snake Charmer ».

« The Power of Bravestone » est un autre morceau d’action trépidant avec ses ponctuations solides de cuivres, ses rythmes syncopés et ses trompettes héroïques, incluant une autre idée thématique majeure du score, une fanfare héroïque à 0:47 qui interviendra à plusieurs reprises dans le film pour souligner les principaux moments de bravoure de notre quatuor d’héros ados. On peut par ailleurs déjà entendre cette fanfare dans « The Jumanji Overture » à 1:49. On la retrouve aussi sous un angle plus optimiste dans « The Missing Piece » en version lente et pleine d’espoir, suggérant l’amitié entre les héros. L’ambiance s’attendrit dans « Lost in Time » pour les révélations au sujet de Seaplane McDonough qui découvre qu’il est dans le jeu depuis 20 ans alors qu’il pensait être encore en 1996. Inversement, l’atmosphère s’assombrit dans « Flirting with Danger » qui oscille entre suspense martial et passage comédie pour la scène hilarante où Ruby tente de séduire (maladroitement) les deux gardes. L’action reprend le dessus pour la poursuite effrénée avec les rhinocéros dans le superbe « Albino Rhinos », où l’on retrouve des références évidentes à Alan Silvestri.

« Retrieving the Emerald » nous amène au dernier acte du film avec la confrontation finale contre Van Pelt et ses jaguars. Jackman développe ici un motif menaçant de 5 notes descendantes évoquant le danger et la menace de Van Pelt (aux cuivres à 0:57). C’est l’occasion pour le compositeur de nous offrir un autre morceau d’action trépidant aux rythmes tribaux incisifs incluant une envolée de la fanfare héroïque à 1:34. La bataille finale débute dans « The Jaguars » et le trépidant « Ring of Fire » où sont juxtaposés les allusions mélodiques au thème principal et au motif menaçant de 5 notes (vers 1.17), sans oublier la fanfare héroïque à 1:45. L’escalade de la montagne finale est illustrée dans le superbe « Begin the Climb », dans la continuité de « Ring of Fire », avec une confrontation entre le thème principal et le motif de 5 notes, régulièrement juxtaposé à un motif descendant de 3 notes plus agressif pour illustrer l’attaque des jaguars. L’aventure touche à sa fin dans « Call Out Its Name » avec l’envolée triomphante à 0:54.


UNE CONCLUSION ENTHOUSIASMANTE


« Jumanji : Welcome to the Jungle » est donc une partition orchestrale old school d’une qualité indéniable, écrite avec goût et inspiration par un Henry Jackman visiblement inspiré par son sujet. Avec un thème principal mémorable et quelques belles idées, le compositeur nous offre une superbe musique d’aventure à l’ancienne, sans originalité particulière mais suffisamment classique et élégante pour ne pas passer inaperçue dans un paysage musical hollywoodien fort décevant depuis quelques années. Certes, il y a toujours des références évidentes (John Debney, Alan Silvestri, John Williams), mais le tout est exécuté avec une maîtrise réelle des orchestrations, des harmonies et des mélodies pour convaincre pleinement même les plus sceptiques. Étonnamment, Henry Jackman a souvent écrit ce genre de musique old school pour des films d’animation mais plus rarement sur des films live : c’est maintenant chose faite avec « Jumanji : Welcome to the Jungle », une partition d’aventure certes peu originale mais suffisamment fun et entraînante pour nous maintenir en haleine tout au long du film : une jolie surprise !



---Quentin Billard