1-Warriors 2.23
2-Waking Up 4.50
3-Briefing 3.18
4-Seal Credo/Landing 3.59
5-Checkpoints 4.56
6-The Goat Herders 5.33
7-The Decision 4.53
8-Set Them Free 2.25
9-False Summit 3.02
10-Murphy's Ridge 5.40
11-47 Down 2.22
12-Axe 1.52
13-QRF En Route 2.16
14-Hunted 0.51
15-Gulab 2.02
16-Near Beheading 2.32
17-A Storm Is Coming 2.07
18-Letter Received/Taliban Attacks 3.51
19-Lone Survivor 3.37
20-Never, Never, Never Give Up 2.44

Musique  composée par:

Explosions in the Sky/Steve Jablonsky

Editeur:

Metropolis Movie Music Ltd
Digital Download

Mixage score:
Jeff Biggers
Ingénieur technique score:
Lori Castro
Mixage:
Arata Music
Programmation synthé:
Jon Aschalew
Musique additionnelle:
Jacob Shea
Design musique d'ambiance:
Clay Duncan

(c) 2013 Film 44/EFO Films/Spiklings Entertainment/Herrick Entertainment/Envision Entertainment/Closest to the Hole Pictures/Leverage Management/Knightsbridge Entertainment. All rights reserved.

Note: **1/2
LONE SURVIVOR
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Explosions in the Sky/Steve Jablonsky
Après « Hancock » et « Battleship », le réalisateur Peter Berg s’essaie pour la première fois avec « Lone Survivor » (Du sang et des larmes) au film biographique en s’inspirant du livre éponyme de Marcus Luttrell et Patrick Robinson publié en 2007. Le film raconte l’histoire vraie d’un SEAL nommé Marcus Luttrell (Mark Wahlberg) et de son équipe de trois hommes : le lieutenant Michael P. Murphy (Taylor Kitsch), le spécialiste en communication Danny Dietz (Emile Hirsch) et le tireur d’élite Matthew Axelson (Ben Foster). Ces quatre hommes sont envoyés en mission en 2005 en Afghanistan afin de traquer et d’éliminer Ahmad Shah, le leader des Talibans responsable du massacre d’une vingtaine de marines américains et de villageois ayant aidés des américains à se cacher. Objectif de Luttrell et ses hommes : localiser et capturer Shah dans la région d’Hindu Kush en Afghanistan. Alors qu’ils traversent les montagnes pour tenter de localiser le camp de Shah, les quatre SEAL doivent faire face à des problèmes de communication radio, avant d’être brusquement découvert par un vieux berger et ses deux jeunes fils adolescents.

Incapable de joindre la base militaire pour obtenir des ordres, les SEAL décident d’annuler la mission et de se replier en relâchant le bergers et ses enfants. Peu de temps après, les talibans, ayant été avertis de la présence des militaires américains, décident de traquer les SEAL dans la montagne. Au cours d’une bataille harassante, trois militaires seront tués tandis que Luttrell survivra miraculeusement, mais l’hélicoptère censé les récupérer se fera abattre par un tir de roquette, obligeant alors Luttrell à se réfugier dans un village situé un peu plus loin, où il sera protégé par les villageois selon le Pashtunwali, un code d’éthique et de moral ancestral qui exige de guider et protéger n’importe quel individu. Luttrell sera finalement recueilli par Mohammad Gulab (Ali Suliman). S’en suivra alors une bataille avec les talibans qui tenteront de récupérer le SEAL jusqu’à ce que les forces américaines finissent par intervenir pour récupérer Luttrell et le ramener aux Etats-Unis.


UN SURVIVAL MILITAIRE OPPRESSANT


Pour son premier film biographique, Peter Berg frappe fort avec « Lone Survivor » et aborde ainsi l’échec de l’Operation Red Wings en Afghanistan en 2005, vu du point de vue des SEAL envoyés sur place. Pour concevoir son long-métrage, Berg s’est beaucoup documenté, ayant passé pas mal de temps auprès des personnes qui ont vécu ce drame pour concevoir un film authentique, quasi documentaire, filmé caméra à l’épaule avec des appareils numériques, un peu comme il le fera quelques années après sur « Deepwater Horizon » et « Patriots Day ». Le film se voulant réaliste, exit ici toute forme de patriotisme ou de glorification militaire : « Lone Survivor » évoque la guerre de manière brutale, sans aucun artifice. Les balles sifflent dans tous les sens, la mort rôde partout et les corps sont mutilés et déchiquetés par les impacts de tirs. Il y a manifestement une réelle volonté de la part de Peter Berg de nous faire partager la souffrance de ces quatre hommes pris au piège par une armée de talibans dans les montagnes afghanes. Le film doit beaucoup à son quatuor d’acteur formé par Mark Wahlberg, Taylor Kitsch, Emile Hirsch et Ben Foster.

Si Peter Berg n’atteint pas ici le brio de « Deepwater Horizon » ou l’intensité ahurissante de « Patriots Day », on apprécie l’aspect documentaire qui rompt radicalement avec les précédents films du réalisateur. Alors que « Hancock » ou « Battleship » n’étaient que de simples divertissements grandiloquents mais pas vraiment mémorables, « Lone Survivor » impose une autre vision du cinéma, plus réaliste, plus crédible. Le film devient alors particulièrement violent : blessure, effusions de sang, gore, tout y passe avec plus ou moins de succès. Le film ne vante ni les mérites de l’armée et n’exacerbe à aucun moment les « vertus » du drapeau américain. Peter Berg a l’intelligence de ne pas tomber dans le piège du patriotisme militariste à outrance tel qu’on pouvait le voir à Hollywood dans les années 80/90. Plus étonnant, « Lone Survivor » ne cherche à aucun moment à analyser ou critiquer le conflit afghan, il ne dénonce même pas l’échec monumental de l’Operation Red Wing mais se contente uniquement de poser un décor et de suivre la descente aux enfers de quatre personnages qui vont vivre l’enfer dans les montagnes afghanes pendant près de deux heures. Le fait même que Luttrell doive finalement sa survie à un afghan à la fin du film semble en dire long sur la démarche de Peter Berg, loin des clichés hollywoodiens habituels. Un bon film de guerre, pas indispensable, mais qui marque une première étape majeure dans la filmographie de Peter Berg.


UNE MUSIQUE ÉLECTRO-ROCK FONCTIONNELLE…


La partition de « Lone Survivor » a été confiée à Steve Jablonsky en collaboration avec le groupe de post-rock américain Explosions in the Sky, qui avait déjà collaboré avec Peter Berg sur le film « Friday Night Lights » en 2004. A noter par ailleurs que les 3/4 de la musique de « Lone Survivor » ont été écrit par Explosions in the Sky, Jablonsky s’occupant de boucher les trous au détour de quelques morceaux assez fonctionnels. Dès les premières minutes de « Warriors », les musiciens du groupe post-rock américain le ton atmosphérique de la partition : nappes synthétiques et sound design sombre suffisent à susciter un sentiment d’oppression et d’appréhension à l’écran. Les compositeurs travaillent ici leur matière sonore sans originalité particulière, se contentant de suggérer l’émotion et la tension aux moments propices sans chercher à creuser davantage le sujet. Dans « Waking Up », le film débute de manière plus intimiste avec quelques accords de guitare minimaliste sur fond de nappes synthétiques.


ANALYSE DE LA MUSIQUE

Le morceau nous dévoile le thème principal associé aux SEALS à la guitare, une sorte de calme avant la tempête qui rend un hommage évident à ces hommes tombés au combat. La seconde partie de « Waking Up » développe le thème sur fond de percussions martiales reflétant la tonalité militaire du film, rappelant qu’avant d’être des soldats, les SEALS décrits dans le film sont avant tout des pères de famille et des citoyens américains à part entière. « Briefing » évoque le briefing militaire avant le début de l’Operation Red Wing en imposant une pulsation électronique entêtante et tendue, annonçant le drame à venir. « Seal Credo/Landing » développe les rythmes militaires avec une guitare électrique rock plus optimiste et solennelle illustrant l’arrivée des SEALS. Mais dès que l’équipe s’est posée au sol près des montagnes afghanes, la musique devient soudainement plus sombre, plus menaçante. Les membres de Explosions in the Sky mélangent ici synthés, percussions et guitares pour parvenir à leur fin, avec un minimalisme et une économie de moyens appréciable.

De la même façon, « Checkpoints » suggère le suspense et la tension en mélangeant percussions (baguettes de batterie), synthés, sonorités graves et clavier. On découvre aussi un thème sombre de 4 notes de guitare associé à l’Operation Red Wing à l’écran. La musique apporte un climat d’incertitude permanente durant toute la première partie du film, dans un style résolument atmosphérique et fonctionnel. « The Goat Herders » évoque la rencontre entre les SEALS et les bergers dans les montagnes. Il s’agit par ailleurs du premier morceau écrit pour le film par Steve Jablonsky, 5 minutes de tension et de suspense atmosphérique pur, sans grande originalité particulière. « The Decision » et « Set Them Free » illustrent alors la scène où les SEALS décident de relâcher les bergers. On retrouve le motif de 4 notes de l’opération repris de « Checkpoints ». La musique devient plus dramatique et imposante dans « Murphy’s Ridge », évoquant la lutte pour la survie des quatre SEALS coincés dans les montagnes, encerclés par les talibans. A noter ici l’emploi de rythmes frénétiques de la batterie et des sonorités saturées des guitares électriques rock, le tout accompagné d’un travail intéressant de sound design. La vraie bonne idée vient ici du jeu particulier de la batterie dont les rythmes harassants pourraient presque évoquer un tambour militaire ou les tirs d’une arme à feu.

Dans « 47 Down », Jablonsky renoue avec son style action qu’on lui connaît bien, à l’aide de guitares électriques, synthés et percussions. Le compositeur mélange les rythmes agressifs et les sonorités trash des guitares pour faire monter la tension jusqu’aux harmonies plus héroïques et solennelles durant la conclusion du morceau vers 1:36, évoquant la lutte pour la survie. « QRF En Route » prolonge ce climat de tension avec ces pulsations synthétiques omniprésentes, suggérant l’idée d’un compte à rebours mortel. L’idée de la chasse à l’homme est entretenue dans l’atmosphérique et lugubre « Hunted » et le sombre « Gulab », alors que Luttrell arrive dans le village pachtoune. L’attaque finale des talibans dans le village de Mohammad Gulab est illustrée dans « Letter Received/Taliban Attacks », l’avant-dernier morceau composé par Steve Jablonsky, dominé par un travail autour des percussions et des synthés reflétant la sauvagerie et l’intensité des combats. Le morceau se conclut de manière plus paisible lorsque l’armée américaine intervient pour libérer le village des talibans et évacuer Luttrell. De la même façon, « Lone Survivor » se veut plus héroïque et solennel avec ses rythmes martiaux déterminés et ses harmonies pleine d’espoir.


UNE CONCLUSION PLUTÔT MITIGÉE


Entièrement écrite pour un groupe instrumental rock et quelques synthétiseurs, le score de « Lone Survivor » est une partition moderne qui cherche à s’éloigner le plus possible des standards orchestraux hollywoodiens habituels. L’approche est très justifiée dans le contexte du film mais paraît plus décevante et fonctionnelle en écoute isolée. Ce mélange de guitares acoustiques/électriques, de synthés et de batterie apporte une ambiance particulière aux images mais n’a rien de foncièrement original ou de réellement convaincant, d’autant que l’ensemble reste finalement très répétitif et sans grande envergure. Seuls les inconditionnels des musiques de film rock-électro atmosphérique y trouveront leur compte, mais ceux qui s’attendaient à une approche plus consistante devront passer leur chemin, tout comme ceux qui s’attendaient à un travail mémorable de la part de Steve Jablonsky après « Transformers » et « Steamboy ». Une déception évidente, donc !


---Quentin Billard