1-Main Title 3.26
2-Welcoming Commitee 0.48
3-No Sale 3.22
4-The Mummy 1.10
5-Have a Cigar 3.24
6-Good Morning 2.23
7-Under The Train 2.57
8-Dancing Shots 3.25
9-Pain 2.54
10-Forced Flight 5.05
11-The Chieftain 0.58
12-Pot Luck 3.30
13-Upside Down People 4.44
14-The Crocodile 2.56
15-The Mines 1.20
16-The Ritual: Low Bridge 9.02
17-Falling Rocks 4.05
18-No Diamonds 4.07

Musique  composée par:

Jerry Goldsmith

Editeur:

Intrada Records MAF 7075

Album produit par:
Jerry Goldsmith
Producteur exécutif:
Douglass Fake
Assistant de Mr.Goldsmith:
Lois Carruth

Artwork and pictures (c) 1985 Cannon Films, Inc. All rights reserved.

Note: ****
KING SOLOMON'S MINES
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Jerry Goldsmith
« King Solomon's Mines » (Allan Quatermain et les mines du roi Salomon) de Jack Lee Thompson est une énième adaptation cinématographique du roman d’Henry Rider Haggard publié en 1885, et dont le héros principal, l’intrépide aventurier Allan Quatermain, servira de modèle au Indiana Jones de Steven Spielberg. Produit par la Cannon Group (le mythique duo Yoram Globus/Menahem Golan), « King Solomon’s Mines » raconte l’histoire d’Allan Quatermain, engagé par la belle Jessie Huston (Sharon Stone) pour retrouver son père, le professeur Huston, disparu mystérieusement en Afrique suite à une expédition archéologique. Selon les dernières informations qu’aurait laissées le professeur derrière lui, ce dernier était sur la trace des mythiques « mines du roi Salomon », qui contiendraient, selon la légende, de fabuleux trésors convoités par tous. L’aventurier accepte alors la mission et se rend en Afrique. Mais hélas, des nazis recherchent à leur tour le trésor des mines du roi Salomon. Le film de Jack Lee Thompson s’avère être un vrai nanar produit par la Cannon, spécialisé dans les séries-B parfois très ambitieuses malgré un budget parfois très serré. « King Solomon’s Mines » surfe sans équivoque sur le succès des « Indiana Jones » de Spielberg, mais sans jamais leur arriver à la cheville. Première ombre au tableau : le film est particulièrement mal fait, avec des effets spéciaux qui frôlent l’amateurisme à plus d’une reprise (les faux serpents en plastique dans la caverne en feu vers la fin du film !). Ensuite, si l’interprétation de Richard Chamberlain demeure tout à fait correcte dans le rôle d’Allan Quatermain, celle de Sharon Stone laisse quelque peu à désirer, une Sharon Stone qui s’est fait connaître au cinéma grâce au film de Jack Lee Thompson, et qui interprète ici la cruche blondasse totalement insipide, donnant lieu à une romance de pacotille entre elle et le fougueux aventurier. Enfin, le film nous propose une vision kitsch ultra stéréotypée du continent africain, avec son lot de cannibales et de marmite géante. Aucun doute possible, on nage ici en pleine série-B d’aventure totalement décérébrée, seule une seule once d’imagination ou de surprise. Tout est atrocement prévisible, mal fait, pas toujours bien joué et totalement impersonnel (n’est pas Spielberg qui veut !). En bref, une déception !

Qu'à cela ne tienne, une fois de plus, la leçon du jour est qu'un très mauvais film peut posséder une très bonne musique. Avec « King Solomon’s Mines », le maestro Jerry Goldsmith a composé une excellente partition symphonique, parfois assez proche de celle de « Raiders of the Lost Ark » de John Williams (1981) Malgré tout, Williams et Goldsmith possèdent leur propre personnalité musicale, et il est tout bonnement impossible de confondre les deux ! A partir d’éléments similaires, chacun a apporté sa propre vision musicale sur le thème de l'aventurier à la recherche d’un lieu mythique. La partition de « King Solomon's Mines » repose avant tout sur deux thèmes principaux, le premier, un thème cuivré et héroïque, illustre le personnage de l'aventurier Allan Quatermain qui accompagne la fille d'un professeur, Jessie Huston dans sa quête vers les mines du roi Salomon. Le thème prend les formes d’une marche héroïque très entraînante et triomphante, dans la plus pure tradition des fanfares héroïques d’Hollywood entre Max Steiner et Erich Wolfgang Korngold. Ce superbe thème d’aventure apporte à la partition de Jerry Goldsmith un souffle épique tout à fait appréciable et très réussi dans le film. Le second thème de « King Solomon’s Mines » n’est autre que l’inévitable Love Theme du film évoquant l’idylle naissante entre Allan et Jessie. Très mélodique et forcément plus doux et lyrique, le thème romantique n'a rien de très surprenant en soi mais permet d'offrir malgré tout un petit relief émotionnel fort appréciable dans un score d’action/aventure assez vif et percutant.

Effectivement, l'aventure est au rendez-vous avec « King Solomon's Mines » ! Avec ses deux thèmes, Jerry Goldsmith illustre pendant plus d'une heure l'aventure que vivent Jessie et Allan dans leur quête des mines du roi Salomon. On pourra ainsi apprécier toute la partie action/aventure énergique de la musique, le style action de « King Solomon’s Mines » rappelant beaucoup par moment le style qu'adoptera le maestro californien dans sa musique pour « Rambo 2 » écrit la même année. La partition de Jerry Goldsmith nous offre ainsi toute une pléiade de morceaux d’action du plus bel effet : la bagarre sur le toit du train allemand (avec ses envolées héroïques cuivrées), le combat en avion, l'affrontement final dans la caverne, le kidnapping de Jessie au début du film, etc. Goldsmith semble avoir pris un certain plaisir à écrire la musique de ce film, qu’il s’agisse des passages d’action tonitruants à souhait, des moments plus légers ou des passages plus exotiques et romantiques.

La partition de « King Solomon’s Mines » contient aussi quelques petites touches humoristique très réussies, typiques d’un compositeur réputé pour son sens de l'humour à toute épreuve (cf. ses partitions délirantes pour les films de Joe Dante tels que « Gremlins 2 » ou « The ‘burbs », etc.). Ainsi donc, la scène où Quatermain danse sur le toit du train pour éviter les balles de son adversaire est accompagnée d'une musique dansante absolument hilarante sur les images de cette scène, une chorégraphie délirante qui frôle le burlesque : un grand moment de dérision ! Pour représenter les méchants allemands du film, Jerry Goldsmith n'hésite pas à faire quelques brèves allusions humoristiques à la Chevauchée des Walkyries de Richard Wagner que les allemands s'écoutent constamment sur place avec un gramophone - on nage clairement ici en pleine caricature décomplexée !

L'écriture symphonique de Jerry Goldsmith pour « King Solomon's Mines » s’avère être tout particulièrement brillante, classique et sophistiquée : de grandes mélodies de cordes, des cuivres percutants, des percussions énergiques - comme par exemple pour la scène où Quatermain se retrouve pendu au dessus d'une mare à crocodiles, Goldsmith utilisant des tambours tribaux pour cette scène, suggérant la présence de la tribu de cannibales africains qui se trouvent tout autour du héros. Les percussions sont ici l’un des rares éléments musicaux suggérant les décors africains du film. Jerry Goldsmith utilise d’ailleurs une sorte de thème d'action présent dans la plupart des passages les plus agités du film, suggérant un sens de l'aventure et du danger tout à fait typique du compositeur à la queue de cheval.

A noter un morceau un peu à part dans le score, le magnifique « Upside Down People » illustrant la scène de la tribu d'indigènes suspendus la tête vers le bas dans les arbres, traitant alors la jolie Jessie comme une reine. Jerry Goldsmith utilise ici un thème lyrique illustrant les indigènes des arbres, thème qui ne sera pas repris dans le reste de la musique mais qui apporte à cette séquence une poésie et un lyrisme savoureux et quasi impressionniste, à mi-chemin entre Ravel et Debussy. Jerry Goldsmith décrit cette communion pacifique entre les héros et les indigènes en élaborant une ambiance paisible et quasi-féerique pour cette sympathique scène, idéale pour respirer entre deux morceaux d'action et de bravoure. Jerry Goldsmith n'hésite pas à faire ré intervenir ses thèmes par la suite, en particulier celui d’Allan Quatermain qui devient très vite mémorable et extrêmement accrocheur au fil des écoutes. Notons au passage que ceux qui ne supportent pas les habituels synthétiseurs 80s de Goldsmith seront ravis car dans ce score, fait exceptionnel à l’époque, il n'y en a pas un seul !

Avec « King Solomon’s Mines », Jerry Goldsmith nous offre une grande partition symphonique au classicisme d’écriture très soutenu et aux orchestrations très soignées. Score d’action virtuose mais aussi formidable condensé de poésie, d’aventure et d’humour, la musique de « King Solomon’s Mines » démontre encore une fois toute l’étendue des talents d’un grand maître de la musique de film au sommet de son art lorsqu’il compose la musique du film de Jack Lee Thompson en 1985. Sans être l’une des partitions incontournables du Jerry Goldsmith des années 80, « King Solomon’s Mines » est une oeuvre de choix dans la filmographie ‘eighties’ du maestro californien, une oeuvre qui apporte la force et l’émotion nécessaire aux images du film, à ne surtout pas manquer !


---Quentin Billard