1-Main Title/Trees to Dogs 3.11
2-Mrs. White 0.46
3-Miss Scarlet*/Car in Progress 1.46
4-May I Present Mr. Boddy 1.49
5-I Suggest We All Leave/
Fight, You Bastard/Hallway
Screaming Next Door 1.16
6-Bag in Hall 2.45
7-The Cook Chase/Boddy's Fall/
We'll Throw It Away 0.52
8-Stranger at Front Door/
Match Cutting*/People in Hall 2.37
9-Mrs. Peacok and Plum/
Death Bridge/Bridge,
White & Wadsworth/Billiard Clue Grab/
Go Together 1.53
10-I'll Search the Kitchen/
Desk, Fire, Weapons/Let's
Try the Conservatory/I've Had a Good Life 2.04
11-Door Pounding to Chandelier Fall 1.32
12-Gun, Cupboard, Doorbell/
Cop Panics 1.14
13-Yvette Upstairs to Bell 1.32
14-Step by Step - Intro/Step by Step 2.08
15-Remember What Happened Next -
Part I, II, III/Don't You See?
Look! - Part I, II, III 1.59
16-I'll Get to That/Beatnik 1.14
17-Ending A: Your Fatal Mistake/
I Shot Her/Cavalry 2.32
18-Ending B: Yvette to We
All Ran to Her/
To Check That Mr. Boddy
Was Dead/Who, Who, Who/
Cavalry 1.36
19-Ending C: Top to You Were/
Peacok at Door 1.07
20-End Title 3.01*

Bonus Tracks:

21-Main Title (Alternate version 1) 1.30
22-Miss Scarlet/Car in Progress
(Alternate version) 1.47
23-Main Title (Alternate version 2) 1.32
24-Peacok at Door (Alternate version) 0.32
25-Main Title (Alternate version 3) 1.40
26-End Title (Shorter version) 1.40
27-Main Title (Alternate version 4) 1.50

*Non utilisé dans le film

Musique  composée par:

John Morris

Editeur:

La La Land Records LLLCD 1154

Musique produite par:
John Morris
Producteurs exécutifs de l'album
pour La La Land Records:
Dan Goldwasser, MV Gerhard,
Matt Verboys

Direction musicale pour
Paramount Pictures:
Randy Spendlove
Coordination album:
Kim Seiniger
Orchestrations:
Jack Hayes
Montage musique:
Engene Marks
Copiste:
Robert Bornstein
Mixage scoring:
Dan Wallin

Artwork and pictures (c) 1985 Paramount Pictures. All rights reserved.

Note: ***1/2
CLUE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by John Morris
Acteur de télévision et scénariste dans les années 70, Jonathan Lynn s’essaya à la réalisation en livrant en 1985 son premier long-métrage pour le cinéma : « Clue » (Cluedo). Le film est inspiré du célèbre jeu de société conçu par Anthony Ernest Pratt et Elva Pratt en 1943 puis commercialisé pour la première fois en Angleterre en 1949. L’histoire se déroule intégralement dans un gigantesque manoir lugubre perché en haut d’une colline. Six mystérieux invités sont conviés à une soirée organisée par l’énigmatique maître des lieux, monsieur Moore (Lee Ving). Chacun se voit attribué un pseudonyme pour la soirée. Parmi les invités, il y a Madame Blanche (Madeline Kahn), veuve d’un célèbre scientifique, le professeur Violet (Christopher Lloyd) radié de l’ordre des médecins pour avoir abusé sexuellement de ses patientes, Madame Pervenche (Eileen Brennan) qui est mariée à un sénateur corrompu, Mademoiselle Rose (Lesley Ann Warren) qui gère un bordel, le Colonel Moutarde (Martin Mull), un ancien militaire retraité de Washington, Monsieur Olive (Michael McKean), politicien qui travaille aux Affaires étrangères.

Les invités sont accueillis par le maître d’hôtel Wadsworth (Tim Curry) qui travaille avec la pulpeuse soubrette Yvette (Colleen Camp) et Madame Ho la cuisinière (Kellye Nakahara). Durant le repas, les invités, perplexes et soucieux, tentent de faire connaissance mais s’inquiètent de l’absence de leur hôte. Quelques minutes plus tard, Monsieur Moore arrive enfin au manoir et réunit tous ses invités dans le salon. Wadsworth révèle alors leur point commun : ils sont tous victimes d’un odieux chantage de Monsieur Moore qui tente de leur soutirer de l’argent. C’est alors que Moore propose aux invités de prendre une arme et de tuer Wadsworth afin d’éviter que le scandale ne s’ébruite. Il décide alors d’éteindre la lumière par voir si quelqu’un décidera finalement de passer à l’acte. Un coup de feu retentit, puis, lorsque la lumière revient, les invités découvrent avec effroi le corps sans vie de Moore gisant au sol. Dans la pièce d’à côté, un cri retentit, celui d’Yvette, qui écoutait la conversation sur un enregistrement audio. Ensuite, la cuisinière est retrouvée poignardée tandis que Moore, qui entre temps s’est relevé, est retrouvé finalement tué dans une autre pièce, ayant reçu un coup de chandelier sur le crâne. Dès lors, les invités décident de fouiller le manoir afin de retrouver l’assassin qui se cache parmi eux. La soirée promet d’être très longue !


UN POLAR DÉLIRANT ET LOUFOQUE


Adapter un jeu de société en film relevait de la pure gageure. Comment transposer l’univers de « Cluedo » à l’écran, sans être monotone ou ennuyeux ? La réponse, Jonathan Lynn l’a a eu assurément puisque son film est une comédie policière totalement déjantée qui joue merveilleusement sur les codes du jeu, codes posés dès les premières minutes avant une exposition de personnages volontairement maladroite mais diablement efficace ! L’idée d’attribuer des pseudonymes imposés aux six invités paraît tomber comme un cheveu sur la soupe (il n’est jamais expliqué par la suite pourquoi le maître des lieux souhaitait attribuer des sobriquets à ses invités, hormis pour des questions scénaristiques liés aux noms des personnages du jeu de société), mais qu’importe, les connaisseurs du « Cluedo » retrouvent ainsi le Colonel Moutarde, le Professeur Violet et d’autres protagonistes bien connus du jeu. Ici : interdiction de trop se prendre au sérieux ! Lynn mise sur le caractère ludique de cette enquête policière avant tout et propose un véritable jeu de pistes attrayant et addictif.

Dès lors, ce sont les personnages eux-mêmes qui deviennent les joueurs d’un jeu de société grandeur nature, le tout dans une mise en scène dynamique et rythmée très proche du théâtre – le fait même que le film se déroule dans un même lieu tout le long de l’histoire renforce cette impression de regarder une pièce de théâtre à l’écran ! - Pour son premier long-métrage pour le cinéma, Jonathan Lynn ne déçoit pas et impose un sens du rythme et et de la mise en scène avec un rare talent. Les répliques, souvent stupides et mémorables, font mouche à chaque fois. Les nombreux gags qui émaillent le récit tombent à point, et l’humour loufoque et absurde de l’histoire pourrait presque faire penser à un film des Monty Python, bien que l’on sente aussi clairement la touche John Landis, l’un des producteurs du film et auteur bien connu de comédies américaines populaires dans les années 80 (« The Blues Brothers », « Animal House », « Trading Places », etc.), qui a probablement joué un rôle décisif dans la conception de « Clue ».

Détail original : à sa sortie en salles en 1985, le film avait été monté avec trois fins différentes, ainsi, les spectateurs pouvaient voir une fin ou l’autre suivant le cinéma dans lequel ils se rendaient. Pour la ressortie du film en DVD, « Clue » aura finalement été remonté avec les trois fins différentes enchaînées durant les 20 dernières minutes dans un montage hélas bancal et un peu lourdingue mais fort intéressant malgré tout. Malgré un casting impeccable, le film doit beaucoup à un acteur en particulier, le génial Tim Curry qui campe un Wadsworth totalement farfelu, à la fois digne d’un maître d’hôtel un peu aristo mais qui se met finalement à péter les plombs et court partout dans le manoir comme un gamin lorsqu’il tente de résoudre l’énigme des multiples meurtres du manoir devant des invités médusés, abasourdis par son énergie débordante à la fin du film. Hélas, malgré son humour loufoque, ses gags absurdes et son scénario très malin quoiqu’un peu trop alambiqué par moment (voire pas du tout crédible en raison des réactions parfois exagérées et trop décalées de certains personnages), « Clue » a été un échec commercial à sa sortie en 1985. Le public n’a tout simplement pas adhéré à la vision de Landis et Lynn sur cette transposition comique de Cluedo au cinéma malgré l’énergie incroyable de ses acteurs (qui semblent s’être éclatés sur ce film) et de sa mise en scène.


UNE PARTITION MUSICALE DRÔLE ET ÉNERGIQUE


John Morris s’est fait connaître dans les années 70/80 en devenant le compositeur récurrent des comédies satiriques et déjantées de Mel Brooks : « The Twelve Chairs » (1970), « Blazing Saddles » (1974), « Young Frankenstein » (1975), « Silent Movie » (1976), « High Anxiety » (1978), « History of the World : Part I » (1981) ou « Spaceballs » en 1987. Le choix de Morris sur « Clue » paraissait donc évident dans le sens où le compositeur de l’inoubliable « Elephant Man » était sûrement le choix le plus indiqué pour apporter à la musique du film tout le caractère parodique et ironique que nécessitait le métrage de Jonathan Lynn. A la première écoute, le score de John Morris apporte une énergie et un humour indispensable au film, dans une esthétique proche de ses travaux pour Mel Brooks. Le score, enregistré avec un petit orchestre incluant un clavecin et un synthétiseur, repose avant tout sur un thème principal mémorable dévoilé dès l’ouverture du film dans « Main Title/Trees to Dogs ». Il s’agit d’une mélodie espiègle constituée de notes rapides et moqueuses, avec une écriture quasiment baroque incluant les cordes et le clavecin, et quelques cuivres, sans oublier l’apport indispensable du synthétiseur qui apporte ici une couleur particulière à la musique. Morris parvient à évoquer le caractère sombre et gothique du manoir à l’aide ses touches baroques mais le caractère plus humoristique et espiègle de la mélodie semble en dire long sur l’aspect farce/comédie du film de Jonathan Lynn.


ANALYSE DE LA MUSIQUE


Dès « Mrs. White », la musique évoque l’arrivée des premiers invités au son d’une pièce élégante pour piano et orchestres très classique d’esprit. « Miss Scarlet/Car in Progress » illustre l’arrivée de Mademoiselle Rose avec ses synthétiseurs énigmatiques et ses cordes mystérieuses (incluant quelques coups de timbales). A noter ici les effets sonores étranges et aigus du synthé pour évoquer les éclairs au dessus du manoir, renforçant la dimension gothique de l’immense bâtisse. L’arrivée de Monsieur Moore à la fin du repas (« May I Present Mr. Boddy ») permet ensuite à John Morris de surfer sur un style polar inspiré de Bernard Herrmann avec des cordes plus sombres évoquant la colère et la nervosité des invités qui ne savent pas encore pourquoi ils tous été invités à cette soirée. Dans « I Suggest We All Leave », Morris déchaîne enfin son orchestre pour un premier morceau d’action trépidant alors que Mr. Moore tente de s’échapper du manoir en vain. Morris n’oublie pas pour autant l’aspect comédie du film et après les premiers sursauts brutaux du morceau, la musique s’oriente très rapidement vers un style plus sautillant et joyeux, rappelant que tout ceci n’est finalement qu’un jeu, une fiction amusante. C’est d’ailleurs l’une des plus grandes réussites de la partition de « Clue », John Morris parvenant idéalement à juxtaposer l’aspect polar/thriller inspirée de Bernard Herrmann avec un style plus léger et bondissant teinté d’humour et de dérision.

Dans « Bag In Hall », Morris développe son thème de la suspicion lorsque les invités découvrent le chantage de Monsieur Moore et reçoivent chacune une boîte contenant une arme. La tension monte ici d’un cran de manière impressionnante, tandis que « The Cook Chase/Boddy’s Fall/We’ll Throw it Away », partiellement non utilisé dans le film, développe le thème principal de « Clue » avec un mélange de sonorités dissonantes/agressives et de moments plus sautillants et amusants. On notera aussi le retour amusant du thème principal avec son clavecin et son synthétiseur dans « Strangest at Door/Match Cutting/People in Hall » tandis que « Mrs. Peacock and Plum/Death Bridge/Bridge, White & Wadsworth/Billiard Clue Grab/Go Together » est un morceau de suspense pur et dur alors que les invités explorent le manoir pour chercher des preuves et trouver qui est le meurtrier qui se cache parmi eux. Idem pour « I’ll Search the Kitchen » avec son utilisation impressionnante de synthétiseur évoquant le theremin, comme dans les films fantastiques/science-fiction américains des années 40/50. Ici aussi, la dérision n’est jamais très loin, Morris parvenant toujours dans le film à désarmer la tension avec des touches de mickey-mousing qui semblent surgir tout droit d’un cartoon.

« Door Pounding to Chandelier Fall » est l’un des passages les plus mémorables du score pour la poursuite hilarante dans le manoir jusqu’à ce qu’Yvette s’empare d’une arme tire par inadvertance sur le chandelier qui s’écrase juste derrière le Colonel Moutarde. Le morceau reprend ici le thème principal sous la forme d’un scherzo bondissant, rapide et déjanté très réussi et bourré d’humour. « Gun, Cupboard Doorbell/Cop Panics » fait monter encore plus la tension avec ses cordes trémolos nerveuses pour l’arrivée du policier enfermé rapidement dans une pièce du manoir. « Yvette Upstairs to Bell » évoque le meurtre d’Yvette avec des effets dissonants agressifs de cuivres et de synthétiseur, jusqu’à ce que le téléphone soit coupé, empêchant le policier de prévenir l’extérieur. Enfin, le film atteint son apogée avec l’excellent et mémorable « Step by Step-Intro/Step by Step » où Wadsworth se démêle comme un fou en courant partout dans le manoir pour tenter de résumer tous les événements de la soirée et reconstituer la scène du crime.


UN BILAN POSITIF QUI MET LE SOURIRE AUX LÈVRES


Le thème principal est repris ici dans une sorte de polka débridée et amusante, comme si John Morris avait illustré la scène à la manière d’une chorégraphie de ballet – le morceau se rapproche quelque peu de la célèbre Danse du Sabre du ballet « Gayaneh » d’Aram Katchaturian – Cette danse effrénée se prolonge dans « Remember What Happened Next » débouchant sur les 3 fins différentes du film, illustrées chacune dans « Ending A », « Ending B » et « Ending C » (le « End Titles » du générique de fin n’ayant pas été utilisé, remplacé dans le film par le tube de rock’n roll « Shake, Rattle & Roll »). A noter la fanfare triomphante façon Erich Wolfgang Korngold à la fin du « Ending A » et « Ending C », lors de l’arrivée du FBI en conclusion de la fin numéro 1. Quand au « End Titles » non utilisé, il s’agit essentiellement d’une reprise du thème principal dans son intégralité avec l’ajout d’une boîte à musique pop très années 80, qui rappelle beaucoup ce que fait Jerry Goldsmith à la même époque chez Joe Dante et notamment sur « Gremlins » (1984).

Ainsi donc, « Clue » s’avère être une partition tour à tour sombre, drôle et énergique, débordant d’humour, de suspense et de dérision. John Morris reste fidèle à lui-même et son approche éminemment classique apporte un vrai plus au film de Jonathan Lynn. La musique devient ici une sorte de commentateur off des images, allant même jusqu’à chorégraphier la longue séquence où Wadsworth reconstitue toute la scène de crime pour tenter de démasquer le coupable à la fin du film, écrit à la manière d’une musique de ballet classique. Restée inédite pendant très longtemps en CD, la partition de « Clue » fut enfin éditée par La La Land Records en 2011 dans un album généreux contenant l’intégralité de la musique de John Morris, incluant des prises alternées et des morceaux non retenus pour le film. Sans être la partition majeure de la carrière du compositeur, « Clue » est une musique somme toute très attachante, débordant d’énergie, d’idées et d’un enthousiasme communicatif, sans être foncièrement inoubliable : très sympathique !




---Quentin Billard