1-X-Men Arrive 0.58
2-Fighting Dirty 2.03
3-Hello Super Powers 0.57
4-Escape 2.13
5-Vanessa 1.55
6-Weasel Interrogation 1.11
7-Holy Shit Balls 1.32
8-Mutant Convoy 3.59
9-The Name is Cable 1.23
10-Sorry For Your Loss 1.01
11-You Can't Stop this Motherfucker 1.10
12-Ice Box 1.19
13-Docking 1.16
14-Make the Whole World our Bitch 3.15
15-Pity Dick 0.58
16-Knock Knock 0.51
17-Let Me In 1.43
18-Maximum Effort 1.38
19-The Orphanage 2.57
20-Cable Flashback 1.23
21-Geunine High Grade Lead 1.53
22-Courage Motherfucker 1.27

Musique  composée par:

Tyler Bates

Editeur:

Sony Classical 19075858922

Produit par:
Tyler Bates
Orchestrations:
Tim Williams, Jarryd Elias,
Kieran Kiely

Enregistrement et mixage:
Nick Baxter
Assistant mixage score:
Mateo Barragan
Supervision musique:
John Houlihan
Assistant musique:
Lorena Perez Batista
Monteur musique additionnelle:
Del Spiva

Artwork and pictures (c) 2018 Marvel Studios. All rights reserved.

Note: ***1/2
DEADPOOL 2
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Tyler Bates
Dans la famille des enfants déglingués de Marvel, je demande « Deadpool » ! Deux ans après le film trash ultra déjanté de Tim Miller, le fameux super-anti-héros conçu par Fabian Nicieza et Rob Liefeld en 1991 est de retour dans un deuxième opus plus délirant mais un peu moins sanguinolent, confié cette fois-ci à David Leitch, connu pour avoir réalisé les thrillers d’action « John Wick » et «  Atomic Blonde ». Le récit se déroule deux ans après ceux du premier film. Wade Wilson alias Deadpool (Ryan Reynolds) est affairé à tuer de nombreux criminels à travers le monde, et son boulot de mercenaire l’amène à rencontrer de nombreux dangers, jusqu’au jour où il traque un important baron de la drogue qui réussit à s’enfuir. De retour chez lui pour fêter l’anniversaire de sa rencontre avec Vanessa Carlysle (Morena Baccarin), Wade s’apprête à passer une soirée très hot avec sa compagne jusqu’à ce que débarque le baron de la drogue et ses hommes de main qui attaquent le couple et tuent Vanessa d’une balle en plein coeur. Dévasté, Wade retrouve le gangster dans la rue, tué par un camion à toute vitesse.

Quelques semaines plus tard, Deadpool essaie de se suicider en se faisant exploser sur des barils d’essence mais il échoue et découvre qu’à cause de ses pouvoirs, il ne peut pas mourir. Colossus (André Tricoteux) ramène ses restes au manoir des X-Men du Professeur Xavier et lui demande de rejoindre leur équipe avec Negasonic Teenage Warhead (Brianna Hildebrand), ce que Deadpool finit par accepter à contrecœur. L’équipe est ensuite envoyée sur le terrain pour stopper un jeune mutant nommé Russell qui est capable de produire du feu et d’enflammer des objets avec ses mains. Russell est devenu comme enragé devant l’orphelinat Essex pour jeunes mutantes et menace de tuer le directeur de l’établissement. Deadpool réalise alors que Russell a été victime de maltraitance de la part du directeur et abat l’un des membres de l’orphelinat. Russell et Deadpool sont alors maîtrisés et arrêtés, hélas, le colier explosif inhibiteur de super pouvoirs neutralise ceux de Deadpool et ce dernier réalise que son cancer revient et commence à le tuer petit à petit. Il se retrouve alors incarcéré au Blockhaus, mais la prison de haute sécurité est brusquement attaquée par Cable, un mystérieux mutant cybernétique venu du futur pour assassiner Russell. Wade/Deadpool va alors s’opposer à Cable et tenter de protéger Russell, mais il finira par découvrir la vérité au sujet du passé de Cable et la vraie raison qui le pousse à vouloir assassiner Russell.


AUTO-DÉRISION PERMANENTE POUR UN MARVEL DÉJANTÉ


« Deadpool 2 » reprend donc les principaux ingrédients du premier film à savoir un anti-héros décalé, des dialogues crus, des allusions sexuelles lourdingues et une bonne dose d’auto-dérision, d’humour noir, de violence, de clins d’oeil à la saga « X-Men » et de références au cinéma ou à la pop-culture en général : impossible par exemple de passer à côté de cette séquence loufoque où Deadpool caricature Sharon Stone dans la fameuse scène de l’interrogatoire dans le sulfureux « Basic Instinct » (1992) ou le générique de début qui parodie clairement celui de « Skyfall », sans oublier de nombreux clins d’oeil à Ryan Reynolds lui-même qui semble prendre un malin plaisir à s’auto-caricaturer (scène post-générique où Deadpool voyage dans le temps et tue Ryan Reynolds pour l’empêcher d’aller jouer dans « Green Lantern » et « X-Men Origins : Wolverine »). Le film est bourré d’humour et de dérision permanente, peut être un peu trop même. A trop vouloir constamment briser le 4ème mur en s’adressant aux spectateurs face caméra, le film en devient presque lassant, mais on apprécie l’humour trash de l’ensemble, l’inventivité de certains gags grotesques ou l’absurdité de quelques répliques du film. Malgré tout, « Deadpool 2 » tient la route et s’avère largement supérieur à son prédécesseur grâce à des séquences d’action beaucoup plus convaincantes où règne une vraie folie, à commencer par l’improbable séquence de poursuite dans le fourgon de prisonniers (rythmée par un tube explosif d’AC/DC) ou les nombreuses scènes de confrontation entre Cable et Deadpool.

A ce sujet, mention spéciale ici à Josh Brolin qui campe un formidable Cable violent et charismatique, alors même que l’acteur a aussi interprété le super-méchant Thanos dans « Avengers : Infinity War » quasiment au même moment. Brolin livre une performance clairement parodique, une sorte d’ersatz de Terminator version Marvel. Clairement, le film fait dans la surenchère visuelle (beaucoup plus d’action, de violence mais aussi d’effets spéciaux) mais curieusement, il fonctionne bien mieux grâce à un script moins paresseux et plus malin, évoquant les voyages dans le temps comme principale trame de fond et une relation intéressante et presque père/fils entre Deadpool et le jeune Russell. Évidemment, le film ne se prend jamais trop au sérieux et nous rappelle constamment que tout ceci n’est qu’une gigantesque farce dotée d’un gros budget, et ce malgré quelques moments plus inégaux et des dialogues lourdingues à force de multiplier les punchlines trash. Malgré cela, « Deadpool 2 » est l’un des rares exemples de suite nettement plus convaincu que le premier épisode, fait plutôt rare de nos jours à Hollywood !


UNE PARTITION ÉPIQUE ET MUSCLÉE


Initialement prévue pour Henry Jackman, qui dut se désister en raison d’un conflit d’emploi du temps, la musique de « Deadpool 2 » sera finalement confiée à Tyler Bates, qui retrouve ainsi David Leitch après « John Wick » et « Atomic Blonde ». Pour les besoins du film, Bates s’entoure à nouveau de son équipe de « Gardians of the Galaxies » et concocte une partition orchestrale/chorale dans la continuité directe de ces films Marvel. Accompagné ici de son orchestrateur Tim Williams, Tyler Bates se livre à un exercice de pastiche et de satire des musiques de super-héros en composant une partition volontairement « over-the-top » mélangeant orchestre, choeurs et parties électroniques modernes. Le résultat, peu original à l’écran, s’avère finalement plus intéressant en écoute isolée et étonnamment intéressant de la part de Tyler Bates (qui reste un compositeur généralement assez médiocre, hormis peut être ces dernières années sur « Guardians of the Galaxies »). Le score de « Deadpool 2 » n’a donc plus rien à voir avec le travail inintéressant de Junkie XL sur le premier film, cette fois, Bates met les bouchées doubles et se fait plaisir.


ANALYSE DE LA MUSIQUE


Le score repose sur quelques thèmes, à commencer par un thème de super-héros héroïque et triomphant, associé à Deadpool et les X-Men dans « X-Men Arrive » (à 0:29). Il s’agit d’un thème cuivré old school que l’on entend dans le film lorsque les X-Men arrivent durant l’affrontement devant l’orphelinat avec Russell, accompagné des traditionnels choeurs épiques. L’autre idée majeure de « Deadpool 2 », c’est le recours à une écriture chorale très opératique, notamment durant la violente bataille finale dans « Fighting Dirty ». L’idée géniale du score vient ici du fait que, contrairement au cliché habituel des choeurs en latin, Tyler Bates a décidé de faire chanter les choeurs en anglais dans certains morceaux (mais pas dans « Fighting Dirty » par contre, où les paroles sont en latin !) à partir de phrases volontairement vulgaires, ce qui explique pourquoi l’album du score a reçu un « parental advisory », une première pour un score orchestral de film hollywoodien (excepté l’album de Marc Shaiman pour « South Park the Movie »). Dans « Fighting Dirty », on sent que Bates s’est fait plaisir et la bataille finale est illustrée à la manière d’un opéra épique avec ses choeurs chorégraphiant l’affrontement final sur fond de batterie rock et de cuivres robustes.

C’est une superbe idée, surtout que l’écriture vocale et les arrangements sont ici très réussis et plutôt inhabituels de la part d’un compositeur aussi moyen que Tyler Bates (merci les orchestrateurs et les arrangeurs !). « Hello Super Powers » développe les sonorités électroniques d’usage sans grande originalité particulière : on retrouve bien là le style électro/rock habituel de Tyler Bates hérité de ses travaux sur « John Wick » avec un mélange de guitares électrique, basse et batterie, et quelques allusions au thème principal (aux cuivres vers 0:38). Les morceaux d’action comme « Escape » sont en revanche bien moins intéressants dans le film à cause d’orchestrations plus lourdingues et de synthétiseurs envahissants, nous rappelant bien que Bates est un compositeur très moyen et limité dans ses techniques musicales.

« Vanessa » évoque les scènes oniriques où Wade retrouve Vanessa dans ses rêves à l’aide de nappes synthétiques planantes et d’un piano mélancolique, puis l’action reprend ses droits dans « Weasel Interrogation » avec le retour des sonorités rock à la « John Wick » qui apportent un vrai punch au film de David Leitch. Dans « Holly Shit Balls », Bates nous offre une nouvelle musique de bataille épique à l’aide de choeurs opératiques qui chantent cette fois les paroles « Holly Shit Balls » (qu’on pourrait vaguement traduire par « boules de merde »), reflétant la dimension trash et satirique de « Deadpool 2 ». La séquence de l’attaque du convoi de mutants dans « Mutant Convoy » est un autre morceau d’action tonitruant à l’aide de rythmes électroniques, de cordes survoltées et de cuivres musclés (dommage qu’une fois de plus, Tyler Bates soit incapable d’utiliser le moindre bois dans ses orchestrations !). On appréciera ici la façon dont le compositeur rebondit constamment sur le rythme entre ses parties électro-orchestrales et ses passages rock symphonique très réussis, et même un bref passage funky très fun. Visiblement, Bates se fait plaisir sur le film et le résultat, sans être exceptionnel est assez plaisant.

A noter que Cable, le bad guy campé dans le film par Josh Brolin, a droit à son propre thème, un motif électronique groovy de 8 notes entendu pour la première fois dans « Escape » à 1:28, repris dans le frénétique « Mutant Convoy » à 2:03 ou brièvement aux cuivres 2:59. L’aspect cybernétique de Cable donne l’occasion à Tyler Bates d’expérimenter ici autour des synthétiseurs, concevant des sonorités étranges et expérimentales pour ce guerrier venu du futur. De la même façon, « The Names is Cable » développe majoritairement le thème de Cable (aux synthés à 0:14 ou à 1:07) en apportant un côté cool et badass au personnage de Josh Brolin. L’action se calme dans « Sorry for Your Loss » où l’on retrouve le thème principal sous une forme plus mélancolique et intime aux cordes, mais c’est bien « You Can’t Stop This Motherfucker » où les choeurs masculins se font plaisir en chantant le titre du morceau, juxtaposé aux choristes féministes qui elles chantent « Holly Shit Balls » : c’est trash et pour une fois, c’est vraiment non conventionnel pour une production hollywoodienne, même si l’écriture chorale aurait nécessité un style plus sophistiqué pour aboutir à quelque chose de plus unique et de plus exceptionnel (mais il ne faut pas rêver, on reste dans un style de blockbuster hollywoodien des années 2010 avec un compositeur moyen et très limité!).

On retrouve le superbe thème héroïque old school des X-Men/Deadpool au début de « Docking » avec le retour des choeurs épiques, notamment aux trompettes à 0:19 dans une envolée triomphante. « Pity Dick » s’avère étonnamment plus dramatique et poignant avec ses accords touchants de cordes et cuivres quasiment élégiaques, tandis que « Maximum Effort » fait monter la tension dans le film pour un autre passage d’action déchaîné dominé par des choeurs sombres vers la fin du film. Dommage que certains passages plus atmosphériques comme « Let Me In » ou « The Orphanage » soient finalement peu intéressants et plus fonctionnels. « Cable Flashback » reprend le thème de Cable développé ici par des cuivres graves, pour la scène du flash-back de Cable qui se souvient de la mort de sa femme. « Genuine High Grade Lead » nous amène ainsi vers une conclusion plus apaisée avant la bataille finale de « Courage Motherfucker », où l’on retrouve le thème héroïque des X-Men avant une coda plus sombre (à noter que la musique est séquencée curieusement sur l’album et pas du tout dans l’ordre chronologique!).


UN BILAN PLUTÔT SATISFAISANT


Que l’on aime ou pas ce que fait Tyler Bates, difficile de bouder devant les efforts du compositeur pour « Deadpool 2 ». Le compositeur semble ici inspiré par son sujet et se fait plaisir en concoctant une partition orchestrale/électronique teintée d’héroïsme et de choeurs opératiques aux paroles vulgaires, reflétant toute la dérision du film et son humour trash. « Deadpool 2 » c’est un peu le genre de musique que l’on attend depuis un moment sur un film de super-héros hollywoodien : fun et décomplexée, qui ne se prend pas trop au sérieux ! Évidemment, tout n’est pas rose, la musique restant finalement mal mixée et peu valorisée sur les images, tandis que certains passages plus atmosphériques sont peu intéressants et décevants en écoute isolée. L’autre problème vient aussi du fait que les morceaux sont généralement très courts, ce qui empêche à Tyler Bates de développer pleinement ses idées.

Malgré tout, le résultat est somme toute plutôt satisfaisant dans le film comme sur l’album et semble indiquer que Bates est soucieux de s’améliorer après des débuts difficiles où il a souvent été très critiqué par les béophiles (surtout depuis l’épisode fâcheux du plagiat d’Elliot Goldenthal sur « 300 »). « Deadpool 2 » va donc dans ce sens même si l’ensemble n’a rien de follement exceptionnel et aurait mérité quelque chose de plus original et de plus audacieux pour concrétiser pleinement la vision de David Leitch sur ce film. Quoiqu’il en soit, « Deadpool 2 » est à coup sûr l’un des meilleurs travaux du compositeur pour le cinéma, avec les « Guardians of the Galaxies » !



---Quentin Billard