1-Good Day 1.46*
2-Hope 3.15**
3-Tiger Feet 3.41***
4-I Predict A Riot 3.51+
5-Dug's Theme 2.40
6-Prehistoric Prologue 3.42
7-In The Valley 1.27
8-Meet Dug 0.41
9-Meet the Tribe 2.12
10-Rabbit Ambush 1.02
11-Bronze Attack 2.17
12-City of Bronze 1.04
13-Dug in Bronze Land 0.51
14-Stadium Chase 0.39
15-The Ancestral Call 1.04
16-The Message Bird 1.58
17-Giant Badland Duck 3.10
18-Stealing Footballs 1.04
19-She Shoots, She Scores 0.45
20-Challenge the Champions 1.45
21-Harp Escape 1.59
22-They're Not A Team 0.47
23-Message From The Queen 1.05
24-Foul Play 1.18
25-Revelations In The Mine 5.04
26-Royal Game Day 1.40
27-Forfeiture and Humiliation 2.11
28-Do It For The Valley 2.08
29-The Final Game 4.40
30-Chief Is Down 0.54
31-Hognob In Goal 3.33
32-Mousing Around 1.06
33-Trophy Presentation 1.33

*Interprété par New Hope Club
Ecrit par Reece Bibby,
Blake Richardson, George Smith
**Interprété par The Vamps
Ecrit par Connor Ball,
Tristan Evans, James McVey,
Brad Simpson
***Interprété par New Hope Club
Ecrit par Mike Chapman, Nicky Chinn
+Interprété par Kaiser Chiefs
Ecrit par Ricky Wilson,
Andrew White, Simon Rix,
Nick Baines, Nick Hodgson.

Musique  composée par:

Harry Gregson-Williams/Tom Howe

Editeur:

Lionsgate Records/Mercury

Score produit par:
Harry Gregson-Williams
Score conduit par:
Harry Gregson-Williams, Gavin Greenaway
Monteurs musique:
Jack Dolman, Tony Lewis
Montage temp music:
Graham Sutton
Enregistré à:
Abbey Road Studios, London
Assistants ingénieurs score:
Stefano Civetta, Connor Hughes
Support technique score:
Juan Cortes, Stephanie Economou,
Jose Parody

Orchestrations:
David Butterworth, David Krystal
Choeur:
Apollo Voices
Supervision production musique:
Monica Zierhut

Artwork and pictures (c) 2018 Aardman Animations/BFI. All rights reserved.

Note: ***1/2
EARLY MAN
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Harry Gregson-Williams/Tom Howe
« Early Man » (Cro Man) est le nouveau-né des studios Aardman Animations. Le film est réalisé par Nick Park, plus connu pour son incontournable et célèbre « Wallace & Gromit ». « Early Man » est d’ailleurs son troisième long-métrage après « Chicken Run » (co-réalisé avec Peter Lord en 2000) et « Wallace & Gromit : The Curse of the Were-Rabbit » (co-réalisé avec Steve Box en 2005). Spécialiste du stop motion, technique d’animation image par image de personnages en pâte à modeler à base de plasticine, Nick Park n’a cessé de briller tout au long des années avec ses court-métrages incontournables autour de « Wallace & Gromit » et de ses différentes productions. Plus récemment, Park a produit « Shaun the Sheep », gros succès populaire de 2015 récompensé de multiples fois. C’est donc avec une certaine impatience qu’on attendait le retour de Nick Park à la réalisation avec « Early Man ».

Le film se déroule au temps de la Préhistoire. Après la chute d’une météorite qui a provoqué l’extinction des dinosaures sur Terre, un groupe d’hommes des cavernes a survécu et a découvert un bloc rond issu de la météorite. Alors qu’ils essaient de ramasser l’objet en question, ils réalisent très vite qu’il est beaucoup trop chaud et se le font passer de pied en pied : c’est ainsi que les hommes des cavernes ont inventé très tôt le football ! Des années plus tard, durant l’ère de l’âge de Pierre, un jeune homme des cavernes, Dug (Eddie Redmayne), vit dans un village dirigé par le chef Bobnar (Timothy Spall) et ses compères : Asbo (Johnny Vegas), Gravelle (Gina Yashee), Treebor (Richard Ayode), Magma (Selina Griffits), Barry (Mark Williams), Grubup (Richard Webber), Thongo et Eemak (Simon Greenall). Dug vit avec son crochon (mélange entre un chien et un cochon) Hognob (Nick Park) qui le suit fidèlement dans ses chasses au lapin.

Mais un jour, la vie de la petite tribu bascule lorsqu’une armée d’éléphants dirigés par Lord Nooth (Tom Hiddleston) attaque la vallée où ils vivent et met fin à l’âge de Pierre en proclamant la venue de l’âge de Bronze. Capturé durant l’attaque, Dug est jeté dans les prisons de la cité de Nooth, mais alors qu’il tente de s’évader, le jeune homme se fait passer par inadvertance pour un joueur de football parmi l’équipe de Lord Nooth. Dug lance alors un défi à son ennemi : il propose de défier l’équipe de champions de Nooth au football. S’il gagne le match, Nooth et ses complices quitteront leurs terres définitivement. S’il perd, toute la tribu travaillera comme esclaves dans les mines du tyran. Nooth finit par accepter la proposition de Dug. Le jeune homme rejoint ainsi le reste de la tribu et leur explique ses intentions : il va devoir les former pour devenir de véritables footballeurs, comme le furent autrefois leurs ancêtres il y a bien longtemps, mais la tâche s’annonce ardue. Seule l’arrivée inopinée de la jeune Goona (Maisie Williams), passionnée de football qui vit dans la cité de Nooth, pourrait faire toute la différence.


UN FILM D’ANIMATION GÉNÉREUX MAIS PAS INOUBLIABLE


Le moins que l’on puisse dire, c’est que Nick Park n’a pas perdu la main. L’animation en stop motion dans « Early Man » est comme toujours impeccable. Les personnages sont bien conçus et attachants, typiques des productions du cinéaste britannique. On y retrouve le look et l’esthétique habituelle de « Wallace & Gromit », « Chicken Run » ou « Shaun the Sheep », à ceci près que Nick Park possède ici un budget assez conséquent – 50 millions de dollars – ce qui lui permet de réaliser sa vision d’un monde préhistorique avec son lot de volcans en éruption, de terrains rocheux et de cité gigantesque. Les décors sont donc ici assez grandioses, conçus numériquement pour la plupart d’entre eux. Et comme souvent dans les productions Aardman, le film déborde d’humour et d’inventivité. Le scénario, plutôt malin, évoque le thème politique/social de la lutte des classes entre les hommes des cavernes qui vivent en communion avec la nature et sans moyens, et le monde de l’opulence et de la richesse du Bronze de Lord Nooth et sa cité démesurée.

Prolétaires contre capitalistes, tel semble être le pitch de départ du scénario de « Early Man », à ceci près que Nick Park a l’idée astucieuse d’y ajouter la thématique du football, sujet rarement évoqué dans les films Aardman. Le sujet du film est même un prétexte à un discours féministe évident puisque la jeune Goona, passionnée de football, se voit refuser l’accès au terrain parce qu’elle est une fille, obligée de s’entraîner la nuit en toute discrétion. Seulement voilà, assez curieusement et malgré les moyens mis en oeuvre, le film ne brille jamais vraiment. Le scénario a beau être bon et bourré de bonnes idées, la sauce ne prend pas sans trop que l’on sache pourtant. On a du mal à retrouver ici la magie de « Wallace & Gromit », l’émotion de « Chicken Run » ou la générosité de « Shaun the Sheep ».

Peut être est-ce l’utilisation de décors incrustés numériquement qui jure ici avec la technique plus traditionnelle du stop-motion ? Peut être est-ce le développement trop prévisible des personnages, le caractère trop lisse des gags et l’aspect trop convenu du scénario ? C’est bien dommage, car le film est bourré de bonnes idées mais s’avère être un Aardman bien mineur au regard de la production passée du studio et de Nick Park. D’ailleurs, le public ne s’y est pas trompé puisque le film a été un échec en salles, rapport à peine 53 millions de dollars, soit un tout petit peu plus que ce qu’il a coûté. C’est bien dommage, mais on ne peut pas faire un chef-d’oeuvre à tous les coups ! On espère néanmoins que Nick Park reviendra en meilleure forme sur son prochain projet.


UNE PARTITION ÉNERGIQUE ET HEROIQUE


« Early Man » marque les retrouvailles entre Nick Park et Harry Gregson-Williams, 18 ans après « Chicken Run », où il officiait aux côtés de John Powell. Cette fois-ci, Gregson-Williams est accompagné de Tom Howe, jeune compositeur britannique ayant écrit de la musique additionnelle sur « Wonder Woman » (2017) et auteur des musiques de « My Wonder Woman » (2017) et de la comédie d’animation « Charming » (2018). Le score de « Early Man » est écrit pour un orchestre symphonique traditionnel avec quelques éléments électroniques d’usage. La partition repose sur quelques thèmes clé à commencer par « Dug’s Theme », associé au jeune héros du film. Le thème de Dug, d’abord confié à un hautbois, est très vite développé par un cor, une clarinette et des cordes avec quelques percussions exotiques/électroniques. Il s’agit d’un thème noble et majestueux évoquant la détermination du jeune homme des cavernes à sauver sa terre et sa tribu des griffes de Lord Tooth. Le thème n’est pas vraiment mémorable mais s’avère plutôt rafraîchissant, touchant et bien écrit, avec un classicisme d’écriture remarquable et des harmonies plutôt raffinées.


ANALYSE DE LA MUSIQUE


Le film commence avec « Prehistoric Prologue », évoquant les décors de la préhistoire avec le combat de dinosaures et la pellicule vieillissante, imitant le style des vieux films fantastiques des années 50/60 façon Ray Harryhausen. Harry Gregson-Williams et Tom Howe utilisent ici des choeurs épiques et des cuivres sombres et massifs pour planter le décor, évoquant par la même occasion la chute de la météorite qui va provoquer l’extinction des dinosaures. A 2:23, la musique évoque clairement les hommes des cavernes à l’aide d’un ensemble de percussions exotiques et de choeurs guerriers chantant en anglais. A 2:55, on retrouve le thème principal sous sa forme de fanfare héroïque, l’un des éléments-clé du score de « Early Man », alors que l’on voit les premiers hommes des cavernes inventer le football au début du film. A noter ici l’emploi très bref d’un sifflet comme pour les arbitres de foot. Le résultat, pas foncièrement original en soi, s’avère assez rafraîchissant et très plaisant dans le film comme sur l’album, notamment dans la façon dont le « Dug’s Theme » est arrangé ici de manière héroïque et trépidante à la façon old school.

« In The Valley » débute sur une énième itération du thème principal à la clarinette et au hautbois alors qu’on découvre la vallée paisible de la tribu de Dug au début du film. Ici aussi, les deux musiciens mettent l’accent sur l’ensemble de percussions exotiques et de quelques pizzicati tendance mickey-mousing évoquant inévitablement l’aspect cartoon du film. Même chose pour « Meet Dug » et « Meet the Tribe » où l’on découvre le quotidien de la sympathique tribu d’hommes des cavernes à l’aide d’une série de variations autour du thème principal – à noter l’emploi de guitares et des choeurs guerriers évoquant l’aspect primitif et sauvage de Dug et ses amis (on retrouve aussi le sifflet). La chasse au lapin (« Rabbit Ambush ») apporte un humour nécessaire à la scène avec une utilisation très inventive des instruments exotiques, des guitares et des choeurs masculins. Les choses changent finalement dans « Bronze Attack » avec l’attaque des éléphants de Lord Nooth et l’arrivée de l’âge de Bronze. Gregson-Williams et Howe nous offrent ici le premier grand morceau d’action de « Early Man », avec des orchestrations plutôt riches et sophistiquées, typiques des productions Aardman. A noter ici une reprise plus sombre et dramatique du thème de Dug à 1:22.

« City of Bronze » illustre l’arrivée dans la cité de Bronze de Lord Nooth avec un ensemble d’instruments incluant guitares, cymbalum, balalaïka, dulcimer, clavecin et choeurs grandioses. A noter ici l’emploi d’une marche guerrière évoquant la puissance du peuple de Bronze. On notera par exemple l’utilisation judicieuse du clavecin dans « Dug in Bronze Land ». Dans « Stadium Chase », Dug tente de s’échapper de la cité en se faisant passer maladroitement pour un jeu de football avec un bref morceau d’action énergique et survitaminé, non dénué d’humour et superbement écrit (on retrouve par moment le style de « Chicken Run » ou « Wallace & Gromit : Curse of the Wererabbit »). Dans « The Ancestral Call », Dug réalise que ses ancêtres ont inventé le football et qu’il peut sauver son peuple par la pratique de ce sport. Le thème est repris ici de manière plus apaisée et positive. « Message Bird » développe la thématique de Lord Nooth sous la forme d’une valse lente avec accordéon, cordes et cymbalum avant d’enchaîner sur une reprise vaguement jazzy du thème au trombone pour la scène où Lord Nooth reçoit le message de la reine par le biais de l’oiseau messager. On retrouve par ailleurs la reprise amusante du thème de Lord Nooth au trombone dans un morceau et une scène similaire : « Message From The Queen ».

Évidemment, l’écriture musicale doit souvent faire des concessions au style mickey-mousing inévitable dans ce type de production, mais heureusement, Harry Gregson-Williams et Tom Howe ne perdent jamais de vue le style mélodique typique des productions Aardman et permettent à la partition de ne pas trop pasticher les musiques habituelles de cartoon. La fin de « Giant Badlands Duck » nous permet de découvrir un autre thème du score, une mélodie nostalgique et touchante associée à Goona dans le film (à la flûte à 2:50), qui finira par se révolter contre l’ordre établi de la cité de Bronze et rejoindra la cause de Dug et ses amis. Le thème est aussi repris à la guitare au début de « She Shoots, She Scores ». « Harp Escape » est l’un des morceaux d’action-clé du score de « Early Man », dans lequel on retrouve le style orchestral plus musclé de « Chicken Run », toujours superbement écrit et orchestré pour la séquence amusante où Crochon s’enfuit de chez Lord Nooth.

Plus étonnant, « Revelations in the Mine » s’avère être très dramatique et sombre, pour la séquence où Lord Nooth emmène Dug dans les mines pour y découvrir les peintures des anciens hommes des cavernes révélant le fait qu’ils étaient des loosers et n’avaient jamais gagné aucun match de foot. Il règne dans ce morceau une ambiance sombre et presque funèbre, incluant une section agressive et violente vers 3:39 où le thème principal est repris de manière belliqueuse et dissonante par des cuivres quasi horrifiques, reflétant la stupeur de Dug lorsqu’ils découvrent la triste vérité dans les mines. Le thème conclut ensuite le morceau de manière triste et résignée, Dug comprenant que lui et sa tribu n’ont aucune chance d’y arriver. Le match de foot entre la tribu de Dug et les champions de Lord Nooth débute au son de la superbe fanfare de « Royal Game Day », pastichant le style des marches anglaises traditionnelles façon Edward Elgar (c’est le genre de chose typique des musiques des films d’animation Aardman). On retrouve aussi le thème de Lord Nooth, toujours emprunt d’ironie et de dérision (à 1:30 au trombone et aux bois). Dug décide alors de déclarer forfait dans le résigné et amer « Forfeiture and Humilation », où son thème est repris de manière lente et mélancolique dans un très beau passage poignant et agréable.

Mais c’est sans compter sur l’aide de ses amis qui l’incitent à reprendre le combat dans « Do It For The Valley » où le thème de Dug est enfin repris dans sa forme de fanfare héroïque cuivrée plus optimiste et déterminée. Le match final est ensuite illustré dans « The Final Game ». Gregson-Williams et Howe se font ici plaisir et nous offre l’un des meilleurs morceaux de « Early Man ». Le morceau est traversé de reprises fulgurantes du thème principal en version héroïque, de percussions exotiques, de sifflet et de choeurs guerriers, le tout accompagné de quelques touches d’humour agréables et de fanfares très british d’esprit. Il y a une certaine fraîcheur et une inventivité appréciable dans la musique des deux compositeurs même si l’ensemble n’a rien de follement original ou d’extrêmement mémorable à la première écoute. Après le mélancolique « Chief is Down », « Hognob in Goal » évoque la scène où, pour départager les deux équipes aux tirs au but, Crochon décide de prendre la place de gardien pour sauver son équipe. Le morceau est construit sur un grand crescendo épique et héroïque assez saisissant, un autre grand moment de la partition de « Early Man ».


UN BILAN TRÈS POSITIF


Le match se termine dans le superbe « Mousing Around », ultime morceau d’action débouchant sur le triomphant « Trophy Presentation » où l’on retrouve une dernière fois le thème de Dug repris de manière optimiste apaisée, l’aventure touchant finalement à sa fin. Ainsi donc, Harry Gregson-Williams et Tom Howe signent pour « Early Man » une très belle partition orchestrale riche, inventive et inspirée, typique des productions Aardman. Sans atteindre le niveau de « Chicken Run », « Flushed Away », « Shaun the Sheep » ou « Wallace & Gromit - Curse of the Wererabbit », « Early Man » est une partition somme toute assez riche et généreuse, dont le thème principal est peut être un peu trop constamment répété tout au long du film, mais qui constitue malgré tout une écoute satisfaisante dans le film comme sur l’album, apportant l’émotion et l’énergie nécessaire aux images du métrage de Nick Park. Comme toujours avec Gregson-Williams lorsqu’il s’agit d’écrire pour un film animé, c’est du très bon boulot et on imagine que Tom Howe n’est pas étranger à la réussite de cette musique. Les fans d’Aardman devraient donc apprécier vivement la partition agréable et généreuse de « Early Man » : recommandé !



---Quentin Billard