1-Space 4.57
2-Gorillas 1.31
3-Paavo 1.22
4-Calm 3.10
5-Wydens 2.14
6-Kate 2.15
7-Lab 1.09
8-Crispr 4.46
9-Wyoming 1.21
10-Antennae 3.00
11-C17 5.50
12-Cornfield 3.18
13-Quarry 4.52
14-Chicago 2.54
15-George 3.37
16-Laptop 1.18
17-Energyne 2.34
18-Team 3.44
19-Showdown 2.15
20-Grenades 1.11
21-Requiem 3.04
22-Saved 4.05
23-Rampage 4.00
24-The Rage 4.22*

*Interprété par Kid Cudi

Musique  composée par:

Andrew Lockington

Editeur:

Water Tower Music

Score produit par:
Andrew Lockington
Supervision montage musique:
Joseph Bonn
Monteur musique:
Tom Kramer
Préparation musique:
Frank Macchia, Aaron Meyer,
Booker White, Joe Zimmerman

Assistant technique compositeur:
Neil Parfitt
Orchestrations:
Paul S. Henning, Victor Pesavento
Synthétiseur modulaire:
Michael White

Artwork and pictures (c) 2018 Warner Bros. Entertainment Inc. All rights reserved.

Note: **1/2
RAMPAGE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Andrew Lockington
« Rampage » est le nouveau long-métrage de Brad Peyton, connu pour ses blockbusters tels que « Cats and Dogs : The Revenge of Kitty Galore », « Journey 2 : The Mysterious Island », « San Andreas » ou le film d’épouvante « Incarnate ». Pour son nouveau long-métrage, Peyton s’inspire cette fois-ci d’un célèbre jeu vidéo d’arcade édité par Bally Midway en 1986, « Rampage », où il était possible de jouer jusqu’à 3 en incarnant George un gorille géant, Lizzie un reptile géant ou Ralph un loup-garou géant. Le but du jeu était de tout détruire dans une ville en éliminant les hélicoptères et les civils. Dans « Rampage », on y suit l’histoire de Davis Okoye (Dwayne Johnson), un primatologue qui travaille au San Diego Wildlife Sanctuary, où il s’est lié d’amitié avec George, un gorille albinos qu’il a sauvé de braconniers. Pour communiquer avec George, Davis a recours au langage des signes qu’il a appris à l’animal. Au même moment, des débris d’une station spatiale appartenant à l’entreprise Energyne s’écrasent dans les Everglades en Floride, incluant des boîtes contenant un redoutable pathogène expérimental, capable de transformer l’ADN des animaux. Un crocodile avale alors l’une des boîtes, tandis qu’un loup gris est infecté à son tour par le pathogène dans une forêt du Wyoming.

Peu de temps après, c’est au tour de George d’être exposé au mystérieux pathogène. Peu de temps après, George se met à grandir brusquement et devient plus agressif. Davis reçoit alors la visite du Dr. Kate Caldwell (Naomie Harris), une scientifique qui semble tout savoir sur le fameux pathogène développé par Energyne et qui menait des recherches génétiques sur le CRISPR jusqu’à ce qu’elle finisse par découvrir les plans d’Energyne pour utiliser le pathogène comme une arme biologique, ce qui lui valut d’être renvoyé et envoyé en prison. George réussit quand à lui à s’échapper de sa captivité et sème le chaos dans la réserve du parc, jusqu’à ce que l’animal soit finalement capturé par l’agent Harvey Russell (Jeffrey Dean Morgan) et placé à bord d’un avion. Mais au même moment, Claire et son frère Brett, les deux dirigeants d’Energyne, envoient une équipe de mercenaires pour retrouver les animaux mutants : George, Lizzie le crocodile géant et Ralph le loup géant. Pour s’assurer qu’ils vont retrouver les bêtes, Claire (Malin Akerman) et Brett Wyden (Jack Lacy) décident alors d’utiliser un signal radio envoyé depuis le sommet de la Willis Tower de Chicago pour attirer les animaux vers eux et tenter de les neutraliser. Davis, Kate et Russell vont alors tout faire pour empêcher les bêtes géantes de tout détruire en ville et de stopper les agissements des deux dirigeants corrompus d’Energyne.


FILM CATASTROPHE ET GROSSES BESTIOLES


« Rampage » s’inscrit dans la continuité directe des précédents films de Brad Peyton : scènes d’action démesurées, effets spéciaux dantesques et bien évidemment présence au casting de Dwayne Johnson, qui participe pour la troisième fois à un film de Peyton après « Journey 2 : The Mysterious Island » et « San Andreas ». Adapter ce célèbre jeu vidéo d’arcade de 1986 en un blockbuster hollywoodien moderne était une idée étrange sur le papier (surtout que le scénario du jeu était quasi inexistant) mais à l’écran, cela fonctionne plutôt bien même si au final, le film n’a plus grand-chose à voir avec le jeu, hormis la bataille finale dans Chicago durant les 30 dernières minutes. Clairement, le film s’adresse à un public d’initiés, et tout d’abord les trentenaires (ou plus) qui ont connu le jeu dans les années 80, « Rampage » jouant ainsi la carte de la nostalgie (cf. les plans où l’on voit la borne d’arcade du jeu dans le bureau de Claire et Brett). Mais le film s’adresse aussi aux fans de monster movies à l’ancienne : il y a clairement ici une influence manifeste de classiques comme « Godzilla » ou « Gorgo », notamment lors de l’affrontement final apocalyptique dans les rues de Chicago.

Brad Peyton semble s’évertuer depuis quelques années à prendre la relève du cinéma de Michael Bay ou Roland Emmerich en offrant un spectacle plus honnête, plus lisible aussi (au moins, chez Peyton, l’action est souvent très lisible, la shaky-cam est utilisée ici modérément !) et, pour le coup, étonnamment plus sombre pour un blockbuster hollywoodien, puisque le film contient quelques rares scènes sanguinolentes, le tout accompagné d’une photographie de qualité. Avec de bons effets spéciaux et des scènes d’action très réussies, « Rampage » a tout de la série-B friquée hyper divertissante, un film qui rend hommage à un jeu vidéo célèbre et qui est clairement conçu comme un jeu vidéo moderne. On pourra toujours trouver que Dwayne Johnson n’est pas un bon acteur et qu’il est un peu l’Arnold Schwarzenegger du pauvre, mais qu’importe, le résultat est là et « Rampage » confirme que Brad Peyton est un spécialiste des blockbusters bien conçus et bien ficelés qui n’ont rien à envier à leurs concurrents.


UNE PARTITION D’ACTION FONCTIONNELLE


« Rampage » marque les retrouvailles entre Brad Peyton et le compositeur canadien Andrew Lockington après « Journey 2 : The Mysterious Island », « San Andreas » et « Incarnate ». Pour sa quatrième collaboration à un film de Peyton, Lockington signe un score d’action moderne typique des productions musicales habituelles du genre façon Remote Control/Hans Zimmer. Pour concevoir sa partition, Andrew Lockington a procédé exactement comme il l’a fait pour « Journey 2 : The Mysterious Island » : le compositeur est parti au Costa Rica pour enregistrer les sons des gorilles, tandis qu’il a enregistré un choeur d’enfants ougandais en Amérique. Selon ses dires, Lockington apprécie de travailler avec Brad Peyton qui le force toujours à inventer et imaginer de nouveaux concepts (même si le résultat est souvent plutôt banal et peu original!). Le score de « Rampage » est ainsi écrit pour un grand orchestre (le Hollywood Studio Symphony) de plus de 100 musiciens dirigés par son fidèle collaborateur Nicholas Dodd, incluant des choeurs et une pléiade d’éléments électroniques modernes et de samples tirés des banques de son du compositeur.


ANALYSE DE LA MUSIQUE


Après une introduction somme toute assez sombre, massive et dramatique pour la destruction de la station spatiale d’Energyne (« Space »), « Gorillas » dévoile les choeurs d’enfants ougandais avec des percussions ethniques/exotiques et les premiers passages d’action du score, à l’aide des sempiternels ostinatos de cordes, cuivres robustes et percussions qui ne sont pas sans évoquer les musiques d’action modernes de Remote Control. Le score repose avant tout sur deux thèmes musicaux majeurs : le premier est le thème illustrant l’amitié entre Davis et le gorille albinos George, le deuxième est un thème plus dramatique et grandiose, intervenant dans les moments plus intenses du film. Le thème principal est dévoilé intégralement sur l’album dans « Rampage » où on reconnaît la mélodie à ses cordes dramatiques accompagnées des inévitables formules d’ostinatos de cordes façon « Transformers » de Steve Jablonsky. L’influence des productions Remote Control paraît ici très flagrante, comme elle l’était déjà dans « San Andreas », et ce même si Andrew Lockington s’avère être un bien meilleur compositeur que la plupart des sbires d’Hans Zimmer ou de Zimmer lui-même !

Dans « Paavo », le thème est repris dans un arrangement superbe où Lockington juxtapose merveilleusement sa mélodie aux choeurs ougandais à 0:44 dans un excellent contrepoint reflétant le savoir-faire du compositeur (il s’agit d’ailleurs de l’un des plus beaux morceaux de « Rampage »). « Calm » évoque le calme avant la tempête, dévoilant pour la première fois le second thème dramatique à 0:55, reconnaissable à ses notes ascendantes. L’action commence dans « Wydens » alors que le commando envoyé par Energyne se prépare à pourchasser les animaux géants. Le motif du commando est ensuite repris dans « Kate » avec ses rythmes électroniques modernes qui évoquent judicieusement ici les pales des hélicoptères transportant les mercenaires. L’action reprend de plus belle dans le déchaîné « Crispr » où l’on retrouve le style musclé habituel de Lockington, hérité de « San Andreas ». Même chose pour « Wyoming » et les 5 minutes intenses de « C17 », pour la scène dans l’avion transportant George. Lockington nous offre ici l’un des meilleurs morceaux d’action du score, malheureusement gâché par un flot incessant de percussions et de sonorités électroniques indigestes façon Remote Control - ces sons provenant en grande partie des samples de cris de gorilles enregistrés par Lockington au Costa Rica : seul problème, l’idée était intéressante sur le papier, mais le résultat final est décevant car ces sons sont impossibles à reconnaître et totalement passe-partout, on pourrait donc se dire « tout ça pour ça ? » -

Le thème dramatique revient dans « Cornfield » avec les choeurs d’enfants ougandais. Lockington se montre toujours à l’aise lorsqu’il s’agit d’illustrer ces moments tragiques avec une certaine émotion (comme dans « San Andreas » ou certains passages de « Journey 2 The Mysterious Island »), mais cette fois, le résultat est très impersonnel et plutôt passe-partout. Le thème principal de « Rampage » (celui associé à Davis et George) revient à 1:16, chanté délicatement par le choeur sur fond de cordes planantes, un autre très beau passage du score juste après la scène du crash de l’appareil dans un champ et l’évasion de George. « Quarry » est quand à lui typique de l’approche électro-orchestrale voulue par Lockington sur ce film, avec son lot d’effets électroniques et de percussions modernes qui rappellent encore une fois les « Transformers » de Jablonsky, sans grande originalité particulière (on a quand même connu Lockington beaucoup plus inspiré!). « Chicago » évoque le dernier acte du film pour la scène où les animaux géants attaquent la ville de Chicago. L’action domine dans le colossal « George » où Davis retrouve George à Chicago avec les monstrueux Lizzie et Ralph. Lockington nous balance un flot ininterrompu et peu gracieux de percussions dans le très bruyant « Energyne » pour la confrontation avec Claire et Brett, les deux PDG corrompus d’Energyne.


UN BILAN MI-FIGUE MI-RAISIN


Rien de bien folichon donc dans le score de «  Rampage ». Au fur et à mesure que l’on se rapproche de la fin, on comprend très vite que cette fois-ci, Andrew Lockington a raté quelque chose, car le potentiel d’un tel projet n’est pas du tout exploité ici, bien au contraire. Il y a évidemment le flot ininterrompu d’action qui se prolonge dans « Team » avec sa brève envolée dramatique réussie à 1:47 ou ses cuivres mastodontesques et ses percussions enragées dans « Showdown » pour la confrontation finale contre Lizzie et Ralph au milieu des rues et des buildings de Chicago. Les effets électroniques étranges entendus au début de « Grenades » ne servent hélas pas à grand-chose hormis l’idée de vouloir absolument offrir un son moderne à la Hans Zimmer pour le film. « Requiem » marque la fin de la bataille finale avec un ultime crescendo dramatique où l’on retrouve le thème dramatique à 0:31 avec les choeurs d’enfants alors que George est mortellement blessé durant la bataille. Le thème dramatique revient ensuite dans « Saved » à 0:42 de manière plus apaisée. La bataille est finie, le monde a été sauvé de la menace des animaux géants du Projet Rampage. Les voix d’enfants résonnent ici de manière plus élégiaque et funèbre alors que Davis pense que George est mort.

Au final, nous sommes malheureusement face ici à l’un des scores les moins intéressants de la carrière d’Andrew Lockington. Le compositeur canadien nous a pourtant habitué à des partitions de très grande qualité comme « Journey to the Center of the Earth », « City of Ember », « Journey 2 The Mysterious Island », « Percy Jackson : Sea of Monsters » ou même « San Andreas », qui tenait finalement bien plus la route. Ici, Lockington se contente du minimum syndical et même les quelques rares bonnes idées (les samples de gorille, les choeurs d’enfants ougandais) ne parviennent pas à rehausser le niveau d’un score d’action certes explosif et intense à l’écran mais totalement passe-partout, peu inspiré (on ne retiendra pas les thèmes musicaux, même après plusieurs visions, tellement ils sont insignifiants et insipides!) et surtout trop calqué sur les productions Remote Control d’Hans Zimmer. Il faut quand même avouer qu’au bout de 20 ans de musique de film de moderne, on commence à se lasser sérieusement de ce style musical complètement uniforme, écrit à la va-vite sans aucune inspiration, outre celle de faire le plus de bruit possible à l’écran. Quel dommage qu’un compositeur aussi talentueux qu’Andrew Lockington en soit réduit lui aussi à singer le style des sbires d’Hans Zimmer alors qu’on aurait pu s’attendre à une nouvelle claque musicale similaire à celle de « Journey 2 The Mysterious Island ». Au lieu de cela, il faudra se contenter d’un énième score d’action bruyant et moderne qu’on oubliera rapidement !



---Quentin Billard