1-Main Title/Nasty Headache 2.10
2-The Flying Lesson 1.17
3-Look Out Charlie/
A Hurried Exit 2.08
4-Onto Waziri/Khan 1.27
5-Escape From Waziri/
Eve and Struts 3.18
6-Onto India/Arrival in Katmandu/
Souls Approaches 4.23
7-The Dogfight/Journey To China/
Anymore Surprises/
The General's Cannon 6.10
8-You'll Get Your Money/
One Eye Open 3.05
9-Raid On Chang's Camp/
Finale And End Title 7.19

Source Music (John Barry)

10-Mohamet's Dance 1.42
11-Waziri Source

Source Music
(arrangée par Al Woodbury)


12-Salon Source 0.46
13-Charleston 1.27*
14-Love Me Tender 3.55
15-When The Saints Come
Marching In 2.13
16-Jeanie 2.22
17-Mill Stream 2.28
18-Revelry 2.12
19-Swinging At The Riverside 1.49
20-"Allemande" From The Bach
French Suite Number 5
In G Mayor 3.30

Bonus Track:

21-High Road to China (Suite) 9.27

*Composé par Jimm Jonson
et Cecile Mack.

Musique  composée par:

John Barry

Editeur:

BSX Records BSXCD 8864

Producteur exécutif album
pour BSX Records:
Mark Banning
Album produit par:
Ford A. Thaxton
Musique conduite et produite par:
John Barry
Orchestrations:
Al Woodbury
Mixage score:
Dan Wallin
Consultant créatif:
Mike Joffe

Artwork and pictures © 1983/2010 Golden Harvest Company. All rights reserved.

Note: ***
HIGH ROAD TO CHINA
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by John Barry
« High Road to China » (Les Aventuriers du bout du monde) fait partie de ces films oubliés du début des années 80, en grande partie parce qu’il a été réalisé pour concurrencer un autre film bien plus célèbre sorti deux ans auparavant : « Raiders of the Lost Ark » de Steven Spielberg (1981). Cette production américano-yougoslave-chinoise réalisée par l’américain Brian G. Hutton en 1983 – réalisateur plus connu pour ses films de guerre classiques comme « Where Eagles Dare » en 1968 ou « Kelly’s Heroes » en 1970 – a clairement été faite pour concurrencer le premier Indiana Jones et s’inscrit dans la continuité des nombreux imitateurs qui ont pullulé au cinéma dans les années 80. Néanmoins, on raconte que la production du film aurait commencé bien avant celle de « Raiders of the Lost Ark », lorsque le projet devait être initialement confié à John Huston avec Roger Moore et Jacqueline Bisset dans les rôles principaux. Peu de temps après, Bisset fut remplacée par Bo Derek avec un budget estimé à 16 millions de dollars. Finalement, le film se fera avec Tom Selleck et Bess Armstrong.

L’histoire se déroule dans les années 1920. La très riche Eve Tozer (Bess Armstrong) mène une vie de luxe dans des soirées mondaines à Istanbul en Turquie. Lorsqu’elle apprend que son père Bradley Tozer (Wilford Brimley) a disparu et risque d’être déclaré mort, Eve se met en tête de le retrouver absolument sous peine de quoi elle perdra l’héritage qui ira à Bentik (Robert Morley), l’ancien associé de son père qui cherche à mettre la main sur les brevets d’invention et la fortune de Bradley, et pour cela, elle n’a que 12 jours devant elle. Eve décide alors d’engager le pilote Patrick O’Malley (Tom Selleck), un vétéran de la Première Guerre Mondiale à qui elle loue deux avions, étant elle-même pilote. Mais O’Malley est un ivrogne qui vit en marge de la société – il est néanmoins accompagné de son partenaire Struts (Jack Weston) - et se montre récitent à partir à l’aventure avec Eve. Néanmoins, le duo finit par s’envoler et traversera une bonne partie de l’Orient en vivant moult péripéties, de l’Afghanistan jusqu’en Chine, où ils retrouveront Bradley, qui défend un village contre les assauts d’un seigneur de guerre impitoyable et violent.

UN FILM D’AVENTURE PEU INSPIRE

« High Road to China » s’inspire du roman de Jon Cleary mais n’a rien du grand film d’aventure que la production a essayé de vendre en 1983. Certains détails du livre ont été supprimés ou simplifiés, de manière parfois hasardeuse, rendant l’aventure bien moins crédible, alors qu’elle paraissait plus réaliste dans le livre (qui s’inspire en réalité d’un fait divers assez rocambolesque!). Concernant le choix de Tom Selleck – dont il s’agit ici du premier rôle majeur au cinéma en 1983 - il faut se souvenir que l’acteur avait du refuser le rôle d’Indiana Jones dans le film de Spielberg vers 1980 à cause de son contrat qui le liait à la série TV « Magnum » qui l’avait propulsé sur le devant de la scène. On raconte d’ailleurs que Selleck avait voulu jouer dans « High Road to China » pour tenter de se rattraper après le refus de « Raiders of the Lost Ark » et tenter enfin de devenir une star du cinéma, après avoir été une star du petit écran. Hélas, le film, pas très bon, sera un échec commercial à sa sortie en salles en 1983. Le film a coûté environ 15 millions de dollars mais n’en rapportera qu’à peine 28, soit beaucoup moins que ce que le studio avait espéré. Et pourtant, après un début très mitigé et pas mal de longueurs, une fois que le film décolle – sans jeu de mot – l’aventure devient plaisante à regarder, notamment grâce aux superbes séquences aériennes filmés avec des biplans Stampe SV-4 (nommés Dorothy et Lillian dans le film).

Brian G. Hutton est un vétéran qui a un sacré bagage technique après 30 ans de carrière au cinéma (ce sera son dernier film après quoi il décidera de changer de métier) et cela se sent dans les scènes aériennes qui rappellent certains combats d’aviation dans « When Eagles Dare » par exemple. Hélas, le film est réalisé assez mollement et sans grande ambition. Les décors sont néanmoins très beaux mais pas suffisamment mis en avant (les aventuriers traversent tout de même l’Afghanistan, le Népal, l’Inde et la Chine !) et le budget limité se voit à l’écran. Évidemment, Tom Selleck campe un Patrick O’Malley très réussi, en pilote bougon et ivrogne adepte de la dérision face à une Bess Armstrong ultra déterminée et plutôt grande gueule. Évidemment aussi, le duo fait des étincelles au début mais ils finiront dans les bras l’un de l’autre avec une intrigue romantique là aussi très mollement exécutée. Rajoutons à cela un méchant peu crédible et caricatural qui sort tout droit d’un dessin animé pour gamins (les scènes avec Bentik ont d’ailleurs été rajoutées après les projections test…) et on obtient un film très moyen et passable, idéal pour passer un bon moment pendant 1h45 mais qu’on oubliera rapidement. Dommage pour Tom Selleck qui pensait se rattraper après le refus de « Raiders of the Lost Ark » : on est ici à des années lumières du chef-d’oeuvre de Spielberg !

UNE PARTITION D’AVENTURE ROMANTIQUE

C’est John Barry qui a été choisi pour écrire la musique de « High Road to China », un choix évident pour le célèbre musicien britannique devenu dans les années 60/70 un spécialiste des films d’aventure et des drames romantiques. Pour les besoins du film, Barry livre une composition symphonique très classique, dominée par un thème principal romantique évoquant aussi bien l’aventure que la romance balbutiante entre Eve et Patrick dans le film. John Barry fait appel ici à Al Woodbury pour les orchestrations et livre une musique similaire à celle, hautement mémorable, qu’il avait écrit pour « Raise the Titanic » en 1980. On retrouve ici tous les tics d’écriture habituels du compositeur, et notamment dans la structure répétitive des thèmes et les orchestrations reconnaissables (mélodie aux cordes, harmonies aux cuivres). Clairement, le style de John Barry commençait à tourner en rond au début des années 80 et le compositeur n’hésitait pas à se mettre en auto-pilote pour écrire certaines de ses partitions, ce qui n’enlève en rien la qualité globale de la plupart de ses musiques de film, même si sa période la plus riche reste à n’en point douter celle des années 70.

ANALYSE DE LA MUSIQUE

Le score de « High Road to China » repose sur deux thèmes musicaux majeurs : un thème principal exposé dès l’ouverture du film dans « Main Title & A Nasty Headache », mélodie romantique de cordes exposée dès 0:07 (avec les habituels accords de cuivres). Le deuxième thème est celui de l’aventure, dévoilé dans « The Flying Lesson », il s’agit d’un thème héroïque de cors soutenu par des traits rapides de cordes et des percussions martiales (caisse claire, timbales, grosse caisse). Ce thème intervient pour certaines séquences aériennes et permet d’évoquer l’idée de l’aventure à travers l’Orient et l’Asie. Armé de ses deux thèmes, John Barry développe sa partition sur une trentaine de minutes, le reste du film étant surtout ponctué de source music jazz des années 20, dont certaines sont écrites par Barry lui-même (et présentée sur l’album de BSX). Dès la fin de « A Nasty Headache », le compositeur développe un motif rythmique et entêtant de cordes plus sombres qu’il utilise souvent pour suggérer que les ennuis guettent nos deux héros.

Ce motif de cordes sombres revient dans « Look Out Charlie & A Hurried Exit », auquel Barry ajoute une mélodie de cuivres plus pesante lorsqu’Eve et Charlie sont attaqués par des assassins envoyés par Bentik, tandis que le segment « A Hurried Exit » semble plus optimiste avec sa tonalité majeure et ses cuivres brillants. Dans « Onto Waziri & Khan », Patrick, Eve et Struts arrivent dans le camp de Sulehman Khan en Afghanistan. Barry reprend ici le thème romantique aux cordes, même s’il n’y a pour le moment aucune romance à l’écran. Très vite, le motif sombre de cordes est brièvement suggéré, comme pour faire planer une incertitude sur la suite des aventures de nos improbables héros. « Escape from Waziri & Eve and Struts » est l’un des morceaux d’action-clé de « High Road to China ». Le morceau débute au son de trombones graves et pesants suggérant le danger lorsque les héros s’enfuient du camp de Khan. On retrouve alors le thème d’aventure avec ses percussions martiales à 0:50. A noter l’emploi du martèlement de timbales dans la seconde partie du morceau et le retour du motif sombre des cordes, symbolisant le danger et la tension, avant de se résoudre sur une variation majeure du motif dominé par des trompettes majestueuses.

« On To India » illustre l’arrivée des aventuriers en Inde avec le retour du somptueux thème romantique. Barry développe ici son thème de manière plus conséquente, même si ses variations sont souvent assez similaires et construites de manière un peu mécanique (problème récurrent dans bon nombre de partition de John Barry à cette époque). Plus intéressant, « The Dogfight » évoque la bataille aérienne avec le pilote allemand Von Hess (Wolf Kahler). Pendant près de 6 minutes, Barry passe de l’héroïsme (retour du thème de l’aventure à 0:22) au danger avec une certaine habileté même si encore une fois, ses constructions thématiques sont un peu toujours les mêmes et finissent par lasser sur la longueur. A noter la manière dont la musique devient plus romantique et langoureuse dès la 2ème minute, reposant sur le lyrisme habituel du compositeur anglais. La bataille contre Von Hess s’achève au son des cuivres et des timbales guerrières dès 5:23. Le Love Theme revient ensuite dans « You’ll Get Your Money & One Eye Open », probablement le passage le plus romantique de toute la partition de « High Road to China » alors qu’Eve et Patrick se rapprochent enfin l’un de l’autre. A noter ici l’emploi très réussi du duo alto/flûte dès 1:40.

UN FINAL TRÈS ROMANTIQUE

Finalement, l’aventure touche à sa fin durant les 7 minutes conclusives de « Raid on Chang’s Camp & Final and End Credits ». Barry reprend ici le thème d’aventure et le motif du danger aux cuivres pour la bataille finale contre les troupes du général Wong en Chine. A l’issue de la bataille, Barry reprend finalement le thème romantique dans une nouvelle version pour saxophone dès 2:35 accompagnée de guitare et cordes lorsqu’Eve et Patrick s’embrassent à la fin du film. Finalement, le compositeur développe pleinement son thème pour le générique de fin. John Barry signe donc une partition de qualité pour « High Road to China » mais sans grande originalité particulière. Le compositeur réutilise ici toutes ses formules habituelles et use et abuse d’une répétition constante des mêmes thèmes avec des variations mineures pas toujours convaincantes.

Le problème ne vient pas tant de la qualité indéniable des mélodies mais plutôt du statisme des répétitions de ces thèmes dans le film comme sur l’album. Barry reprend constamment les mêmes structures, les mêmes schémas (mélodie cordes, accords aux cuivres) sans jamais dévier d’un iota de son objectif. C’est d’autant plus regrettable que sa musique pour « Raise the Titanic » paraissait plus diversifiée et mieux équilibrée sur ce plan là. Sans être le chef-d’oeuvre de John Barry, « High Road to China » demeure néanmoins une belle partition indissociable du film, témoignant du génie du musicien anglais pour les musiques romantiques et lyriques.


---Quentin Billard