1-Romancing The Stone (1984)
End Credits 5.19
2-Back To The Future (1985)
Theme 3.18
3-Who Framed Roger Rabbit?
(1988) Suite 4.58
4-Back To The Future Part II
(1989) Suite 4.35
5-Back To The Future Part III
(1990) End Credits 4.01
6-Death Becomes Her (1992)
End Credits 5.48
7-Forrest Gump (1994)
Suite 8.52
8-Contact (1997)
End Credits 7.58
9-What Lies Beneath (2000)
End Credits 6.36
10-Cast Away (2000)
End Credits 7.30

Musique  composée par:

Alan Silvestri

Editeur:

Varèse Sarabande
VSD-6213

Cast Away Credits:
Produit par:
Alan Silvestri, David Bifano
Montage de la musique:
Ken Karman
Assistant montage:
Jacqui Tager

Compilation produite par:
Alan Silvestri, David Bifano
Robert Townson

Artwork and pictures (c) 2000 Twentieth Century Fox and DreamWorks LLC. All rights reserved.

Note: ****
CAST AWAY
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Alan Silvestri
« Cast Away » (Seul au Monde) marque les retrouvailles très attendue entre Robert Zemeckis et Alan Silvestri. Quelques mois après l'Hitchcokien « What Lies Beneath », Zemeckis rempile cette fois-ci avec l'histoire poignante d'un homme qui, isolé sur une île déserte pendant de nombreuses années, va lutter pour survivre jusqu’au jour où il retrouvera la civilisation et sa femme Kelly (Helen Hunt), qui, entre temps, aura refait sa vie avec un autre homme. Tom Hanks apporte une interprétation bouleversante de son personnage, formidable comme à l’accoutumée, Robert Zemeckis ayant relevé avec brio le défi - très osé - de ne susciter aucun ennui durant toute cette longue heure sur l'île déserte - qui dure en fait toute une éternité pour le personnage de Tom Hanks. Robert Zemeckis a voulu faire de « Cast Away » un film modeste, subtil, émouvant, et surtout plus conceptuel. Hormis la terrible scène du crash durant le premier quart d'heure du film, le réalisateur n’a recours à aucun artifice mais recherche au contraire l'émotion franche, directe, humaine, l’histoire d’un homme qui apprend à revivre seul dans la nature sauvage, bien loin de tous les artifices de la civilisation moderne. Le film apporte ainsi une émotion pure qui nous va droit au coeur. Pari réussi donc pour un film qui, même s’il ne paie pas de mine en apparence, s'avère finalement être une bonne surprise tout à fait inattendue !

Concernant la musique du film, l'originalité vient ici du fait que Zemeckis a demandé très peu de musique de la part de son compositeur fétiche, Alan Silvestri. Effectivement, « Cast Away » ne contient qu'une toute petite vingtaine de minutes de musique, tournant essentiellement autour d’un même thème répété sous diverses formes. Il s'agit d'un thème émouvant, représentant l’épreuve difficile que devra affronter Chuck (Tom Hanks) durant son périple sur cette île et son douloureux retour à la civilisation. On retrouve ici le style intime et touchant de « Forrest Gump », Silvestri utilisant dans sa musique un hautbois soliste, des cordes et un piano, une partition plutôt minimaliste et extrêmement sobre, dont l’émotion et la simplicité nous vont droit au coeur. La musique n'intervient réellement dans le film qu’à partir du moment où Chuck quitte l'île avec son ami imaginaire (un ballon sur lequel il a dessiné une tête de bonhomme). Le hautbois soliste, qui interprète la mélodie principale, semble évoquer le personnage de Tom Hanks dans le film. A l'image de Chuck, le hautbois semble perdu, isolé, solitaire, peu avant d’être rejoint par les cordes - symboliseraient-elles ici le retour à la civilisation ?

Quoiqu'il en soit, malgré le peu de musique qu’Alan Silvestri a écrit pour « Cast Away », le thème principal s’avère être extrêmement touchant, d’une simplicité rafraîchissante. Il nous rappelle encore une fois le talent d'un compositeur dont l’inspiration va toujours de paire avec la qualité (régulière) des films de Robert Zemeckis. L’album nous propose ainsi le magnifique thème de « Cast Away » incluant le « End Credits » du film, la seule petite surprise provenant ici de l’inclusion dans les quatre dernières minutes du morceau du son des vagues sur le bord de l'île déserte, parmi lesquelles les cordes tentent parfois de revenir, finissant finalement par s'éloignant au loin, comme emportée par les flots. Pendant près de trois minutes introductives, Silvestri nous propose trois variations de son thème, au hautbois, aux cordes et au piano, et ce peu de temps avant que le hautbois solitaire ne laisse la place au son apaisant des vagues. Etant donné que l'on ne pouvait décemment pas faire un album avec seulement 7 minutes de musique tournant autour d'un seul thème, Varèse Sarabande a finalement décidé d'éditer une compilation réunissant des extraits des quelques grandes partitions-clé de la collaboration Zemeckis/Silvestri.

Premier point positif : le CD contient les versions originales des morceaux et non des réenregistrements qui ne sont pas toujours fidèles aux versions d'origine et dont la qualité s'avère parfois très variable, comme par exemple celui de Cliff Eidelman pour « Alien Trilogy » - déjà publié chez Varèse et qui contenait quelques erreurs d'interprétation et autres approximations inacceptables, aussi bien pour l'orchestre que pour la direction d'Eidelman ! Deuxième point positif, les extraits choisis sont tirés des End Credits des films. Rappelons qu'effectivement, Alan Silvestri a l'habitude d'inclure régulièrement les End Credits de ses scores sur ses albums, comme par exemple l'inoubliable « End Titles » de huit minutes de « Predator 2 ». Ainsi, on pourra retrouver sur cet album, classé par ordre chronologique, l'intéressant « Romancing The Stone » (A La Poursuite du Diamant Vert), marquant le début de la collaboration entre Silvestri et Zemeckis en 1984. Le compositeur utilise ici l'un de ses instruments fétiches, le saxophone, avec son lot de percussions diverses, sa basse acoustique, son piano 'cool', le tout enveloppé dans une ambiance jazzy fun avec un thème de saxophone fort sympathique, associé au personnage de Michael Douglas dans le film.

Arrive ensuite le célèbre thème de « Back To The Future » (1985) qui marqua un tournant décisif dans la carrière d'Alan Silvestri, sa première grande expérience dans le domaine de la musique symphonique, et qui plus est, apporte une force et une qualité indéniable à ce grand classique du cinéma d'aventure/science-fiction des années 80. Le superbe thème très populaire de « Back To The Future » reste encore aujourd’hui un grand classique emblématique de la collaboration Silvestri/Zemeckis. On enchaîne ensuite avec « Who Framed Roger Rabbit ? » (1988) et ses excellents thèmes jazzy, le compositeur s'étant vraiment amusé à nous plonger dans une ambiance de jazz rétro en adéquation avec l'atmosphère polar à l’ancienne du film. Le morceau se conclut de manière plus agitée avec le style si personnel d’Alan Silvestri dans un passage aventure/action tonitruant. Suivent alors « Back To The Future 2 » (1989) et surtout « Back To The Future 3 » (1990) qui propose de nouveaux thèmes pour ce dernier opus de la célèbre trilogie de Zemeckis, un thème western entraînant et un thème romantique très sympathique.

On entre alors dans les années 90, après « Back To The Future 3 » suivi de « Death Becomes Her » (La Mort vous va si Bien) en 1992 et son écriture de cordes à la Bernard Herrmann dans un style très ironique, teinté d'un humour noir grinçant qui convient à merveille à l'esprit du film (une partition fort intéressante de la part de Silvestri). C'est ensuite le tour du 'duo' d'émotion pure, « Forrest Gump » en 1994 et « Contact » en 1997. Hormis le fait que ces deux partitions contiennent deux thèmes intimistes très émouvants, c'est l'impact émotionnel et la simplicité de leur musique qui rapproche ces deux scores, reliés par un style tout à fait similaire, avec toujours cette écriture piano/cordes chaleureuse. Plus que « Contact », « Forrest Gump » aura définitivement marqué la carrière d'Alan Silvestri d’une pierre blanche, le compositeur ayant saisi l'occasion d'exprimer pleinement sa sensibilité à travers ce film, résumant son art, sa passion pour la musique de film. Bref, un véritable trésor ! Moins intéressant que « Forrest Gump », « Contact » n'en reste pas moins une BO toute aussi touchante, centrée autour du personnage qu'incarne à merveille Jodie Foster dans le film de Zemeckis - injustement sous-estimé par les critiques.

On finit alors sur les partitions plus récentes, « What Lies Beneath » (Apparences) en 2000 et le « End Credits » de « Cast Away ». « What Lies Beneath » permet à Alan Silvestri de se replonger dans une ambiance de thriller oppressante, instaurant un climat psychologique très prenant tout en s'inspirant de Bernard Herrmann. Au final, cette compilation publiée par Varèse Sarabande à l'occasion de la sortie du film « Cast Away » est donc fort passionnante, nous offrant une vue d'ensemble parfaite de la collaboration Zemeckis/Silvestri. Cet album nous rappelle, si cela était encore à démontrer, qu'Alan Silvestri n'est jamais autant inspiré que lorsqu'il compose pour son fidèle complice de toujours. On comprendra alors aisément pourquoi cette compilation est tout bonnement indispensable à tout bon fan d'Alan Silvestri qui se respecte !


---Quentin Billard