1-Volkov And The Mir 2.14
2-Typhoon Leah 6.19
3-Another Ship 4.17
4-Anchor's Away 2.16
5-Squeaky Gets Greased 2.11
6-Nadia Runs 1.10
7-Nadia's Story 3.17
8-Seven Foot Chase 3.31
9-Turkey Hunting 2.58
10-We Can Kill This Thing 3.59
11-Robo-Captain 5.14
12-Interrogation 2.49
13-Sinking The Ship 4.21
14-End Credits 5.42

Musique  composée par:

Joel McNeely

Editeur:

Hip-O Records
HIPD-40119

Album produit par:
Joel McNeely
Musique préparée par:
Vic Fraser
Monteur de la musique:
Craig Pettigrew
Chargé de la musique
pour Universal Pictures:
Harry Garfield

Artwork and pictures (c) 1998 Universal City Studios Productions, Inc. All rights reserved.

Note: ***1/2
VIRUS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Joel McNeely
Spécialiste des effets visuels pour des films tels que 'Poltergeist', 'Ghostbusters', 'Fright Night', 'The Abyss', 'Terminator 2' ou bien encore 'Cliffhanger', John Bruno a décidé de se lancer dans la réalisation avec 'Virus', adaptation d'un comics américain de chez Dark Horse. 'Virus' reprend le schéma classique d'une forme de vie extra terrestre qui arrive sur terre pour éliminer les hommes, sauf que cette fois-ci, la forme de vie en question prend l'apparence de machines monstrueuses capables de se développer à partir d'éléments de corps humains. L'histoire commence sur le navire de recherche scientifique russe, le Akademic Vadislav Volkov. Alors que l'équipage russe vaque à ses occupations, la station MIR qui est reliée au navire est attaquée par une importante décharge électrique qui semble prendre le contrôle des transmissions. Le radar de la station MIR envoie ensuite une importante décharge électrique qui 'contamine' entièrement le Volkov. Sept jours plus tard, l'équipage du vaisseau remorqueur américain 'Sea Star' se retrouve pris dans une tempête infernale, alors qu'ils ramènent une importante cargaison. Après avoir perdu la cargaison en pleine mer, le 'Sea Star' part se réfugier à l'intérieur de l'oeil du cyclone pour procéder à quelques réparations majeures. C'est là que le capitaine Robert Everton (Donald Sutherland) et son équipage découvrent la présence du Volkov, dérivant mystérieusement en pleine mer. Everton et ses compagnons espèrent pouvoir obtenir de l'aide de la part de l'équipage russe, seulement voilà, ils ignorent encore qu'à bord de ce navire, leur pire cauchemar les attend.

Après être montés à bord du navire, l'équipage du 'Sea Star' ne va pas tarder à découvrir que l'équipage a entièrement disparu. En réalité, les Russes ont été massacrés par des machines extra terrestres dont le seul but est d'éliminer le pire des virus existant sur terre: l'homme. Pris au piège de ces envahisseurs bio-mécaniques qui utilisent des fragments de corps humains mutilés pour se multiplier, Foster (Jamie Lee Curtis), Baker (William Baldwin) et leurs compagnons auront fort à faire pour tenter de s'en sortir vivant. Voilà donc un scénario ultra basique pour un nouveau clone d'Alien se déroulant cette fois-ci à l'intérieur d'un navire russe. Ici, les extra terrestres sont représentés sous les traits de machines ultra sophistiqués, douées d'une intelligence artificielle surhumaine. C'est sûr, il n'y a rien de nouveau ici. On retrouve toutes les formules habituelles du genre science-fiction/horreur, avec son lot de sang, de gore (la séquence de l'atelier avec les bouts de cadavres humains est crade au maximum), de monstres surdimensionnés, de héros sans personnalité qui foncent dans le tas, de dialogues bidons, de fusillades, d'explosions, etc. bref, une pure série-B sci-fi/gore fade, sans personnalité, avec une mise en scène tout à fait quelconque et des effets spéciaux sympas sans plus. Un gros navet assez divertissant, mais que l'on oubliera très vite!

Après avoir fait ses armes sur des films comme 'Terminal Velocity', 'Air Force One' (musique additionnelle), 'The Avengers' ou le tonitruant 'Soldier', Joel McNeely s'est très rapidement imposé comme l'un des nouveaux maîtres de la musique d'action orchestrale. Pour 'Virus', Joel McNeely avait envisagé à l'origine une partition expérimentale dans laquelle le musicien avait prévu de manier des samplers de sons divers (chuchotements, grognements, crissements, etc.). Il devait aussi avoir recours à une écriture vocale particulièrement avant-gardiste. Hélas, le compositeur s'est heurté, comme très souvent, aux desiderata du réalisateur qui souhaitait vraiment une approche beaucoup plus conventionnelle. Et voilà le compositeur repartit dans un style à mi-chemin entre sa musique d'action de 'Air Force One' et 'Soldier' et le style thriller atonal indéniablement hérité de Jerry Goldsmith, James Horner ou Christopher Young. 'Volkov And The Mir' ouvre le film de manière assez sombre, McNeely ayant recours à un choeur russe avec l'orchestre dans une atmosphère plutôt mystérieuse qui annonce déjà la noirceur de l'histoire à venir. Le compositeur annonce très brièvement un petit thème qu'il n'utilisera que deux fois dans le film. Un passage plus majestueux évoque brièvement la station MIR flottant dans l'espace. La partie vocale reste assez présente, représentant les russes et leur technologie. Cette introduction mystérieuse débouche sur l'un des meilleurs passages d'action du score, 'Typhoon Leah'.

'Typhoon Leah' est sans conteste l'un des meilleurs morceaux d'action que le compositeur ait écrit au cours de ces 10 dernières années. Excitant et captivant à souhait, cette pièce pourrait se résumer à 6 minutes de déchaînements orchestraux savamment dosés, dans lesquels plane l'ombre d'un James Newton Howard ou d'un Jerry Goldsmith (qui est, rappelons le, l'un des mentors de McNeely). 'Typhoon Leah' accompagne avec puissance la séquence du typhon dans lequel se retrouve pris le 'Sea Star' au début du film. Le compositeur accorde beaucoup d'importance ici à la rythmique, l'accent étant mis sur les timbales, la percussion martiale et les cymbales. Cordes et cuivres se partagent le morceau sur un rythme en crescendo constant, jusqu'à l'excitante accélération à 2.06 minutes. Le morceau évoque les dangers auxquels doit faire face l'équipage du bateau face au gigantesque typhon. Avec cet excellent morceau, McNeely nous prouve à quel point il est particulièrement à l'aise dans le style des grands scores d'action massifs, 'Typhoon Leah' oscillant entre le style d'Air Force One (très flagrant dans certains tics orchestraux) et le martial 'Soldier'. Un très grand moment d'action en perspective!

Avec 'Another Ship', l'ambiance se fait plus noire et plus étouffante. Une première partie développe un petit thème associé au 'Sea Star' alors que ce dernier se met en route, à la recherche du navire repéré sur leur radar. L'ambiance se fait nettement plus sombre lorsque l'équipage monte à bord du Volkov, McNeely mettant en place ici le motif de suspense qu'il développera par la suite. Cordes dissonantes, glissendi, choeur mystérieux, effets électroniques en arrière-fond sonore assez pesants, tout est fait ici pour nous plonger dans une atmosphère d'incertitude particulièrement inquiétante, annonciatrice du cauchemar à venir. A noter ici l'apparition d'un motif de deux accords soutenu par un choeur d'hommes sombre, le motif étant rattaché ici au mystère du Volkov. On repart dans l'action avec l'excitant 'Anchor's Away' (scène où l'ancre du Volkov détruit le 'Sea Star'), nouveau morceau d'action tonitruant et particulièrement brutal, avec son martèlement de percussions sec, sa rythmique électronique à la Goldsmith et ses cuivres imposants.

'Virus', c'est aussi pour McNeely l'occasion de développer des ambiances de suspense particulièrement glauques, le compositeur n'ayant pas vraiment eu de BO thriller à mettre en musique jusqu'à maintenant. 'Squeaky Gets Greased' est un excellent passage de suspense pour la séquence où Squeaky se retrouve seul, dans une salle des machines, où il va tomber nez à nez avec une machine-alien cachée dans un trou. On notera ici l'importance accordée au mystérieux motif de flûtes (repris de 'Another Ship'), entouré de cordes inquiétantes et d'un environnement sonore particulièrement pesant, reproduit par le biais de quelques discrètes sonorités électroniques évoquant la menace des machines. On retrouve ici aussi ce climat d'incertitude, McNeely semblant décidément être très à l'aise dans ce style d'atmosphère qui doit beaucoup à Jerry Goldsmith, à qui le compositeur semble parfois rendre hommage. Les effets de col legno en écho rappellent bien évidemment 'Alien', bien que le style se rapproche plus du 'Aliens' de James Horner, une influence indéniable dans cette partition d'action/suspense/terreur.

A noter que 'Nadia Runs' (séquence où Foster court après Nadia pour la calmer), qui n'est pas sans rappeler un passage de 'Nick of Time' d'Arthur B.Rubinstein (1995), contient une très brève citation au fameux motif de trompettes en triolet repris du célèbre 'Patton' de Jerry Goldsmith. Un petit clin d'oeil ironique au mentor de McNeely? 'Nadia's Story' vient renforcer à son tour l'ambiance déjà bien pesante du score de McNeely en développant le thème déjà entendu dans 'Volkov And The Mir'. Le morceau se distingue par ses cordes graves dissonantes et menaçantes, évoquant la sombre histoire racontée par Nadia, lorsque cette dernière explique ce qui s'est passé à bord de ce navire. 'Nadia's Story' n'est pas sans rappeler le style suspense de Christopher Young, avec ses petits motifs de piano envoûtants à la 'Jennifer 8' et ses cordes froides à la 'Copycat'. Enfin, c'est avec 'Seven Foot Chase' que l'on rentre dans le deuxième meilleur passage d'action du score, pour la séquence de la poursuite avec l'immense robot-alien. 'Seven Foot Chase' est soutenu par une rythmique électronique métallique et un martèlement de percussions à rôle quasi martial évoquant le danger. A noter aussi l'utilisation brillante d'un sampler imitant des battements de coeur, une idée sonore intéressante renforçant la tension d'un morceau déjà très agité. McNeely part ici d'un petit motif de 3 notes pour dévier ensuite vers un nouveau déchaînement orchestral agressif, évoquant la puissance de la machine. Sans aucun doute, l'un des passages incontournables du score!

Au niveau suspense, il est difficile de ne pas parler de l'excellent 'Turkey Hunting', qui est de loin, le passage le plus flippant de tout le score. C'est dans 'Turkey Hunting' que l'on retrouve les techniques sonores voulues par McNeely à l'origine. Sons parasites, grincements électroniques, chuchotements, etc. 'Turkey Hunting' nous dévoile le côté plus avant-gardiste de McNeely, avec une partie centrale mystérieuse, qui n'est pas sans rappeler le fameux 'Adagio' de 'La musique pour cordes, percussions et célesta' de Bartok, une pièce qui avait déjà inspiré Jerry Goldsmith pour sa partition de 'Freud' (1962). 'Turkey Hunting' accompagne la scène où Richie (Sherman Augustus) et Woods (Marshall Bell) pénètrent tout les deux dans un des ateliers des machines. Ce qui frappe à la première écoute du hantant 'Turkey Hunting' (injustement inaudible dans la séquence du film, à cause d'un mixage privilégiant les effets sonores et les bruitages en tout genre), c'est l'environnement sonore crée par le compositeur. Outre l'ambiance électronique faite de diverses nappes sonores étranges et glauques à mort, on retrouve des glissendi de cordes, des chuchotements inquiétants et très discrets, des effets de col legno en écho à la 'Aliens' et, par dessus tout, une espèce de son aigu non identifiable, ressemblant à un bruit parasite particulièrement sinistre. Ici, McNeely se montre assez inventif, en suivant une démarche bruitiste assez expérimental. On en viendrait presque à souhaiter entendre sa musique rejetée par le réalisateur. Voilà un morceau particulièrement intéressant, qui nous prouve à quel point 'Virus' peut contenir quelques surprises, malgré le manque d'originalité de cette composition somme toute très prévisible.

'We Can Kill This Thing' nous permet de réentendre l'effet de battements de coeur dans un environnement pesant, avec un retour quasi inchangé de 'Sevent Foot Chase' pour une autre séquence de poursuite vers la fin du film. 'Robo-Captain' évoque avec terreur la confrontation violente contre le Everton robotisé. On retrouve une ambiance sonore assez macabre au début du morceau, et ce avant que le morceau reparte vers un nouveau morceau d'action excitant pour l'affrontement avec Everton, toujours soutenu par cette rythmique électronique métallique et ces battements de coeur inquiétants. On notera un bref rappel du motif suspense de 'Squeaky Gets Greased' vers le milieu du morceau. La dernière partie du morceau est un autre passage d'action particulièrement tonitruant, toujours dans la lignée de 'Air Force One' et 'Soldier', pour ne citer que les exemples les plus évidents. Enfin, 'Interrogation' développe une ambiance inquiétante avec ses effets de col legno en écho assez flippants (l'ombre du 'Aliens' de James Horner plane sur la première partie du morceau), son environnement sonore imitant des sons électroniques étranges et ses battements de coeur bien macabres à souhait. La deuxième partie du morceau, plus orienté vers l'action, nous permet de réentendre un bout du 'Typhoon Leah' pour une nouvelle scène de confrontation avec l'immense machine.

'Sinking The Ship' évoque, au final, l'ultime tentative désespérée des deux survivants pour quitter le navire et le faire exploser. Il s'agit donc du dernier morceau d'action évoquant le danger de cette scène, avec son rythme martelé comme dans 'Robo-Captain' ou 'Seven Foot Chase' (repris une fois de plus, dans 'Sinking The Ship'), un ultime déchaînement orchestral captivant, avant de trouver la conclusion sur le superbe 'End Credits', dans lequel le compositeur nous réserve une ultime surprise, et non des moindres: un choeur russe dans la lignée de celui de 'Air Force One' de Goldsmith ou de 'The Hunt for The Red October' de Poledouris. Le 'End Credits' nous permet enfin de respirer en développant une ambiance majestueuse, quasi victorieuse. McNeely nous fait clairement comprendre que le cauchemar est enfin terminé. Le travail effectué par le compositeur sur des cordes quasi romantiques, au début du morceau, est tout à fait représentatif de cette sensation de paix retrouvée, teinté néanmoins d'une certaine mélancolie (beaucoup de personnes sont mortes au cours de cette sombre aventure). A noter que l'on retrouve le thème de 'Volkov And The Mir', joué ici par une trompette et un hautbois solitaire. En ce qui concerne l'excellent choeur russe (qui intervient pour nous rappeler que la majeure partie du film se passe à bord d'un navire russe), écrit dans la tradition des marches des choeurs de l'armée rouge, il nous faudra signaler le fait que les paroles du texte auraient été faites à partir des noms de l'équipe du film prononcés à l'envers.

Si vous appréciez les travaux action/aventure de McNeely, vous ne pourrez qu'adhérer à cet excellent score qui aurait gagné en intérêt si le réalisateur avait laissé McNeely faire ce qu'il voulait, à l'origine. 'Virus' représente la brillante incursion de Joel McNeely dans l'univers de la musique d'action/suspense. Dommage, cependant, que la thématique du score soit sous-exploitée, et que le score prenne finalement un côté assez répétitif au bout de 50 minutes. Même si ce n'est pas ce que Joel McNeely a fait de mieux au cours de sa carrière, 'Virus' est une de ses partitions incontournables, un score très sous-estimé qui mérite de gagner le respect des béophiles, preuve exemplaire que le compositeur possède un talent certain pour les compositions orchestrales agitées et les recherches sonores originales.


---Quentin Billard