1-The Story Begins...3.01
2-Simon's Theme 3.07
3-The Puzzle 1.34
4-Barrell Kills Parents 1.59
5-Looking for Simon 2.20
6-Meeting with Kudrow 3.29
7-The Train Search/Art & Simon 3.09
8-Simon is Going Home 1.56
9-Rooftop Arrival 2.07
10-Simon on the Edge/
Death of Kudrow 3.33
11-I'm a Friend of Simon's 2.08
12-The Story Ends...5.12

Musique  composée par:

John Barry

Editeur:

Varèse Sarabande VSD-5925

Album produit par:
John Barry

Artwork and pictures (c) 1998 Universal Pictures/Imagine Entertainment.

Note: **
MERCURY RISING
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by John Barry
Thriller très ordinaire d’Harold Becker, « Mercury Rising » (Code Mercury) place Bruce Williams dans la peau d’un agent du FBI chargé de protéger un petit garçon menacé par la NSA. Simon Lynch (Miko Hughes) est un jeune autiste de neuf ans qui s’avère être un véritable génie capable de résoudre les puzzles les plus complexes. Un jour, Simon décrypte par hasard le code Mercury, conçu à l’origine par le lieutenant-colonel Nicholas Kudrow (Alec Baldwin) pour assurer la protection des agents infiltrés de la NSA. Le problème, c’est que Kudrow a mis sa carrière en jeu en mettant au point ce code. Craignant que les informations parviennent jusqu’aux oreilles d’ennemis de l’Etat qui pourraient utiliser Simon pour ses aptitudes exceptionnelles, Kudrow décide alors d’éliminer les parents du jeune Simon et les concepteurs du fameux code. Mais alors que la vie du jeune autiste est en danger, Art Jeffries, agent du FBI mis sur la touche, est chargé d’assurer la protection de l’enfant. Poursuivis par les hommes de main de Kudrow, Art et Simon vont devoir prendre la fuite et déjouer le complot afin de révéler la vérité au grand jour. « Mercury Rising » est un thriller somme toute très ordinaire, avec ses scènes à suspense efficaces et ses séquences d’action qui permettant à Bruce Willis de nous rappeler à quel point il maîtrise amplement le rôle du policier défenseur du bien. Le film est une énième histoire d’amitié entre un flic et un jeune enfant, une intrigue qui ressemble d’ailleurs curieusement à celle de « The Sixth Sense », dans lequel Bruce Willis tournera d’ailleurs un an après le thriller d’Harold Becker. Le sujet a déjà été abordé à de nombreuses reprises au cinéma, et force est de constater que « Mercury Rising » n’apporte rien de bien neuf à cette histoire de conspiration et d’amitié sur fond d’autisme.

La musique de John Barry contribue à son tour à renforcer l’atmosphère sombre du film d’Harold Becker. « Mercury Rising » fait partie des dernières musiques de film qu’écrivit le célèbre compositeur britannique à la fin des années 90, peu de temps avant de prendre sa « retraite » après avoir composé sa dernière oeuvre en date, « Enigma » (2001). Signalons pour commencer que la production a longuement hésité avant d’engager John Barry, qui devint bien moins présent sur la scène cinématographique des années 90. Hélas, le travail du compositeur n’eut guère de succès auprès du studio qui décida finalement de rejeter une partie du score de John Barry - principalement les morceaux d’action - avant d’être remplacé par la musique additionnelle de Carter Burwell, qui arriva très tardivement sur le projet afin d’écrire six gros morceaux d’action pour le film. Principal reproche adressé à la musique partiellement rejetée de Barry : le manque d’énergie et la mollesse de ses morceaux d’action, qui ne collaient absolument pas à ce que recherchaient le studio pour la bande son du film.

La partition de « Mercury Rising » utilise ainsi l’orchestre symphonique habituel et annonce dès le début du film une histoire sombre et agitée. Ainsi donc, « The Story Begins » débute au son de tenues de contrebasses inquiétantes ponctuées par quelques coups de timbales et de piano grave, dans un style ultra épuré et minimaliste. Cette première minute annonce clairement la noirceur du film sans grande surprise. Barry développe ensuite un thème assez sombre avec sa formule d’accompagnement en notes répétées associé dès le début du film à Kudrow. La partition de John Barry vaut surtout par la présence du très beau « Simon’s Theme », une mélodie mélancolique et fragile associée à l’amitié touchante entre Art et Simon dans le film. Ce thème gracieux, confié à une flûte sur fond de cordes, rappelle clairement le style des thèmes qu’écrivit Barry sur des films tels que « Swept from the Sea », « Dances with Wolves » ou « My Life » (les premières notes de la mélodie rappellent aussi « Indecent Proposal »). Reste que le « Simon’s Theme » est de loin l’atout majeur du score de John Barry, apportant une émotion sincère à la relation entre le policier et le jeune autiste dans le film. Le compositeur en profite ainsi pour renouer avec son style plus intime/romantique des années 80, et ses formules mélodiques très personnelles.

Hélas, à l’écoute du reste de la partition, on devine clairement ce qui n’a définitivement pas plu aux producteurs du film : le manque de rythme et la platitude agaçante de la musique de John Barry, qui ne parvient jamais vraiment à décoller, alors que le film contient pourtant pas mal de suspense et d’action. Un morceau comme « The Puzzle » tente de suggérer un début de tension avec des notes répétées de piano lorsque Simon vient de décrypter le code Mercury, mais en vain : la musique échoue à transmettre la moindre sensation de suspense ou de tension. Pire encore, un morceau comme « Barrell Kills Parents » et son motif de hautbois/xylophone constamment répété suscite l’ennui le plus total, alors que la musique est censée représenter à l’origine le meurtre des parents du petit Simon par l’un des agents de Kudrow. « Barrell Kills Parents » surprend aussi par le côté extrêmement simpliste - et quasiment amateur - de l’écriture orchestrale du compositeur. On a connu un John Barry bien plus inspiré et plus adroit dans sa façon de composer ! Même chose pour des morceaux atmosphériques et vaguement mélancoliques comme « Looking for Simon » ou « Meeting with Kudrow ». Ici aussi, John Barry échoue à véhiculer le moindre sentiment de danger ou de menace, et préfère au contraire se concentrer sur le thème de flûte de Simon. La partie associée ici à Kudrow retombe dans les défauts de la partition : pas de réelle tension et un style toujours très répétitif et honteusement simpliste (inacceptable de la part d’un grand compositeur comme John Barry !).

Hélas, rien ne s’arrange par la suite : la poursuite dans le train (« The Train Search/Art and Simon ») reprend les formules instrumentales répétitives et molles de « Barrell Kills Parents », la seule véritable bonne idée venant ici de la reprise du thème de Simon joué par un saxophone envoûtant (idée déjà présente dans le morceau « Meeting with Kudrow »), dans un style rappelant clairement le score de « Body Heat ». Autre problème de taille dans la partition de « Mercury Rising » : le systématisme d’écriture agaçant qui plombe la plupart du temps l’écoute de la musique. Comme à son habitude, John Barry aime répéter ses formules mélodiques deux fois chacune, un systématisme qui empêche toute forme de surprise ou d’originalité et qui rend sa musique hyper prévisible, facile et étonnamment simpliste. Même un morceau plus intime et touchant comme « Simon is Going Home » s’avère être bien décevant parce que recyclant de façon trop flagrante le John Barry plus intime et romantique des années 80. La confrontation finale contre Kudrow sur le toit de l’immeuble plonge là aussi dans l’ennui le plus total avec « Rooftop Arrival » et « Simon on the Edge/Death of Kudrow ». Ce dernier reprend le motif de notes répétées de Kudrow pour illustrer son entêtement à éliminer Art et le petit Simon, motif joué ici par des trompettes en sourdine de façon très simpliste (là aussi !). Le morceau plonge encore une fois dans un systématisme d’écriture très agaçant, Barry répétant toujours deux fois chacune ses formules mélodiques/instrumentales sans aucune imagination particulière. Ici aussi, la musique ne parvient jamais à décoller vraiment alors qu’il s’agit pourtant du climax final du film. C’est alors que l’on retrouve le thème de Simon (décidément trop souvent répété tout au long de la partition !) dans « I’m a Friend of Simon » pour le moment où Art fait ses adieux à Simon à la fin du film.

Au final, la musique de « Mercury Rising » échoue complètement à véhiculer la moindre tension au film d’Harold Becker. Pire encore, John Barry semble complètement épuisé artistiquement parlant, incapable d’aligner la moindre note sans tomber dans un systématisme d’écriture ultra simpliste, d’autant que l’ensemble est trop clairement inspiré des anciennes partitions 80s du compositeur. Si le « Simon’s Theme » s’avère être très touchant en soi, John Barry l’utilise trop souvent dans le film et ne le varie pas assez pour le rendre suffisamment intéressant sur les images. Enfin, le score reflète un ennui profond, ennui de l’auditeur qui n’aura qu’une envie, celle de zapper cet album monotone, ennui aussi de la part du compositeur qui n’avait de toute évidence aucune idée particulière quand à la façon de mettre en musique l’action et le suspense dans le film d’Harold Becker, et qui a préféré compiler la plupart de ses idées musicales d’oeuvres précédentes en se limitant exclusivement à la partie intime/émotionnelle de l’histoire. La lassitude du compositeur se reflète quasiment dans chaque mesure de cette partition orchestrale incroyablement plate et lisse, sans la moindre once d’imagination ou de réflexion par rapport aux images. C’est tout bonnement inadmissible de la part d’un compositeur aussi célèbre et talentueux que John Barry, qui a pourtant crée des partitions mythiques dans les décennies précédentes !


---Quentin Billard