1-Main Title 2.02
2-Corky's Retreat 3.18
3-Didn't Remember Me 1.50
4-Memories 2.52
5-What Can't You Explain? 0.56
6-Appassionata 2.07
7-Let's Take Off 0.53
8-One Chance 1.09
9-Stop The Postman 1.50
10-The Lake 2.47
11-The Ruse 1.27
12-Duke's Catch 1.36
13-Blood 1.05
14-Duke's End 1.04
15-Two Birds With
One Stone 0.45
16-I'll Tell 2.40
17-Fats Blows The Whistle 1.43
18-The Wooden Heart 2.38
19-Us Was You 1.16
20-End Titles 2.06

Bonus Source Music:

21-Previous Act 2.39
22-Next Act 2.39

Musique  composée par:

Jerry Goldsmith

Editeur:

Varèse Sarabande
VCL 0403 1018

Produit par:
Jerry Goldsmith
Album produit par:
Nick Redman,
Robert Townson

Directeur en charge de
la musique pour
20th Century Fox:
Tom Cavanaugh

Artwork and pictures (c) 1978/2003 Twentieth Century Fox Film Corporation. All rights reserved.

Note: ***
MAGIC
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Jerry Goldsmith
Après avoir réalisé le célèbre 'A Bridge Too Far' (Un pont trop loin), l'un des classiques du film de guerre à l'américaine, Richard Attenborough mettait en scène une étrange fable obscure sur l'histoire d'un magicien/ventriloque du nom de Corky (excellent Anthony Hopkins) obsédé par son inquiètante marionnette surnommée 'Fats'. Après un premier solo désastreux, Corky va changer son fusil d'épaule pour prouver au public qu'il est le meilleur dans son domaine. Acclamé par le public et son imprésario Ben Greene (Burgess Meredith), Corky sera invité à la télévision pour faire de nouveaux numéros avec Fats, sa marionnette. Mais, alors que tout semble aller pour le mieux, Corky se met à réagir violemment lorsque Ben lui annonce qu'il devra entre autre passer un test de santé avant de passer à la télé. Etonné, Ben ignore tout du sinistre secret que cache le ventriloque, de même qu'il ignore la raison de son refus obstiné de ne pas passer le test de santé. Corky va se mettre au vert quelque temps en fuyant la ville pour aller habiter dans une vieille maison au bord d'un lac, tenu par Peggy Ann Show (Ann-Margaret), son vieil amour de jeunesse. Après lui avoir enfin déclaré sa flamme, Corky va commencer à perdre les pédales, complètement hypnotisé par sa marionnette. Fats manipulera alors l'esprit de Corky, l'incitant à se débarrasser de son imprésario devenu gênant et de Duke (Ed Lauter), le mari de Peggy. C'est la descente aux enfers pour le ventriloque qui ne se contrôle plus et tombe dans son propre piège. Voilà donc une histoire assez étrange d'un magicien/ventriloque et de sa marionnette qui finit par le rendre complètement fou. A la fin du film, on ne sait plus qui est qui. Fats finit par posséder un esprit, une personnalité, et ce sans que Corky s'aperçoive que la marionnette n'est autre que lui même. C'est un véritable retournement de situation, car le marionnettiste finit par se faire manipuler par sa marionnette, et c'est là toute l'originalité de ce thriller étrange qui n'est pas sans rappeler le 'Psycho' d'Alfred Hitchcock (Corky serait l'équivalent de Norman Bates, l'un des plus célèbres psychopathe du cinéma américain?), un film que l'on a souvent comparé avec 'Magic'. Mention spéciale à Anthony Hopkins qui nous livre là une performance remarquable et extrêmement convaincante dans le rôle de ce magicien fou en chute libre. Avec un suspense extrêmement bien entretenu (la marionnette finit par devenir réellement flippante), le film file droit vers une fin inévitablement tragique, un récit troublant servi par un ton noir, digne des grands thrillers d'Hitchcock. Un petit thriller assez original et rare, à découvrir si vous en avez l'occasion!

Jerry Goldsmith a eu l'occasion d'écrire un score thriller/suspense dans la lignée des scores thriller de Bernard Herrmann, sa partition reposant essentiellement sur le pupitre des cordes (comme dans 'Psycho' d'Herrmann), agrémenté ici d'un piano et d'un étrange harmonica. Le score repose ainsi sur un thème principal troubant, inquiétant, envoûtant, tout à l'image du film lui même. Le 'Main Title' s'ouvre au son d'un étrange petit motif d'harmonica associé à Fats, suivi du thème exposé aux cordes avec des harmonies torturées (il est marrant de noter que le début du thème possède un côté un peu 'air de blues'). Cet excellent thème de cordes, agrémenté de deux petits accords de piano mystérieux évoque à merveille le côté psychologique du film et la noirceur du personnage de Corky, hanté par un étrange secret: sa propre marionnette le manipule et devient une autre personne à part entière. L'harmonica est présent ici pour évoquer le côté inquiétant et extrêmement malicieux de Fats, Goldsmith ayant décide d'associer cet instrument à ce personnage comme une sorte de petit leitmotiv sonore. L'association inattendue entre les cordes et l'harmonica provoque un effet plutôt troublant voire inquiétant (et parfois malsain), d'autant que l'instrument dissone toujours avec la partie des cordes, comme s'il s'agit d'un élément extérieur intervenant là où on ne l'attends pas. Cette brillante astuce permet alors à Goldsmith d'évoquer la métaphore de l'esprit torturé de Corky qui se divise alors en deux personnalités: la sienne (les cordes) et celle de Fats (l'harmonica), dualité malsaine renforcée par les dissonances des deux motifs, celui de l'harmonica et des cordes.

'Corky's Retreat' développe alors le climat intriguant voulu par Goldsmith avec, cette fois ci, un sursaut de cordes inquiétant typique du style thriller du compositeur. Le pupitre des cordes est bien mis en avant, comme Bernard Herrmann a pu le faire sur le 'Psycho' d'Hitchcok, et la noirceur des harmonies torturées renforce l'impression de malaise que l'on ressent parfaitement durant la seconde partie du film. Après un début plutôt mystérieux, on assiste à un changement de ton assez radical pour les séquences où Corky retrouve Peggy qu'il aime toujours. La jeune femme tombe enfin sous son charme et fait l'amour avec lui lors du très beau 'Appassionata' où Goldsmith développe un petit 'Love Theme' romantique et passionné, écrit pour piano, violon et cordes. (A noter que la tête du thème rappelle sous une forme majeure le début du thème principal) 'Appassionata' est typique du style plus sentimental/intime du compositeur dans l'écriture vigoureuse de ses cordes couplé avec quelques solistes (violon, violoncelle et piano). Ce 'Love Theme' décrit évidemment la romance entre Corky et Peggy, romance qui laissera très vite la place à la terreur pour la dernière partie du film. A ce sujet, on ne peut pas passer à côté de l'étrange associé du motif d'harmonica de Fats avec le 'Love Theme' romantique de 'Appassionata', un élément inquiétant qui dissone complètement avec le canevas harmonieux et passionné tissé par Goldmsith pour cette scène d'amour. La raison à cette soudaine rupture de ton est que la caméra se fixe pendant quelques instants sur le visage (inquiétant) de Fats, la marionnette, et ce durant la scène d'amour. Le message de Goldsmith est clair: le mal est toujours là et il va conduire Corky à sa propre perte.

Après ces quelques passages plus harmonieux, nous permettant de respirer un bon coup, Goldsmith nous replonge ensuite dans la descente aux enfers du héros avec 'Stop The Postman', sinistre morceau pour la scène du premier meurtre. Pour renforcer l'impression de terreur suggérée par cette séquence, Goldsmith utilise un étrange son électronique saturé qui transforme cette pièce en véritable moment de terreur glacial, chaotique et torturé. 'The Lake' laisse la place quand à lui à une rythmique de pizz inquiétante lorsque Corky va cacher le corps dans le lac, les cordes étant toujours extrêmement tendues afin d'évoquer à la fois le suspense et l'esprit malsain/torturé du héros. A noter la présence toujours inquiétante de l'harmonica qui évoque alors Fats, contrôlant définitivement l'esprit de Corky. 'Duke's Catch' et 'Blood' prolongent cette ambiance de suspense sinistre, débouchant sur une nouvelle scène de meurtre dans 'Duke's End', accompagné d'un nouveau sursaut orchestral terrifiant. La tension monte dans 'I'll Tell' lorsque Fats fait du chantage à Corky s'il décide de le laisser tomber tandis que 'Fats Blows The Whistle' développe le côté malsain de Corky/Fats lors de la scène où le ventriloque/magicien devient fou et se met à faire toutes les pitreries que lui demande sa marionnette. Impressionnant, le morceau est rythmé par un crescendo de cordes terrifiant et un harmonica malsain, le tout mélangé dans une ambiance de folie parfaitement suggéré par la musique du maestro. 'The Wooden Heart' et 'Us Was You' concluent le film dans un climat de noirceur quasi résigné, tandis que le 'End Titles' reprend le thème principal qui est resté assez présent tout au long du score, sous la forme de quelques variantes orchestrales.

'Magic' vous satisfera pleinement si vous êtes fans des musiques de thriller/suspense glauques comme le compositeur a l'habitude d'en faire depuis la fin des années 70 (Goldsmith nous a prouvé avec les 'Omen' qu'il était un maître du 'frisson' à l'instar de Bernard Herrmann). Il n'y a rien de véritablement original ici, si ce n'est l'association étrange de l'harmonica avec un pupitre de cordes accompagné de quelques instruments plus discrets. La couleur des cordes permet au compositeur de renforcer ici le côté psychologique du film, et à ce niveau là, sa BO colle parfaitement bien au film. Mais l'ensemble n'a franchement rien d'inoubliable, 'Magic' restant malgré tout une BO plutôt mineure dans la carrière du maestro californien. Ceci étant dit, il serait dommage de bouder notre plaisir et de ne pas (re)découvrir cette petite BO de suspense/thriller sympathique, qui a enfin eu l'honneur d'être rééditée par Varèse Sarabande, en édition CD Club à tirage limité. Ce n'est donc pas un chef d'oeuvre, mais cela reste un bien bel effort de la part du compositeur, un score plutôt méconnu dans la filmographie de Jerry Goldsmith.


---Quentin Billard