1-Channel (Main Title) 2.53
2-Max Goes Out (Version 1) 2.07
3-He's Sunk 2.23
4-Mic Tap 0.59
5-Sole Demand 1.47
6-Max Back In 1.16
7-Max Goes Out (Version 2) 1.22
8-The Wrong Bullet 1.24
9-Meanwhile 0.50
10-Pizza Man 1.02
11-Hollander Report 2.37
12-Feds Fly In 1.56
13-See The Crowd 0.55
14-A Good Tease 0.55
15-Massive Complications 1.33
16-Catfish Corner 3.27
17-Mic Tap (Original Version) 0.55
18-Big John (Original Version) 1.55
19-Softball Questions 0.48
20-Shove Ms. Banks 0.34
21-Rolling 0.49
22-Max Goes Out (Version 3) 1.27
23-Unfavorable Light 4.40

Musique  composée par:

Thomas Newman

Editeur:

Varèse Sarabande VSD-5887

Album produit par:
Thomas Newman

Artwork and pictures (c) 1997 Warner Bros. All rights reserved.

Note: ***
MAD CITY
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Thomas Newman
« Mad City » permet au réalisateur Costa-Gavras de nous offrir un véritable pamphlet contre le pouvoir des médias et les dérives de la manipulation de l’information et de l’opinion publique à travers l'histoire de Sam Baily (John Travolta), un américain moyen qui, après été récemment licencié, décide de prendre un musée en otage par désespoir, exigeant ainsi qu'on lui rende son travail. C’est alors qu’intervient un journaliste ambitieux et carriériste, Max Brackett (Dustin Hoffman), qui fait alors partie des otages de Sam et se met en tête de couvrir l’événement de A à Z, sachant qu’il tient là le scoop qui devrait lui permettre de relancer sa carrière pour de bon. Brackett décide finalement d’interviewer le preneur d’otages. Il sympathise avec l’homme et essaie de faire ressortir son côté humain auprès du public. Mais les jours défilent et la pression médiatique devient de plus en plus forte. Puis, la situation finit par déraper et c’est le drame. Avec « Mad City », Costa-Gavras nous offre un duo de qualité entre la détermination carriériste et aveugle de Dustin Hoffman et le désespoir profondément tragique de John Travolta en preneur d’otages au bout du rouleau, un film qui dénonce clairement les abus des médias américains à travers un banal fait divers tragique malheureusement représentatif d’un certain malaise social typique de la société américaine moderne.

Avec « Mad City », le compositeur Thomas Newman nous livre une partition atmosphérique assez caractéristique de son style minimaliste habituel. Signalons pour commencer que c’est le compositeur français Philippe Sarde qui devait écrire la musique à l’origine, Sarde ayant déjà collaboré à un précédent film de Costa-Gavras, « Music Box » (1989), pour lequel il écrivit la musique. Hélas, la production de « Mad City » décida finalement de rejeter entièrement la musique de Philippe Sarde et fit alors appel à Thomas Newman pour écrire le score du long-métrage de Costa-Gavras. A noter néanmoins que quelques morceaux de Sarde se sont finalement retrouvé dans le film. La première chose que l'on peut dire, c'est que l’approche de Thomas Newman sur « Mad City » est clairement anti-conventionnelle, un aspect flagrant et ce dès la première écoute. Le « Main Title » annonce un style résolument moderne, utilisant une série de guitares, batterie, percussions et synthétiseurs affirmant le caractère plutôt urbaine et moderne de la musique du film de Costa-Gavras. C'est autour du travail des différents instruments que s'articule la partition de Newman pour « Mad City ». Sa musique est utilisée avec parcimonie tout au long du film, utilisée à bon escient sans jamais en faire de trop sur les images. Le compositeur reste ici fidèle à son style minimaliste et s’autorise même quelques touches plus expérimentales en mélangeant des sonorités insolites (sons d’objets, bruits de jouets, etc.) pour créer une ambiance un peu particulière dans le film. Thomas Newman décrit ainsi à travers ses atmosphères plus modernes et expérimentales la population américaine qui suit l'aventure à travers les médias. Elle représente aussi les médias eux-mêmes et le pouvoir qu’ils exercent sur la population.

On trouve ici deux facettes claires et parfaitement distinctes dans la musique de « Mad City » : une partie s'attachant à illustrer la situation de tension générée par la prise d'otage maladroite du personnage de John Travolta dans le musée, puis les quelques moments plus intimes entre Max et Sam alors qu'une amitié circonstancielle se crée petit à petit entre les deux hommes. C'est dans ces moments précis que Thomas Newman utilise l'orchestre qui reste malgré tout très discret dans l'ensemble de la musique. Un mélange cordes/flûte accompagné de quelques vents apporte une touche plus intime et chaleureuse pour ces scènes d'amitié (scène où Sam parle de sa vie avec Max, alors que les deux hommes sont assis contre une colonne), tandis que la partie musicale plus moderne et son travail d'instruments solos (ensemble de guitares, violon, piano, etc.) crée dans le film une situation de tension émergente, qui devient particulièrement évidente pour la scène où les hélicoptères du FBI arrivent sur les lieux de la prise d'otage.

Thomas Newman utilise aussi certains samples électro de rythmes « rap » pour rappeler la présence de la population autour de ce problème, et en particulier de certains noirs afro-américains qui prennent la cause du garde noir accidentellement abattu par Sam dans le musée. Seule ombre au tableau : l’approche atmosphérique de la musique de Thomas Newman fonctionne parfaitement à l’écran, mais il manque néanmoins un thème fédérateur qui aurait permis de rendre l’écoute plus intéressante. Du coup, avec « Mad City », on en reste un peu sur notre faim. Toujours est-il que l'on retrouve ici le style minimaliste habituel de Thomas Newman qui évite certains clichés musicaux et signe une composition atmosphérique et moderne parfaite pour le film de Costa-Gavras. Ces sonorités instrumentales restent indissociables du style anti-conventionnel du compositeur, assez peu enclin à la musique orchestrale ici. « Mad City » n'est donc pas le nouveau chef-d'oeuvre de Thomas Newman mais demeure une composition intéressante, à défaut d'être véritablement mémorable.


---Quentin Billard