1-Goldeneye 4.46*
2-The Goldeneye Overture 4.24**
Part 1: Half of Everything is Luck
Part 2: The Other Half is Fate
Part 3: For England, James
3-Ladies First 2.44
4-We Share the Same Passions 4.46
Part 1: The Trip to Cuba
Part 2: The Same Passions
5-A Little Surprise for You 2.02
Part 1: Xenya
Part 2: D.M. Mychkine
6-The Severnaya Suite 2.07
Part 1: Among the Dead
Part 2: Out of Hell
Part 3: The Husky Tribe
7-Our Lady of Smolensk 1.01
8-Whispering Statues 3.26
Part 1: Whispers
Part 2: Two Faced
9-Run, Shoot and Jump 1.05
10-A Pleasant Drive in
St. Petersburg 4.28**/***
11-Fatal Weakness 4.43
12-That's What Keeps You Alone 3.17
13-Dish Out of Water 3.57
Part 1: A Good Squeeze
Part 2: The Antenna
14-The Scale of Hell 3.43
Part 1: Boris & the Lethal Pen
Part 2: I Am Invincible
15-For Ever, James 2.01
16-The Experience of Love 5.57#

*Interprété par Tina Turner
Ecrit par Bono et The Edge
Produit par Neller Hooper
Producteurs exécutifs:
Bono and The Edge
**Contient des extraits de
"James Bond Theme" composé par Monty Norman
***Version originale
non retenue pour le film
#Interprété par Eric Serra
Musique de Eric Serra
Paroles de Rupert Hine
Produit par Eric Serra et Rupert Hine.

Musique  composée par:

Eric Serra

Editeur:

Virgin Records 8 410482

Musique produite par:
Eric Serra
Producteur exécutif:
Claude Serra
Pour The X-Plorians
Coordination Paris:
Pierre Henriot
Coordination Londres:
Isobel Griffiths
Eric Serra's Film Music Representation:
Richard Kraft, Lynn Benjamin.

Artwork and pictures (c) 1995 Danjaq, LLC and United Artists Corp. All rights reserved.

Note: ***
GOLDENEYE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Eric Serra
17ème aventure de l'agent 007, « Goldeneye », réalisé par le néo-zélandais Martin Campbell (qui a aussi signé « Casino Royale » en 2006) permet à Pierce Brosnan de reprendre le flambeau et d’interpréter un nouveau James Bond haut en couleur. Première nouveauté ici : le scénario n’a pas été repris d’un roman de Ian Fleming mais se contente simplement de reprendre les personnages connus de la saga dans une toute nouvelle histoire inédite. Autre fait notable concernant le film : « Goldeneye » n’a vu le jour qu’après un hiatus de six ans suite à des conflits légaux concernant les droits de propriété de la franchise. Alors que « License to Kill » (1989) avait fait un four au box-office américain, les producteurs décidèrent qu’il fallait redonner un souffle nouveau à la saga. Timothy Dalton devait rempiler sur ce nouveau James Bond dont la sortie était prévue pour l’année 1991, mais le projet fut finalement annulé, entraînant alors la démission de l’acteur qui finit par être remplacé par Pierce Brosnan. « Goldeneye » sortit en 1995 et relança finalement la franchise, et ce malgré les inquiétudes des producteurs du film : le long-métrage de Martin Campbell fut un véritable succès à sa sortie en 1995 et imposa Pierce Brosnan dans le rôle de James Bond pour une série de plusieurs films jusqu’à « Die Another Day » en 2002. Pierce Brosnan s’affirme comme un nouveau James Bond plus élégant, plus séduisant, plus british et aussi plus misogyne que jamais !

Cette fois-ci, la nouvelle aventure de James Bond commence à Arkhangelsk, une ville portuaire de Russie, en 1989. Alors que l’Union Soviétique est en train de disparaître lentement, l’agent 007 et son collègue 006 alias Alec Trevelyan (Sean Bean) s’infiltrent dans un complexe d’armes chimiques afin de détruire l’usine toute entière. Mais l’opération prend une tournure dramatique lorsqu’Alec se fait abattre en pleine mission par le colonel Arkady Ourumov (Gottfried John). Bond réussit finalement à s’échapper après avoir fait sauter l’usine. Neuf ans plus tard, James Bond se retrouve à Monte Carlo où il doit suivre une certaine Xenia Onatopp (Famke Janssen). La mystérieuse jeune femme est suspectée d’appartenir à un groupe secret de la mafia russe nommé Janus. Elle est alors accompagnée d’Ourumov, devenu général. Les deux individus réussissent alors à dérober le disque de contrôle du projet GoldenEye, un puissant système d’armement par satellite capable de détruire la terre par ses puissantes EMP (Electro-Magnetic Pulsation). Bond doit désormais faire vite pour tenter d’arrêter les terroristes. C’est alors qu’il finit par comprendre que celui qui se cache derrière l’organisation Janus n’est autre qu’une vieille connaissance surgie de son passé. « Goldeneye » est donc un James Bond tout à fait ordinaire bien qu’offrant véritablement une nouvelle jeunesse à la franchise : on y retrouve donc tous les ingrédients habituels de la série, les gadgets ultra sophistiqués de Q, les James Bond girls (Izabella Scorupco pour la gentille et la belle Famke Janssen pour la méchante), les scènes d’action totalement démesurées, et bien sûr, un Pierce Brosnan impeccable dans la peau de 007.

Après le refus de John Barry d’écrire la musique de ce nouveau film, les producteurs de « Goldeneye » décidèrent finalement de confier le score au compositeur français Eric Serra, qui signa en 1995 sa seule et unique musique pour un James Bond. Signalons pour commencer la présence de la sempiternelle chanson du générique début, interprétée avec brio par Tina Turner, sur fond de symboles communistes et de silhouettes féminines. La chanson « Goldeneye » a été écrite par Bono et The Edge, tous deux membres du groupe U2, et apporte une énergie agréable au traditionnel générique animé du début. Eric Serra a composé quand à lui une partition tout à fait intéressante pour le film de Martin Campbell, un score beaucoup plus moderne qui offrit alors une nouvelle jeunesse à l’univers de la franchise, devenu malheureusement très impopulaire au fil des années. Effectivement, il faut savoir que la partition d’Eric Serra a constamment subit les critiques de ceux qui accusèrent alors le compositeur d’avoir cherché à rompre trop radicalement avec l'ambiance musicale des précédents scores de la saga. Dans « Goldeneye », on retrouve donc les synthétiseurs typiques d’Eric Serra, mélangés avec l’orchestre symphonique habituel, rien de bien nouveau en soi, même si le ton s’avère être radicalement différent de ce que l’on avait pu entendre précédemment sur les musiques de la franchise. Dès le début du film, pour la mission de 007 dans l'usine de missiles russes, Eric Serra développe une ambiance d’infiltration tout à fait intéressante, utilisant des sons de sonars métalliques un peu sombres que le compositeur avait déjà utilisé dans sa musique pour le film « Léon » de Luc Besson (1994).

On retrouve donc ici les rythmiques électro-techno modernes plus typiques des musiques d’Eric Serra pour les films de Luc Besson. Ainsi donc, « Goldeneye Overture » nous propose quelques références discrètes au célèbre thème de Monty Norman sur fond de rythmes techno plutôt sombres et atmosphériques. Dommage cependant qu’un morceau comme « Ladies First » s’avère être complètement décalé et hors de propos dans un film de la saga James Bond, avec ses loops électro vulgaires et de mauvais goût - bien loin d’exprimer le côté plus raffiné et british de James Bond. « Run, Shoot, and Jump » est quand à lui l’un des morceaux d’action les plus mémorables du score de « Goldeneye », avec son motif de cordes sombres qui rajoute une certaine tension à un morceau d'action aux rythmes toujours très soutenus. Fidèle à son goût pour l’expérimentation électronique, Eric Serra en profite aussi pour manipuler ses différentes sonorités synthétiques afin de nous offrir quelque chose d’assez personnel sur la musique de ce film (le mystérieux « The Lady of Smolensk » et sa voix orientale envoûtante). La partie orchestrale - interprétée par le London Symphony Orchestra - possède quand à elle un rôle majeur dans la musique de Serra, apportant une énergie et une force nécessaire aux images du film. On notera ici la façon dont le compositeur illustre systématiquement la tension de certaines scènes et le soin tout particulier apporté aux morceaux d’action de la partition. On ne pourra par exemple qu'apprécier la musique accompagnant l’affrontement final entre Bond et le grand méchant du film sur l'immense antenne parabolique à Cuba, morceau percussif et intense tonitruant à souhait, renforçant l’excitation de cet très violent combat final. Eric Serra fait donc preuve d’une certaine aisance dans l’écriture de ses morceaux d’action, apportant un véritable « plus » aux images du film de Martin Campbell.

Eric Serra nous propose aussi un magnifique Love Theme plus mélancolique pour Natalya (Izabella Scorupco), entendu dans « For Ever, James » et sa très belle combinaison flûte/cordes - sans aucun doute le morceau le plus touchant du score de « Goldeneye », d’une beauté et d’un lyrisme tout à fait étonnant. Le Love Theme apporte une émotion particulière à la musique de Serra et rappelle la sensibilité d’un compositeur que l’on cantonne trop souvent aux atmosphères électroniques modernes, mais qui possède pourtant un réel don pour les mélodies lyriques et poignantes. Même chose pour le thème de flûte de « Severnaya Suite », romantique à souhait, étonnamment proche du lyrisme délicat d’un John Barry. Le compositeur a aussi réutilisé le célèbre thème de Monty Norman afin d’assurer la continuité avec les musiques des précédents opus de la saga. On retrouve notamment le dit thème dans « A Pleasant Drive in St-Petersbourg », séquence au cours de laquelle Bond poursuit Alec dans sa voiture aux commandes d'un tank, traversant comme un déjanté toutes les rues de St-Petersburg qu'il ravage sur son passage. Eric Serra nous offre une version moderne un peu décalée de ce célèbre thème spécialement arrangé ici par le compositeur, et ce même si la version du CD - non retenue pour le film - en a fait hurler plus d'un, et plus particulièrement les fans de la franchise qui n’apprécièrent pas le fait qu’Eric Serra ait complètement défiguré le thème afin d’en faire une version électro-funky plutôt douteuse (agrémenté de samples kitsch atrocement datés !). Pour la petite histoire, il faut savoir que ce sont les producteurs qui décidèrent finalement de rejeter le morceau d’Eric Serra pour la grande séquence de bravoure du film, remplacée dans le film par un morceau inédit de John Altman, qui se trouve être le chef-d’orchestre qui a dirigé la musique lors de l’enregistrement du score. Les producteurs trouvaient donc que le style de la version de Serra jurait beaucoup trop avec le reste, qu’elle sonnait beaucoup trop moderne et qu’elle ne ressemblait en rien à une musique d’un James Bond. C’est pourquoi Altman reprit finalement le thème de Monty Norman dans une version plus orchestrale parfaite dans le film. Dommage cependant que ce morceau n’ait finalement pas été inclus sur le CD - qui ne contient donc que la version rejetée. Enfin, on mentionnera la chanson « The Experience of Love » écrite par Eric Serra pour le générique de fin, chanson assez réussie mais qui n'apporte rien de plus à la musique.

De la partition de « Goldeneye », on retiendra finalement le soin tout particulier apporté par Eric Serra à l'orchestre qui occupe toujours une place importante tout au long de la musique du film, qu’il s’agisse des morceaux plus romantiques et touchants comme « For Ever James », « Severnaya Suite » ou « We Share The Same Passions » avec ses cordes lyriques à souhait. L'action est toujours très soutenue, le thème de James Bond réapparaît de temps à autre, les synthétiseurs et les rythmiques électro modernes typiques d’Eric Serra interviennent de façon plus sporadique, réservée surtout aux passages d’action/suspense plus sombres (« Dish Out of Water », « Whispering Statues », etc.). Le score de « Goldeneye » a été très critiqué par les fans de la saga James Bond pour son manque de continuité avec l'univers musical des précédents films de la franchise (tout comme le score de « Licence To Kill » de Michael Kamen en 1989), certains allant même jusqu’à considérer que la musique d’Eric Serra n’avait pas sa place dans le film de Martin Campbell, multipliant les fautes de goût aussi bien dans le film que sur l’album. Pourtant, « Goldeneye » représente un travail intéressant dans l'oeuvre d'Eric Serra, une facette moins connue du compositeur, qui, grâce à ce film, se voyait enfin offrir l’occasion d’écrire la musique d’un gros blockbuster américain calibré, un défi que le compositeur a su relever avec panache, même s’il est vrai que sa musique révèle quelques maladresses et autres fautes de goût impardonnables (« A Pleasant Drive in St-Petersbourg »). « Goldeneye » permet aussi à Eric Serra de mettre davantage en avant la partie symphonique, fait plus étonnant pour un compositeur qui utilisait alors essentiellement les synthétiseurs et les rythmes pop électro plus modernes jusqu’à présent (« Nikita », « Le Grand Bleu », etc.). Enfin, le score de « Goldeneye » permet à Eric Serra de renouer avec des formules musicales déjà établies dans « Léon » (1994), le score du film de Martin Campbell s’avérant être bien plus poussé sur le plan de l’écriture orchestrale, sans pour autant posséder l’impact musical attendu sur les images. En conclusion, « Goldeneye » n’est peut être pas la BO que les fans de la saga attendaient sur ce 17ème film de la saga 007, mais elle n’en demeure pas très réussie en soi, pour peu que l’on soit capable d’écouter plus attentivement les nombreuses qualités d’une musique de film extrêmement impopulaire, très sous-estimée !



---Quentin Billard