1-The Francie Brady Show 2.23*
2-Blood of the Apache 2.34*
3-Tune For Da 2.08*
4-Mack The Knife 2.37**
5-Pig Fur Elise 3.31*
6-No One Knows 2.35**
7-My Ole Pal 1.20*
8-Blessed Mothers Carnival Night 3.38*
9-Funeral & Ave Maria 1.54*/+
10-Oh Mein Papa 2.44**
11-Francie Brady Not Our Lady 1.20*
12-Tune For Da 2.19*
13-Nut Rocker 2.00**
14-Sweet Heart of Jesus 3.30**
15-The Butcher Boy 4.06**

*Composé par Elliot Goldenthal
+'Ave Maria' composé par Schubert
Interprété par John McCormack
**Voir détails dans les crédits.

Musique  composée par:

Elliot Goldenthal

Editeur:

Cinérama/Edel
0022892 CIN

"Ave Maria"
écrit par Franz Schubert
et interprété par John McCormack.
Montage musique:
Michael Connell
Album produit par:
Matthias Gohl,
Elliot Goldenthal

Montage soundtrack:
Todd Kasow
Superviseur musique:
Bob Last
Musique électronique produite par:
Richard Martinez

"Mack The Knife"
Interprété par:
Santo & Johnny
Ecrit par:
Kurt Weill, Betolt Brecht

"No One Knows"
Interprété par:
Dion & The Belmonts
Ecrit par:
Ernie Maresca, Ken Hecht

"Oh Mein Papa"
Interprété par:
Eddie Calvert
Ecrit par:
Paul Birkhard/John Turner/
Geoffrey Parsons


"The Butcher Boy (Traditional)"
Interprété par:
Sinead O'Connor

"Nut Rocker"
Interprété par:
B Bumble & The Stingers
Ecrit par:
Kim Fowley

"Sweet Heart of Jesus (Traditional)"
Interprété par:
Regina Nathan
Arrangé par:
John Drummond

Artwork and pictures (c) 1997 Geffen Pictures. All rights reserved.

Note: **
THE BUTCHER BOY
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Elliot Goldenthal
Adapté d'une nouvelle de l'écrivain irlandais Patrick McCabe, « The Butcher Boy », réalisé par Neil Jordan, décrit l'histoire d'un jeune garçon de 12 ans, Francie Brady dans un petit village irlandais des années 60. Avec un humour noir parfois très douteux, le film illustre le problème psychologique de cet enfant, c'est-à-dire son côté à la fois fougueux, une certaine joie de vivre et un entrain enfantin, mais aussi une méchanceté profonde et une cruauté qui le pousse à devenir parfois excessivement violent. Pour oublier son quotidien misérable, Francie se réfugie dans un monde secret rempli de cow-boys et d’indiens, un monde à la fois naïf et violent. Son père est alcoolique, sa mère s'est suicidée, et pour se défouler, le jeune garçon choisit Mme Nugent, une voisine qu'il ne peut pas supporter et qu'il tuera même à la fin du film, la découpant en morceaux. « The Butcher Boy » est un film plutôt atypique qui sort radicalement des sentiers battus de par sa noirceur extrême. Neil Jordan traite ici un sujet difficile, la violence chez les enfants, une violence qui prête ici à réflexion : qui est le vrai fautif dans cette histoire ? Le réalisateur offre une vision sombre de notre monde, soulevant des tas de questions - parfois très polémiques - sans jamais offrir de réelles réponses. On se souviendra par exemple de toutes ces scènes montrant un prêtre pédophile au pensionnat religieux dans lequel va Francie, d’une scène choquante où le jeune garçon défèque sur le tapis de sa voisine, ou de ces séquences d’hallucination tout bonnement incroyables (l’explosion nucléaire sur le lac anglais, Sinéad O’Connor en Vierge Marie). Avec un humour noir terrible et un côté cru totalement assumé, « The Butcher Boy » est une oeuvre choc qui chante le désarroi et la cruauté de l’enfance, une descente aux enfers sans concession et sans tabou, servie par un casting de qualité (Stephen Rea, Fiona Shaw, Brendan Gleeson, Sinéad O'Connor). Chef-d’oeuvre de perversion pour les uns, auteurisme débilisant pour les autres, « The Butcher Boy » risque fort de ne pas rencont

Elliot Goldenthal, compositeur attitré de Neil Jordan, a composé pour « The Butcher Boy » une oeuvre bizarre, étrange et décalée, à l'image du film lui-même. « The Butcher Boy » a remporté le « Los Angeles Film Critics Best Score » pour son originalité et son sens de la fantaisie. Evidemment, ceux qui n'aiment pas les approches musicales hollywoodiennes conventionnelles seront servis avec « The Butcher Boy » : la musique reste particulièrement étrange tout au long du film, souvent en décalage avec les images, apportant à son tour un humour noir parfois peu plaisant au film de Neil Jordan. L’objectif d’Elliot Goldenthal était donc d'illustrer la descente aux enfers de Francie Brandy et ses nombreux actes de méchanceté dans son entourage. Ainsi, la musique de Goldenthal nous propose de plonger dans le psychique tortueux du jeune garçon. La musique décrit à sa manière l’esprit dément et schizophrène de Francie qui vit sur son petit nuage, dans un monde fantaisiste en compagnie de son ami Joe, avec qui il partage ses aventures imaginaires d'indiens et de frères de sang. Ses hallucinations avec la Sainte Vierge, sa vision d'une explosion atomique, de la fin du village (avec des cochons calcinés à la place de la tête des gens !) et sa haine farouche des communistes le poussent à s'enfoncer de plus en plus dans la folie. Ainsi, le thème musical de Francie s’apparente à une petite pièce de style rock'n roll des années 60, avec une batterie swing, un accordéon, un orgue hammond, des saxophones, etc. le thème illustre la fougue du jeune garçon et sa joie de vivre apparente - on entend très clairement ce morceau lorsque Francie se rend à Dublin par exemple. On retrouvera ensuite ce style de musique un peu partout dans le film, dans les moments censés représenter la vitalité et la jovialité de Francie.

Elliot Goldenthal a ainsi souvent recours au saxophone qu'il utilise de manière plus agressive et expérimentale, et plus particulièrement dans les accès de folie de Francie par exemple, comme lorsqu'il commence à se souler sur le bord d'une plage en criant - cette utilisation agressive du saxophone rappelle d’ailleurs par moment le score de « In Dreams » pour un autre film de Neil Jordan. Goldenthal utilise aussi un orchestre dans des moments plus rares comme les passages intimes où le jeune garçon est avec sa mère ou son père par exemple, Goldenthal essayant alors de tempérer sa musique entre deux moments d'humour noir ou de folie furieuse. Le morceau le plus mélodique du score reste sans aucun doute le thème du père de Francie, mélodie confiée à une trompette et accompagnée par l'orchestre - son père étant d’ailleurs lui-même un trompettiste dans le film. Le thème du père Brady résonne ici de façon nostalgique et désabusée, avec une certaine mélancolie dans l’âme. Elliot Goldenthal cherche ici à exprimer la douleur de cet homme qui a sombré dans l'alcool et qui aurait voulu être un père exemplaire pour son fils. Il sait qu’il a échoué, puisqu’il passe la majeure partie de son temps à battre son fils entre deux cuites.

Hormis le thème rock de Francie, Elliot Goldenthal utilise aussi beaucoup les guitares et le saxophone, sans oublier l'accordéon et cette rythmique rock swing pour illustrer de façon plus comique la jovialité du jeune garçon (qui cache en réalité une profonde méchanceté). Goldenthal continue dans un ton tout aussi humoristique en décrivant Mme Nugent telle que Francie la ressent dans son esprit : une femme grotesque, détestable, pitoyable, etc. Pour se faire, Goldenthal illustre ce personnage avec une partie de bassons (parfois suivie du saxophone) qui résonne à l’écran de façon grotesque et comique, voire parfois même un peu lourdingue - on frôle parfois le mickeymousing des cartoons ! Ces morceaux sont assez présents dans le film, présentant finalement Mme Nugent comme une femme grotesque et idiote. Mais tandis que Francie déteste cette femme, Elliot Goldenthal choisit de tempérer la haine dérangeante du jeune garçon en optant à contrario pour une approche plus sarcastique et humoristique, le tout teinté d’ironie noire et de dérision - sans aucun doute l’un des points forts de la partition de « The Butcher Boy », décidément très difficile d’accès ! Autre élément important que l'on pourra relever ici, la musique qui accompagne les hallucinations de Francie, lorsque se multiplient les visions de la Vierge Marie. Elliot Goldenthal se contente simplement d'utiliser ici un choeur de femmes aux sonorités religieuses pour évoquer la Vierge Marie dans un climat onirique, surréaliste et fantastique, rappelant que tout est vu du point de vue de l’esprit torturé du jeune garçon. Même chose lorsque Francie joue aux indiens avec son ami Joe. Goldenthal utilise d’ailleurs des percussions tribales pour rythmer ces scènes de jeux des cow-boys et des indiens.

Finalement, l'intérêt d'une musique comme « The Butcher Boy » c'est de proposer une vision musicale très personnelle d’un personnage complexe et torturé. Elliot Goldenthal ne se contente pas de souligner simplement les différentes actions du film, il nous propose carrément sa propre vision du personnage de Francie Brady en accord avec le film. A l’écoute de « The Francie Brady Show », on se représente parfaitement le personnage tel que nous le décrit Neil Jordan dans son film. Puis, lorsqu’on a fait le tour de l’album dans son intégralité, on peut enfin questionner sur ce personnage et ses nombreuses contradictions dérangeantes, sa démence terrible qui se cache sous ses aspects de petit garçon joyeux qui semble aimer la vie. A noter aussi les quelques chansons employées dans le film comme « Mack The Knife » ou bien encore la traditionnel « The Butcher Boy » qu'interprète Sinead O'Connor pour le générique de début, et qui nous plonge d’emblée dans le contexte du film.

Evidemment, on reste véritablement étonné ici par le décalage de certains morceaux avec les images du film. Elliot Goldenthal a tenté une approche teintée d'humour noir avec « The Butcher Boy ». Son parti pris demeure très réussi mais peut aussi déranger voire en rebuter plus d'un. Rajoutons à cela qu’il s’agit d’un score difficile à écouter ou à digérer d’un trait, et l'on comprendra aisément pourquoi cette BO n'est pas à conseiller aux néophytes qui veulent découvrir la musique d'Elliot Goldenthal. Vous l'aurez donc compris, bien loin des baroqueux « Interview with The Vampire » ou « Alien 3 », loin de « In Dreams » ou « Pet Semetary », « The Butcher Boy » s'adresse avant tout aux initiés, ceux qui veulent aller plus loin dans la musique de Goldenthal et ceux qui s'intéressent tout simplement à ses travaux plus expérimentaux. « The Butcher Boy » fait en tout cas partie de cette catégorie. On y retrouve le style non-conventionnel d’Elliot Goldenthal, mais aussi des moments très sombres avec son saxophone agressif ou son rock 60's swing pour le personnage de Francie. Une BO déroutante, fantaisiste, difficile à digérer, à l'image du film. Avis aux béophiles donc, vous êtes prévenus !


---Quentin Billard