1-Sacred Guardian
of The Mountain 3.57
2-Poachers 7.52
3-Attempted Capture 6.00
4-The Trees 6.04
5-Our Last Chance
-A New World 3.48
6-A Broken Promise 4.31
7-Leaving by Night 5.15
8-Hollywood Boulevard 7.45
9-Freeway Crossing 4.09
10-The Carnival 6.22
11-The Burning
Ferris Wheel 7.36
12-Dedication/Windsong 9.44

Musique  composée par:

James Horner

Editeur:

Hollywood Records
HR-62172-2

Paroles de "Windsong"
Ecrites par: Will Jennings
Montage de la musique:
Jim Henrikson
Album produit par:
James Horner, Simon Rhodes

Artwork and pictures (c) 1998 Walt Disney Productions/Buena Vista International. All rights reserved.

Note: ***
MIGHTY JOE YOUNG
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by James Horner
Remake d'un film homonyme d’Ernest B. Shoedsack sorti en 1949, « Mighty Joe Young » (Mon ami Joe) est une nouvelle production Disney racontant l'histoire de l'amitié entre la jolie Jill Young (Charlize Théron) et un immense gorille nommé Joe. L’histoire commence en Afrique, lorsque la petite Jill Young assiste au meurtre de sa mère par un odieux braconnier nommé Andrei Strasser (Rade Serbezija), qui blesse aussi un bébé singe nommé Joe. Ce dernier réussit alors à défaire le braconnier qui prend finalement la fuite, après avoir perdu deux doigts au cours de la rixe avec l’animal. 12 ans plus tard, Jill Young élève Joe mais les autres gorilles semblent le pas l’accepter. Il est effectivement gigantesque et sa taille plus qu’imposante provoque la peur et le rejet de ses semblables. Jill s’occupe alors parfaitement de l’animal jusqu’à ce que débarque un certain Gregg O’Hara (Bill Paxton), directeur d’un refuge animalier qui réussit à convaincre la jeune femme de venir s’installer aux Etats-Unis, là où l’animal sera bien plus en sécurité, à l’abri des braconniers. Peu de temps après, Jill s’installe à Hollywood en Californie où le refuge accueille leur nouveau pensionnaire avec joie. C’est alors que Strasser, apprenant l’arrivée de Joe par le biais d’un article de journal, décide de contacter Jill afin de se venger de l’animal qui lui fit perdre une partie de ses doigts il y a 12 ans. Strasser réussit à manipuler la jeune femme et prépare sa vengeance contre l’immense gorille. Mais lorsque Jill réalise tardivement que l’homme en question n’est autre que le braconnier qui tua sa mère autrefois, il est trop tard : l’un des acolytes de Strasser provoque volontairement Joe qui ravage alors tout sur son passage et est finalement mis sous tranquillisants et emmené vers l’Afrique. Jill va devoir faire vite si elle espère sauver son ami Joe et stopper le sinistre braconnier avant qu’il ne soit trop tard. Réalisé par Ron Underwood, « Mighty Joe Young » est un Disney plutôt sympathique mais sans grande envergure, qui vaut surtout par son immense gorille à la taille démesurée qui n’est pas sans rappeler King Kong. A ce sujet, rappelons d’ailleurs que le film original de 1949 avait été réalisé dans le but de renouveler l’exploit technique et commercial du « King Kong » de 1933, déjà réalisé par Ernest Schoedsack (avec Merian C. Cooper). Au final, « Mighty Joe Young » possède quelques uns des ingrédients habituels des productions Disney - une héroïne au grand coeur, un animal impressionnant mais gentil, un méchant braconnier - le film rappelant par moment le style de « Baby : Secret of the Lost Legend », autre production Disney, datant quand à elle de 1985 et qui contenait déjà quelques éléments assez similaires.

James Horner a écrit pour « Mighty Joe Young » une partition symphonique tout à fait ordinaire, dans la lignée de ce qu’il fait habituellement sur ce type de film. Comme toujours avec le compositeur, on retrouve ici les sempiternelles réminiscences aux oeuvres antérieures du compositeur, qui abondent davantage ici dans le fond que dans la forme en elle-même. Traduit en clair, cela se concrétise par exemple avec les quelques secondes du titre lors du générique de début (« Secret Guardian of the Mountain »), titre illustré avec un choeur africain qui reprend les deux accords introductifs de « Willow » (1988) pour ne citer qu’un exemple flagrant - harmoniquement, c’est exactement la même chose : un accord de tonique majeur et un cinquième degré mineur et modal (enchaînement que certains ont parfois comparé à « The Abyss » d’Alan Silvestri). Niveau instrumentation, le compositeur utilise ici ses solistes habituels avec quelques percussions africaines du plus bel effet dès l’ouverture du film. La partition de « Mighty Joe Young » est dominée par un très bon thème principal, excellent et mémorable, illustrant dans le film le gorille Joe et son amitié qui l'unit à Jill. Ce très beau thème évoque non seulement l’amitié entre l’animal et la jeune femme mais aussi la splendeur de la nature et de la coexistence de deux espèces vivantes. James Horner l'utilise ainsi dès que le film dévoile la camaraderie qui unit les deux individus. Le deuxième thème est quand à lui plutôt utilisé dans l’histoire elle-même du film. C'est la chanson africaine « Windsong » que chante pour la première fois dans le film la mère de Jill afin d’endormir sa fille, juste avant la scène de l'attaque des braconniers à l'accent allemand. Jill la chante elle-même vers la fin du film, lorsqu’elle tient Joe dans ses bras et croit que le gorille est mort. Evidemment, c'est dans « Dedication/Windsong » et pour le générique de fin du film que le compositeur nous offre sa plus belle version, avec un choeur africain qui apporte une beauté et une splendeur grandiose à ce chant africain, probablement une des plus belles pièces que Horner ait écrit bien après les très lyriques « Legends of The Fall » et « Titanic ».

Le reste de la partition de « Mighty Joe Young » nous plonge progressivement dans l’action et l'aventure. James Horner utilise le choeur africain et les percussions ethniques au début du film pour décrire les paysages splendides des forêts africaines. L'emploi de percussions africaines reste assez mémorable dans la pièce illustrant la course poursuite entre l'équipe de Gregg O'Hara (Bill Paxton) et le gorille Joe à travers la forêt, les percussions apportant ici un côté plus frénétique à ce passage agité et exubérant. Evidemment, le choeur africain nous rappelle une utilisation similaire qu’en fit le compositeur sur la partition du film « Bopha! ». L’instrumentation inclut donc, en plus de l'orchestre traditionnel, quelques solistes et quelques touches inévitables de synthétiseurs qui ponctuent discrètement certains morceaux - et plus particulièrement ces espèces de nappes sonores aigues que l’on retrouve dans des scores tels que « Titanic » ou « Enemy at the Gates », entendu ici durant la séquence du parc d'attraction. Parmi les instruments solistes indissociables de la nouvelle partition de James Horner, on retrouve la kena et la shakuhachi, sans oublier les quelques instruments africains. A noter que la kena a parfois tendance à « colorer » le thème principal en interprétant plus gracieusement la mélodie dans un morceau comme le très beau et poignant « A Broken Promise » par exemple.

Les sources d'auto-inspiration sont décidément bien nombreuses chez Horner. Quand il ne s’agit pas d’emprunt à la musique classique ou aux oeuvres de Prokofiev, le compositeur s’inspire très souvent de ses propres compositions antérieures pour recréer des motifs et des ambiances bien souvent similaires, chose que l’on a très souvent reproché au compositeur tout au long de ces années et qui ont finir par provoquer la « chute » du musicien dans le milieu hollywoodien, alors que sa carrière commence aujourd’hui à freiner dangereusement. Dans « Mighty Joe Young », on retrouve de façon indiscutable de nombreuses références au score de « Legends of The Fall », partition à partir de laquelle Horner a repiqué plusieurs mesures pour pouvoir construire son score pour le film de Ron Underwood. On y retrouve les mêmes élans orchestraux comme c'est particulièrement le cas pour la scène dramatique dans le parc d'attraction à la fin du film, où Jill tente de récupérer Joe avant qu'il ne se fasse abattre par les forces de l'ordre. On y retrouve un élan orchestral similaire à celui de « Tristan's Return » de « Legends of The Fall ». On reste une fois de plus en territoire familier, James Horner ne prenant aucun risque en repiquant des mesures entières de ses anciens scores.

Les braconniers sont illustrés de façon très sombre et menaçante dans le film, et ce dès leur première attaque au début de l’histoire où l'on retrouve une ambiance dramatique typique du compositeur américain. On ne pourra d’ailleurs qu’apprécier le talent d’Horner lorsqu'il s'agit d'illustrer des passages d'action importants, comme c'est le cas pour le final dans le parc d'attraction avec des passages plus agressifs comme la mort de Strasser ou la sauvetage de Joe qui tente alors de sauver un petit garçon resté au sommet de la grande roue d’un parc d'attraction déjà saccagé. On y retrouve alors les formules orchestrales chères au compositeur, avec son lot de chocs orchestraux (cascade de clusters de piano, sons de cloches, caisse claire tonitruante à la « Aliens ») sur des passages bien souvent très concis, qui rappellent cependant certaines mesures de « Ransom », « Clear and Present Danger » ou « Jumanji », qui semble avoir beaucoup inspiré Horner pour les passages d’action de « Mighty Joe Young ». L'action est donc très présente dans cette partition, le compositeur décrivant de manière vraiment menaçante la présence des braconniers ainsi que de leurs méfaits - une musique parfois très sombre et étonnamment agressive pour une production Disney de ce genre.

La musique de « Mighty Joe Young » possède donc un certain lyrisme très présent tout au long du film, une musique parfois légère et parfois plus dramatique dans laquelle James Horner n'hésite pas à illustrer de façon plus intense la conclusion dans le parc d'attraction, alors que l'on croit que Joe est mort, une musique plus sombre reflétant la sensibilité personnelle du compositeur, faite de retenue ou d'élans orchestraux suivant le déroulement de l’histoire. On retiendra surtout de cette composition la présence d’un très beau thème principal qui revient tout au long du film, illustration musicale idéale de cette très belle amitié entre Joe et Jill. Que dire de plus au sujet de « Mighty Joe Young », si ce n'est que c'est une fois de plus, nous avons à faire ici à une oeuvre qui donne l'impression que le compositeur ne cesse de se répéter, malgré plusieurs points positifs. Au final, « Mighty Joe Young » est une partition orchestrale plutôt sympathique, sans être ce que James Horner a fait de mieux dans le genre. Sa musique apporte une certaine émotion et de l’action au film de Ron Underwood : les fans devraient apprécier le nouvel effort du compositeur, mais les autres s’en lasseront probablement très vite !



---Quentin Billard