1-Main Title 3.18
2-Into The Wild 8.48
3-Back To The Forest 2.30
4-Everybody Goes 3.06
5-The Killing 8.56
6-The Riot 2.10
7-Escape 3.19
8-End Credits 6.25

Musique  composée par:

Danny Elfman

Editeur:

Varèse Sarabande
VSD-6041

Album produit:
Danny Elfman
Producteur exécutif pour Varèse Sarabande:
Robert Townson
Directeurs en charge de la musique pour The Buena Vista Motion Pictures Group:
Kathy Nelson
Bill Green

Monteurs de la musique:
Bob Badami
Jennifer Nash

Assistant montage:
Mike Bousteaud

Artwork and pictures (c) 1999 Buena Vista Pictures. All rights reserved.

Note: ***
INSTINCT
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Danny Elfman
'Instinct' est l'excellent film de John Turteltaub qui montre comment deux hommes redécouvrent l'humanité, l'un parce qu'il est resté trop longtemps au contact des gorilles, l'autre parce qu'il est aveuglé par son travail de psychologue. Cuba Gooding Jr. et le divin Anthony Hopkins jouent successivement le docteur Théo Caulder et le professeur Ethan Powell, deux hommes qui vont se découvrir petit à petit une amitié naissante jusqu'au poignant final du film, l'un apprenant à mieux connaître l'autre lors de séances souvent fort mouvementées. Anthony Hopkins est excellent de même Cuba Gooding Jr. en docteur déterminé à aider le professeur Powell à atteindre ce qu'il considère jusqu'alors comme un rêve: la liberté.

Le score de Danny Elfman est moyen tout en restant honnête. Disons que ceux qui attendent de retrouver le Elfman fantaisiste de l'univers de Tim Burton serons fort déçus. Ici au contraire, la musique d'Elfman reste calme, contrôlée (amusant car il est justement question de "contrôle" dans le film) et même souvent intime, rappelant par moment le style de 'Sommersby'. Ceci dit, Elfman n'oublie pas non plus d'évoquer la sauvagerie de Powell. Comme c'est le cas depuis pas mal de temps, la thématique n'est pas le point fort de ce score d'Elfman. Une mince mélodie de 5 notes dans 'Dolores Claiborne', un motif minuscule dans 'A Simple Plan', 'Instinct' reprend le principe du thème très peu marquant de quelques notes, entendu très vaguement dans un 'Main Title' aux sonorités à la fois sombres, dramatiques et pourtant ambiguës. Le 'Main Title' est excellent, il annonce d'entrée la signature d'Elfman: un choeur d'enfants au milieu d'un orchestre (privilégiant les cordes/cuivres, mais surtout les cordes, très bien écrites comme toujours chez Elfman d'ailleurs!) puis de la percussion exotique pour évoquer le climat de la nature africaine, lieu où Powell passera ses quelques années au sein de cette communauté de gorilles africains. Le 'Main Title' possède un côté sombre, et pourtant, on sent un certain tiraillement entre l'harmonie qui semble parfois contenir quelques petites touches de lumière (excellente orchestration aussi, mélangeant cordes/flûte par exemple, une signature orchestrale du compositeur que l'on retrouve aussi dans 'Dolores Claiborne', 'A Civil Action', 'A Simple Plan', etc.) alternant avec des moments plus sombres. Le choeur est là pour le plan où Powell retrouve enfin la lumière du jour au début, lors de son transfert vers la prison d'Harmony Bay. Il est aussi au début du 'Main Title' pour évoquer la splendeur du paysage africain.

Le choeur participe lui aussi à ce tiraillement dans ce 'Main Title'. Ce dernier est la personnification même du professeur Ethan Powell, un homme qui va se retrouver lui aussi tiraillé, hésitant entre le monde humain et animal. Pourtant, pour lui, son choix est irrévocable: il a finit d'exister dans le monde humain. Sa place est parmi les animaux. D'autre part, ne pourrait-on pas simplement décrire le choeur comme une simple métaphore musicale de l'humanité enterrée de Powell? Ce choix de voix douces, apparemment d'enfants, pourrait aussi évoquer pas vraiment l'enfance, mais plutôt le passé, une chose qui est belle et bien finie, à l'instar de la vie dans la société humaine pour Powell. Quoiqu'il en soit, le 'Main Title' affirme clairement le ton dramatique du score, avec un thème très difficile à identifier à la première écoute, et d'ailleurs peu intéressant en tant que tel.

Les moments agités sont évoqués avec une certaine violence orchestrale comme seul Elfman sait en créer, rappelant par moment 'Extreme Measures' ou d'autres scores d'action de Elfman. La scène des chasseurs africains est aussi évoquée de manière violente, tout comme celle où Ethan joue à un petit jeu dangereux avec Caulder (le scotch sur la bouche). Ces moments de fureur et de sauvagerie orchestrale permettent de retrouver une écriture orchestrale explosive faite de percussions, cuivres, cordes, même si ces passages mouvementés sont finalement plus rares par rapport au reste du score, restant souvent dans le registre plus intime (les adieux de Caulder à Powell) ou émouvant (la scène forte où les prisonniers déchirent tous les cartes). D'une manière générale, on notera l'excellente écriture orchestrale et orchestrations - les sieurs Artie Kane, Pete Anthony, faisant habituellement partie de l'équipe d'Elfman, mais aussi parfois avec James Newton Howard ou John Frizzell. Elfman cherche des couleurs, des textures orchestrales. Les choeurs offrent une dimension lumineuse, mais aussi "Elfmanienne" - on les retrouve dans le magnifique 'Betrayal' de 'Mission: Impossible', dans 'To Die For', 'Dolores Claiborne', 'Extreme Measures', sans compter les grandes oeuvres pour les films de Tim Burton.

C'est dans les moments intimes que l'on retrouve un Elfman intime, avec l'emploi d'un piano au sein de l'orchestre qui se fait le porte-parole de l'émotion du film et de sa petite méditation sur l'homme. Le film pose l'intéressante question de savoir qui est le plus sauvage des deux: l'homme ou l'animal? Un spectateur intelligent saura vite trouver la réponse. La séquence où Ethan est au sein de la communauté des gorilles est illustrée de manière plus belle, plus touchante, et aussi plus légère. Elfman utilise une sorte de xylophone et de petites percussions exotiques au sein de son orchestre (cordes prédominantes) pour décrire l'amitié naissante entre Powell et les singes. Le choeur est aussi présent et ici, il évoque la beauté de l'harmonie de l'homme avec l'animal (symbolisé par le plan où Powell touche pour la première fois la main d'un gorille). On a des moments vraiment touchants sur le plan émotionnel comme la montée orchestrale grandiose (voire triomphante) pour la scène dans le gymnase de la prison d'Harmony Bay, là où les prisonniers menés par le docteur Caulder décident de déchirer les cartes leur permettant de prendre l'air à l'extérieur pour éliminer ainsi les conflits au sein des prisonniers.

Instinct est une BO pas forcément facile à apprécier à la première écoute. Difficile d'accrocher aux premiers abords à une musique qui ne contient pas de thème accrocheur ou spécialement marquant. Elfman compense cela par une excellente ligne directrice musicale et une unité assurée par la texture orchestrale. Il est cependant certain que ce score reste bien en dessous des possibilités musicales de Danny Elfman. Beaucoup se lamentent d'avoir perdu leur Elfman adoré de 'Beetlejuice' ou d'Edward Scissorhands. Quoiqu'il en soit, 'Instinct' n'en demeure pas moins une BO de bonne qualité qui convient à merveille à l'excellent film de John Turteltaub.


---Quentin Billard