tr> |
1-Main Titles 4.09
2-Suzie's Theme 1.41 3-Busted 2.00 4-Weepy Donuts 1.50 5-Creepy Creepy 0.50 6-Murder! 3.51 7-Angry Size 0.36 8-Finale 3.47 9-Wasting Away Interprété par Nailbomb 3.03 10-Nothing From Nothing Interprété par B.Preston 2.34 11-All By Myself Interprété par E.Carmen 4.54 12-Sweet Home Alabama Interprété par Lynyrd Skynyrd 3.37 13-Wings of Desire Interprété par Strawpeople 4.48 14-Season of The Witch Interprété par Donovan 4.54 Musique composée par: Danny Elfman Editeur: Varèse Sarabande VSD-5646 Album produit par: Danny Elfman Artwork and pictures (c) 1995 Columbia Pictures Corporation. All rights reserved. Note: ** |
TO DIE FOR
|
|
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
|
|
Music composed by Danny Elfman
|
|
Nouveau film de Gus Van Sant, « To Die For » (Prête à Tout) dénonce avec acidité le pouvoir de la télévision aux Etats-Unis et de ceux qui considèrent que l'on est vraiment quelqu'un dans ce pays lorsqu'on est connu à la télévision. C'est Nicole Kidman qui interprète à merveille Suzanne Stone, une garce sans coeur ni âme prête à tout pour atteindre la célébrité à la télévision et aux médias, une opportuniste dénuée de toute morale et autres valeurs humaines, dont l'unique but est d'atteindre la gloire et la célébrité à tout prix (d’où le titre du film). Il est rare de voir un personnage principal aussi pourri et détestable dans un film américain de ce genre, et force est de constater que Nicole Kidman nous offre ici une prestation absolument remarquable, confondante de vérité ! La mise en scène de Gus Van Sant est assez inventive malgré le fait que le film devienne particulièrement lourd et pesant sur la fin, à force de toujours vouloir accentuer davantage la perversité de cette femme belle mais détestable, comme c'est le cas dans les quelques gros plans sur son visage où, d’un air candide, elle raconte sa version faussée de l'histoire d’une façon totalement insupportable qui donne réellement envie de la gifler. Le film de Gus Van Sant, malgré un pitch de base intéressant, échoue à susciter le moindre intérêt, plombé par une lourdeur incommensurable qui finit par donner la nausée, un film irritant comme une ampoule au pied, qui offre une vision assez détestable de la femme séductrice, diabolique et manipulatrice !
Danny Elfman a composé pour « To Die For » un score inventif dans le style de ses travaux fantaisistes sur les films de Tim Burton. Si l’ensemble a parfois tendance à refléter la lourdeur du film de Gus Van Sant, la musique de « To Die For » séduira sans aucun doute tous ceux qui se passionnent pour le style fantaisiste du Danny Elfman pour l'univers des films de Tim Burton, un style qui s’est quelque peu estompé vers le milieu des années 90. On retrouve néanmoins la personnalité musicale unique de Danny Elfman dans la musique de ce film, avec une force et une inventivité à toute épreuve, multipliant les délires musicaux en tout genre, et ce dès le « Main Titles » du film. Danny Elfman utilise des orchestrations plus fantaisistes et excentriques, constituées d’un tissu musical délirant reposant sur un orchestre dominé par les cordes avec quelques cuivres, des vents moins nombreux, des pizzicati sautillants et comiques dans le style de « Beetlejuice », des cordes staccatos, un orgue, un choeur d'enfants qui chantent en onomatopées de style « bum-bum, la-la » (typiques de Elfman, rappelant « Scrooged », « Batman Returns » ou bien encore « Nightbreed »). On pourra aussi entendre dans cette ouverture un clavecin, un xylophone, un synthétiseur imitant le son d’un théremin (instrument électronique utilisé dans les musiques de films fantastiques des années 40/50), une basse acoustique rock et un kit de batterie/guitares électriques trash/hard rock qui jurent quelque peu dans le « Main Title ». Le morceau alterne ainsi passages orchestraux absolument délirants et style « trash » qui rompt totalement avec la texture instrumentale du morceau, et ce à maintes reprises alors que l'on aperçoit des plans d'articles de journaux qui évoquent Suzanne Stone et son implication dans l'assassinat de son mari. Ces ruptures souvent vulgaires, brutales et décalées renforcent le caractère schizophrénique de la musique d'Elfman, qui correspond parfaitement au personnage de Suzanne, une belle femme polie et "pure" en apparence, qui cache en réalité une redoutable vicieuse sans scrupules. Avec ce délirant « Main Titles » (que l'on peut considérer comme un mix de divers instruments) fruit de l'esprit fantaisiste du grand Danny Elfman de l’époque Tim Burton, le compositeur pose d’emblée les bases d’une atmosphère faite d'humour noir et d'ironie grinçante. L'humour noir est au coeur même de la partition de « To Die For ». Danny Elfman réussit à véhiculer cette dérision constante au sein du film de Gus Van Sant, sombrant malheureusement bien souvent dans une sorte de lourdeur musicale révélatrice du ton du film. Le thème de Suzanne Stone réapparaît ensuite tout au long du film en s’inspirant à nouveau du climat délirant du « Main Titles » afin de souligner avec un humour noir très aiguisé le caractère manipulateur et pervers du personnage de Nicole Kidman, dans lequel on retrouve le choeur d’enfants dans un ensemble tout aussi fantaisiste que l’introduction du score - Danny Elfman assume ses délires musicaux jusqu’au bout quitte à frôler à plusieurs reprises une certaine forme de mauvais goût ! L'ensemble du score de « To Die For » conserve donc cet d'humour noir macabre et excentrique comme sait si bien le faire Danny Elfman dans ses grands moments (« Beetlejuice », « The Nightmare Before Christmas », etc.). Le problème vient surtout ici du fait que le score manque malgré toute cette fantaisie et de cette magie qui faisait la gloire des musiques d'Elfman à la fin des années 80. Le reste de la partition du compositeur est par moment plus sombre, plus dramatique voire moins délirante (Elfman revenant à un style orchestral bien plus calme et moins emporté avec cordes, vents et guitare acoustique). Cependant, il conserve jusqu’au bout l’identité musicale du thème de Suzanne, avec ses sonorités résolument ironiques liés au personnage principal et ses plans machiavéliques consistant à manipuler un trio de jeunes ados paumés dont elle va se servir afin de faire assassiner un mari devenu gênant pour elle. En conclusion, Le score de « To Die For » aurait finalement pu marquer le retour d'un Danny Elfman fantaisiste et inspiré. Au lieu de cela, le compositeur se laisse aller à une longue série de délires musicaux qui finissent par devenir longs, indigestes et laborieux dans le film : dommage ! ---Quentin Billard |