Charmante comédie sur un sujet pas toujours facile à traiter, 'In & Out' de Frank Oz permet à Kevin Kline de jouer le rôle d'Howard Brakett, un professeur de littérature qui va devoir se retrouver malgré lui confronté à son homosexualité et ce juste au moment où il va se marier. On vous laisse alors imaginer les gags de circonstance qu'une telle situation peut entraîner. Oz évite la vulgarité de certains films sur ce sujet pour aborder l'histoire avec sensibilité et humanité, même si l'on pourra reprocher au réalisateur d'un peu trop "marcher sur la pointe des pieds" et ne de pas trop prendre de risque. On évite pas évidemment certains clichés comme la scène finale lors de la remise des diplômes qui rappellent un peu le style de la fin de 'Dead Poets Society' de Peter Weir (Le Cercle des Poètes Disparus).

Marc Shaiman se tourne de nouveau vers un genre musical qu'il connaît décidemment bien: la musique de comédie. Avec 'In & Out', il aborde le film à la manière du réalisateur, c'est-à-dire avec humour et sensibilité. On y retrouve toutes les techniques chères au compositeur de 'Addams Family': orchestre très coloré (prédominance de cordes et vents, en particulier les clarinettes, que Shaiman aime beaucoup utiliser pour leur donner une sonorité sautillante et souriante), quelques petites pointes jazzy amusantes comme dans l'excellent 'The First Wives Club' (Le Club des Ex), un thème mélodique très gracieux et plein de charme, un humour omniprésent et le tout dans un habillage symphonique plein de fraîcheur. Le Main Title annonce le thème charmant, un style de mélodie que l'on retient aisément à la première écoute, un thème qui contient déjà une certaine sensibilité et que l'on retrouvera par exemple dans la scène touchante où le père de Braket vient voir son fils attristé d'avoir foutu son mariage en l'air en avouant à tout la salle son homosexualité. On y retrouve un style d'écriture proche des musiques de comédies romantiques que sait si bien écrire Shaiman, c'est-à-dire une écriture touchante entre cordes/piano à la 'Patch Adams' ou à la 'My Giant'.

Si le thème principal est surtout entendu au début et vers la fin du film, dans les moments les plus touchants principalement, Shaiman base le centre de sa partition autour d'un petit motif sautillant qui apparaît dans les moments les plus comiques voire les plus agités, comme par exemple lorsque Emily , furieuse, (excellente Joan Cusack) quitte l'église en robe de mariée, insultant Howard après le coup qu'il lui a fait devant tout le monde. Ce petit motif amusant rappelle celui que l'on entend dans 'The First Wives Club', les deux partitions ayant pas mal de points communs au niveau de l'humour musical. L'orchestre de Shaiman est plein de vie, il nous invite à partager cette histoire avec le sourire (et non avec le parti-pris gonflant de certaine production européenne sur ce sujet) et la bonne humeur. On notera que Shaiman a fait l'underscore de la scène de la projection du film 'To Serve and Protect' pour les récompenses des academy awards au début du film, là où le public visionne un extrait de ce film pour la récompense de l'acteur Cameron Drake (Matt Dillon, teint en blond à l'occasion).

On notra d'ailleurs comment Oz critique habilement la mentalité Hollywoodienne qui évite le sujet de l'homosexualité dans ses films en lui donnant un côté mièvre et innocent (cf. la scène finale de 'To Serve and Protect', le film se finissant sur une touche patriotique mal venue et que Oz s'amuse à montrer dans ce passage). Shaiman illustre ce passage avec une musique militaire sombre, évoquant le drame de cet officier rejeté de l'armée à cause de son homosexualité, le tout illustré ironiquement de manière assez distante.On a donc doit à quelques moments intimes (Braket avec son père vers la fin, Cameron et Emily, l'ovation faite à Braket dans l'assemblée des diplômes à la fin, etc.), des passages d'un humour typique de Shaiman (la fuite d'Emily hors de l'église, Braket qui se fait embrasser par le journaliste qu'incarne l'inattendu Tom Selleck, etc.) et surtout, de grands moments de bonne humeur comme Marc Shaiman sait si bien en faire, et qui commence dès le début du film, avec les préparatifs du mariage, accompagné par un orchestre bien vivant et enjoué, le thème qui annonce une jolie petite histoire, etc.

En conclusion, pour ceux qui ont adorés ce que l'on peut considérer comme un pur modèle de musique de comédie, 'The First Wives Club', vous ne serez pas déçus par 'In & Out'! On y retrouve tout ce que l'on aime habituellement entendre dans les musiques de Marc Shaiman, qui, sans se montrer d'une grande originalité avec cette modeste partition comédie, réaffirme son style et démontre son talent d'écriture incontesté pour ce type de production. Une BO très sympathique en somme!



---Quentin Billard