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1-La Mort de Lhakpa 3.40
2-Norbu 2.38 3-Le Sel 2.08 4-Tinlé et l'Enfant 2.56 5-Le Passage 2.45 6-La Nuit 2.13 7-Le Conseil 2.19 8-La Marche 1.46 9-Les Chants 1.14 10-Norbu et Karma 1.31 11-Karma 2.49 12-Le Lac 3.07 13-Norbu (Cordes) 1.40 14-La Cérémonie 0.30 15-La Colère de Karma 1.43 16-L'Epuisement 1.50 17-Les Pleurs de Péma 1.11 18-La Caravane 2.41 19-Les Traces 2.10 20-La Mort de Tinlé 2.25 21-Opéra 4.08 Musique composée par: Bruno Coulais Editeur: Virgin Records 8 4878 2 Editeur: Galatée Films Réalisé par: Jean de Trégomain, Didier Lizé Slim Pézin, Bruno Coulais Chants interprétés par: Tsering Lodoe du "Tibetan Institut of Performing Arts" Tensing-Phünstock Tsalung Lama Gyurmé "A Filetta" Jean-Claude Acquaviva, Jean-Luc Géronimi, Paul Giansily José Philippi, Jean Sicurani, Maxime Vuillanier, Valérie Salducci Artwork and pictures (c) 1999 Galatée Films/Editions Galatées. All rights reserved. Note: **** |
HIMALAYA, L'ENFANCE D'UN CHEF
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ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
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Music composed by Bruno Coulais
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Avec « Himalaya, l’enfance d'un chef », le réalisateur Eric Valli nous convie à un petit voyage dans le Dolpo, dans les hautes montagnes du Népal. A l’origine, Eric Valli est un photographe français qui a voyagé à plusieurs reprises au Moyen Orient, avant de s’intéresser à l’Himalaya et au Népal (interdit d’accès depuis longtemps par le gouvernement chinois). Valli a voyagé très souvent au Népal, à la rencontre des populations locales. De ses nombreux voyages, Eric Valli nous a rapporté quelques oeuvres diverses comme des recueils de photographies, des livres et aujourd’hui un film entièrement consacré à l’Himalaya. Le long-métrage du réalisateur français nous plonge ainsi dans une culture et une mentalité bien différente de la notre et construit son récit autour d'une longue traversée périlleuse des montagnes de l’Himalaya, dans un voyage initiatique difficile et physiquement éprouvant. « Himalaya » mérite le succès qu'il a remporté car le film d’Eric Valli nous apporte une véritable bouffée d’oxygène et s’avère être un formidable moment d’évasion à travers des paysages et des territoires étrangers d'une grande beauté. A noter que le film - qui remporta deux Césars et une nomination aux Oscars - a été produit par Jacques Perrin et Christophe Barratier, qui, quelques années plus tard, triomphera sur son fameux film « Les Choristes » et permettra d’offrir au compositeur Bruno Coulais son plus beau succès discographique à ce jour.
Pour « Himalaya, l’enfance d’un chef », Bruno Coulais collabore à nouveau avec le groupe de chanteurs corses A Filetta avec qui il avait déjà écrit la musique du film « Don Juan ». Compositeur français au style très personnel et souvent original, Coulais a abordé « Himalaya l'enfance d'un chef » en affirmant son goût pour l'écriture lyrique vocale (le compositeur aurait d’ailleurs récemment déclaré dans une interview s'intéresser tout particulièrement à la composition d’un opéra). Dès le générique de début du film, Bruno Coulais affirme le caractère fort et posé de sa musique : il utilise évidemment des choeurs et un groupe de chanteurs tibétains pour recréer musicalement les somptueux décors naturels du film, mais associe habilement ces voix avec celles du groupe corse traditionnel A Filetta. Les mélanges de cultures musicales s’avèrent être très surprenants et opèrent à merveille à l'écran. L'ensemble est accompagné par un orchestre symphonique plutôt restreint et quelques instruments tibétains aux sonorités locales. Le générique de début instaure une superbe polyphonie vocale particulièrement dense. Coulais associe divers types de voix, les choeurs tibétains qui chantent dans le grave, des voix d'hommes, des voix de femmes, etc. Là où certains auraient pu faire n'importe quoi ou échouer dans la cacophonie vocale, Bruno Coulais s'en tire haut la main en maîtrisant avec une certaine virtuosité ces mélanges de voix assez imposants, des voix qui possèdent aussi des paroles sur des textes divers. Enfin, le début du film permet aussi au compositeur d'asseoir son très beau thème principal qui deviendra assez mémorable et s’imposera par la beauté de sa courbe mélodique fort simple et élégante bien que nécessitant plusieurs écoutes avant d’en saisir toutes les subtilités Ce thème décrit le voyage de Tinlé et Karma dans les montagnes du Dolpo. Il illustre aussi les hommes unis dans ce voyage difficile et la détermination de Tinlé à accomplir ce périple jusqu'au bout malgré son âge avancé. Le thème apparaît au début de l’histoire de façon plus triste pour la cérémonie funèbre de Lhakpa où les diverses voix et l'orchestre suggèrent avec tact l'émotion de la scène et la souffrance des amis de Lhakpa et de sa famille (Coulais développe aussi son thème par le biais d’une très belle écriture de cordes pour l’un des rares passages orchestraux de la musique du film). Le deuxième thème sera entendu quand à lui un peu plus loin dans la partition, associé aux personnages de Karma et de Norbu. On y retrouve une excellente ligne mélodique des chanteurs du groupe A Filetta doublés par les cordes et soutenus par le choeur tibétain, un thème qui s'affirme de plus en plus, qui prend une certaine ampleur, suggérant habilement ainsi le fait que Karma est en passe de devenir le futur chef du groupe après la mort de Tinlé, un thème qui, à l’instar du thème principal, revient tout le temps sur lui même, de façon quasi narcissique. A propos du thème principal, qui semble lui aussi tourner sur lui-même, Coulais explique : « Avec Jacques Perrin et Eric Valli, le réalisateur, nous voulions un thème simple, émouvant et qui comporte peu de notes. On désirait qu'il puisse former une boucle, presque à la manière d'un mantra, pour devenir mémorisable assez facilement. Je souhaitais aussi qu'il me permette de faire beaucoup de variations et de superpositions. Il reste continuellement présent, même si parfois, on ne le perçoit pas. Himalaya était un film simple, avec un récit très linéaire, la musique nécessitant cette unité thématique répétitive. » Coulais résume parfaitement ainsi l'esprit de sa composition. Le thème principal revient assez fréquemment, et comme il le dit lui-même, sa simplicité lui permet de le développer sous formes de diverses variations, pas toujours dans la forme mais plutôt dans le fond, dans les sonorités et les couleurs instrumentales. Alors que le thème est entendu initialement avec toute la polyphonie vocale et orchestrale du début, on le retrouve ensuite à travers tout un jeu d’instruments tibétains et des choeurs lorsque Tinlé et Karma ont commencé leur voyage, aboutissant finalement à une nouvelle version chantée par des voix diverses (avec paroles) dont celle d'un enfant vers la dernière partie du film. On n’oubliera pas non plus de mentionner une très belle reprise orchestrale de ce thème aux cordes pour la séquence poignante de la mort de Tinlé. Le second thème chanté par A Filetta apporte à son tour une certaine beauté et un lyrisme incroyable aux images du film de Valli, le générique de fin permettant ainsi au compositeur de le mettre particulièrement bien en valeur. La séquence de la traversée du lac ne manque pas d’émotion et reste très réussie, car en dehors de l'écriture vocale et de l'utilisation des percussions (présentes tout au long de la musique pour renforcer les couleurs ethniques de la musique), on pourra surtout y entendre un orchestre bien plus important, suggérant ici la difficulté et le danger que représente ce passage extrêmement périlleux pour les voyageurs. L’écriture des cordes et des cuivres rappelle clairement le style orchestral du Bruno Coulais des « Rivières Pourpres ». Le compositeur utilise tout au long de sa partition des instruments tibétains, incluant un violon asiatique dans une séquence du village au début du film. Rajoutez à cela l'ensemble des percussions tibétaines et vous obtenez une formation instrumentale particulièrement riche et intéressante, que le compositeur mélange habilement avec l'orchestre symphonique tout de même assez réduit, dont il conserve essentiellement les cordes et parfois quelques cuivres, notamment pour la traversée du lac par exemple. Le cinéma est une grande expérience humaine capable de réunir différents peuples autour d'une même oeuvre. Sur « Himalaya », ce fut le mélange de la culture occidentale (la production et le réalisateur du film) et de la culture orientale (le film a été tourné au Népal avec des acteurs tibétains et même des chanteurs tibétains sur la BO du film). C'est aussi ce qu'a voulu retranscrire Bruno Coulais dans sa musique, car si le challenge s’avérait fort complexe au départ (difficile de gérer autant de voix en même temps tout au long du film), le compositeur de « Microcosmos » et de « Les Rivières Pourpres » s'en tire à merveille. L'émotion de sa musique est simple et linéaire à l'image du film. Jamais sa musique ne sonne totalement folklorique et orientale comme on aurait pu s'y attendre. C'est tout là l'art de Coulais d'avoir su éviter le piège de la musique ethnique simpliste en utilisant un mélange de folklores et de différentes cultures musicales permettant ainsi d'apprécier davantage la musique tout au long du film et de lui donner une dimension plus forte et plus symbolique pour l’auditeur. « Himalaya » a remporté le césar 2000 de la meilleure musique de film : autant dire que c’est amplement mérité ! Alors si vous voulez découvrir une oeuvre qui sort un peu des sentiers battus, ruez-vous sur « Himalaya l'enfance d'un chef ». Cette magnifique partition prouve une fois de plus le talent du compositeur Bruno Coulais, probablement l'un des musiciens les plus passionnants du cinéma français d’aujourd’hui ! ---Quentin Billard |